Dévoré il y a quelque temps, ce livre.
C'est magistral.
Et effectivement, on sent clairement les influences de Machiavel, d'une certaine Italie, de Julien Gracq, comme Jaworski l'indiquait fort bien, par quelques très belles lectures, dans la conférence enregistrée disponible sur le site.
L'écriture est d'une fluidité parfaite, et ce qui est impressionnant, en termes de style, est que Jaworski a une plume efficace, élégante, toujours précise, le bon mot tombe toujours au bon endroit, mais l'ensemble ne donne jamais l'impression de rechercher la "belle page", ou le moment de bravoure stylistique en soi, et on en vient presque à oublier à quel point l'ouvrage est bien écrit.
Il y a quelques scènes d'anthologie... (Benvenuto et Clarissima, évidemment, la baston de Benvenuto, Sassanos, les deux Ouromands contre la bande du Rempailleur, l'assaut donné contre la bande du Rempailleur...). Et ce sens des intrigues, du raisonnement politique poussé à son paroxysme (nombreux cas de discussions passionnantes "que sait-il à ce moment-là de la discussion? que dois-je dire pour deviner ce qu'il sait, et pour obtenir tel effet sur lui?", etc.), c'est parfaitement délicieux. On finit presque déçu qu'après la "vendetta", le roman s'achève aussi abruptement, on aurait bien redemandé une bonne centaine de pages d'intrigues ciudaliennes, histoire de savoir ce que Ducatore va faire par la suite.
Non, vraiment, tout est vraiment parfait. J'en redemande.
Seul point légèrement surprenant par sa relative faiblesse: la répartition des chapitres, et leurs titres, qui sont finalement assez peu sexys par rapport à leur contenu. Cas typique: "le rempailleur et la sorcière": deux épisodes distincts sans grand rapport entre eux autre que de succession chronologique, groupés dans un même chapitre... Mais c'est vraiment bénin.
Chapeau, donc!
Systar