Sylvaner a écrit :
Cet ami a donc donné l'explication suivante pour expliquer son dégoût de ce procédé photographique : ce n'est plus vraiment de la photo, parce qu'en noir et blanc ou en couleur le regard est sensé être guidé par les lignes de forces, les contrastes, la netteté... et finalement rester libre. Alors qu'avec les désaturations partielles, le regard est kidnappé, guidé, infantilisé par le photographe-retoucheur.
Je ne suis pas loin de penser que le mépris pour la SF procède d'un mécanisme similaire : en inventant des mondes, des technologies, un futur, la SF prend notre esprit par la main et le guide au plus près des idées que l'auteur veut développer - quand la littérature générale, engluée dans la réalité ou dans l'histoire, ne peux que suggérer à l'esprit de suivre telle ou telle voie.
Voilà qui est un peu long, un peu tard (dans la soirée comme dans le débat) et assez peu étayé - sans compter que ces idées ont peut-être déjà été développées, entre la page 26 et la page 145... je m'en vais vérifier de ce pas.
Tu pointes là deux choses.
D'abord, la difficulté d'écrire un texte de SF réussi, (pas un chef-d'œuvre: juste qui fonctionne) où ce "collage", inévitable, sera le plus harmonieusement (hum, concept compliqué) réalisé;
ensuite, le fait que le principe même de ce "collage" répugne beaucoup, de manière viscérale, à beaucoup de gens.
Si j'emploie le terme de "viscéral", bien spectaculaire, est que je reviens toujours à mon hypothèse psychologique (et pas seulement sociologique) au rejet de la SF. Je pousse sans doute le bouchon un peu loin, mais je pense que dans une population donnée, les procédés 'et processus) mis en œuvres dans la SF sont bien acceptés par les esprits "enfantins" et les esprits de certains adultes, qui possèdent cet esprit (évidemment, le terme "enfantin" de va pas, est trop grossier, mais je ne suis pas psychologie). Pour la majorité des autres, c'est trop difficile de faire cet effort, c'est même parfois désagréable. Donc, un peu de SF par ci par là, mais juste comme curiosité, sans insister, ils veulent bien. Mais vraiment à la marge.
Les moyens de production culturelle moderne ont permis, par l'étiquette SF, de cibler ce public si particulier; et à ce public de découvrir qu'il existe, évidemment. L'étiquette augmente encore la marginalisation, surtout dans le système 'littérature française" avec des prescripteurs tels que les décrit Gérard Klein. Mais sans cette étiquette, pour l'amateur, il faudrait se livrer à la pèche à la dynamite et passer son temps à trier les poissons morts pour trouver sa pitance.Sans compter qu'avec l'étiquette, les proies ont tendance à se livrer à une heure émulation, qui augmente la saveur du poisson.
Oncle Joe
PS: on note en passant que la malheureuse Fantasy semble ne se faire aucune espèce d'illusion, ou mépriser complètement le problème, quand à la reconnaissance ou au scandale du déni... ils laissent la SF se tordre les mains toute seule, ça lui apprendra…