Tolkien, l'anneau de la discorde

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marie.m
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Tolkien, l'anneau de la discorde

Message par marie.m » lun. juil. 09, 2012 8:15 am

Un article à lire sur LeMonde.fr. Christopher Tolkien, le fils de J. R. R. Tolkien, qui n'avait pas parlé aux médias depuis 40 ans, a accordé un entretien au journal français. Il revient notamment sur l'exploitation à outrance de l'oeuvre de son père.

C'est un cas rare, pour ne pas dire exceptionnel : à une époque où la plupart des gens vendraient leur âme pour faire parler d'eux, Christopher Tolkien ne s'est pas exprimé dans les médias depuis quarante ans. Pas d'entretien, pas de déclaration, pas de conférence – rien. Une décision prise à la mort de son père, auteur du célébrissime Seigneur des anneaux (The Lord of the Rings, trois volumes parus en 1954 et 1955) et l'un des écrivains les plus lus dans le monde, avec environ 150 millions de livres vendus et des traductions dans 60 langues.
Caprice ? Certainement pas. A 87 ans, le fils du Britannique John Ronald Reuel Tolkien (1892-1973) est l'homme le plus posé qui soit. Un Anglais distingué, doté d'un accent très upper class, qui s'est installé en 1975 dans le midi de la France, avec sa femme Baillie et leurs deux enfants. Désinvolture alors ? Encore moins. Durant toutes ces années de silence, sa vie n'a été qu'un labeur incessant, acharné, presque herculéen sur la part inédite de l'oeuvre, dont il est l'exécuteur littéraire.

Non, la fière réserve de Christopher Tolkien a une autre cause : l'écart vertigineux, presque un abîme, qui s'est creusé entre les écrits de son père et leur postérité commerciale, dans laquelle il ne se reconnaît pas. Surtout depuis que le cinéaste néo-zélandais Peter Jackson a tiré du Seigneur des anneaux trois films au succès phénoménal, entre 2001 et 2003. Les années passant, une sorte d'univers parallèle s'est formée autour de l'oeuvre de Tolkien. Un monde d'images chatoyantes et de figurines, coloré par les livres cultes mais souvent très différent d'eux, comme un continent dérivant loin de celui dont il s'est détaché.

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marie.m
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Message par marie.m » ven. juil. 13, 2012 8:49 am

Un article synthétique à lire sur le site du Magazine littéraire.

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Lensman
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Re: Tolkien, l'anneau de la discorde

Message par Lensman » ven. juil. 13, 2012 9:28 am

marie.m a écrit :
Non, la fière réserve de Christopher Tolkien a une autre cause : l'écart vertigineux, presque un abîme, qui s'est creusé entre les écrits de son père et leur postérité commerciale, dans laquelle il ne se reconnaît pas. Surtout depuis que le cinéaste néo-zélandais Peter Jackson a tiré du Seigneur des anneaux trois films au succès phénoménal, entre 2001 et 2003. Les années passant, une sorte d'univers parallèle s'est formée autour de l'oeuvre de Tolkien. Un monde d'images chatoyantes et de figurines, coloré par les livres cultes mais souvent très différent d'eux, comme un continent dérivant loin de celui dont il s'est détaché.[/i]
D'un autre côté, je vois assez mal comment il pourrait en être autrement, c'est-à dire comment on pourrait reconnaître du Tolkien dans des trucs qui ne sont pas faits par par Tolkien, dont l'oeuvre est connue... ce serait un peu comme voir Frank Herbert dans les préquelles de Dune : quelle idée farfelue!

Oncle Joe

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bormandg
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Message par bormandg » ven. juil. 13, 2012 10:30 am

D'un autre côté il s'agit de savoir si on peut imaginer une survie de l'oeuvre en tant que base de nouvelles créations ou si on désire l'enterrer à tout jamais dans le tombeau de son créateur. Que certains ajouts soient ratés au point de ne pas être acceptables même en tant que prolongement et survie de l'oeuvre est une autre chose. J'ose espérer, puisque Oncle Joe élargit le problème à Dune, que les (censuré) d'Anderson et Brian H ne tueront pas la possibilité d'un autre prolongement-variante de l'oeuvre de Frank Herbert.
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Lensman
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Message par Lensman » ven. juil. 13, 2012 11:58 am

bormandg a écrit : J'ose espérer, puisque Oncle Joe élargit le problème à Dune, que les (censuré) d'Anderson et Brian H ne tueront pas la possibilité d'un autre prolongement-variante de l'oeuvre de Frank Herbert.
C'est bien, mais il est sans importance que ces"variantes" ou ces "prolongement" aient réellement à voir avec l'oeuvre qui a servi d'inspiration. A vrai dire, moins on voit de rapport avec l'oeuvre d'origine, plus ça a des chances d'être intéressant. Il ne faut pas raisonner en "prolongement", mais en "prétexte". Une oeuvre originale, c'est une oeuvre originale, elle est comme elle est, et ce qui est utile, par contre, c'est de faire en sorte qu'elle soit repérable, au milieu des trucs différents auxquels elle a plus ou moins servi de prétexte .Elle peut servir de vague prétexte, par son prestige éventuel, à d'autres choses. Quand le lien éventuel avec le point de départ ne sert plus à rien, c'est l'idéal.
Quand un auteur a fini de produire son oeuvre, il a fini de produire son oeuvre, point barre. Le Spirou de Rob-Vel n'est pas celui de Jijé, qui n'est pas celui de Franquin, qui n'est pas celui de... etc... etc...
Mais si ça peut encourager d'autres à faire d'autres choses, c'est très bien. La seule chose à laquelle il est utile de faire attention, c'est qu'il soit possible de distinguer facilement ce qui est de tel auteur (Tolkien, Conan Doyle, Frank Herbert,Edgar Rice Burroughs, etc ...) et ce qui est d'autres auteurs.
Après il faut voir si ce qui est fait est intéressant... et pour qui...
Pour les préquelles de Dune, par exemple, le fait qu'il soit fait référence à Dune est au fond sans aucune importance, ce qui est important, c'est que les lecteurs y trouvent leur compte. Et si tel lecteur n'arrive pas à faire la différence entre du Frank Herbert et les préquelles, tant mieux pour lui, s'il aime. Il faut juste que les choses soient soient signalées (ça évite à l'autre lecteur, qui apprécie spécialement Herbert, de se demander: tiens, qu'est-ce qu'il lui est arrivé ? c'est bien mieux, d'habitude! Là, il a la réponse... l'inverse est concevable: l'imitateur pourrait être meilleur!) . Le signalement, d'ailleurs, ne fait ni chaud ni froid au lecteur peu exigeant. Il est juste intéressant par curiosité intellectuelle.
Par exemple, il est utile, au titre d'information et de curiosité intellectuelle, de signale quand une tolkiennerie n'est pas de Tolkien. Après, c'est sans importance en soi si quelqu'un décrit un Hobbit visitant la planète Mars d'Egar Rice Burroughs en se gavant d'épice. Il reste juste à déterminer à quel public ça s'adresse, et si c'est bon ou mauvais à l'échelle des critères du public en question (il y a des publics très différents).
Mais que les choses soient bien indiquées, c'est tout...

Oncle Joe

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