Actusf : Est-ce que le diptyque a été pensé comme tel dès le début ou Elbrön est devenu évident pendant ou après l'écriture de Bankgreen ?
Thierry Di Rollo : Non, pensé dès le début. J'avais l'histoire, j'attendais simplement le feu vert d'Olivier pour enchaîner sur le second volet.
Actusf : Avec le recul, écrire de la fantasy est-il différent pour toi que d’écrire de la science fiction ou du polar ?
Thierry Di Rollo : Oui et non.
Oui, parce que la liberté en fantasy est totale. Le polar répond à des codes précis dont il ne faut pas s'éloigner de trop ; idem pour la SF. Bankgreen, c'est à moi, personne ne me l'enlèvera jamais, j'y ai tout créé.
Non, parce que cela reste un processus d'écriture. Et l'écriture, quel que soit le genre abordé, ça reste du temps, du travail, de l'investissement humain et émotionnel ; si l'on veut s'acquitter de cette tâche le plus honnêtement possible, s'entend. C'est mon avis, en tout cas.
Actusf : Ce qui m'a frappé avec Elbrön, c'est la la narration. Là où Bankgreen était très évasif, avec beaucoup d'ellipses et de sous-entendus, on a ici un récit plus linéaire qui en devient plus contemplatif. Pourquoi ce changement dans l'écriture ? Elle est très visuelle avec une certaine économie de mots...
Thierry Di Rollo : Le premier volet du diptyque Bankgreen est l'exposition. L'univers - assez dense, quand même -, les personnages - nombreux - sont mis en place et, d'une certaine façon, comme dans la première partie d'un polar, on ne peut pas tout comprendre, non? Le second volet Elbrön est la résolution, répond aux questions, éclaircit l'horizon de l'histoire et donc, inévitablement, tout se resserre. Comme je n'avais plus à exposer le monde de Bankgreen, le résultat est peut-être plus directement visuel. Je n'en sais rien, à dire vrai.
Actusf : Comment vois-tu “Elbröns” ? Ils semblent plus humains que les vivants...
Ils sont vraiment l'antithèse du revenant “classique”. Tu voulais prendre le contrepied des zombies actuels et de leurs semblables ?
Thierry Di Rollo : Quand j'ai une histoire ou un personnage, je ne me pose pas la question de savoir si ça prend le contre-pied de quelque chose d'existant. J'imagine juste ce qui pourrait m'aider à aller jusqu'au bout de ce que j'ai à dire. Les Elbröns sont tels que j'ai eu envie de les voir bouger, évoluer, par rapport à ma propre sensibilité d'écrivain. Je ne peux pas créer autre chose que ce que mon esprit, avec mon cursus d'homme de 52 ans, est capable de concevoir.
Actusf : Tu parles dans ce livre également de l’après génocide. Comment t’en es venue l’idée et pour quelles raisons?
Thierry Di Rollo : C'est une façon de mettre en lumière la planète Bankgreen de manière totale et relative, tout à la fois. Rien n'est intangible ni définitif. C'est ce que j'ai voulu dire. Tout est fragile, au bout du compte, malgré la force trompeuse de la moindre de nos perceptions.
Actusf : Quels sont tes projets ? Sur quoi travailles-tu ? Vas-tu continuer en fantasy ?
Thierry Di Rollo : Un space-opera à paraître au Bélial ; c'est Olivier qui m'a suggéré d'en écrire un et j'ai relevé le défi. Parce que je n'en avais encore jamais commis un. Un polar pour Jérôme à paraître en 2013.
Oui, je reviendrai à la fantasy, sans le moindre doute possible. J'ai déjà un embryon d'idée qui me taquine l'esprit. Tôt ou tard, elle éclora.