Du sense of wonder à la SF métaphysique

Modérateurs : Eric, jerome, Jean, Travis, Charlotte, tom, marie.m

Lem

Message par Lem » lun. janv. 11, 2010 12:34 pm

Lensman a écrit :Gérard dit en passant, comme une évidence, que la définition de la SF est impossible. Es-tu d'accord?
Je viens de relire le post de GK. Sauf erreur de ma part, il ne dit ça nulle part. Je crois qu'une définition est possible mais qu'il faut accepter de se faire un peu violence et de passer par des voies éventuellement tortueuses ; c'est là qu'il y a des choses à apprendre et des percées à faire.

Avatar du membre
Lensman
Messages : 20391
Enregistré le : mer. janv. 24, 2007 10:46 am

Message par Lensman » lun. janv. 11, 2010 12:34 pm

Gérard Klein a écrit :
L’inhumain peut s’entendre de deux façons au moins, le non-humain, et ce qui est insupportable parce que contraire à l’humanité au sens des mœurs. Le microbe et Mengele. L’atome et Hiroshima. J’aurais pu employer aussi le terme d’abhumain, introduit je crois par Jacques Audiberti (qui a écrit, après tout, La Fin du monde et La Poupée et semble avoir fleureté avec des thèmes de science-fiction) sans doute pertinent puisqu’il voulait rompre avec l’humanisme.
Mais je préfère ici conserver celui d’inhumain parce que c’est bien ainsi que beaucoup perçoivent ce qui est extérieur à l’humain, confondant les deux acceptions.
Si demain (sic), on voyait apparaître des machines à traduire universelles, des machines à lire la pensée, des robots à la Asimov (etc, je fais exprès de mélanger des technologies dont le degré de sérieux et de fantaisiste est à déterminer...), penses-tu que les gens seront choqués? J'ai l'impression qu'ils sont plutôt scandalisés parce que les machines à traduire universelles actuellement disponibles ne sont pas encore assez efficaces: vivement que ce soit au point !
J'ai l'impression que nous sommes plongés dans l'inhumain jusqu'au cou depuis un bon moment. Je ne vois personne l'éviter particulièrement (peut-être une coterie d'instances légitimantes littéraires?) Mais à l'ensemble des gens, ça ne fait ni chaud, ni froid...

Oncle Joe

Lem

Message par Lem » lun. janv. 11, 2010 12:44 pm

Erion a écrit :On a parlé de Star Trek. Dans la série, il y a un rayon pour téléporter. Le fonctionnement est d'ordre métaphysique (on détruit l'original, et on le reconstruit plus loin). Sauf que la raison pour laquelle Roddenberry a créé le rayon, c'est parce qu'il n'avait pas les moyens en effets spéciaux pour poser l'Enterprise à chaque épisode. C'était donc un moyen commode et économique dans une série télé.
Qu'on en vienne après à se poser des questions sur le fonctionnement, qu'on en vienne à décortiquer les mécanismes comme on démonte une radio, ok, mais l'origine du dispositif n'a rien de métaphysique.
En tout honnêteté, cet argument ne me paraît pas recevable. En quoi l'origine "contingente" du téléporteur de Roddenberry que tu décris l'empêcherait-elle d'être un gadget métaphysique ? Et dans la mesure où tu sembles préférer la reformulation de GK, en quoi cette même origine lui permettrait-elle a contrario d'être "inhumain" ?

Avatar du membre
Lensman
Messages : 20391
Enregistré le : mer. janv. 24, 2007 10:46 am

Message par Lensman » lun. janv. 11, 2010 12:47 pm

Lem a écrit :
Lensman a écrit :Gérard dit en passant, comme une évidence, que la définition de la SF est impossible. Es-tu d'accord?
Je viens de relire le post de GK. Sauf erreur de ma part, il ne dit ça nulle part. Je crois qu'une définition est possible mais qu'il faut accepter de se faire un peu violence et de passer par des voies éventuellement tortueuses ; c'est là qu'il y a des choses à apprendre et des percées à faire.
Gérard a écrit ça:

"On pourrait presque la retourner pour remplir une impossible définition de la science-fiction".

Quand je lis "impossible", je comprends "impossible", pas "partial", "faux", "incomplet", etc.

Nous ne sommes pas obligés d'être d'accord avec Gérard (ciel!). Mais savoir pourquoi il parle en passant d'"impossible définition de la science-fiction" nous intéresse de toute façon, pour la discussion...

Oncle Joe

Avatar du membre
Lensman
Messages : 20391
Enregistré le : mer. janv. 24, 2007 10:46 am

Message par Lensman » lun. janv. 11, 2010 12:54 pm

Lem a écrit :
Erion a écrit :On a parlé de Star Trek. Dans la série, il y a un rayon pour téléporter. Le fonctionnement est d'ordre métaphysique (on détruit l'original, et on le reconstruit plus loin). Sauf que la raison pour laquelle Roddenberry a créé le rayon, c'est parce qu'il n'avait pas les moyens en effets spéciaux pour poser l'Enterprise à chaque épisode. C'était donc un moyen commode et économique dans une série télé.
Qu'on en vienne après à se poser des questions sur le fonctionnement, qu'on en vienne à décortiquer les mécanismes comme on démonte une radio, ok, mais l'origine du dispositif n'a rien de métaphysique.
En tout honnêteté, cet argument ne me paraît pas recevable. En quoi l'origine "contingente" du téléporteur de Roddenberry que tu décris l'empêcherait-elle d'être un gadget métaphysique ? Et dans la mesure où tu sembles préférer la reformulation de GK, en quoi cette même origine lui permettrait-elle a contrario d'être "inhumain" ?
Je serais curieux de le savoir aussi… A lire Gérard, on a un peu l'impression que toutes les machines sont "inhumaines"; à ce compte, le monde normal est inhumain, je ne vois pas bien ce que la science-fiction aurait de particulier...
Oncle Joe

Lem

Message par Lem » lun. janv. 11, 2010 12:56 pm

Lensman a écrit :"On pourrait presque la retourner pour remplir une impossible définition de la science-fiction".
Mince. Lundi matin, œil moyennement ouvert, raté. OK, il l'a dit.
Eh bien non, sur ce point (si "impossible définition" est une vraie affirmation et non une formule rhétorique) je ne suis pas d'accord avec lui. Je ne sais pas si une définition est possible mais je crois qu'elle l'est. Et je suis persuadé qu'on perd beaucoup plus qu'on ne gagne à ne pas essayer, àrecevoir comme un fait acquis la réputation "impossible à définir". Deux ou trois décennies après les apories de Spinrad et Knight, il me semble que le moment est venu de remettre la question en chantier.

Avatar du membre
Lensman
Messages : 20391
Enregistré le : mer. janv. 24, 2007 10:46 am

Message par Lensman » lun. janv. 11, 2010 1:03 pm

Lem a écrit :
Lensman a écrit :"On pourrait presque la retourner pour remplir une impossible définition de la science-fiction".
Mince. Lundi matin, œil moyennement ouvert, raté. OK, il l'a dit.
Eh bien non, sur ce point (si "impossible définition" est une vraie affirmation et non une formule rhétorique) je ne suis pas d'accord avec lui. Je ne sais pas si une définition est possible mais je crois qu'elle l'est. Et je suis persuadé qu'on perd beaucoup plus qu'on ne gagne à ne pas essayer, àrecevoir comme un fait acquis la réputation "impossible à définir". Deux ou trois décennies après les apories de Spinrad et Knight, il me semble que le moment est venu de remettre la question en chantier.
Note que même si on croit que quelque chose est impossible à définir, l'entreprise d'essayer de le faire n'est non seulement pas dénuée d'intérêt, mais peut aussi être entreprise en connaissance de cause, d'après moi en tout cas. On parle juste d'un jeu intellectuel.
Oncle Joe
Modifié en dernier par Lensman le lun. janv. 11, 2010 1:03 pm, modifié 1 fois.

Avatar du membre
MF
Messages : 4466
Enregistré le : jeu. déc. 28, 2006 3:36 pm
Localisation : cactus-blockhaus

Message par MF » lun. janv. 11, 2010 1:03 pm

Lensman a écrit :
Lem a écrit :En tout honnêteté, cet argument ne me paraît pas recevable. En quoi l'origine "contingente" du téléporteur de Roddenberry que tu décris l'empêcherait-elle d'être un gadget métaphysique ? Et dans la mesure où tu sembles préférer la reformulation de GK, en quoi cette même origine lui permettrait-elle a contrario d'être "inhumain" ?
Je serais curieux de le savoir aussi… A lire Gérard, on a un peu l'impression que toutes les machines sont "inhumaines"; à ce compte, le monde normal est inhumain, je ne vois pas bien ce que la science-fiction aurait de particulier...
Oncle Joe
La réponse n'est-elle pas :
GK a écrit :La liste est longue des thèmes et objets, proprement inhumains, qui alimentent la science-fiction et notre fascination pour elle. Et qui sont précisément autant de raisons de rejet par ceux qui ne tolèrent pas, ou mal, le non-humain et le tiennent pour inhumain. Pas nécessaire d’en donner de définition que ceux-là pourraient arborer comme un bouclier: subodorer l’étranger radical, la machine étrange, l’intelligence artificielle, deux mots leur suffisent, je ne comprends pas, ça fait peur.
Tu n'as pas peur de monter dans une voiture (quoique...) mais entrerais-tu dans un télétransporteur ?

Si oui, tu a réussi ton permis de lire de la SF...
Modifié en dernier par MF le lun. janv. 11, 2010 1:06 pm, modifié 1 fois.
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
Son rédacteur ne pourra être tenu pour responsable des effets indésirables de votre lecture.

Avatar du membre
Erion
Messages : 5025
Enregistré le : sam. oct. 21, 2006 10:46 am

Message par Erion » lun. janv. 11, 2010 1:05 pm

Lem a écrit : En tout honnêteté, cet argument ne me paraît pas recevable. En quoi l'origine "contingente" du téléporteur de Roddenberry que tu décris l'empêcherait-elle d'être un gadget métaphysique ? Et dans la mesure où tu sembles préférer la reformulation de GK, en quoi cette même origine lui permettrait-elle a contrario d'être "inhumain" ?
Ce que je voulais pointer, c'est que; quand bien même on puisse faire une analyse "métaphysique" du téléporteur, ce qu'en retient avant tout l'observateur, c'est le gadget. Il y aurait une navette qui se pose sur la planète, ou un gros avion, la réaction de l'observateur aurait été la même vis-à-vis de la série.
Evidemment, d'un point de vue métaphysique, le téléporteur ou l'avion, cela n'a rien à voir, mais pour celui qui regarde la série, la différence est bien plus sur le caractère "inhumain" (le fait que l'on abolit la distance et le voyage).
C'est d'ailleurs un point qui fait que le film de star trek de 2009 est très dérangeant, puisqu'il met en place l'idée d'une téléportation interstellaire, sur un navire en mouvement. Ce qui non seulement abolit le voyage, mais abolit même la notion de vaisseau spatial. Quand j'ai vu ça, je crois que j'ai voulu étrangler les scénaristes pour n'avoir pas compris les conséquences de leur invention.
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
http://melkine.wordpress.com/

Avatar du membre
Lensman
Messages : 20391
Enregistré le : mer. janv. 24, 2007 10:46 am

Message par Lensman » lun. janv. 11, 2010 1:08 pm

MF a écrit :Tu n'as pas peur de monter dans une voiture (quoique...) mais entrerais-tu dans un télétransporteur ?

Si oui, tu a réussi ton permis de lire de la SF...
Tu as en partie répondu avec le "quoique"…
Je ne sais pas si "j'accepterai" un jour d'entrer dans un télétransporteur, mais en tout cas, il n'est nullement impossible que j'entre un jour dans quelque chose posant le même type de problème sans m'en rendre compte... c'est d'ailleurs une scène classique, dans la SF...
Oncle Joe

Lem

Message par Lem » lun. janv. 11, 2010 1:10 pm

Lensman a écrit :A lire Gérard, on a un peu l'impression que toutes les machines sont "inhumaines"; à ce compte, le monde normal est inhumain, je ne vois pas bien ce que la science-fiction aurait de particulier...
Ce qui est intéressant dans l'introduction de ce mot – inhumain –, c'est qu'il est assez naturellement rattachable à M.
Comment (excuse-moi, Oncle) ne pas penser une nouvelle fois à Nietzsche ? Le dernier fossoyeur de la métaphysique occidentale, celui qui a sonné le crépuscule des idoles, dit "Dieu est mort" et ricané sur "les hallucinés de l'arrière-monde" l'a fait parce qu'il voyait dans toutes ces entités, forces, idées et déités des créations… humaines, trop humaines. Ce sont ses propres termes. Avec le téléporteur de Star Trek, Erion vient au fond de se montrer parfaitement nietzschéen en posant la question : comment un tel gadget pourrait-il avoir quoi que ce soit de métaphysique alors qu'il n'est qu'un concept bricolé dans l'urgence pour telle ou telle raison ?
Mais la question n'est pas celle-là. La question – en tout cas telle que j'ai essayée de la poser dans la préface et ici – est : si la SF est conforme à la représentation empirique que nous en avons (la fiction de la science), pourquoi montre-t-elle un tel goût pour l'inhumain/le métaphysique alors qu'elle est censée être la voix d'une conception du monde censée s'être libérée de ces aberrations ?

Avatar du membre
Lensman
Messages : 20391
Enregistré le : mer. janv. 24, 2007 10:46 am

Message par Lensman » lun. janv. 11, 2010 1:11 pm

Erion a écrit : Evidemment, d'un point de vue métaphysique, le téléporteur ou l'avion, cela n'a rien à voir,
J'ai tendance à penser que, pour l'écrasante majorité des gens, cela ne fait aucune différence.. Si on inventait un télétransporteur, ils trouveraient ça normal, s'étonneraient que l'on a tant tardé, et se battraient pour avoir le premier billet...
Oncle Joe

Avatar du membre
MF
Messages : 4466
Enregistré le : jeu. déc. 28, 2006 3:36 pm
Localisation : cactus-blockhaus

Message par MF » lun. janv. 11, 2010 1:16 pm

Lem a écrit :Mais la question n'est pas celle-là. La question – en tout cas telle que j'ai essayée de la poser dans la préface et ici – est : si la SF est conforme à la représentation empirique que nous en avons (la fiction de la science), pourquoi montre-t-elle un tel goût pour l'inhumain/le métaphysique alors qu'elle est censée être la voix d'une conception du monde censée s'être libérée de ces aberrations ?
Je crois qu'il y a un différentiel important entre inhumain et métaphysique.
Je vais insister en recopiant mon post précédent
MF a écrit :
Lensman a écrit :Gérard dit en passant, comme une évidence, que la définition de la SF est impossible.
Une définition "statique" semble impossible.
Peut-on imaginer une définition dynamique ?
N'est-ce pas ce que propose Gérard avec l'inhumain, qui est un concept éminemment variable dans le temps et l'espace.

Et je n'ose lancer le débat sur [ inhumain <-> in-humain ] comme caractérisation de la séparation entre SF et Fantasy/Fantastique.
J'ai le sentiment que le métaphysique emporte (de) l'in-humain.
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
Son rédacteur ne pourra être tenu pour responsable des effets indésirables de votre lecture.

Lem

Message par Lem » lun. janv. 11, 2010 1:22 pm

Erion a écrit :Ce que je voulais pointer, c'est que; quand bien même on puisse faire une analyse "métaphysique" du téléporteur, ce qu'en retient avant tout l'observateur, c'est le gadget. Il y aurait une navette qui se pose sur la planète, ou un gros avion, la réaction de l'observateur aurait été la même vis-à-vis de la série.
En es-tu sûr (vraie question) ?
Le téléporteur est un objet-culte de la série. Le moment où il est utilisé dans l'histoire est toujours attendu avec impatience. Je ne crois pas que ce soit un hasard. Si Roddenberry avait choisi d'utiliser un système de navettes pour aller et venir entre l'Entreprise et les mondes à explorer, ç'aurait été plus plausible mais moins fascinant parce que la dématérialisation-rematérialisation, c'est au sens propre du merveilleux scientifique (science wonder), exactement comme la désintégration avec halo rougeoyant des Envahisseurs quand on les tue. On a l'impression, dans ces scènes, d'entrevoir un monde auquel la science donne accès mais qui n'est pas de nature scientifique. Monde "inhumain" ? Monde "d'extériorité radicale" ? Monde "métaphysique" ? Le choix n'est pas facile.

Avatar du membre
Le_navire
Messages : 2341
Enregistré le : lun. févr. 12, 2007 4:15 pm
Localisation : Au milieu.

Message par Le_navire » lun. janv. 11, 2010 1:28 pm

Lem : allons bon on a une nouvelle définition de la métaphysique ? L'inhumain ?

Systar va s'arracher les cheveux... Déjà que..(hum pardon mon chou, un coup bas :P )

Gérard fait fort bien la différence, lui. Il accepte qu'il y ait de la métaphysique dans la SF (arf, on en est encore là ?) mais il sépare parfaitement l'idée d'inhumain pour en faire une variable séparée. Et de son point de vue, que je partage, plus facilement reconnaissable comme variable justifiant le déni. Si tu commences à tout mélanger, on est pas sortis de l'auberge.

J'aurais tendance à ne pas hiérarchiser les variables, quant à moi, mais je trouve l'idée de Gérard séduisante dans ce qu'elle me rapproche de certaines de mes propres conclusions, dans un domaine tout autre, sur la difficulté viscérale de l'humain à reconnaitre un droit fondamental à ce qui est différent. En étho, on travaille beaucoup là-dessus et tiens, comme c'est bizarre, l'éthologie subit des contraintes assez similaires à celles de la SF. Quand on veut parler de reconnaissance de l'inhumain à part entière, on se heurte à des présupposés d'une lourdeur insigne.

Et si tu veux rattacher ça à la métaphysique, Lem, je te suggère pour ma part (ma suggestion est humble, elle ne vaut que ce qu'elle vaut) de gratter de ce côté là :

Ce n'est pas la métaphysique qui est l'inhumain, c'est le rejet de l'inhumain qui est métaphysique.

La métphysique n'est-elle pas, fondamentalement, née du besoin de l'homme à se reconnaitre comme seul maître de la création après dieu ?

Et quand cette croyance viscérale, même chez des athées, se voit tout à coup battue en brèche par l'inhumain, n'est-ce pas là que commence le déni ?
"Ils ne sont grands que parce que vous êtes à genoux"

Répondre

Retourner vers « Vos dernières lectures »