[Journaliste ) Nicolas Martin de France Culture

Toutes les idées sont les bienvenues.

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jerome
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[Journaliste ) Nicolas Martin de France Culture

Message par jerome » lun. oct. 16, 2017 3:46 pm

Nicolas Martin est le chef d'orchestre de l'émission La Méthode Scientifique sur France Culture. Voici ses réponses et ses idées.


Y'a-t-il des freins spécifiques aux littératures de l'imaginaire vis à vis des journalistes ?
Je pense que les LI souffrent encore d’une image très cloisonnée, visant un public « de niche ». Je m’en rends compte à France Culture, qui consacré une large place de son antenne à la littérature dite « blanche », et qui ne fait que très peu le distingo entre cette littérature blanche et les LI quand celles-ci sont publiées dans des collections blanches (cf. Boualem SANSAL par exemple).
Néanmoins, pour ce qui est de France Culture, nous avons la chance d’avoir deux rendez-vous spécialisés que sont La méthode et Mauvais Genre qui se saisissent chaque semaine ou de façon régulière des LI.
Je pense que dans l’esprit des journalistes, la SF, la Fantasy et l’Horreur sont peu concernants parce que réservés à une petite fraction du lectorat – ce qui n’est plus le cas du polar, et dans une moindre mesure de la BD qui ont tous deux droit de cité dans des émissions culturelles quotidiennes comme La Dispute ou Le réveil culturel.
Je pense qu’il y a encore beaucoup de travail à faire – et j’essaye à mon petit niveau de m’y employer, pour montrer que les LI, la SF au premier chef (mais pas que) ne sont pas que des littératures fantasques pour adolescents en mal de vaisseau spatial, mais des contes moraux, éthiques, philosophiques, économiques etc. sur l’état de notre société, avec pour exception quelques auteurs « identifiés » comme généralo-compatibles (type K.DICK) dont « on sait », vaguement, qu’il s’agit de quelqu’un d’important.

Comment faire selon vous pour que l'imaginaire soit mieux représenter dans les médias, notamment les grandes émissions et journaux littéraires ?
Je pense qu’une piste intéressante à examiner serait d’organiser, par exemple, une « rentrée littéraire » des LI… qui pourrait se mêler à la rentrée littéraire normale ou être identifiée comme un événement éditorial.
Je suis toujours aussi très surpris du peu de publicité qui est fait autour du Grand Prix de l’Imaginaire… qui passe quasiment inaperçu chaque année… renforcer la communication de type « le Goncourt des LI » et le décerner dans la même période que les autres prix littéraires, ou peut être un peu après pour qu’il ne soit pas noyé dedans.
Ce genre d’OP de communication pourrait, à mon sens, accroitre la visibilité des LI de façon assez simple, et assez significative…
Autre idée : s’appuyer sur des succès d’estime publics, type série (comme récemment Handmaid’s Tale) pour rappeler qu’à l’origine il s’agit d’une dystopie SF… et donc d’une LI… proposer des intervenants aux médias (par exemple après les Emmy Awards) pour discuter du genre et les aider à réaliser qu’il s’agit bien de LI et qu’il y a une réelle appétence du public pour ces univers.

Sandrine S
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Message par Sandrine S » mar. oct. 17, 2017 4:30 pm

Il a très bien résumé le travail qu'il présente ; il fait effectivement partie des rares (avec notamment Michel Dufranne, de Livrés à domicile sur la RTBF) qui ont compris que l'imaginaire permet de comprendre et décortiquer le réel, et qui mettent en avant la qualité des textes.

Dionysos
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Message par Dionysos » mer. oct. 18, 2017 1:40 pm

Quelle belle réponse !
- la "rentrée des Indés" serait donc à étendre aux autres éditeurs partenaires du Mois de l'Imaginaire mais pas sûr que ceux-ci aient tous les mêmes envies de ce point de vue
- on veut plus de prix visibles et bien tenus, c'est sûr ; GPI à part forcément, certains se montent mais ne durent pas très longtemps par manque de relais, de soutien peut-être aussi
- par contre, je ne vois pas trop ce qu'il est possible de faire pour son dernier point sur les succès publics. Bien sûr, qu'ils devraient être des relais vers l'ensemble de l'Imaginaire, mais clairement on loupe quelque chose pour l'instant. Les libraires, bibliothécaires et autres prescripteurs font ce qu'ils peuvent pour faire le lien, mais difficile de passer au-dessus de la communication d'un éditeur qui choisirait de ne pas mettre l'accent dessus ou d'un présentateur qui ne parlerait ni dystopie ni sf quand il parle d'Atwood (et c'est le cas malheureusement)
Heureusement que certains, comme ce monsieur, font avancer les choses, ça fait plaisir.

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