Du sense of wonder à la SF métaphysique

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systar
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Message par systar » sam. déc. 05, 2009 10:37 pm

Erion a écrit :Non, mais si vous voulez, on peut discuter de l'expression "Notre club", je crois que pas mal de personnes pourraient avoir à y redire.
D'accord avec toi (ça se fête!)

Il y a à redire sur cette expression, énigmatique.

Mais bon, on s'en tape.

Il vaudrait mieux commenter les formulations de Renard, en fait.

systar
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Message par systar » sam. déc. 05, 2009 10:45 pm

Lensman a écrit :A la demande générale, pour nourrir la boîte à documentation initiée par Lem, tiré de ma peu vraisemblable bibliothèque, voici un court extrait de la « Préface » du légendaire roman de Félix Bodin, « Le roman de l’avenir » (1834, oui, vous avez bien lu), pierre de touche de l’amateur de SF ancienne. Félix Bodin lance ce qu’il appelle le « roman futuriste » (je vous jure que je n’invente pas…), en en rédigeant un prototype. On ne peut pas dire qu’il ait été suivi immédiatement de manière furieuse, mais enfin, comme texte fondateur et théorique de la SF française, je mange le béret de mon père si on trouve quelque chose de mieux…
Je respecte l’orthographe d’époque, à mes fautes de frappe près…

« […] On veut de nouvelles routes pour la littérature, de nouveaux champs pour l’imagination ; il me semble qu’en voici, ou je me trompe fort. Ceux qui se plaignent que le passé a été assez exploité, n’en diront pas autant, j’espère, de l’avenir. Ils diront au contraire : essayons enfin de sortir de ce passé si triste sur lequel nous vivions en littérature, pour nous lancer dans un inconnu si séduisant ! Là peuvent se trouver des révélations de somnambules, des courses dans les airs, des voyages au fond des océans, comme on voit dans la poésie passée de Sibylles, des hyppogriffes et des grottes de nymphes ; mais le merveilleux de l’avenir, comme je l’ai dit précédemment, ne ressemble point à l’autre, en ce qu’il est tout croyable, tout naturel, tout possible, et dès lors il peut frapper l’imagination plus vivement et la saisir en s’y peignant comme la réalité. On aura ainsi trouvé un monde nouveau, un milieu tout fantastique, pourtant pas invraisemblable pour y faire mouvoir l’homme avec la mobilité de ses idées et l’immuabilité des ces penchans.
Une dernière question se présente, et peut-être pour beaucoup de gens sera-ce la première. La littérature semblant partagée depuis quelques années entre deux genres, auquel appartient cet ouvrage ? J’ai grand peur qu’il n’appartienne à aucun, si toute littérature est le reflet de toute la civilisation d’une époque. Il n’est point classique, car il n’exprime ni l’état social des anciens, ni l’ordre d’idées qui servait de type à notre littérature des deux siècles passés. Il n’est point romantique, si le romantisme est l’expression du moyen-âge. Qu’est-il donc ? Ma foi ! Je n’en sais rien. Il sera si l’on veut du genre futur […].
Pour le moment, la question est de savoir si, après les grotesques et audacieuses fantaisies de Rabelais, les amusantes et satiriques inventions de Cyrano et Swift, et les pétillans romans philosophiques de Voltaire, il est possible de trouver quelque chose de nouveau et toutefois d’analogue ; quelque chose qui ne fût ni d’une fantaisie trop dévergondée, ni d’une intention purement critique, ni de cet esprit philosophique qui nuit à l’intérêt et à l’illusion en substituant toujours des idées aux personnages, et en subordonnant l’action et les caractères à la thèse qu’il soutient ; et pourtant une chose à la fois fantastique, romanesque, philosophique et un peu critique ; un livre où une imagination brillante, riche et vagabonde, pût se déployer à son aise ; enfin, un livre amusant sans être futile. Je crois que ce livre était possible. Mais je suis encore parfaitement convaincu qu’il n’est pas fait.
Qu’un autre l’essaie ; je souhaite de bon cœur qu’il réussisse mieux que moi. »

Oncle Joe

PS: notez l'allusion prémonitoire aux voitures volantes, avec "des courses dans les airs"...
C'est un bonheur de lecture, déjà.
C'est une très belle langue.
Décidément, la langue du XIXème siècle n'a pas fini de nous (me) fasciner.

Une lecture de ce texte à la lumière de Kant (Critique de la faculté de juger, après tout il y a quoi? une quarantaine d'années d'écart entre les deux textes) serait lumineuse.
On pourrait aussi se servir de ce texte pour expliquer le futur partage entre l'émotion proprement SF, et l'émotion proprement fantasy... beaucoup de possibilités de lectures, plus ou moins pertinentes ou rigoureuses, mais toujours stimulantes.
Merci, Tonton!

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Lensman
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Message par Lensman » sam. déc. 05, 2009 10:48 pm

Gérard Klein a écrit :
Mais prenons Lothar Blues, par exemple. Pas de voitures volantes dedans. .
Hum... à vérifier, j'ai un doute...
Oncle Joe
PS: je tiens à préciser que je ne suis pas tellement amateur de voitures volantes, par ailleurs... c'était un peu une image... il existe un très beau livre de Patrik Gyger, "Les voitures volantes. souvenir d'un futur rêvé" sur le sujet, que je recommande viveement, cependant...

systar
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Message par systar » sam. déc. 05, 2009 10:51 pm

Lensman a écrit :
Gérard Klein a écrit :
Mais prenons Lothar Blues, par exemple. Pas de voitures volantes dedans. .
Hum... à vérifier, j'ai un doute...
Oncle Joe
PS: je tiens à préciser que je ne suis pas tellement amateur de voitures volantes, par ailleurs... c'était un peu une image... il existe un très beau livre de Patrik Gyger, "Les voitures volantes. souvenir d'un futur rêvé" sur le sujet, que je recommande viveement, cependant...
Alors que dans Immortel Ad Vitam, il y en a.

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Le_navire
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Message par Le_navire » dim. déc. 06, 2009 12:32 am

Lem, je vais rajouter une couche, pardonne-moi, mais je trouve dommage qu'on se retrouve le bec dans l'eau après un fil si passionnant alors qu'on commence justement à avoir des posts qui synthétisent les pensées des uns et des autres, enfin.

Donc, pour expliquer sans doute le ressenti des uns et des autres, le mien en tout cas : c'est qu'il a fallu qu'on attende 120 pages ou à peu près pour avoir de toi une vision complète de ton point de vue - et dont la logique se révèle enfin sans occultations. Et qui tienne la route sans rhétorique.

A part les premières pages où l'échange sur la métaphysique était nécessaire, tu nous as (m'as, je ne veux pas généraliser) donné l'impression de reporter toujours à plus tard le fil de ton raisonnement, en t'arrêtant souvent pour régler des détails qui auraient sans doute demandé bien moins d'efforts à fournir pour peu que tu aies accepté de le faire plus tôt, au lieu de t'attarder à croiser fer par fer.

Tu t'es épuisé, et maintenant qu'on arrive enfin à l'échange fondamental (en gros une confrontation entre ton point de vue, argumenté, et celui de Gérard, qui l'est tout autant, entrecoupé des réflexions des uns et des autres pour préciser ou re-cadrer), tu nous fais le coup du tout le monde me déteste, on s'en prend à ce que je suis, je suis très malheureux et je ne veux plus jouer.

Moi aussi, j'ai un peu pensé : Caliméro, va ! Alors que, à de très rares exceptions près, tout le monde te dit et te répète que, que l'on soit d'accord avec toi, ou pas, en partie ou en tout, on apprécie l'échange, ce qu'il révèle, ce qu'il interroge et tu as eu droit, même de tes opposants, à plus d'une démonstration d'affection et d'amitié.

Alors s'il te plait, on peut reprendre ? Sereinement, puisque oui, on est entre amis, là. et que ça devient franchement plus passionnant...
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bormandg
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Message par bormandg » dim. déc. 06, 2009 1:05 am

Reprendre? Pas ce soir, s'il te plait! J'ai sommeil. 8)
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Le_navire
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Message par Le_navire » dim. déc. 06, 2009 1:45 am

bormandg a écrit :Reprendre? Pas ce soir, s'il te plait! J'ai sommeil. 8)
Bon dodo, très cher Georges ! :wink:
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systar
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Message par systar » dim. déc. 06, 2009 2:24 am

Le_navire a écrit :
bormandg a écrit :Reprendre? Pas ce soir, s'il te plait! J'ai sommeil. 8)
Bon dodo, très cher Georges ! :wink:
Il aurait quand même pu nous donner son horaire de réveil, histoire qu'on sache à partir de quelle heure on a le droit de recommencer à discuter sérieusement...

Et je ponctue ce désappointement d'un " 8) " des plus bormandiens.

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Sylvaner
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Message par Sylvaner » dim. déc. 06, 2009 2:39 am

Oserai-je un commentaire sur le sujet discuté ici ? alors que je découvre ce fil ce soir, et que je ne m'en suis cogné "que" 26 pages pour l'instant ? alors que je ne suis ni écrivain, ni philosophe ? (j'en entends un dans le fond qui ajoute "ni cultivé"... méchant, va !)

Bon, allez, j'ose :

Deux images triviales me viennent à l'esprit quant aux implications métaphysiques de la SF et à leur rôle dans la "mauvaise réputation" du genre :

La première, c'est une réplique de l'archange Gabriel dans le très américan "Constantine", film adapté du comic-book Hellblazer ou Keanu Reeves joue une sorte de chasseur de démons.
Le personnage de Constantine se plaint d'être condamné à l'enfer quoi qu'il fasse, alors que pour les communs des mortel il suffit de croire en Dieu. Et Gabriel de lui répondre "mais toi, tu ne crois pas, tu sais". Et ça en compte pas... il n'y a pas de foi s'il y a une connaissance factuelle, avérée.
Pour la métaphysique, j'y vois quelquechose du même ordre : les questions sur l'être, sur la spiritualité, sur tout ce qui dépasse la physique ne sont que cela - des questions, et l'humanité ne peut guère s'en accommoder que par l'ignorance, la foi ou un processus de réflexion théorique complexe.
Dans les littératures de l'imaginaire, SF / Fantasy / SF, une fois la suspension temporaire d'incrédulité acquise, le lecteur se retrouve dans la position de Constantine : il n'a plus à s'interroger ou à croire, il sait. Quand je lis Michael Coney, je sais que Starquin le Cinq en Un est un être quasi-divin qui préside au destin de l'humanité depuis un bout de temps. Quant je lis les Villes Nomades de Blish, je pars du principe que l'immortalité humaine est possible et je finis par savoir ce qui arrive quand l'univers en expansion rencontre l'autre, l'univers en compression.
Du coup, la question métaphysique à l'intérieur d'un roman de SF devient triviale : l'auteur, la plupart du temps, se contente de proposer une réponse et de la "tester"... la métaphysique devient une bête science expérimentale !

Est-ce que, comme c'est le point de départ de la controverse me semble-t-il, ce traitement light de la métaphysique peut expliquer le relatif mépris dont fait l'objet la SF dans les milieux intellectuels ?
C'est là que me vient ma deuxième image, plus personnelle. Sur un autre forum, je discute un peu de photographie. Et un ami a expliquer, il y a quelque temps, à quel point il avait horreur des désaturations partielles : ce sont ces photos traitées en noir et blanc où seuls quelques éléments sont en couleur - typiquement, les lèvres et les yeux d'un modèle, mais ça peut être n'importe quoi.
Cet ami a donc donné l'explication suivante pour expliquer son dégoût de ce procédé photographique : ce n'est plus vraiment de la photo, parce qu'en noir et blanc ou en couleur le regard est sensé être guidé par les lignes de forces, les contrastes, la netteté... et finalement rester libre. Alors qu'avec les désaturations partielles, le regard est kidnappé, guidé, infantilisé par le photographe-retoucheur.

Je ne suis pas loin de penser que le mépris pour la SF procède d'un mécanisme similaire : en inventant des mondes, des technologies, un futur, la SF prend notre esprit par la main et le guide au plus près des idées que l'auteur veut développer - quand la littérature générale, engluée dans la réalité ou dans l'histoire, ne peux que suggérer à l'esprit de suivre telle ou telle voie.

Voilà qui est un peu long, un peu tard (dans la soirée comme dans le débat) et assez peu étayé - sans compter que ces idées ont peut-être déjà été développées, entre la page 26 et la page 145... je m'en vais vérifier de ce pas.
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Lensman
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Message par Lensman » dim. déc. 06, 2009 10:37 am

Sylvaner a écrit : Cet ami a donc donné l'explication suivante pour expliquer son dégoût de ce procédé photographique : ce n'est plus vraiment de la photo, parce qu'en noir et blanc ou en couleur le regard est sensé être guidé par les lignes de forces, les contrastes, la netteté... et finalement rester libre. Alors qu'avec les désaturations partielles, le regard est kidnappé, guidé, infantilisé par le photographe-retoucheur.

Je ne suis pas loin de penser que le mépris pour la SF procède d'un mécanisme similaire : en inventant des mondes, des technologies, un futur, la SF prend notre esprit par la main et le guide au plus près des idées que l'auteur veut développer - quand la littérature générale, engluée dans la réalité ou dans l'histoire, ne peux que suggérer à l'esprit de suivre telle ou telle voie.

Voilà qui est un peu long, un peu tard (dans la soirée comme dans le débat) et assez peu étayé - sans compter que ces idées ont peut-être déjà été développées, entre la page 26 et la page 145... je m'en vais vérifier de ce pas.
Tu pointes là deux choses.
D'abord, la difficulté d'écrire un texte de SF réussi, (pas un chef-d'œuvre: juste qui fonctionne) où ce "collage", inévitable, sera le plus harmonieusement (hum, concept compliqué) réalisé;
ensuite, le fait que le principe même de ce "collage" répugne beaucoup, de manière viscérale, à beaucoup de gens.
Si j'emploie le terme de "viscéral", bien spectaculaire, est que je reviens toujours à mon hypothèse psychologique (et pas seulement sociologique) au rejet de la SF. Je pousse sans doute le bouchon un peu loin, mais je pense que dans une population donnée, les procédés 'et processus) mis en œuvres dans la SF sont bien acceptés par les esprits "enfantins" et les esprits de certains adultes, qui possèdent cet esprit (évidemment, le terme "enfantin" de va pas, est trop grossier, mais je ne suis pas psychologie). Pour la majorité des autres, c'est trop difficile de faire cet effort, c'est même parfois désagréable. Donc, un peu de SF par ci par là, mais juste comme curiosité, sans insister, ils veulent bien. Mais vraiment à la marge.
Les moyens de production culturelle moderne ont permis, par l'étiquette SF, de cibler ce public si particulier; et à ce public de découvrir qu'il existe, évidemment. L'étiquette augmente encore la marginalisation, surtout dans le système 'littérature française" avec des prescripteurs tels que les décrit Gérard Klein. Mais sans cette étiquette, pour l'amateur, il faudrait se livrer à la pèche à la dynamite et passer son temps à trier les poissons morts pour trouver sa pitance.Sans compter qu'avec l'étiquette, les proies ont tendance à se livrer à une heure émulation, qui augmente la saveur du poisson.
Oncle Joe
PS: on note en passant que la malheureuse Fantasy semble ne se faire aucune espèce d'illusion, ou mépriser complètement le problème, quand à la reconnaissance ou au scandale du déni... ils laissent la SF se tordre les mains toute seule, ça lui apprendra…

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Hoêl
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Message par Hoêl » dim. déc. 06, 2009 11:52 am

Pour le moment, la question est de savoir si, après les grotesques et audacieuses fantaisies de Rabelais, les amusantes et satiriques inventions de Cyrano et Swift, et les pétillans romans philosophiques de Voltaire, il est possible de trouver quelque chose de nouveau et toutefois d’analogue
Moi , j'aime bien ça , je ne suis pas un théoricien de la S.F. mais j'ai toujours trouvé évidente la filiation entre ces oeuvres et ce qui nous occupe aujourd'hui . Quant à "notre club" , si on le prend dans le sens du XIXème , celui de Phileas Fogg par exemple , ça me paraît convenir : un lieu où des personnes ayant des points et des intérêts communs viennent discuter , que ce soit de façon grave ou légère .
"Tout est relatif donc rien n'est relatif !"

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Eons
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Message par Eons » dim. déc. 06, 2009 2:23 pm

Sand a écrit :(exemple de corrélation alakon donné par mon prof de statistiques : sur les lieux des accidents de voiture, il y a des traces de freinage. Ne pas en déduire que freiner provoque les accidents !)
Pas dans le cas général, mais il n'est pas rare qu'un freinage paniqué le soit (dérapage non contrôlé). :wink:
Les beaux livres, c’est aussi par ici : www.eons.fr

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Message par Le_navire » dim. déc. 06, 2009 2:47 pm

Sylvaner, je trouve ton analogie avec la photographie assez passionnante. A tout le moins elle mérite sérieusement réflexion, merci.
"Ils ne sont grands que parce que vous êtes à genoux"

Gérard Klein
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Message par Gérard Klein » dim. déc. 06, 2009 3:07 pm

Le_navire a écrit :Sylvaner, je trouve ton analogie avec la photographie assez passionnante. A tout le moins elle mérite sérieusement réflexion, merci.
En effet, la réflexion de l'ami de Sylvaner est intéressante. Mais elle soulève une question beaucoup plus générale: toute la peinture, en tout cas la meilleure, est fondée sur des règles de construction parfois évidentes, parfois plus difficiles à percevoir, qui visent précisément à guider le regard de l'amateur, souvent à son insu quand il n'est pas éduqué.
Alors l'ami de Sylvaner va-t-il rejeter la peinture? Ou bien va-t-il refuser à certains photographes d'employer des procédés de peintres pour guider le regard là où ils souhaitent l'amener?
Il ne s'agit nullement d'une infantilisation, je dirais même que c'est juste le contraire.
Et quand un écrivain emploie des procédés rhétoriques plus ou moins conscients et élaborés pour rendre son texte plus clair ou pour transmettre une émotion, il n'en use pas autrement.
Mon immortalité est provisoire.

Matthieu
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Message par Matthieu » dim. déc. 06, 2009 3:20 pm

Lensman a écrit : Tu pointes là deux choses.
D'abord, la difficulté d'écrire un texte de SF réussi, (pas un chef-d'œuvre: juste qui fonctionne) où ce "collage", inévitable, sera le plus harmonieusement (hum, concept compliqué) réalisé;
ensuite, le fait que le principe même de ce "collage" répugne beaucoup, de manière viscérale, à beaucoup de gens.
Ce que Sylvaner pointe, c'est que si Dieu est un personnage du roman, il n'est plus Dieu, juste un superhéros plus costaud que d'habitude. C'est forcément une façon de faire un peu cavalière.
Lensman a écrit : PS: on note en passant que la malheureuse Fantasy semble ne se faire aucune espèce d'illusion, ou mépriser complètement le problème, quand à la reconnaissance ou au scandale du déni... ils laissent la SF se tordre les mains toute seule, ça lui apprendra…
Ils considèrent sans doute que la légitimation par les critiques littéraires établis est à la fois impossible et inutile. Et ils ont raison.

La culture générale unique a toujours été un mythe. Il était encore possible de faire croire à ce mythe il n'y a pas si longtemps, quand l'accès aux média était difficile et pouvait être contrôlé. Maintenant avec la TNT, l'impression numérique et internet, les média sont fragmentés.

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