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Interview 2018 : Sandrine Harbonnier pour Lucca éditions
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Interview 2018 : Sandrine Harbonnier pour Lucca éditions

ActuSF : Bonjour Sandrine et merci de venir sur Actusf ! Pour commencer, pourriez-vous vous présenter ainsi que votre parcours pour nos lecteurs ?

Sandrine Harbonnier : Bonjour ActuSF. Je suis correctrice et éditrice de métier. J’ai d’abord travaillé plusieurs années en freelance pour plusieurs maisons d’édition, dans les guides scientifiques et touristiques et le sport notamment. Je faisais autant de la correction, de la coordination éditoriale que de la mise en pages. Puis, j’ai eu envie de réaliser mes propres projets et de retourner vers ma littérature de prédilection : la jeunesse. J’ai donc fondé ma propre maison d’édition.

ActuSF : Vous venez de créer Lucca Éditions, une maison d’édition jeunesse spécialisée dans la vulgarisation scientifique, pour « découvrir les merveilles de la science et de la culture ». Pourquoi cette création et ce nom ? Quelle est la ligne éditoriale et graphique de cette maison ?

Sandrine Harbonnier : Lucca Éditions est le croisement de tout ce que j’aime dans les livres : l’imaginaire, la fiction, l’accès à la connaissance et l’orientation vers un public jeunesse. Le nom de Lucca tient lui aussi à plusieurs raisons : c’est un prénom mixte à consonance plutôt douce ; il signifie « lumière » en italien, un lien évident avec la connaissance ; et il m’a notamment marquée dans ma jeunesse parce qu’il désigne un personnage de femme scientifique un peu déjanté dans Chrono Trigger, un jeu vidéo sur Super Nintendo.

En plus du principe central de la vulgarisation scientifique, Lucca Éditions ne fera que de la fiction. Les livres publiés racontent avant tout une histoire. L’ancrage à l’imaginaire étant un des points forts de la littérature de jeunesse (de même qu’il est un point fort de l’esprit scientifique, je crois), nous retrouverons chez Lucca de la science-fiction, et de la fantasy et également des contes – si nous incluons le merveilleux dans l’imaginaire –, ainsi qu’une panoplie d’autres genres littéraires comme l’aventure ou le réalisme social.

Une autre volonté que nous avons est de revenir à de l’illustration dans le roman enfants et adolescents, comme le font les Britanniques (qui sont en général beaucoup plus décomplexés que nous en littérature !). La lecture de l’image est une compétence essentielle aujourd’hui, davantage que la lecture du texte sans doute. Il nous semble donc important que le lecteur enfant la côtoie et la décrypte dès son plus jeune âge.

ActuSF : Vous commencez à dévoiler quelques informations sur votre premier titre : La Voie des morts, d’Alexis Demey. Cet ouvrage de science-fiction est le premier tome d’une trilogie - La Veilleuse d’âmes – et aborde notamment des notions d’anthropologie. Pouvez-vous nous présenter ce roman et son auteur ?



Sandrine Harbonnier : Dans La Voie des morts, l’héroïne, Maya est d’abord elle-même une étudiante en anthropologie. Mais on découvre très vite qu’elle possède des pouvoirs surnaturels, notamment celui de voir les esprits égarés des morts. Elle les aide à retrouver leur chemin vers l’« au-delà ». En suivant la piste d’un de ces esprits, Maya est embarquée sur une planète inconnue et récupérée par un peuple guerrier qui lui impose plus ou moins de les assister dans la guerre interstellaire qui se joue. La planète est en plein conflit et les esprits enfants sont exploités par un secteur ennemi. Maya va devoir choisir son rôle dans cette guerre dont elle ne connaît rien, prendre des décisions qui auront des conséquences sur sa propre vie.

L’anthropologie est un outil qui sert à Maya pour analyser ce monde différent et ses habitants. Une grande partie de ce premier tome fonctionne comme un planet opera, à la découverte d’une faune, d’une flore et d’un système politique différent, un sous-genre de la science-fiction qui se prête très bien à l’anthropologie, évidemment.

Alexis Demey est étudiante chercheuse en anthropologie et continue actuellement son doctorat aux États-Unis. Elle a construit tout son univers en s’appuyant sur ses propres connaissances et celles d’amis scientifiques pour qu’il soit le plus réaliste possible. Elle a prévu trois tomes de La Veilleuse d’âmes et est déjà en pleine rédaction du deuxième !

ActuSF : Quelles seront vos prochaines parutions ? Quel rythme de publication annuelle envisagez-vous ?

Sandrine Harbonnier : Nous avons deux autres livres en cours qui devraient paraître vers novembre cette année. Le premier est un roman d’aventures illustré à partir de 10-11 ans, Sur la route de Nosy Komba de Delphine Gosset et Mélanie Rebolj. La primatologie, et l’éthologie plus généralement, y est abordée. La protagoniste, Elizabeth, une lycéenne un peu antisociale, est plus que passionnée par les animaux et étudie ceux du zoo de sa ville. Mais un changement de direction va lui fermer les portes de l’établissement et nuire à ses petits protégés. Elle tentera tout ce qui est en son pouvoir pour les sauver. Sa détermination la mènera jusqu’à Madagascar, sur les traces de son père disparu.



L’autre parution de cette année est un album pour enfants, à partir de 4 ans. Sisyphe, un bousier, se révolte et décide de faire grève pour dénoncer ses conditions de travail intolérables. L’histoire, écrite par Élisabeth Ludes et illustrée par Mona Leu-Leu, est présentée avec humour. Au-delà de la situation cocasse, l’album parle de la vie des petites bêtes et de leur rôle essentiel dans la nature, ce qu’on oublie souvent au point de les mettre en danger et de mettre en danger tout un écosystème.

Pour ce qui est du rythme de publication, on va s’en tenir à deux-trois parutions par an pour le moment. Le principe est de bien travailler chaque titre et de ne jamais pilonner.

ActuSF : Où pourra-t-on trouver vos publications ? Pourra-t-on vous rencontrer prochainement en salon – vous ou vos auteurs ?

Sandrine Harbonnier : Nos livres seront disponibles dans les librairies habituelles et sur Internet. Nous travaillons à développer des partenariats privilégiés avec les libraires indépendants, qui sont les piliers du marché du livre pour les petits éditeurs. Nous avons également une plate-forme de vente en ligne sur notre propre site, luccaeditions.com.

Oui, nous serons sur certains salons. Les plus sûrs pour le moment sont celui de Paris et Étonnants Voyageurs à Saint-Malo, qui ont donc lieu en 2019. Nous informerons les gens de nos événements sur Facebook et sur notre site Internet !

ActuSF : Les littératures de l’imaginaire sont-elles importantes pour vous ? Quels sont vos influences et coups de cœur récents ?

Sandrine Harbonnier : Je crois que je ne lis presque plus que de la littérature de l’imaginaire depuis quelques années ! Étant angliciste à la base, mes études m’ont forcément tournée vers ce type de littérature et, à vrai dire, je n’y ai pas trop résisté (alors que j’étais une grande fan de Zola du collège au lycée). Je lis énormément tout ce qui vient de l’édition anglo-saxonne et j’aime aussi beaucoup les non-fictions états-uniennes.

Dernièrement, j’ai (forcément) adoré La Belle Sauvage de Philip Pullman, que j’attendais avec impatience. J’ai avalé en deux mois les trois tomes de La Passe-Miroir de Christelle Dabos. Mais mon vrai coup de cœur de cette année a été Jusqu’ici tout va bien de Gary Schmidt. Ce livre m’a pris aux tripes.

Côté BD, je citerai deux titres qui m’ont bouleversée et dont le thème se rejoint : Là où vont nos pères de Shaun Tan (j’adore le sans-texte !) et Migrant de Eoin Colfer (je suis fan d’Artemis Fowl...) et Andrew Donkin.

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