Un article à lire sur LeMonde.fr. Christopher Tolkien, le fils de J. R. R. Tolkien, qui n'avait pas parlé aux médias depuis 40 ans, a accordé un entretien au journal français. Il revient notamment sur l'exploitation à outrance de l'oeuvre de son père.
C'est un cas rare, pour ne pas dire exceptionnel : à une époque où la plupart des gens vendraient leur âme pour faire parler d'eux, Christopher Tolkien ne s'est pas exprimé dans les médias depuis quarante ans. Pas d'entretien, pas de déclaration, pas de conférence – rien. Une décision prise à la mort de son père, auteur du célébrissime Seigneur des anneaux (The Lord of the Rings, trois volumes parus en 1954 et 1955) et l'un des écrivains les plus lus dans le monde, avec environ 150 millions de livres vendus et des traductions dans 60 langues.
Caprice ? Certainement pas. A 87 ans, le fils du Britannique John Ronald Reuel Tolkien (1892-1973) est l'homme le plus posé qui soit. Un Anglais distingué, doté d'un accent très upper class, qui s'est installé en 1975 dans le midi de la France, avec sa femme Baillie et leurs deux enfants. Désinvolture alors ? Encore moins. Durant toutes ces années de silence, sa vie n'a été qu'un labeur incessant, acharné, presque herculéen sur la part inédite de l'oeuvre, dont il est l'exécuteur littéraire.
Non, la fière réserve de Christopher Tolkien a une autre cause : l'écart vertigineux, presque un abîme, qui s'est creusé entre les écrits de son père et leur postérité commerciale, dans laquelle il ne se reconnaît pas. Surtout depuis que le cinéaste néo-zélandais Peter Jackson a tiré du Seigneur des anneaux trois films au succès phénoménal, entre 2001 et 2003. Les années passant, une sorte d'univers parallèle s'est formée autour de l'oeuvre de Tolkien. Un monde d'images chatoyantes et de figurines, coloré par les livres cultes mais souvent très différent d'eux, comme un continent dérivant loin de celui dont il s'est détaché.