jp the z a écrit :Tu as songé à faire une carrière de rédacteur de 4e de couverture?Gérard Klein a écrit : "La Route" est à Mad Max 2, ce que "Rosenkranz et Guildenstein sont morts"est à Hamlet.
Oncle Joe
La route de Cormac McCarthy
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Toi, là, je t'aime.jp the z a écrit : et cote Beckett, c est plutot "Rosenkranz et Guildenstein sont morts" qu il faudrait relire.
Enfin, heu, pauvre Shakespeare, quand même...jp the z a écrit :"La Route" est a Mad Max 2, ce que "Rosenkranz et Guildenstein sont morts"est a Hamlet.
"Ils ne sont grands que parce que vous êtes à genoux"

Cormac McCarty signe une œuvre bouleversante (c'est la première fois de ma vie que je pleure presque à la fin d'un bouquin) et sèche, arride, grisâtre, dépressive, où les entités survivantes ne sont que des lambeaux de la civilisation humaine. Solitude, errance, survie (et sur ce thème Cormac explore des techniques de survie poussées, simples mais efficaces , réflexes ataviques d'une adaptation forcée à une condition extrême) et enfoui très profondément il ya l'étincelle, l'espoir. Le père inculque au files des valeurs qui n'ont plus lieu d'être normalement. La plupart des hommes ayant certainement choisit les facilité donc le cannibalisme (comme le sous entend le passage du bébé cuit à la broche quand 2 jours avant le père et son fils se dissimulaient aux yeux de trois personnes dont une femme enceinte..On peut supposer qu'ils se reproduisent uniquement pour manger...).
On porte le feu papa?
Oui on porte le feu.
Voilà le but du roman. Le but même de la survie est décrit comme une simple petite flamme en chacun de nous : l'espoir d'une vie meilleure, d'un retour à la normalité (normalité qui est non pas de survivre mais de vivre). Toute la forme est à l'extrême de ce qu'il inculque, de ce qu'il fait passer aux lecteurs. Oui le père aura plus d'une fois eu l'envie de mourir, de tuer son fils pour le soulager d'une existence suffocante, dangereuse et dépressive. Le fils porte réellement l'espoir en lui et quand son père perd peu à peu de son humanité afin de préserver sa vie mais surtout celle de son fils, le petit se tient tout prêt et rappel son paternel à l'ordre.
Le monde n'est pas si mal et tous les gens de cette terre ne sont pas aisément corruptibles comme on pourrait le supposer et cela même dans les pires conditions.
Tant que des valeurs, qu'une humanité continue de perdurer dans les cœurs, alors tout n'est pas fini. C'est une maigre ligne, une mince frontière et souvent le père est prêt de basculer. Le roman possède une véritable "âme" car il développe vraiment à l'excellence l'état d'esprit d'un survivant, d'un père, d'un homme. Le fils étant la nouvelle génération, l'espoir d'une nouvelle jeunesse qui aura acquis une éthique que le père avait du mal par moment à appliquer. Le fils sera ce nouvel homme, évolution du père. Logique de la reproduction.
On ne connaitra que très peu le passé du père et encore moins du fils. Pas de noms. Pas de passé.
Pas de noms comme si les perosnnages avaient oubliés leur appellation propre. Comme si les années avaient commencés à effacer les souvenirs. Pourtant, comme le dit le père, "On se souvient toujours de ce qu'il faut oublier et on oubli ce dont il faut se souvenir". La femme, la verdure, l'éclat de la lumière, le feu, et la décision pour celle-ci d'en finir en sortant dans la nuit ...voilà le peu de souvenirs.
Tout est gris et les paysages sont appauvris par une pluie de cendres venant recouvrir d'un linceul funèbre un nouvel enfer rendu presque organique par ses arbres qui tombent un à un dans de lourds grondements assourdissants et ces flammes qui surgissent de nulle part, ayant déjà tout carbonisés dans des temps immémoriaux...
Cormac McCarthy n'hésite pasà choquer en décrivant des passages très durs (notamment les le morts carbonisés quasiment rattachés au sol de gravier tout aussi fondu de la route, les deux s'assemblant dans une sorte de monstre à la The thing ou le bebé carbonisé sur une broche au-dessus d'un feu mais encore l'homme foudroyé encore en vie, cherchant à marcher et à continuer de vivre etc...).
la fin porte le feu. Inévitablement. Car tout n'est pas si noir que l'on croit de nos jours.
On reproche souvent la répétition du roman (niveau intrigue et style) alors que c'est voulut et que c'est très cohérent avec l'univers, l'ambiance et le sujet du livre. Cela augmente la forte impression de lassitude, de dépression, et le lecteur s'identifie plus facilement, rentre plus facilement dans les personnage et leurs sentiments, leurs questions existentielles et surtout leur état d'esprit. il y a par ailleurs des passage d'une rare violence et d'une intensité telle dans le style que j'en ai noté certaines qui valent le détour.
Le roman est court, efficace, sans chapitres (il n'y pas d'interruption, nous sommes avec le père et le fils sur la route, il n'y a pas de fin pas de pauses véritables = le père ne dort quasiment jamais donc il y a toujours un personnage éveillé et le fait de ne pas mettre de chapitre appuie ce sentiment d'épuisement, de ne jamais voir le bout du chemin etc...), avec des dialogues laconiques sans ponctuations ce qui soulignent grandement des paroles sortis d'être fatigués, lassés, déprimés, et ces mots sortent difficilement, comme s'ils avaient oubliés les longues phrases, le dialogue, les relations verbales avec autrui etc... tout dans le livre est entrain de glisser : l'humanité du père, innocence du petit, le monde, les souvenirs de celui-ci, etc... Le style du livre me parait logique et intelligent. Clairement le meilleur roman du genre actuellement avec I am legend. je parle des romans post-apo one man show (ou presque pour La Route).
Quelques extraits que j'ai relevé (ou passages très courts):
" On se souvient toujours de ce qu'il faut oublier et on oublie ce dont il faut se souvenir".
"Sur les routes là-bas les fugitifs s'écroulaient et tombaient et mouraient et la terre glauque sous son linceul suivait tant bien que mal son chemin de l'autre côté du soleil et s'en retournait aussi vierge de toute trace et tout aussi ignorée que la trajectoire de n'importe quelle planète soeur innommée dans le noir immémmorial."
"Peut-être que dans la destruction du monde il serait enfin possible de voir comment il était fait. Les océans, les montagnes. L'accablant contre-spectacle des choses entrain de cesser d'être. L'absolue désolation , hydropique et froidement temporelle. Le silence."
"Et peut-être qu'au-delà de ces vagues en deuil il y avait un autre homme qui marchait avec un autre enfant sur les sables gris et morts. Peut-être endormis séparés d'eux par à peine une mer sur une autre plage parmi les cendres amères du monde ou peut-être debout dans leurs guenilles oubliés du même indifférent soleil."
" Il les regardait pendant qu'ils éventraient à coups de pic et de pioche le sol rocailleux à flanc de colline et qu'ils ramenaient à la lumière du jour un énorme nœud de serpents au nombre peut-être d'une centaine. Agglutinés là pour partager une chaleur commune. Les tubes mats de leurs corps commençant à bouger paresseusement dans la dure et froide lumière du jour. Comme les intestins d'une énorme bête exposés à la lumière du jour. Les hommes les aspergeaient d'essence et les brûlaient vifs, n'ayant pas de remède pour le mal mais seulement pour l'image du mal tel qu'ils se le représentaient."
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Y a pas à être désolé.Eric a écrit :Ben je te dis. Je me suis ennuyé à crever.
Je reconnais la validité de son parti pris et techniquement j'admire la volonté d'épure du style, mais moi, j'y suis resté totalement insensible et au final j'ai trouvé ça plus chiant que beau. Désolé.
Ce livre est une expérience perso qui se vit presque en marge de ce qui est écrit, selon chacun. C'est plus un déclencheur.
Il confronte à des questions que l'on peut se poser, ou pas. Ou pas encore. Ou qu'on s'est déjà posées, déjà répondu, plié. Chacun sa route, chacun son chemin...
Les marques Don Lorenjy et Don Lo sont retirées des rayons
- Goldeneyes
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Evidemment, Eric. Je taquine. Je n'ai pas piffé Outrage et Rébellion parce que j'ai la sensibilité d'un vieux con réactionnaire. Et j'assume complètement. Comme le souligne Don, une lecture trouve plus ou moins de résonance chez son lecteur en fonction d'un temps T. Si Hitler avait lu Le Dessin pour les Nuls au bon moment, la deuxième guerre mondiale n'aurait probablement été écrite que dans des bouquins de SF. Et puis apprécier un bouquin, on le sait tous, c'est histoire de sensibilité, de subjectivité, de tout un machin inconscient bizarroïde qui se trame dans le bordel de notre esprit, d'une somme de facteurs connexes, aussi, d'un état d'esprit particulier. Je suis sûr que si j'avais lu Outrage bourré comme une barrique, en gueulant façon Flaubert les éructations vocales de Marquis et consort, le bouquin m'aurait administré un magistral hypercut. Il est possible, aussi, que tu aies parcouru La Route en état d'ébriété. Ce qui est interdit par la loi. Gaffe, donc.Eric a écrit :Ben je te dis. Je me suis ennuyé à crever.
Je reconnais la validité de son parti pris et techniquement j'admire la volonté d'épure du style, mais moi, j'y suis resté totalement insensible et au final j'ai trouvé ça plus chiant que beau. Désolé.

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Goldeneyes a écrit :(...)un magistral hypercut.

Uppercut, I presume ?

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Oui, mais comme il le donne avec les bras de M. Fantastic, il est vraiment hyper!Eons a écrit :Goldeneyes a écrit :(...)un magistral hypercut.
Uppercut, I presume ?

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je crois qu'en fait de pomme, il s'agit de fruits au sirop / en conserve trouvés dans un abri.
Mais ma mémoire est certainement faillible, car le livre ne m'a pas laissé un souvenir impérissable.
Mais ma mémoire est certainement faillible, car le livre ne m'a pas laissé un souvenir impérissable.
"C'est comme une des œuvres de petits et exquis de l'art comme je pense que vous aimerez à croire que je suis droit dans votre propre de voir pour savoir."
Yoyoangel, bot.
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