OK, on va entrer dans les détails.
Spin était une nouveauté, le Robinson est un roman qui a 15-20 ans.
Sur le lectorat régulier de la SF, quel est le pourcentage de lecteurs pour lesquels ceci est un critère ? C'est sérieusement que je pose la question. (Cela dit, peut-être était-ce une mauvaise idée de donner la date de parution sur la 4e de couverture...)
Vouloir tirer des conséquences sur le lectorat à partir de cet exemple, ça me paraît totalement incongru.
Mon impression, c'est que le lectorat régulier de la SF--les lecteurs qui ne sont pas hostiles à l'idée de lire un livre de SF de temps en temps -- a diminué. Je n'ai pas tous les chiffres, mais l'horizon des ventes ne cesse de se rétrécir.
Et je brise un tabou. Voici les chiffres de vente des livres que j'ai traduits pour Robert Laffont (chiffres arrêtés au 31/12/2011 et ne portant que sur l'édition Laffont -- ie, je n'ai pas les chiffres de vente en poche et livre-club) :
Je regroupe par série, c'est plus intéressant.
Série "L'Aube de la Nuit" de Peter Hamilton (6 volumes, parus de septembre 1999 à novembre 2002) :
Rupture dans le réel 1 : Émergence — 12356 ex
Rupture dans le réel 2 : Expansion — 9196 ex.
L’Alchimiste du neutronium 1 : Consolidation — 9293 ex.
L’Alchimiste du neutronium 2 : Conflit — 8343 ex.
Le Dieu nu 1 : Résistance — 8577 ex.
Le Dieu nu 2 : Révélation — 8375 ex.
Attrition : 25% de perte entre le vol. 1 et le vol. 2, 32 % entre le vol. 1 et le vol. 6)
Greg Bear : L’Échelle de Darwin (juin 2001) — 12375 ex.
Greg Bear : Les Enfants de Darwin (septembre 2003) — 5214 ex.
Pas mal, l'attrition, hein ? 58 % si je calcule bien.
Dan Simmons : Ilium (avril 2004) — 30725 ex.
Dan Simmons : Olympos (mai 2006) — 18111 ex.
Là aussi, belle attrition (41 % de perte)
En ce qui concerne les romans de SF isolés :
John Barnes : La Mère des tempêtes (février 1998) — 3046 ex.
Greg Bear : Oblique (février 1999) — 3405 ex.
Michael Flynn : Eifelheim (octobre 2008) — 2202 ex.
Plus pour mémoire, bien que ce ne soit pas de la SF:
Edward Whittemore : Le Codex du Sinaï (avril 2005) — 3720 ex.
Edward Whittemore : Jérusalem au poker (novembre 2005) — 1592 ex.
Edward Whittemore : Ombres sur le Nil (février 2007) — 1097 ex.
Edward Whittemore : Les Murailles de Jéricho (mars 2008) — 1452 ex.
On remarque que, sur ce dernier titre, le bandeau et la 4 de couv insistant sur la dimension "espionnage" et "histoire du Proche-Orient" ont attiré de nouveaux lecteurs.
Et tant qu'on y est, pour finir en beauté :
Dan Simmons : Terreur (septembre 2008) — 25919 ex.
Ken Follett : La Chute des géants (septembre 2010) — 230521 ex.
Oui, vous avez bien lu -- et je précise que plus de 200 000 exemplaires ont été vendus en 2010. On ne joue vraiment pas dans la même catégorie.
Bon, en principe tout ça c'est secret et je vais sans doute me retrouver tricard, mais au point où on en est...
“Miss Judith Lee, vous êtes l’une des choses les plus étranges de ce monde très étrange.”