Source de réflexion : Quand la SF se camoufle

(Évolutions des ventes en librairie sur les dernières années, visibilité du genre dans les médias mais aussi en médiathèque, sur le web, dans les écoles etc).

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Elijaah Lebaron
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Source de réflexion : Quand la SF se camoufle

Message par Elijaah Lebaron » lun. sept. 25, 2017 9:36 pm

Quand la SF se camoufle dans la littérature.

La littérature de science-fiction est encore victime de beaucoup de préjugés, de la part des lecteurs, des auteurs et des éditeurs. Mais la puissance des idées de cette littérature est si importante qu'elle contamine petit à petit la noble littérature "blanche". Plutôt que d'admettre qu'ils publient ou écrivent des livres de sciences fiction, certains préfèrent camoufler leurs œuvres. Voici quelques titres de science-fiction, de fantasy ou de fantastique qui ont été publiés par des éditeurs de littérature blanche, soucieux d'éviter à leur auteur l'étiquette encore infamante d'auteur de genre.

Lire la suite : https://www.babelio.com/liste/2170/Quan ... itterature

Dionysos
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Message par Dionysos » mar. sept. 26, 2017 11:40 am

Il y a peut-être le côté caché, mais il y a aussi les ventes.
Sur certains cas, et notamment certains romans devenus classiques, le passage de l'Imaginaire aux littératures blanches ne s'est pas fait dès le départ, mais sur le tard (à l'occasion de rééditions), une fois que les ventes le justifient.

À ce propos, la collection Folio 2€ joue sur ce mélange en intégrant quelques auteurs de l'imaginaire.

Xavier Marc
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La SF Camouflée

Message par Xavier Marc » dim. oct. 01, 2017 9:37 am

Pour rebondir sur le sujet du camouflage, il est intéressant de comparer les "codes" de l'édition propres aux couvertures.
Difficile de trouver un livre SF non caricaturé dans un genre dès sa couverture ! Du point de vue marketing, ça rend le genre identifiable avant l'achat, mais est-ce que ça ne l'enferme pas en même temps ? Exemple pris au hasard :
Image
C'est pourquoi j'ai apprécié l'initiative d'Actusf pour le recueil de Sylvie Lainé
Image.
Je l'ai prêté à des amis lecteurs réfractaires à l'univers SF, ils ont adoré!
Je me demande si une couverture + SF ne les aurait pas rebutés...

LDavoust
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Message par LDavoust » mar. oct. 03, 2017 8:08 am

Ce n'est pas tant une question de genre mais une question plus vaste d'approche du livre à la française (ce qui représente une partie non négligeable du problème). La collection de référence pour beaucoup de monde, c'est la collection blanche de Gallimard. Mais si on va à l'étranger, on constate que les illustrations de couverture sont beaucoup plus nombreuses y compris dans le mainstream.

Là, l'exemple est pris de la littérature jeunesse, ce qui est encore une autre cible. Même Harry Potter a fini par sortir au Royaume-Uni sous deux couvertures, avec une illustration "adulte" et une "jeunesse".

Après, la question reste tout à fait valide, bien sûr, c'est juste pour donner plus de contexte.

O-Paquet
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Message par O-Paquet » mar. oct. 03, 2017 11:49 am

Le problème de la couverture présente un autre problème : où va-t-on trouver le livre ?

Les lecteurs fans d'un genre sont attachés à l'illustration, même si le critère d'évaluation de la qualité de cette dernière va changer. J'ai des lecteurs qui ont acheté certains de mes romans grâce à la couv' et des lecteurs qui ont acheté malgré la couv'. Quand ils vont dans le rayon SF-Fantasy, leurs attentes en matière d'illustration sont importantes. Une année, Gilles Dumay avait croisé les résultats de ventes avec le nom des illustrateurs et Didier Graffet ou Manchu l'emportaient haut la main.

Il est vrai que cette attente n'est pas du tout la même chez les amateurs de littérature générale. J'ai encore rencontré voilà 15 jours une dame pour qui la SF, c'était des couvertures hideuses et trop colorées. (Ce qui ne l'empêcha pas d'avoir par la suite une très bonne idée de SF pour un atelier d'écriture. Preuve que ce n'était pas le genre en lui-même qui la dérangeait).

Seulement, il y a un écueil : le libraire. Si on met une couverture sobre dans un rayon SF pour un roman SF, les amateurs s'y intéresseront-ils autant que s'ils ont une illustration classique ? Si on met le roman de SF avec couverture sobre dans le rayon littérature générale, est-ce que ces mêmes amateurs iront aller le chercher ? Ou, à l'inverse, ce roman de SF à couverture sobre s'il est placé en rayon SF, est-ce que les lecteurs de littérature générale iront dans ce rayon pour le découvrir ?

Cela fait 20, 30, 40 ans que la discussion sur les couvertures existe et personne n'a trouvé de solution satisfaisante. Je suis le premier à aimer les choses moins "flashy" moins art pompier, mais je constate dans les salons à quel point les lecteurs (surtout les jeunes) y sont sensibles. Je ne suis pas certain qu'on gagne beaucoup de lecteurs en ayant des couvertures plus sages, simplement parce que les publics susceptibles d'être attirés par ce type de couverture ne va pas fréquenter les rayon SF/fantasy, et réciproquement.

jerome
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Message par jerome » mar. oct. 03, 2017 1:57 pm

O-Paquet a écrit :Le problème de la couverture présente un autre problème : où va-t-on trouver le livre ?

Les lecteurs fans d'un genre sont attachés à l'illustration, même si le critère d'évaluation de la qualité de cette dernière va changer. J'ai des lecteurs qui ont acheté certains de mes romans grâce à la couv' et des lecteurs qui ont acheté malgré la couv'. Quand ils vont dans le rayon SF-Fantasy, leurs attentes en matière d'illustration sont importantes. Une année, Gilles Dumay avait croisé les résultats de ventes avec le nom des illustrateurs et Didier Graffet ou Manchu l'emportaient haut la main.

Il est vrai que cette attente n'est pas du tout la même chez les amateurs de littérature générale. J'ai encore rencontré voilà 15 jours une dame pour qui la SF, c'était des couvertures hideuses et trop colorées. (Ce qui ne l'empêcha pas d'avoir par la suite une très bonne idée de SF pour un atelier d'écriture. Preuve que ce n'était pas le genre en lui-même qui la dérangeait).

Seulement, il y a un écueil : le libraire. Si on met une couverture sobre dans un rayon SF pour un roman SF, les amateurs s'y intéresseront-ils autant que s'ils ont une illustration classique ? Si on met le roman de SF avec couverture sobre dans le rayon littérature générale, est-ce que ces mêmes amateurs iront aller le chercher ? Ou, à l'inverse, ce roman de SF à couverture sobre s'il est placé en rayon SF, est-ce que les lecteurs de littérature générale iront dans ce rayon pour le découvrir ?

Cela fait 20, 30, 40 ans que la discussion sur les couvertures existe et personne n'a trouvé de solution satisfaisante. Je suis le premier à aimer les choses moins "flashy" moins art pompier, mais je constate dans les salons à quel point les lecteurs (surtout les jeunes) y sont sensibles. Je ne suis pas certain qu'on gagne beaucoup de lecteurs en ayant des couvertures plus sages, simplement parce que les publics susceptibles d'être attirés par ce type de couverture ne va pas fréquenter les rayon SF/fantasy, et réciproquement.

Oué, vieux vieux débat. A voir quand même si l'arrivée d'éditeurs comme Actes sud ou Super changent la donne avec des couvertures qui font un pas de côté par rapport aux illustrations classiques des littératures de l'imaginaire. Je pense aussi au boulot de Melchior pour Les Moutons électriques ou la collection Dyschronique du Passager Clandestin.

O-Paquet
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Message par O-Paquet » mar. oct. 03, 2017 2:59 pm

Il y a des évolutions, bien sûr, mais ça ne résout pas la question des classements par les libraires. J'ai eu récemment la discussion aux Cafés de Montélimar et s'il arrive que des libraires appellent les éditeurs pour savoir où ranger certaines bouquins, le plus fréquent est d'aller vers la facilité.
C'est un aspect qu'on a pas encore développé sur ce forum : la place du rayon imaginaire dans les librairies.

Je vais même être plus précis. Lors de la précédente rentrée littéraire, j'ai discuté avec Alexis Jenni qui était étonné qu'on parle d'un livre de science-fiction. Il en avait lu beaucoup, quand il était jeune, et il pensait qu'on en publiait plus.

On a donc des lecteurs adultes, qui ont lu de la SF et qui n'en trouvent plus. Est-ce que la place physique des rayons d'imaginaire ne pose pas un problème ? Est-ce que des libraires pourraient dire ce qu'ils constatent si ils changent les rayons, si ils séparent les genres sur les étals ou les mélangent, etc ? Pour les libraires qui ne sont pas spécialisés, est-ce que la place du rayon imaginaire dans le magasin produit des effets ou non ?
On peut en discuter beaucoup, mais seuls les libraires peuvent partager leurs expériences sur ce sujet très concret.

Fabien Lyraud
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Message par Fabien Lyraud » mar. oct. 03, 2017 3:31 pm

Pour les libraires qui ne sont pas spécialisés, est-ce que la place du rayon imaginaire dans le magasin produit des effets ou non ?
J'ai remarqué que souvent le rayon imaginaire était situé au fond du magasin. Ce n'est pas systèmatique. Je peux même citer un contre exemple ( la librairie Martin Delbert à Agen).
Si le rayon imaginaire est à l'entrée ou au milieu du magasin il sera à mon avis plus visible. Parce que tous les lecteurs passeront devant.
S'il est au fond du magasin il n'y aura que les passionnés qui y iront.

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