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Interview Julien Bétan sur Fiction
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Interview Julien Bétan sur Fiction

Actusf : Quels sont les temps forts de ce Fiction numéro 19 ? 
Julien Bétan : Une nouvelle inédite de Robert Silverberg, qui apporte une conclusion à son cycle de Majipoor, deux longs entretiens croisés (Anne Fakhouri et Ian McDonald ; Serge Lehman et Fabrice Colin)
 
 
Actusf : Comment est née l'idée de l'entretien croisé entre Anne Fakhouri et Ian McDonald ? 
Julien Bétan : Anne et Ian s’étaient déjà croisés à quelques occasions, autour d’une bière. Anne partant vivre en Irlande cet été, nous avons eu l’idée d’organiser une vraie fausse correspondance entre eux deux. Au départ, il s’agissait de les faire dialoguer sur le mode « guide de survie en territoire folklorique inconnu » (bien qu’Anne connaisse très bien ce folklore), mais la discussion s’est très vite portée sur des sujets plus inattendus, comme les hipsters, Georges Brassens ou les croyances syncrétiques brésiliennes.
 
 
Actusf : Parle-nous de celui entre Serge Lehman et Fabrice Colin. On rentre vraiment dans le cœur du métier d'écrivain et des craintes de chacun... 
Julien Bétan : Oui, Serge revient d’ailleurs sur une période difficile de sa vie, tant sur le plan créatif que personnel, qu’il avait déjà évoque dans Fiction n° 3, dans son article « La Légende du Processeur d’Histoire ». C’est l’occasion pour les deux écrivains de se pencher sur leurs rapports à l’écriture, complémentaires mais très différents. Ils évoquent également leurs diverses collaborations et leur amitié. C’est vraiment le type de dialogue que nous cherchons à obtenir : sortir de l’interview classique pour que les auteurs (se) parlent de choses différentes et que le lecteur puisse toucher du doigt de manière privilégiée certains aspects de la création littéraire ou du métier d’écrivain.
 
 
Actusf : Une large place est laissée au steampunk avec un beau cahier graphique. De quoi s'agit-il ? 
Julien Bétan : Ce portfolio a été réalisé par un trio de choc : le photographe américain Christopher Perez, et les duettistes Arthur Morgan et Étienne Barillier, dont la réputation dans le milieu steampunk international n’est plus à faire. Ensemble, ils ont décidé de revisiter les grandes figures de l’imaginaire parisien, à la sauce boulons et vapeur. Grâce aussi à la participation d’une quinzaine de personnes (modèles, maquillages, costumes…) le résultat est magnifique : on retrouve avec plaisir une galerie d’une douzaine de personnages tels que Fantomas, Vidocq, le Dr. Mabuse, Rouletabille, Marie Curie ou Mata Hari, dont le parcours délicieusement uchronique est retracé sous forme de petites notices. 
C’est là une des grandes forces du steampunk : quelques lignes, quelques images et ce sont des vies, des univers entiers qui naissent sous nos yeux.
 
 
Actusf : De quoi parlent les articles de Julie Proust Tanguy, Nicolas Nova et Alex Nikolavitch ? 
Julien Bétan : Julie aborde la déstructuration du temps en littérature. Nicolas pour sa part s’intéresse aux nouveaux imaginaires en gestation dans les pays du Golfe : la vision du futur à l’occidentale s’y teinte de représentations et de préoccupations locales, pour donner des formes fictionnelles qui débordent des supports « conventionnels » et s’invitent dans l’architecture, la musique… Alex enfin s’intéresse à l’hyperespace, avec la méticulosité et le mauvais esprit qui le caractérisent.
 
 
Actusf : Quelles sont les tonalités des nouvelles de ce numéro ? 
Julien Bétan : Comme toujours, elles sont très diverses en terme de genre et de style : nous ne concevons pas de numéros thématiques, le choix des textes résultant des votes du comité de lecture. L’esprit de la revue étant de défricher de nouveaux champs, de nouvelles tendances, nous essayons de publier dans chaque numéro un texte au moins possédant une dimension littéraire avant-gardiste : c’est le cas ici avec la nouvelle de Robert Darvel, « Chienne », qui mêle star-system, téléréalité et microbiologie.
On y trouve également de l’humour, avec James Morrow ou Sonia Quémener, du fantastique (Jeffrey Ford et sa « tête aux souhaits », Michael Reaves et ses fantômes malades, Felicity Shoulders et sa « petite ville »), ou des nouvelles plus proche du thriller (Kate Wilhelm, « Avec le temps »). La science-fiction n’est évidemment pas oubliée : les nouvelles de Steven Utley ou d’Estelle Faye par exemple.
 
 
Actusf : Vous lancez un appel aux nouvelles ? Quelles sont les conditions ? Que voulez-vous recevoir ?
Julien Bétan : Oui, nous avons en effet profité de la tribune que nous offrait les Imaginales lors de la remise des prix, Fiction étant récompensé pour une nouvelle d’Ellen Kushner parue dans le numéro 17, pour rappeler à tous les auteurs que nous recherchions des textes francophones. Des textes inédits uniquement, y compris sur le web ; tous les détails se trouvent sur notre site.

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