Narration au présent de l'indicatif
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- Fred Combo
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Narration au présent de l'indicatif
Hello !
Je me pose des questions, depuis quelque temps...
J'ai beaucoup de mal à m'intéresser aux fictions rédigées au présent, au point que c'est devenu un de mes critères de sélection lorsque j'achète un bouquin. Du coup, j'en élimine un grand nombre d'office !
Hors, j'ai l'impression que c'est un temps de plus en plus employé, que ce soit en traduction ou chez les auteurs francophones. D'ailleurs, un petit tour sur le net donne quelques articles qui tendent à montrer que ce phénomène existe aussi chez les anglo-saxons...
Ma question est simple : POURQUOI ?
C'est une mode ? Une influence des reportages dans lesquels les témoins racontent leurs expériences passées au présent ? Est-ce que ça répond à une exigence des éditeurs ? A un désir (un peu méprisant pour le lecteur) de simplification du texte ?
Alors si quelqu'un a des éléments de réponses, ça m'intéresse...
Merci !
Je me pose des questions, depuis quelque temps...
J'ai beaucoup de mal à m'intéresser aux fictions rédigées au présent, au point que c'est devenu un de mes critères de sélection lorsque j'achète un bouquin. Du coup, j'en élimine un grand nombre d'office !
Hors, j'ai l'impression que c'est un temps de plus en plus employé, que ce soit en traduction ou chez les auteurs francophones. D'ailleurs, un petit tour sur le net donne quelques articles qui tendent à montrer que ce phénomène existe aussi chez les anglo-saxons...
Ma question est simple : POURQUOI ?
C'est une mode ? Une influence des reportages dans lesquels les témoins racontent leurs expériences passées au présent ? Est-ce que ça répond à une exigence des éditeurs ? A un désir (un peu méprisant pour le lecteur) de simplification du texte ?
Alors si quelqu'un a des éléments de réponses, ça m'intéresse...
Merci !
Si tu ne fais pas une histoire de ta vie, un jour tu seras dans l'histoire de quelqu'un d'autre.
Sir Terry Pratchett
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Il m'arrive de passer un texte du prétérit anglais au présent de narration français. De mémoire, je l'ai fait une fois dans le recueil de Nancy Kress qui sort dans trois semaines au Bélial'. Je le fais essentiellement pour les textes à la première personne du singulier où la narration emploie fréquemment "'nous". "Nous partîmes", "nous entrâmes", je ne peux pas, sauf cas très particulier (un texte daté ou au style visiblement soutenu). L'emploi du pronom "on" peut résoudre le problème, mais pas toujours ; le passé composé aussi, mais pas toujours. Dans ces cas-là, comme c'est un des outils dans ma caisse, j'utilise le présent si ça me paraît coller.
Après, en tant que lecteur, ça ne me dérange pas du tout. Je sais que ce n'est pas le cas de tout le monde (la preuve), donc j'évite d'en abuser comme traducteur.
Je ne trouve pas que ça simplifie le texte. Mais c'est moi. Et je peux t'assurer que ce n'est pas une exigence des éditeurs, en tout cas dans nos domaines.
Après, en tant que lecteur, ça ne me dérange pas du tout. Je sais que ce n'est pas le cas de tout le monde (la preuve), donc j'évite d'en abuser comme traducteur.
Je ne trouve pas que ça simplifie le texte. Mais c'est moi. Et je peux t'assurer que ce n'est pas une exigence des éditeurs, en tout cas dans nos domaines.
L'usage du présent n'est pas du tout une simplification, c'est un temps très difficile à utiliser dans la narration, pour tout un tas de raisons qui demanderaient de longs exemples pour expliquer.
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
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Disons que quand c'est une narration à la première personne, le récit au présent passe mieux que pour une narration à la troisième personne. Dans ce dernier cas, on crée une distanciation qui rend le récit artificiel. Tandis que dans le récit à la première personne, on a plus une impression de naturel.
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- Fred Combo
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Merci pour cette réponse.PierrePaul a écrit :Il m'arrive de passer un texte du prétérit anglais au présent de narration français. De mémoire, je l'ai fait une fois dans le recueil de Nancy Kress qui sort dans trois semaines au Bélial'. Je le fais essentiellement pour les textes à la première personne du singulier où la narration emploie fréquemment "'nous". "Nous partîmes", "nous entrâmes", je ne peux pas, sauf cas très particulier (un texte daté ou au style visiblement soutenu). L'emploi du pronom "on" peut résoudre le problème, mais pas toujours ; le passé composé aussi, mais pas toujours. Dans ces cas-là, comme c'est un des outils dans ma caisse, j'utilise le présent si ça me paraît coller.
Après, en tant que lecteur, ça ne me dérange pas du tout. Je sais que ce n'est pas le cas de tout le monde (la preuve), donc j'évite d'en abuser comme traducteur.
Je ne trouve pas que ça simplifie le texte. Mais c'est moi. Et je peux t'assurer que ce n'est pas une exigence des éditeurs, en tout cas dans nos domaines.
Une seule fois dans le recueil de Nancy Kress, hein ! Parce que j'ai bien l'intention de le lire...

Mon côté parano se demandait s'il n'y avait pas un côté commercial derrière tout ça, tu me rassure...
Il est vrai que le présent est parfois justifié, mais je trouve qu'on en abuse un peu, ces dernières années.
Si tu ne fais pas une histoire de ta vie, un jour tu seras dans l'histoire de quelqu'un d'autre.
Sir Terry Pratchett
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Chacun son ressenti, mais je trouve qu'un récit de fiction doit créer une distanciation puisque dans tous les cas, que ce soit un récit à la première ou à la troisième personne, c'est une autre personne qui raconte son histoire au lecteur. Et qu'un personnage me raconte ses aventures au présent ne rend pas son récit plus naturel, à mon avis.Fabien Lyraud a écrit :Disons que quand c'est une narration à la première personne, le récit au présent passe mieux que pour une narration à la troisième personne. Dans ce dernier cas, on crée une distanciation qui rend le récit artificiel. Tandis que dans le récit à la première personne, on a plus une impression de naturel.
Après, c'est vraiment un truc personnel, mais quand je lis une fiction, je ne veux pas (sauf exceptions...) avoir l'impression de lire un rapport réaliste ou un documentaire. Je veux plutôt avoir affaire à un texte qui se présente délibérément comme une œuvre imaginaire.
C'est pour cette raison, entre autres, qu'au cinéma je préfèrerai toujours voir le premier Godzilla plutôt que le dernier Star Wars...
Si tu ne fais pas une histoire de ta vie, un jour tu seras dans l'histoire de quelqu'un d'autre.
Sir Terry Pratchett
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Je peux écrire à la première ou à la 3e personne, au passé, au présent...
Tout dépend de mon intention, de mon texte.
Bref, c'est mon choix d'écrivaine et ça dépend de ce que j'ai envie de faire.
J'avoue que ça ne me viendrait pas à l'idée d'abandonner une forme ou l'autre juste pour faire plaisir aux lecteurs
Et ça ne me viendrait pas à l'idée de choisir mes lectures selon un tel critère
Tout dépend de mon intention, de mon texte.
Bref, c'est mon choix d'écrivaine et ça dépend de ce que j'ai envie de faire.
J'avoue que ça ne me viendrait pas à l'idée d'abandonner une forme ou l'autre juste pour faire plaisir aux lecteurs

Et ça ne me viendrait pas à l'idée de choisir mes lectures selon un tel critère

Re: Narration au présent de l'indicatif
Personnellement, je pense que le gros inconvénient du passé simple en français, c'est que l'auteur ou l'autrice qui l'emploie a très vite en tête un stock incommensurable d'histoires écrites ainsi, dont il ou elle reproduit (involontairement ?) les innombrables clichés littéraires associés...
Au contraire, l'usage du présent (ou du passé composé) fournit majoritairement des modèles de textes récents, donc moins marqués par les clichés me semble-t-il.
Ce n'est pas une loi générale évidemment, les meilleur.e.s emploieront les deux temps à merveille.
Pour l'association avec narration à la troisième personne ou à la première, il semble en effet difficile, si l'on veut faire résonner une voix contemporaine, d'écrire à la première personne et au passé simple (que personne n'emploie dans la vie courante) ; en revanche, le présent s'accommode parfaitement de la narration à la troisième personne (voir l'ennéalogie Le Rêve du démiurge de Francis Berthelot, dont j'ai parlé ici ou là).
Au passage, Francis Berthelot trouve, lui, que le présent permet un plus grand contact avec ses personnages (voir cet entretien).
Au contraire, l'usage du présent (ou du passé composé) fournit majoritairement des modèles de textes récents, donc moins marqués par les clichés me semble-t-il.
Ce n'est pas une loi générale évidemment, les meilleur.e.s emploieront les deux temps à merveille.
Pour l'association avec narration à la troisième personne ou à la première, il semble en effet difficile, si l'on veut faire résonner une voix contemporaine, d'écrire à la première personne et au passé simple (que personne n'emploie dans la vie courante) ; en revanche, le présent s'accommode parfaitement de la narration à la troisième personne (voir l'ennéalogie Le Rêve du démiurge de Francis Berthelot, dont j'ai parlé ici ou là).
Au passage, Francis Berthelot trouve, lui, que le présent permet un plus grand contact avec ses personnages (voir cet entretien).