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par Gérard Klein » ven. sept. 21, 2012 2:00 pm
Réalisme versus non-réalisme?
On pourrait peut-être dire possible factuel contre possible non-factuel, à condition d'étendre le terme de factuel à ce que la plupart des gens considèrent comme factualité, et de ne pas s'en tenir à la position des physiciens et de certains philosophes.
Application:
Madame Bovary est un possible factuel; la sf, la fantasy, le fantastique, etc, relèvent de possibles non-factuels.
Un cran plus loin, on peut distinguer entre ce que la plupart des lecteurs considèrent comme possible non-factuel vraisemblable (la sf) et possible non factuel non vraisemblable (la fantasy, le fantastique). Je doute que même les lecteurs de fantasy les plus allumés pensent que leurs mondes de prédilection avec sorcellerie et dragons peuvent tout simplement exister quelque part. Pour le fantastique, Mme du Deffand a clos la question: Je ne crois pas aux fantôme mais j'en ai peur.
Les lecteurs de science-fiction (peut-être pas tous) croient volontiers que le voyage interstellaire supra-luminique sera un jour possible (on trouvera un truc, et des physiciens s'y emploient).
Il y a des zones assez limite par exemple La chute dans le néant ou L'homme rétréci et le Maurice Renard dont le nom m'échappe toujours (Ah si, Un homme chez les microbes). Il ne me semble pas que beaucoup de lecteurs pensent possible cet exploit ou cette malédiction. Mais ce qui les intéresse, c'est le changement d'échelle, pas la descente factuelle de l'échelle. Même réflexion côté voyage dans le temps: c'est le relativisme historique et les paradoxes qui sont mis en scène, donc une interrogation sur l'Histoire.
Côté Histoire, puisque ma provocation de la page 13 n'a eu aucun écho, je propose aux hérésiarques potentiels, actuels ou en cours de le devenir, la question suivante:
L'Uchronie de Cherles Renouvier appartient-elle au corpus de la science-fiction?
Pour moi oui.
Je l'ai lu deux fois.
Une fois il y a très longtemps, j'ai trouvé ça terriblement ennuyeux et je ne suis probablement pas allé au bout, sans doute pas lu la seconde partie.
Je l'ai relu assez récemment et j'ai trouvé ça très intéressant, notamment la seconde partie.
En effet, au delà de l'anti-cléricalisme du propos, on y trouve une passionnante réflexion sur l'Histoire et une spéculation à partir de la science historique qu'on lit différemment si l'on est habitué aux tropes de la sf. Si l'on exclut L'Uchronie de la sf, alors il faut exclure aussi Roma æterna de Silverberg.
Une grande partie des disputes assez oiseuses sur ce fil provient de ce que certains continuent à chercher des définitions platoniciennes, en quelque sorte métaphysiques, de la science-fiction (et d'autres genres) (ce que risque implicitement avec une parfaite mauvaise-foi MF par exemple en introduisant ici un logicisme ensembliste là où il n'a rien à faire et en oubliant les ensembles flous plus pertinents) alors qu'on ne peut considérer ces spéciations de la chose littéraire que dans une perspective historique, évolutionniste, y compris rétroactivement comme je fais pour Renouvier.
Les définitions essentialistes, sauf centrales et approximatives, n'ont pas d'intérêt ici.
Quant à Mickey, certaines de ses aventures (p.e. L'ïle volante des pirates aériens) relèvent bien de la sf mais pas le personnage lui-même.
Batman, de la fantasy urbaine, pas de la sf.
Même en taxonomie du vivant, le concept d'espèce est beaucoup moins assuré qu'il ne le semblait. de même que celui du vivant, surtout depuis la découverte des mégavirus.
Mon immortalité est provisoire.