Gérard Klein a écrit :Lem a écrit :Lensman a écrit :je n'ai pas compris ce qu'est une "métaphore réifiée".
Je est un autre = métaphore (une chose est décrite comme une autre chose).
Le horla = la même métaphore réifiée, matérialisée (l'autre chose est traitée comme réalité concrète au lieu de rester une simple image poétique, sans substance.)
Je ne peux pas mieux faire, Oncle. Et je m'arrête là pour l'instant, je n'ai plus le temps.
A plus tard.
L'effort de Lem est louable. Poursuivons dans l'espoir d'alphabétiser l'Oncle.
Soit la métaphore: le soleil est bleu comme une orange,
personne ne prétend que le soleil est bleu ni qu'il soit une orange ni qu'il y ait des oranges bleues
(incidemment, depuis Rimbaud, notamment, mais peut-être dès avant, on a fait sauter le "comme" sans renoncer à la métaphore qui consiste à mettre un terme ou un groupe de termes à la place d'un autre sans que le sens fasse de doute mais en introduisant un déplacement que nous appellerons poétique pour l'instant.
Maintenant, je fais débuter ma prochaine nouvelle de science-fiction par:
À peine sorti du métespace, ayant fait un bond grossièrement évalué à vingt milliards d'années-lumière et s'étant donc échappé de la sphère d'observation de la Prime Galaxie, le navire se stabilisa en orbite autour d'un soleil dont les paramètres semblaient étrangers à ceux connus dans son univers d'origine.
Cette étoile rayonnait puissamment dans le bleu et les détecteurs de quarks et de wimpinos indiquaient que sa composition ressemblait à celle d'une orange.
Certes très cuite.
"Nom d'une brane", rugit le capitaine.
Voilà un exemple de réification, de transformation d'une image en objet (dans l'histoire, bien entendu).
Si vous voulez que je continue, il faut que cela intéresse Dracosolis.
C'est peut-être le terme (?) "image" qui me pose problème, parce que j'ai tendance à le réduire au visuel. D'où je dirais plutôt qu'il y a transformation d'une idée en objet. En SF, il doit arriver que cette idée soit particulièrement spéculative.
Je veux bien utiliser le mot "image" à la place d'"idée", mais alors, il faudrait utiliser un terme un peu plus spécifique pour le visuel. Cela me parâit bien commode de distinguer (s'il y a à rapprocher, il faudra préciser). A moment donné, Lem a lié, d'une manière qui mérite de toute évidence une longue (sic) discussion, les images des couvertures de pulps aux textes de science-fiction. Le lien est immédiat lorsqu'on voit un pulp, et que l'on constate qu'il y a des textes de SF dedans. Il est évident aussi qu'il y a un lien pour beaucoup de lecteur, pas simplement à cause de cette coïncidence (sic), que d'aucuns considèrent comme malheureuse), mais parce qu'ils associent fortement la science-fiction à certaines formes de graphisme, notamment celui des pulps.
Voilà un sujet qui me passionne, comme Serge le sait (on est deux, et bien davantage que deux, là-dessus!). Cependant, on refait dériver le débat sur une approche de la science-fiction qui ne s'appuie plus sur le texte, mais sur tout un ensemble. Avec entre autre cette idée avancée par Serge que la science-fiction est liée à une sorte de choc d'abord lié à des images (visuelles). Est-ce quelque chose de caractéristique de la science-fiction dans sa production, ou plutôt caractéristique du lecteur de science-fiction? Est-ce que d'autres productions culturelles fonctionnent de la même manière?
Gérard, est-ce que les lecteurs achetaient, au départ, les A&D parce qu'ils étaient métallisés? le "choc" était-il du même ordre qu'en voyant une couverture de pulps (Frank R; Paul), qu'une couverture de Manchu, de Foss, ou de Richard Powers? (revoir les couvertures de Powers…).
Mais on ne parle plus seulement de textes (je sais, on ne s'en est pas privé, mais là, il s'agirait d'intégrer fondamentalement l'aspect visuel à la caractérisation de la science-fiction). (Entre parenthèse, c'est un autre aspect des discussions, pour les "prescripteurs", si on explique que la SF est intrinsèquement liée à des images criardes, je crains que ça n'arrange pas les choses (comme je l'ai déjà fait remarquer, beaucoup d'amateurs sont rebutés par cette liaison, et prétendent même qu'elle n'a pas lieu d'être, avec la science-fiction écrite)).
Oncle Joe