Catherine Dufour évoque ses projets dans une interview sur le site
SFU. Voici ce qu'elle dit : "
As-tu des projets en cours ? Des projets futurs ?
Catherine Dufour : Oui, je suis en train d'écrire une histoire de France pour ceux qui détestent ça. C'est extrêmement drôle. Non seulement les dessous de l'histoire sont souvent bien plus amusants que l'histoire officielle mais en plus, les mensonges des historiens sont légion. Nos manuels d'histoire sont des collections de contre-vérités.
L'histoire de France n'est pas forcément un sujet facile, parce qu'il est un peu répétitif. On y trouve des rois, encore des rois, toujours des rois, lesquels n'ont que deux soucis : engrosser leur femme et se battre avec leurs cousins. J'espère seulement réussir à semer, dans l'esprit du lecteur, un doute hyperbolique vis à vis de tout ce qui est présenté comme réalité historique. Ca n'existe pas, une réalité historique. L'histoire, c'est la biographie d'un peuple et comme toute biographie, il s'agit pour son auteur de résumer ce bordel sans queue ni tête qu'est une existence en lui conférant une allure marmoréenne de destin.
La science historique est elle-même actuellement en plein bourgeonnement et dans toutes ces luttes entre anthropologie historique, micro-histoire, sociohistoire, histoire globale et gender studies, je m'amuse beaucoup."
Elle revient également sur son dernier roman Outrage et rébellion :
"Selon la légende (critique d'Eric Holstein dans ActuSF), ce serait un roman sur le Punk ?
Catherine Dufour : J'ai lu « Please kill me », de Legs McNeil et Gillian McCain, aux éditions Allia, c'est fabuleux ! Lisez-le. C'est l'histoire du punk, du vrai, le pré-Sex Pistols.
On dit que si les hippies ont réussi à avoir la peau de Nixon, les punks ont échoué face à Reagan. Ca m'agace. Que chaque génération sorte de l'œuf, toute armée de colère face à la laideur du monde, puis retombe comme un soufflé en même pas une dizaine d'années, avale les couleuvres du réel et laisse la place à une nouvelle armée de jeunes tout aussi bruyants et qui ne tiendront pas davantage la route. Alors j'ai décidé d'écrire une histoire du rock QUI REUSSIT ! Une musique fédératrice entraîne ses troupes chevelues sur le chemin de la révolte et CA MARCHE ! Nom d'un chat.
Un bédéiste a suivi à peu près le même chemin mais lui, c'était avec Titi et gros minet. Exaspéré par des années de « gros minet court après Titi et ne le rattrape jamais », il a dessiné la planche ultime : gros minet attrape Titi, casse la nuque de Titi, plume Titi, dépèce Titi, cuisine Titi et mange Titi. Enfin ! On sent son crayon trembler de soulagement.
C'est ce type de catharsis que j'ai cherché en écrivant « Outrage et rébellion ». Mon héros, qui est un condensé de ce qu'il y a de pire et de meilleur dans toutes les stars du rock (autant dire qu'il ressemble quelque peu à Iggy Pop), lâche la guitare, part au combat et gagne ! Enfin.
Quant au décor, c'est celui du « Goût de l'immortalité », la Chine dans 300 ans. On y croise d'ailleurs quelques uns des personnages du « Goût de l'immortalité », notamment la rédactrice, toujours aussi cruelle."
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