Lensman a écrit :silramil a écrit :Il y a donc une disjonction possible entre une réception initiale et une "réalité" sous-jacente. Ce qui n'est pas le cas dans SW : les explications supplémentaires n'ont d'ailleurs eu de cesse que d'accroître le caractère SF de cet univers.
On a vu, dans le débat, que la réalité sous-jacente de SW (ce que j'appelle DM), a parfois été mal perçue, à cause de signaux ambigus (même si ces signaux ambigus ont été majorés par ceux qui étaient trop contents de justifier l'hypothèse "conte de fée"). Il est intéressant de voir que dans les "suites", le caractère SF s'accroit (ce qui produit d'ailleurs une impressions bizarre: les épisodes censés se dérouler au début de l'histoire d'un point de vue chronologique semblent se dérouler dans un univers beaucoup plus conforme à celui des space opera modernes, si j'ose dire, avec un étalage technologique plus considérable; les techniques des effets spéciaux ont bien sûr progressé entre temps, mais l'effet est tout de même bizarre...).
Je soulève un point dont on a, me semble-t-il, assez peu parlé. La SF de
Star Wars fait penser à celle des space opera de pulps 1940. Or, entre temps, la SF a évolué. En 1977, j'ai nettement l'impression que ce qui se fait en littérature SF ne ressemble plus guère à cela, même dans le domaine du space opera. Ce qui fait que SW apparaît un peu comme "arriéré", si j'ose dire, pas du tout dans la course de la SF. Peut-être, au prétexte qu'il n'y a guère de tradition du space opera au cinéma, peut-on dire qu'il était normal de commencer par imiter les pulps de 1940? Mouais... Pourquoi ne pas avoir imité Star Trek? Il y a quelque chose de curieux, là, d'autant plus que la SF au cinéma des années 70 est très intéressante (cf. Shagmir). Le film semble "décalé", fabriqué avec des éléments obsolètes.
Oncle Joe
Je suis à la fois d'accord et pas d'accord…
Ce en quoi le film tranche nettement avec la production de l'époque (je parle des films de science-fiction), c'est par un retour revendiqué à une forme de naïveté (revendiquée par les éléments issus du conte et de la fantaisie héroïque ; à ce titre le carton d'ouverture est une revendication). L'univers est celui de la série B, du serial, de la BD, du pulp — on est aux antipodes des ambitions politiques, écologiques et métaphysiques qui nourrissent les films des années soixante-dix.
Le film n'imite d'ailleurs pas la SF des années quarante : il la recrée, il la phantasme, il invente quelque chose avec les souvenirs qu'on en a, pour raconter quelque chose à ceux qui ne l'ont pas connue et n'en ont aucune nostalgie (en cela, la démarche créatrice est rigoureusement analogue à celle qui préside aux
Aventuriers de l'arche perdue).
Et du coup, le film est chargé à bloc en quincaillerie de SF, comme aucun autre avant lui. Et cette profusion d'éléments que tu qualifies (pas tout à fait à tort) d'obsolètes est quelque chose de totalement nouveau sur grand écran. Les scènes spatiales sont du jamais vu. Les scènes de bataille sont du jamais vu. L'importance considérable du décor, des objets, des machines est hors normes, elle fait largement passer les acteurs au second plan, notamment dans les séquences d'ouverture (je parle toujours du premier film,
La Guerre des étoiles), ce que j'ai tendance à considérer comme extrêmement moderne (et qui permet de jeter des ponts avec
THX 1138, avec lequel il y a des points communs esthétiques finalement assez évidents).
Pour moi,
La Guerre des étoiles s'inscrit donc dans ce mouvement qu'est le cinéma de science-fiction de l'époque, avec ce qu'il a d'expérimental. Alors que le premier film
Star Trek, lui, si moderne qu'il soit dans le propos, s'inscrit plutôt dans une tendance beaucoup plus frileuse (adaptation cinématographique d'un grand succès avec aux commandes un vieux routier d'Hollywood) avec une forme, me semble-t-il, plus classique.