George R.R. Martin critiqué

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Omnibus
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Message par Omnibus » sam. sept. 03, 2011 4:08 pm

D'ailleurs, je pense ne pas être la seule à penser que la magie doit être construite comme une science (quelles règles ? quels effets ?) et que c'est de la paresse intellectuelle (sauf projet précis comme le conte) de l'utiliser comme un joker.
C'est rigolo, moi ça m'agace un peu les systèmes de magie trop rigides (type Donjons & Dragons), parce que justement, ce n'est plus de la magie si c'est reproductible et fiable. Du coup, l'incohérence majeure dans ce type d'univers est la rareté de la magie : s'il n'y a au fond rien de magique dans la magie, pourquoi tout le monde ne l'emploie-t-il pas sur une base quotidienne ? Pourquoi est-ce que les gens triment comme des ânes au lieu d'employer des golems et compagnie ? En général, ce n'est jamais expliqué autrement que par "c'est vachement compliqué la magie". C'est une pirouette peu satisfaisante.

Il existe des univers où la magie est intrinsèquement imprévisible, où il n'existe pas de règles, où sa pratique est quelque chose de très personnel, affranchie de recettes et de règles. Je trouve ça paradoxalement plus crédible et satisfaisant : la magie est quelque chose qui défie l'analyse et la raison, peu importe l'univers dans lequel elle existe.

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Sybille
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Message par Sybille » sam. sept. 03, 2011 4:48 pm

silramil a écrit :Et SF comme fantasy emploient des trucs qu'on sait. C'est même la base de leur effet de réel.

La SF y ajoute des suppositions qui sont censées avoir une justification dans notre monde réel.
La fantasy y ajoute des éléments arbitraires.

les deux méthodes produisent des mondes fascinants.
La SF est aussi arbitraire que la fantasy puisque l'auteur va forcément favoriser des points au détriment d'autres. Le simple fait d'écrire des histoires est arbitraire.
Et un monde sans magie avec des gnomes technophiles, ben, non, perso, je n'arriverais pas à en parler comme de la SF.
Juste pour préciser car, au fil des posts, c'est clair qu'on ne peut pas tomber d'accord :wink:

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Sybille
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Message par Sybille » sam. sept. 03, 2011 5:03 pm

Omnibus a écrit :
D'ailleurs, je pense ne pas être la seule à penser que la magie doit être construite comme une science (quelles règles ? quels effets ?) et que c'est de la paresse intellectuelle (sauf projet précis comme le conte) de l'utiliser comme un joker.
C'est rigolo, moi ça m'agace un peu les systèmes de magie trop rigides (type Donjons & Dragons), parce que justement, ce n'est plus de la magie si c'est reproductible et fiable. Du coup, l'incohérence majeure dans ce type d'univers est la rareté de la magie : s'il n'y a au fond rien de magique dans la magie, pourquoi tout le monde ne l'emploie-t-il pas sur une base quotidienne ? Pourquoi est-ce que les gens triment comme des ânes au lieu d'employer des golems et compagnie ? En général, ce n'est jamais expliqué autrement que par "c'est vachement compliqué la magie". C'est une pirouette peu satisfaisante.
Le fait que la magie obéisse à des règles ne la rend pas reproductible et fiable. C'est comme la technologie : ton ordi buggue, par exemple. Toutes les opérations médicales ne réussissent pas.
Et, de même, rien n'oblige à ce qu'elle soit rare : aujourd'hui, tout le monde a un téléphone portable. Y'a quelques années, c'était rare.
Tout dépend de ce que tu veux raconter.
Si la magie est facile, ce n'est pas là-dessus que les épreuves des héros vont porter.
Dans le monde des Terres Suspendues, le parti pris utilisé est que la magie est superposable à la technologie.
Les téléports, comme les communications, passent par des réseaux de téléports. Ces réseaux s'appuient sur des balises.
Dans l'Anneau, beaucoup de gens ont mis en place leurs propres réseaux, mais il existe aussi des réseaux publics, accessibles à tous. Le plus large est encore une fois La Sphère, qui est à la fois un réseaux de communications et de téléports. C'est grâce à elle que Coruscante peut proposer la formule "Évasion". Pour 10 gemmes la semaine, elle permet de se téléporter où on veut et aussi souvent qu'on veut. Il y a tout de même certaines restrictions. En dehors des rues et des places, la plupart des lieux, privés ou publics, sont protégés par des sésames.
Ceux qui bénéficient à la fois de la formule "Présence" et de la formule "Évasion", ont accès à de nombreux services d'achat à distance et de livraisons par téléport, comme L'Accord Alchimique, un service de restauration rapide. Pratique quand on a une petite faim ! On peut se faire livrer où qu'on soit : dans la rue, chez soi ou chez des amis.
En ville, on utilise le téléport personnel pour les trajets quotidiens et le téléport de marchandises pour les livraisons. Les rues sont souvent encombrées, et cela permet un gain de temps précieux.
Les commerçants doivent déclarer à Coruscante le téléport de marchandises. Cette déclaration est gratuite, mais obligatoire. Les guides ne sont pas très regardants dans la mesure où ils n'ont aucun moyen de surveiller les téléports, mais il leur arrive de faire des contrôles dans une zone ciblée et de signaler les contrevenants à Enclumes.
C'est typiquement un monde de fantasy où le spectateur est invité à aller voir derrière l'écran, à décortiquer le monde...
Il existe des univers où la magie est intrinsèquement imprévisible, où il n'existe pas de règles, où sa pratique est quelque chose de très personnel, affranchie de recettes et de règles. Je trouve ça paradoxalement plus crédible et satisfaisant : la magie est quelque chose qui défie l'analyse et la raison, peu importe l'univers dans lequel elle existe.
Je ne connais pas d'exemple donc, effectivement, il y a peut-être de très chouettes bouquins où c'est le cas... mais, d'emblée, à froid, je trouve ça "risqué".
Grosso modo, au moment où le Méchant va tuer le Héros, je décide que, si je crie "Géronimo", une méga boule de feu sort de mes mains et, hop, le Héros est sauvé alors qu'il devait mourir.
Perso, je risque de décrocher super vite et d'en faire une chronique assassine.
Pour synthétiser, je ne conçois pas un truc qui défie l'analyse de l'auteur car comment le mettrait-il en oeuvre, en fait ?

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silramil
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Message par silramil » sam. sept. 03, 2011 5:12 pm

Sybille a écrit :
silramil a écrit :Et SF comme fantasy emploient des trucs qu'on sait. C'est même la base de leur effet de réel.

La SF y ajoute des suppositions qui sont censées avoir une justification dans notre monde réel.
La fantasy y ajoute des éléments arbitraires.

les deux méthodes produisent des mondes fascinants.
La SF est aussi arbitraire que la fantasy puisque l'auteur va forcément favoriser des points au détriment d'autres. Le simple fait d'écrire des histoires est arbitraire.
Silramil a écrit :(comme je l'ai déjà indiqué, toutes les fictions sont arbitraires - c'est l'auteur qui décide ; mais les contraintes que l'auteur choisit ne sont pas les mêmes selon les textes - et la SF, par exemple, fait comme si la justification de ce qu'on y trouve était fondée dans notre monde).
Ce dont on ne peut parler, il faut le faire.

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Sybille
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Message par Sybille » sam. sept. 03, 2011 5:16 pm

Silramil a écrit :(comme je l'ai déjà indiqué, toutes les fictions sont arbitraires - c'est l'auteur qui décide ; mais les contraintes que l'auteur choisit ne sont pas les mêmes selon les textes - et la SF, par exemple, fait comme si la justification de ce qu'on y trouve était fondée dans notre monde).
Et où places-tu la fantasy qui fait semblant d'être dans notre propre passé ? Ou la SF trop loin de notre présent ?
Je conclue que nous ne tomberons jamais d'accord sur les définitions de la SF et de la fantasy. Et je crains que tes définitions ne tiennent pas face aux oeuvres car il est impossible de tout faire rentrer dans des cases.

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Eons
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Message par Eons » sam. sept. 03, 2011 5:23 pm

Sybille a écrit :
Il existe des univers où la magie est intrinsèquement imprévisible, où il n'existe pas de règles, où sa pratique est quelque chose de très personnel, affranchie de recettes et de règles. Je trouve ça paradoxalement plus crédible et satisfaisant : la magie est quelque chose qui défie l'analyse et la raison, peu importe l'univers dans lequel elle existe.
Je ne connais pas d'exemple donc, effectivement, il y a peut-être de très chouettes bouquins où c'est le cas... mais, d'emblée, à froid, je trouve ça "risqué".
Le pouvoir de Waha dans Trolls de Troy est comme ça : impossible de savoir à l'avance ce qui va arriver. Et c'est souvent très drôle.
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Message par Erion » sam. sept. 03, 2011 5:24 pm

Sybille a écrit :
Silramil a écrit :(comme je l'ai déjà indiqué, toutes les fictions sont arbitraires - c'est l'auteur qui décide ; mais les contraintes que l'auteur choisit ne sont pas les mêmes selon les textes - et la SF, par exemple, fait comme si la justification de ce qu'on y trouve était fondée dans notre monde).
Et où places-tu la fantasy qui fait semblant d'être dans notre propre passé ? Ou la SF trop loin de notre présent ?
Silramil a répondu à cette question. Il y a toujours des cas limites, mais ces cas limites existent à cause du cas général.
Quand Ursula LeGuin écrit Terremer, c'est de la fantasy, mais avec un esprit de science-fiction (la magie est fondée sur le vrai nom des choses, comme un objet de connaissance). Ca n'en reste pas moins de la fantasy.

Un auteur de SF qui désire écrire de la SF dans le coeur du genre, se pose la question du rapport à notre monde. Un auteur de fantasy qui désire écrire de la fantasy dans le coeur du genre n'a PAS à se poser la question. Il peut, mais ce n'est pas obligatoire, alors que ca l'est pour un auteur de SF (ce qui ne l'empêche pas de se dire ensuite, "bon, ça, je l'évacue dans le technoblabla", ou de pervertir tout ça, ou d'aller voir ailleurs, mais dans ce cas, on s'éloigne du cas général. C'est pour ça que le fandom a créé le terme de sci-fi pour le distinguer de la SF, distinction qui n'existe pas dans la fantasy je crois, sauf peut-être la BCF, mais ça reste au coeur du genre).
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Message par bormandg » sam. sept. 03, 2011 6:11 pm

silramil a écrit :De ce point de vue, le multivers de Moorcock est un sacré pied de nez aux tentatives de catégorisation du genre de celle que j'ai esquissée tout à l'heure. personnellement, j'ai fini par lire tous les textes de moorcock comme de la fantasy.
Et moi comme de la SF, parce que je classe SF tout ce qui présente une possibilité de rationalisation et fantasy ce qui présente un refus de toute nécessité de rationalisation. Ce qui me pose problème pour Tolkien, d'ailleurs.... 8)
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Message par bormandg » sam. sept. 03, 2011 6:16 pm

Hoêl a écrit :"silramil"
Ton premier exemple est une contradiction dans les termes. S'il y a de la magie, ce n'est pas de la science-fiction. C'est une réécriture de notre passé en y ajoutant un élément de fantasy.
Dans Majestrium de Mattew Hugues , on a du Sace Op. à la Vance mais les règles du monde sont en train de changer et la magie fait son apparition .

Il y avait aussi un truc de Weiss &Hickman où , selon la région de l'univers où l'on se trouvait , c'était la science ou la magie qui règnait .

Qu'en dire ?
Comme expliqué plus haut, la magie expliquée, rationnelle, n'est plus de la fantasy pour moi. La fantasy, telle que je la limite de façon restrictive, nous dit: je veux qu'il en soit ainsi, je (ou Dieu, si on prend la fantasy Biblique) l'ai décidé, et il n'y a pas de discussion nécessaire.
Je ne sais pas pour le Weis et Hickman, mais le procédé intervient dans la trilogie de Darwath de Barbara Hambly, dans les récits de la Terre Mourante de Vance (éloignement temporel plutôt que spatial), et dans la trilogie Coldfire (un seul volume traduit, L'Aube du Soleil Noir) de C. S. Lewis
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Fabien Lyraud
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Message par Fabien Lyraud » sam. sept. 03, 2011 7:04 pm

Il n'y a pas deux genres en fait. Il y en a trois : la SF, la fantasy et la science fantasy. Comme ça, on lève les objections relevées par les uns et les autres. L'existence du trosième genre permet de pouvoir rendre compte de tous les univers qui se trouvent dans la zone grise où les codes de la SF et de la fantasy se télescopent.
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Message par Sylvaner » sam. sept. 03, 2011 7:09 pm

Et donc...

quels sont les lecteurs les plus susceptibles d'émettre un jugement moral sur les qualité humaines d'un auteur au vu des exactions perpétrées dans ses livres ? les lecteurs de SF, les lecteurs de fantasy ou les lecteurs de science-fantasy ? :wink:
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Message par bormandg » sam. sept. 03, 2011 7:12 pm

Fabien Lyraud a écrit :Il n'y a pas deux genres en fait. Il y en a trois : la SF, la fantasy et la science fantasy. Comme ça, on lève les objections relevées par les uns et les autres. L'existence du trosième genre permet de pouvoir rendre compte de tous les univers qui se trouvent dans la zone grise où les codes de la SF et de la fantasy se télescopent.
IL N'Y A PAS DE GENRE (ni de "sous-genre") si ce n'est dans la volonté d'exclusion ghettoïde ou d'auto-exclusion fandomique. Il y a différentes façons de traiter le GENRE romanesque par rapport à la littérature de réflexion, d'information. Et la notion de science fantasy ne sert qu'à justifier le déclassement des auteurs à pseudonyme féminin par les éditeurs américains (y échappent donc Francis Stevens ou Lloyd Biggle Jr).
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Gérard Klein
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Message par Gérard Klein » sam. sept. 03, 2011 7:23 pm

silramil a écrit :Je réserve mon jugement pour les textes mentionnés par Hoêl, je ne connais pas. J'irai voir.
Comme je disais plus haut, j'ai tendance à lire les bouquins de Moorcock comme de la fantasy, même ceux qui sont censés être de la SF. C'est plus un sentiment personnel qu'autre chose, je n'ai pas creusé la question.

En fait, il y a de nombreuses situations difficiles à évaluer.
On a le cas de la SF qui ressemble à de la fantasy, et qui contient une sorte de force mystique qu'on pourrait appeler magie (Star Wars).
On a le cas de la fantasy très rigoureuse, dans laquelle la magie semble obéir à des règles, être une sorte de loi physique, même si elle est mal comprise (Terremer ? Le trône de fer?).
On a le cas de la "sciencetellementavancéequelleressembleàdelamagie", décliné en de nombreuses occasions.
On a le cas de la magie employée pour obtenir des effets similaires à ce que la technique produit.

Je suis le premier à accepter qu'il y a plus de possibilités et d'ambiguïtés dans la littérature que ne peut en rêver toute la théorie, mais c'est pour ça que je préfère une représentation dynamique, avec la SF, la fantasy et le réalisme comme pôles d'attraction.

Pour répondre à Aldaran, fantasy signifie pour moi que le monde est "magique", composé arbitrairement au départ, sans préjudice d'une organisation complexe ensuite.
Si la "magie" mise en scène dans l'histoire est un indice de la "magie" fondamentale du monde, alors c'est forcément un monde de fantasy.
Si c'est de la fausse "magie" (science avancée en dessous, par exemple ; pouvoirs psychiques ; illusion provoquée de manière pseudo-rationnelle), alors on est dans la SF, ou du réalisme.

NB : la question de l'existence ou non de la magie est un facteur du fantastique classique selon Todorov (à ne pas confondre avec le fantastique naturalisé de type Anne Rice).
Je partage pour l'essentiel les options de Silramil. J'aime bien son usage du concept de pôles d'attraction, qui correspond à peu près exactement à ce que j'appelais "définitions centrales" en indiquant que les bords ça s'effrite et en ajoutant que c'est souvent sur les bords que les essais de définition m'intéressent.
Si l'on en revient aux exemples cités, Terremer est pour Ursula le Guin et pour ses éditeurs américains et français, de la fantasy, sans discussion. Et telles de ses autres œuvres que je ne détaillerai pas, de la science-fiction.
La magie a tout de même des référents non littéraires, disons ethnologiques, auxquels il est difficile d'échapper en fantasy. Voir le considérable Dictionnaire pratique des sciences occultes, Les Documents d'Art, Monaco, 1950, signé Marianne Verneuil, plus probablement du Dr Roger Frétigny, son préfacier. (Attention, éviter une édition expurgée ou allégée, sans aucun intérêt.)
La magie repose sur:
1) des puissances supérieures et proprement surnaturelles qu'on peut éventuellement évoquer et se concilier,
2) l'utilisation de l'analogie comme système d'explication et d'action (on la retrouve dans l'homéopathie !!!), à noter que l'inconscient fonctionne largement sur une base analogique,
3) la puissance du verbe, de la formule magique dont l'énoncé suffit à conférer un pouvoir. Dans les Terremer, outre un don, il faut maîtriser ces invocations.

La science-fiction se veut en principe compatible avec l'état présent et éventuellement possible des connaissances sur l'univers, sans surnature. Bien entendu, il y a des cas limites (Lewis) pas si nombreux statistiquement. Cela pose quelques problèmes, par exemple du côté de la vitesse de la lumière ou plus précisément de la transmission locale de la causalité. Kaku et Lehoucq ont abordé ces questions dans des ouvrages remarquables.
La science-fiction propose ou suggère toujours une relation non équivoque avec notre monde contemporain, soit qu'elle situe l'anticipation dans le présent (machines extraordinaires et savants fous), globalement dans l'avenir, lointain ou proche, a vec une relation critique que ce soit dans 1984, Dune, ou la Culture de Banks.
Prononcer une formule, même l'équation de Schrödinger, n'a aucun effet. Sauf éventuellement sur des étudiants.

Star Wars est évidemment de la fantasy à peine badigeonnée de science-fiction pour les costumes et les décors. Du reste la référence à l'ouvrage de Campbell ne laisse aucun doute là-dessus.

Demeure un insondable mystère.
Pourquoi suis-je incapable de lire de la fantasy alors que j'aime la (bonne) science-fiction (pas Kevin J. Anderson qui, en fait, écrit de la fantasy mal badigeonnée de sf, en particulier dans ses œuvres dites improprement propres) et que je la situe même au dessus de la plus grande partie de la Littérature Littératurante?
Ce été, j'ai emmené en Bretagne, la très bonne édition Pocket complète en un volume du Seigneur des anneaux, en me jurant de le relire in extenso. Je ne l'avais pas relu depuis ma lecture en anglais de l'édition princeps dans les années 1960 mis à part le Hobbit et un feuilletage ancien de la traduction

Au bout de cinquante ou cent pages, j'ai jeté l'éponge. Je m'emmerdais trop.
La Faculté (de médecine) prétend qu'elle ne peut rien pour moi. Mon analyste non plus.

Que faire?
Mon immortalité est provisoire.

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Message par Fabien Lyraud » sam. sept. 03, 2011 7:35 pm

Et la notion de science fantasy ne sert qu'à justifier le déclassement des auteurs à pseudonyme féminin par les éditeurs américains (y échappent donc Francis Stevens ou Lloyd Biggle Jr).
Sauf que j'ai une vision quand même plus large de la Science Fantasy. Pour moi Jack Vance c'est de la science fantasy. Dune de Frank Herbert c'est de la science fantasy. La science fantasy c'est quand les codes de la SF et de la fantasy se rencontrent. C'est quand les spéculations proposées ne répondent pas à du scientifiquement correct ( Cf les vers de sable de Dune).
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Message par bormandg » sam. sept. 03, 2011 7:47 pm

Fabien Lyraud a écrit :
Et la notion de science fantasy ne sert qu'à justifier le déclassement des auteurs à pseudonyme féminin par les éditeurs américains (y échappent donc Francis Stevens ou Lloyd Biggle Jr).
Sauf que j'ai une vision quand même plus large de la Science Fantasy. Pour moi Jack Vance c'est de la science fantasy. Dune de Frank Herbert c'est de la science fantasy. La science fantasy c'est quand les codes de la SF et de la fantasy se rencontrent. C'est quand les spéculations proposées ne répondent pas à du scientifiquement correct ( Cf les vers de sable de Dune).
Tu vas te faire assassiner si tu classes les vers des sables de Dune dans la fantasy... 8) Pourquoi pas la psychohistoire tant que tu y es? A ce compte, la TOTALITE de la SF 5greg Egan inclus) est de la science fantasy. :P Ou alors tu renommes fantasy tout ce qui appartient au domaine de la fiction.....
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