Posté : ven. juin 08, 2012 7:42 am
L'article de Jean-Pierre Laigle dans Solaris :
Ce n'est pas un roman. Disons: un court roman ou une longue nouvelle. Aussi, pour justifier son prix, ont été rajoutés une préface et un épais dossier sur l'auteur (biographie, étude sur Le Trône de Fer et sur d'autres livres, bibliographie, liste des prix remportés et références diverses). Skin Trade a remporté le World Fantasy Award en 1989. Cette traduction est donc un rattrapage.
C'est d'abord un récit policier: les héros sont Randi Wade, détective privée, et son peu entreprenant soupirant, Willie Flambeaux, agent de recouvrement. Sauf que ce dernier est aussi un loup-garou, mais gentil: il contrôle ses métamorphoses et n'a jamais été au-delà de dévorer la moitié d'un pitbull. Il faut dire que son hérédité lycanthropique est un peu diluée. Voilà pour le Fantastique.
C'est encore une histoire assez gore. Une petite ville états-unienne devient soudain le théâtre de meurtres horribles: deux femmes sont retrouvées complètement écorchées. Détail bizarre: elles étaient attachées par des chaînes en argent qui leur ont brûlé les chairs. À l'évidence, c'étaient des louves-garou. Qui donc a besoin de leurs peaux pour se transformer à son tour?
Car la ville est depuis toujours un fief lycanthropique. Mais ses maîtres tiennent à la discrétion et font la police entre eux pour que les humains normaux ne soupçonnent rien. Ils faut dire que, fort métissés, cette engeance n'a en général rien de monstres sanguinaires. À côté des gentils, il y a pourtant quelques psychopathes: que peut faire un loup-garou des peaux de ses congénères?
En fait, l'explication est plus compliquée dans ce récit habilement conté où les loups-garou tentent de laver leur linge sale en famille en faisant le moins de vagues possible, quitte à sacrifier leurs congénères gênants. Par son humour et son astuce, Skin Trade renouvelle le thème. Il amusera aussi bien ceux que rebute l'inflation lycanthropique que ceux qui regrettent les bons vieux monstres de jadis.