silramil a écrit :Je réserve mon jugement pour les textes mentionnés par Hoêl, je ne connais pas. J'irai voir.
Comme je disais plus haut, j'ai tendance à lire les bouquins de Moorcock comme de la fantasy, même ceux qui sont censés être de la SF. C'est plus un sentiment personnel qu'autre chose, je n'ai pas creusé la question.
En fait, il y a de nombreuses situations difficiles à évaluer.
On a le cas de la SF qui ressemble à de la fantasy, et qui contient une sorte de force mystique qu'on pourrait appeler magie (Star Wars).
On a le cas de la fantasy très rigoureuse, dans laquelle la magie semble obéir à des règles, être une sorte de loi physique, même si elle est mal comprise (Terremer ? Le trône de fer?).
On a le cas de la "sciencetellementavancéequelleressembleàdelamagie", décliné en de nombreuses occasions.
On a le cas de la magie employée pour obtenir des effets similaires à ce que la technique produit.
Je suis le premier à accepter qu'il y a plus de possibilités et d'ambiguïtés dans la littérature que ne peut en rêver toute la théorie, mais c'est pour ça que je préfère une représentation dynamique, avec la SF, la fantasy et le réalisme comme pôles d'attraction.
Pour répondre à Aldaran, fantasy signifie pour moi que le monde est "magique", composé arbitrairement au départ, sans préjudice d'une organisation complexe ensuite.
Si la "magie" mise en scène dans l'histoire est un indice de la "magie" fondamentale du monde, alors c'est forcément un monde de fantasy.
Si c'est de la fausse "magie" (science avancée en dessous, par exemple ; pouvoirs psychiques ; illusion provoquée de manière pseudo-rationnelle), alors on est dans la SF, ou du réalisme.
NB : la question de l'existence ou non de la magie est un facteur du fantastique classique selon Todorov (à ne pas confondre avec le fantastique naturalisé de type Anne Rice).
Je partage pour l'essentiel les options de Silramil. J'aime bien son usage du concept de pôles d'attraction, qui correspond à peu près exactement à ce que j'appelais "définitions centrales" en indiquant que les bords ça s'effrite et en ajoutant que c'est souvent sur les bords que les essais de définition m'intéressent.
Si l'on en revient aux exemples cités, Terremer est pour Ursula le Guin et pour ses éditeurs américains et français, de la fantasy, sans discussion. Et telles de ses autres œuvres que je ne détaillerai pas, de la science-fiction.
La magie a tout de même des référents non littéraires, disons ethnologiques, auxquels il est difficile d'échapper en fantasy. Voir le considérable Dictionnaire pratique des sciences occultes, Les Documents d'Art, Monaco, 1950, signé Marianne Verneuil, plus probablement du Dr Roger Frétigny, son préfacier. (Attention, éviter une édition expurgée ou allégée, sans aucun intérêt.)
La magie repose sur:
1) des puissances supérieures et proprement surnaturelles qu'on peut éventuellement évoquer et se concilier,
2) l'utilisation de l'analogie comme système d'explication et d'action (on la retrouve dans l'homéopathie !!!), à noter que l'inconscient fonctionne largement sur une base analogique,
3) la puissance du verbe, de la formule magique dont l'énoncé suffit à conférer un pouvoir. Dans les Terremer, outre un don, il faut maîtriser ces invocations.
La science-fiction se veut en principe compatible avec l'état présent et éventuellement possible des connaissances sur l'univers, sans surnature. Bien entendu, il y a des cas limites (Lewis) pas si nombreux statistiquement. Cela pose quelques problèmes, par exemple du côté de la vitesse de la lumière ou plus précisément de la transmission locale de la causalité. Kaku et Lehoucq ont abordé ces questions dans des ouvrages remarquables.
La science-fiction propose ou suggère toujours une relation non équivoque avec notre monde contemporain, soit qu'elle situe l'anticipation dans le présent (machines extraordinaires et savants fous), globalement dans l'avenir, lointain ou proche, a vec une relation critique que ce soit dans 1984, Dune, ou la Culture de Banks.
Prononcer une formule, même l'équation de Schrödinger, n'a aucun effet. Sauf éventuellement sur des étudiants.
Star Wars est évidemment de la fantasy à peine badigeonnée de science-fiction pour les costumes et les décors. Du reste la référence à l'ouvrage de Campbell ne laisse aucun doute là-dessus.
Demeure un insondable mystère.
Pourquoi suis-je incapable de lire de la fantasy alors que j'aime la (bonne) science-fiction (pas Kevin J. Anderson qui, en fait, écrit de la fantasy mal badigeonnée de sf, en particulier dans ses œuvres dites improprement propres) et que je la situe même au dessus de la plus grande partie de la Littérature Littératurante?
Ce été, j'ai emmené en Bretagne, la très bonne édition Pocket complète en un volume du Seigneur des anneaux, en me jurant de le relire in extenso. Je ne l'avais pas relu depuis ma lecture en anglais de l'édition princeps dans les années 1960 mis à part le Hobbit et un feuilletage ancien de la traduction
Au bout de cinquante ou cent pages, j'ai jeté l'éponge. Je m'emmerdais trop.
La Faculté (de médecine) prétend qu'elle ne peut rien pour moi. Mon analyste non plus.
Que faire?
Mon immortalité est provisoire.