- le  

Un Bébé pour Rosemary

Ira Levin ( Auteur)
Langue d'origine : Anglais US
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 31/12/2000  -  livre
voir l'oeuvre
Commenter

Un Bébé pour Rosemary

Ira Levin est un auteur méconnu en France, même si plusieurs de ces productions ont fait date, comme Ces garçons qui venaient du Brésil, adapté en 1978 au cinéma, et Un Bonheur Insoutenable, sur le thème de la contre-utopie. Il faut dire aussi qu'Ira Levin n'est pas un écrivain très prolixe, puisque il n'a livré à la postérité qu'une petite dizaine de romans en quarante six années. La livraison de 1967 était cette histoire de conspiration diabolique somme toute assez conventionnelle, certainement plus connue pour l'adaptation cinématographique qu'en fera Roman Polanski l'année suivante, que pour ces qualités intrinsèques.

Devine qui vient diner ce soir...

Nous sommes donc à la fin des années 60, lorsqu'un sémillant jeune couple, dont la plus tendre moitié se prénomme – je vous le donne en mille – Rosemary, vient s'installer dans un immeuble bourgeois de New York : le Bramford. Construit à la fin du XIXème siècle, ce building néo-gothique est connu pour avoir abrité en ces murs la célèbre Isadora Duncan et l'écrivain Theodore Dreiser, mais aussi un certain nombre d'autres locataires nettement moins recommandables, quoique tout aussi célèbres dans leurs domaines respectifs. Ainsi Adrian Marcato, qui en 1890, se vanta d'avoir réussi à invoquer Satan dans son appartement du Bramford, ou les sœurs Trench, cannibales notoires qui défrayèrent la chronique bien avant un certain Hannibal. Chaque affaire attirant un nouvel hôte, à son tour prédisposé à ce genre de loisirs un peu particuliers, le Bramford s'est au fil des décennies attiré une réputation sulfureuse.

L'immeuble maudit !

Les jeunes Woodhouse ne s'arrêtent pourtant pas à ses calembredaines urbaines. Un cinq pièces dans un immeuble de prestige comme celui-ci, c'est un aubaine à ne pas rater. Et les faits semblent d'ailleurs leur donner raison. Leur voisins, les délicieux Castevet, sont absolument charmants, Guy, le tendre époux, comédien de son état, commence à décrocher quelques beaux rôles, et, pour comble de bonheur Rosemary tombe enceinte de ses ardeurs. Bref tout irait pour le mieux sans ses horribles cauchemards qui assaillent la chère petite toute les nuits, et sans cette ombre maléfique qui semble planer sur l'immeuble.

Le coup de génie de Levin

Une intrigue convenue que l'on voit se dessiner sans réelle surprise, mais dont le mérite tient à une habile réactualisation des poncifs du genre, et au coup de génie d'Ira Levin : opérer en huis clos. Car bien plus qu'un décor, le Bramford, avec ses recoins et ses secrets est un personnage à par entière. Son omniprésence permet à Ira Levin de faire monter doucement la pression, et de vous guider vers un climat attendu, mais qui n'en est pas moins intense. On comprend dans ces conditions, ce qui attira Polanski, lui qui réalisera Le Locataire huit ans plus tard. Il est en outre troublant de constater que le réalisateur avait choisi pour figurer le Bramford à l'écran, un immeuble bourgeois du West Side, en bordure de Central Park, le Dakota Building, au pied duquel John Lennon ne trouvera rien de mieux que de se faire assassiner quelques douze ans plus tard. Le sort vous joue parfois de ces tours…

Genres / Mots-clés

Partager cet article

Qu'en pensez-vous ?