Shalmaneser a écrit : Pour toi, ça ne change rien, puisque tu ne sembles pas tout réduire à un affrontement entre deux conceptions de la littérature. Mais pour d'autres, c'est loin d'être évident.
Quant à Balzac, on fait aussi lire La peau de chagrin, par exemple. Les élèves aiment bien, en général...
J'ai peut-être mal précisé ma position, à cause de ce pauvre "Père Goriot" (mais c'est vrai que celui-là, c'est un cas intéressant, qui "fédère"...). J'aime beaucoup la littérature, personnellement. Ce que je ne cautionne pas, c'est la notion de "Littérature Française" en tant que système, avec ses prescripteurs, ses légitimations, ses rejets,sa hiérarchie, etc.
Pour te donner un exemple anecdotique, un écrivain comme Alexandre Dumas est aujourd'hui de plus en plus considéré comme de la littérature. Le phénomène est très amusant, quand on voit la manière dont est traité le problème des "nègres" de Dumas. Il faut voir les trésors de précaution employés quand le sujet est abordé.. Pourquoi? Parce que ça va contre tout un système bien établi (y compris chez des admirateurs de Dumas, évidemment...) qu'il puisse exister une littérature créée collectivement, non pas pour lancer un mouvement intellectuel prétendument provocateur (ça, c'est très très bien accepté, au niveau critique, sinon au niveau succès public), mais pour des raisons techniques et "commerciales", parce que ce sont des gens qui gagnent leur vie en écrivant pour un public qui achète. En effet, et les réticents ont raison, ce n'est pas de la Littérature.
Rien à voir avec l'habituelle image d'Epinal de l'écrivain incompris, qui meurt de faim devant l'incompréhension du monde, ça, ça passe très bien, au contraire, c'est très valorisant! Là, avec Dumas, on fait de la littérature un truc qui est un métier. C'est pas de l'Art, ça...
Moi aussi, j'aime les grands écrivains maudits (quand ils me plaisent), moi aussi, j'aime les grands mouvements culturels provocateurs (quand ils me plaisent), les textes "bien écrits" ( toujours quand ils me plaisent), etc. Mais le système de hiérarchisation qui accompagne tout cela n'a pas, pour moi, à être cautionné, d'une quelconque manière. Je parle de la hiérarchisation, PAS de la description et du classement, au sens de repérer les choses. Repérer les choses, par contre, ça me paraît fondamental, ça aide chacun à se forger ses goûts. Forcément, en repérant, il y aura des jugements de valeur qui seront émis. Mais de manière relative et discutable.
Et ce système, appliqué en plus en insistant sur le côté "français" (Littérature Française, avec des majuscules partout, j'y tiens), je considère qu'il faut l'ignorer, voire le mépriser, voire lui nuire, si c'est possible (quand on est très énervé, bien sûr...). Pas le réformer.
Oncle Joe