PS : Et dire qu'il y en a encore pour dire la Hard-science, c'est trop hermétique.
La SF n'est pas à la mode
Modérateurs : Estelle Hamelin, Eric, jerome, Jean, Travis, Charlotte, tom, marie.m, Mathilde Marron, sebastieng
-
systar
- Messages : 1991
- Enregistré le : sam. févr. 03, 2007 11:20 pm
- Localisation : perdu dans la métaphysique
- Contact :
La SF, comme tout texte, est un ensemble de signes. Or la théorie des signes, c'est ce qu'on appelle la sémiotique, grosso modo.Fabien Lyraud a écrit :
Au niveau sémiotique il y a relation entre le plan du contenu et celui de l'expression. En théorie le plan des idées est le plan du contenu et celui des images le plan de l'expression. Mais en SF certains auteurs arrivent à inverser le paradigme et faire primer l'image et l'idée n'est plus qu'au service de l'image. Finalement les relations sémiotiques entre les deux plans sont assez brouillées quelque part. Et c'est vrai que la sémiotique de la SF mériterait vraiment d'être traitée. Cela apporterait un éclairage interessant sur le genre à mon avis.
Un signe, c'est un signifié (le sens de ce qu'on dit, ce qui est dit), un signifiant (le mot utilisé pour le dire), et éventuellement un référent (la chose dans le réel désignée par le signe).
Le "plan du contenu", c'est le signifié, c'est ce que tu dis quand tu écris de la SF.
Le "plan de l'expression", c'est le signifiant, c'est la façon dont tu dis ce que tu dis, les mots ou les images que tu utilises pour dire ce que tu veux dire.
Fabien suggère, avec ce schéma, que d'habitude, la théorie courante sur l'imaginaire est qu'on fait passer une idée (ce que tu dis) au moyen d'une image. Genre pour dire que tu dois trier tes déchets, on te montre une planète dégueulasse dans les années 2100.
Et là où il a raison, Fabien, c'est quand il dit que pas mal d'auteurs tentent d'aller un peu plus loin que ce schéma simpliste, qui est celui de la littérature "à message", où l'important n'est pas la beauté de l'oeuvre, mais le message que tu y fais passer. C'est le schéma de toute propagande, étatiquement organisée ou non. Et c'est ça que les auteurs doivent éviter.
Pour cela, on peut renverser le rapport: et si le but de la SF, ce n'était pas d'utiliser des idées comme signifiants dans l'unique but de faire surgir de belles images qui produiront des effets de vertige, des émerveillements, des "conceptual breakthrough"( Roland a cité l'expression, je crois), etc.
bref: on utiliserait... l'idée de théorie complète de l'univers (i.e.: s'auto-expliquant elle-même) pour pondre un thriller scientifique sur une île, qui produirait certains effets de vertige chez le lecteur... C'est L'énigme de l'univers, par exemple.
Autrement dit: on arrête d'avoir sans arrêt des "messages" à faire rentrer dans la caboche du lecteur, et on restitue pleinement à la SF sa dimension de jeu de signifiants et de signifiés, de jeu d'idées. Primauté du jeu, du côté ludique, qui fait la beauté du genre science-fictionnel.
ça te va, Papageno?
Bruno - http://systar.hautetfort.com
-
systar
- Messages : 1991
- Enregistré le : sam. févr. 03, 2007 11:20 pm
- Localisation : perdu dans la métaphysique
- Contact :
A toi aussi, bonne année!Papageno a écrit :Voila, ça me va - merci , merci - j'ai tous compris - t'es un maitre!
Ps: Au fait : bonne année a toi - qui je l'espère sera plein de polémiques passionnées.
Oh, la polémique... surtout un jeu! comme la SF, quoi!
Bruno - http://systar.hautetfort.com
Bonjour,Le cyberpunk pour moi est un pétard mouillé. Les univers virtuels commencent avec le "Simulacron 3" de Galouye. Et Jeury dans son "temps incertain" est déjà dans le ton de ce que sera le cyberpunk. Les Phords de Garichankar sont déjà une incarnation de la matrice. La France avait dix ans d'avance sur les USA, mais, on n'avait pas extrapolé l'avénement de la micro informatique. L'apport de Gibson c'est l'intégration de la culture des hackers avec ses mythes et ses fantasmes dans la SF et on me dira que c'est déjà beaucoup.
Dire que le cyberpunk est un « pétard mouillé », cela me semble un peu ingrat…
Bien plus que mythes et fantasmes littéraires, ne pas oublier les enjeux sociologiques, toujours actuels, du mouvement.
C’est tout à fait juste. Mais on peut ajouter que ces mêmes figures dominantes méconnaissent (dans leur grande majorité) cruellement les sources de leur « appartenance ». La « génération Matrix » (à décliner dans sa version « génération code en C + plaque chauffante à port USB ») ne sait pas, dans sa grande majorité, ce qu’elle doit à des auteurs comme Gibson, Walter Jon Williams ou Sterling, en ce qui concerne l’évolution des idées, non seulement dans les champs de la SF, mais plus encore dans les notions de réappropriation, d’utilisation et de réaménagement du réseau avec la plus grande liberté possible.Les idées cyber se sont banalisées parce qu'aujourd'hui le geek ou le nerd sont des figures dominantes chez les cadres et les diplomés anglosaxons. C'est la société qui a intégré cette culture là, la Sf a suivi.
Un exemple :
En 1996, John Barlow lance sa « déclaration d’indépendance du cyber-espace » en réponse à la loi de «réforme» des télécommunications, et ajoute en introduction : « Après tout, la loi sur la «réforme» des télécommunications, adoptée par le Sénat avec seulement cinq voix contre, rend illégal et passible d'une amende de 250 000 dollars le fait de dire «merde» en ligne ou n'importe lequel des sept autres gros mots qu'il est interdit de prononcer dans les médias; ou encore de parler explicitement de l'avortement, ou d'évoquer les diverses fonctions corporelles autrement qu'en termes strictement cliniques. »
(http://www.freescape.eu.org/eclat/1part ... owtxt.html)
Sans vouloir basculer dans le hors sujet _sic, Systar _, dire que le cyber punk est aujourd’hui éculé (non ce n’est pas sale), c’est oublier les travaux d’Hakim Bey et ses TAZ, de Timothy Leary et ses intuitions qui continuent de se justifier et de nourrir le genre (lire à ce sujet Techniques du chaos), c’est amoindrir les convictions de certains auteurs qui, comme l’écrit Joe Haldeman, insistent sur le fait que « la science-fiction en général et le cyberpunk en particulier n'ont pas pour vocation de prédire l'avenir mais de décrire le présent. »
-
Fabien Lyraud
- Messages : 2278
- Enregistré le : mer. oct. 24, 2007 10:35 am
- Localisation : St Léonard
- Contact :
Mais je persiste et signe. Ces enjeux sociologiques ils sont déjà chez Jeury, dix ans auparavant. Donc les cyberpunks n'ont rien inventé de ce coté là.Bien plus que mythes et fantasmes littéraires, ne pas oublier les enjeux sociologiques, toujours actuels, du mouvement.
Bienvenu chez Pulp Factory :
http://pulp-factory.ovh
Le blog impertinent des littératures de l'imaginaire :
http://propos-iconoclastes.blogspot.com
http://pulp-factory.ovh
Le blog impertinent des littératures de l'imaginaire :
http://propos-iconoclastes.blogspot.com
- Transhumain
- Messages : 1246
- Enregistré le : mar. févr. 07, 2006 11:23 am
- Contact :
Bien sûr, les cyberpunks n'ont pas inventé leur univers ex nihilo. Nous connaissons leur généalogie. Mais ils sont les premiers à avoir saisi aussi clairement, et surtout montré, les enjeux sociaux et métaphysiques du développement métastatique des technologies de l'information. Dans Neuromancien ou Comte Zéro, comme dans d'autres Gibson, les personnages se débattent dans des labyrinthes inextricables où la lumière ne filtre jamais vraiment, parce que c'est un monde froid, mort, où les valeurs anciennes ont été remplacées par celles de la Technique et de l'économie de marché. Et le lecteur, lui aussi se débat pour ne pas décrocher d'intrigues incompréhensibles - et finit par abandonner. Mais ça c'est une autre affaire.
Et pour les quelques scènes en extérieur, il pleut.Transhumain a écrit :Dans Neuromancien ou Comte Zéro, comme dans d'autres Gibson, les personnages se débattent dans des labyrinthes inextricables où la lumière ne filtre jamais vraiment, parce que c'est un monde froid, mort, où les valeurs anciennes ont été remplacées par celles de la Technique et de l'économie de marché.
(cf chapitre mémorable dans Mona lisa overdrive avec désintégration du K-Way chinois sous la flotte)
Comment Transhu ? Tu n'est donc pas sensible à la "poétique des fils électriques et autre contreplaqué" ?Transhumain a écrit :Et le lecteur, lui aussi se débat pour ne pas décrocher d'intrigues incompréhensibles - et finit par abandonner. Mais ça c'est une autre affaire.
- Transhumain
- Messages : 1246
- Enregistré le : mar. févr. 07, 2006 11:23 am
- Contact :
Si, certaines phrases de Gibson sont superbes, comme la célèbre ouverture de Neuromancien. Mais sur 300 pages, ça commence à faire lourd. Alors ne parlons pas d'un recueil de mille pages...Tatayet a écrit : [Comment Transhu ? Tu n'est donc pas sensible à la "poétique des fils électriques et autre contreplaqué" ?
- Roland C. Wagner
- Messages : 3588
- Enregistré le : jeu. mars 23, 2006 11:47 am
jEn VO, le style de Gibson passe très bien.Transhumain a écrit :Si, certaines phrases de Gibson sont superbes, comme la célèbre ouverture de Neuromancien. Mais sur 300 pages, ça commence à faire lourd. Alors ne parlons pas d'un recueil de mille pages...Tatayet a écrit : [Comment Transhu ? Tu n'est donc pas sensible à la "poétique des fils électriques et autre contreplaqué" ?
« Regarde vers Lorient / Là tu trouveras la sagesse. » (Les Cravates à Pois)
الكاتب يكتب
الكاتب يكتب
- marc
- Messages : 2396
- Enregistré le : dim. mars 12, 2006 8:59 am
- Localisation : Bruxelles (Belgique)
- Contact :
+1Fabien Lyraud a écrit :Le cyberpunk pour moi est un pétard mouillé
Et Gibson, c'est pas mieux !
Marc Le Blog science-fiction de Marc et Phenix Mag
Auteurs préférés : Banks, Hamilton, Simmons, Heinlein, Reynolds, Vance, Weber, Bordage, P. Anderson, Eddings
Auteurs préférés : Banks, Hamilton, Simmons, Heinlein, Reynolds, Vance, Weber, Bordage, P. Anderson, Eddings
-
systar
- Messages : 1991
- Enregistré le : sam. févr. 03, 2007 11:20 pm
- Localisation : perdu dans la métaphysique
- Contact :
-> prochain thread polémique: la traduction...Roland C. Wagner a écrit :jEn VO, le style de Gibson passe très bien.Transhumain a écrit :Si, certaines phrases de Gibson sont superbes, comme la célèbre ouverture de Neuromancien. Mais sur 300 pages, ça commence à faire lourd. Alors ne parlons pas d'un recueil de mille pages...Tatayet a écrit : [Comment Transhu ? Tu n'est donc pas sensible à la "poétique des fils électriques et autre contreplaqué" ?
Simple question: Jean Bonnefoy, il s'est planté, sur les traductions de Gibson ? (la couverture du volume dont parle Transhu mentionne que c'est lui le traducteur)
Bruno - http://systar.hautetfort.com
Je fais mon naïf (comme d'hab') :
En français aussi, Gibson, ça passe très bien.
Vraiment très bien même.
Oui, comme l'ouverture de Neuromancien, par exemple.
Na.
En français aussi, Gibson, ça passe très bien.
Vraiment très bien même.
Oui, comme l'ouverture de Neuromancien, par exemple.
Na.
Hop : Cédric FERRAND, Wastburg
- marc
- Messages : 2396
- Enregistré le : dim. mars 12, 2006 8:59 am
- Localisation : Bruxelles (Belgique)
- Contact :
Je me souviens avoir abandonné Neuromancien après une centaine de pages, et je me suis posé la question : était-ce à cause du style de l'auteur ou à cause de la traduction ?Nébal a écrit :En français aussi, Gibson, ça passe très bien
Finalement je me suis tourné vers Walter Jon Williams.
Marc Le Blog science-fiction de Marc et Phenix Mag
Auteurs préférés : Banks, Hamilton, Simmons, Heinlein, Reynolds, Vance, Weber, Bordage, P. Anderson, Eddings
Auteurs préférés : Banks, Hamilton, Simmons, Heinlein, Reynolds, Vance, Weber, Bordage, P. Anderson, Eddings