Sur le progrès, je n'ai pas d'avis.Erion a écrit :En fait, je vois pas trop où cette partie de la discussion veut en venir.
Sur l'esthétique :
Tout dépend de ce qu'on appelle un outil.donc, on a plein d'outils et on les utilise, en SF ou ailleurs. Ce ne sont donc pas ces OUTILS qui définissent la SF. Le pinceau ne définit pas la peinture.
Le pinceau ne définit pas plus la peinture que l'encre la littérature parce qu'ils les définissent trop : de manière tellement large que l'analyse ne discrimine presque plus rien.
J'imagine qu'il existe quelque part des textes comparatistes sur peinture au pinceau / au couteau / à la main / par coulûres, comme il en existe sur peinture à l'huile / fresco / aquarelle, etc. (Et je sais qu'il y a au moins un article sur l'influence de la machine à écrire sur la prose de Proust.)
Les catégories esthétiques produites sont si générales qu'on les confond avec l'ensemble du domaine mais elles n'en existent pas moins pour autant.
Maintenant, si tu t'intéresses à un outil esthétique plus discriminant, tu commences à voir apparaître des choses significatives. La perspective est un outil. Son usage ou son non-usage, orthodoxe ou déformé, définissent des périodes, voire des écoles esthétiques. La peinture médiévale. Le cubisme. Examiner l'histoire de la peinture sous l'angle de son rapport à la perspective est licite et, éventuellement, intéressant.
Les textes de science-fiction sont-ils des œuvres d'art ? Oui. Ont-ils un point commun ? Oui – la sf. Se demander si ce point commun ne comporte pas au moins une dimension esthétique me paraît tout à fait approprié.
Et je ne parle pas d'une analyse statistique de l'usage du point de vue ou du style indirect libre (genre : "la SF comporte x % de ceci et y % pour de ça ; en cela, elle se distingue du reste de la fiction du XXème siècle où ces proportions sont respectivement de…").
Quoi que ça pourrait être tout à fait intéressant par ailleurs.
Je parle de considérer "l'effet Sf" lui-même comme un effet esthétique et de chercher dans les textes le ou les dispositifs qui le produisent. L'usage des néologismes et des termes de science en fait peut-être partie. Le paradigme absent de Marc Angenot aussi. Mon propre travail sur le statut problématique des métaphores idem. Toutes ces remarques sont d'ordre esthétique et je ne vois pas bien pourquoi elles nous condamneraient à tourner en rond sur le problème de la définition. L'inventaire objet/sujet suggéré par Erion a eu huit décennies pour se faire et il échoue toujours à dire ce qu'est la SF, alors…