Ouais, mais j'ai un rayon spécialement dédié à ces livres.Lensman a écrit :Si c'est de la fiction, c'est de la fiction… un roman de science-fiction peut AUSSI être un manifeste barjo, ça arrive.
Avec des portes blindés et des cadenas inviolables.
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Ouais, mais j'ai un rayon spécialement dédié à ces livres.Lensman a écrit :Si c'est de la fiction, c'est de la fiction… un roman de science-fiction peut AUSSI être un manifeste barjo, ça arrive.
C'est un exemple intéressant. Pour ma part, il ne m'est pas venu à l'idée de voir ce texte comme de la SF. Qu'y a-t-il de SF, là dedans?Lem a écrit :
C'est la même chose avec En remorquant Jehovah. Morrow réifie l'image. Dieu est mort, son cadavre flotte sur l'océan et il faut le remorquer jusqu'à la banquise pour éviter qu'il se décompose. Il y a évidemment une dimension allégorique ici mais tant que l'auteur construit son histoire sur les développements logiques de son image-source, il se tient sur la ligne de crète où l'Effet se produit à l'état pur et conduit au classement SF potentiel du texte.
Sage précaution… mais je ne vois plus très bien où on voulait en venir…MF a écrit :Ouais, mais j'ai un rayon spécialement dédié à ces livres.Lensman a écrit :Si c'est de la fiction, c'est de la fiction… un roman de science-fiction peut AUSSI être un manifeste barjo, ça arrive.
Avec des portes blindés et des cadenas inviolables.
... classer le texte dans TA SF.Lem a écrit :Dans mon énumération des réifications possibles de "tueurs de temps", celle des hommes capables d'arrêter le temps, de figer la scène est la première à susciter l'Effet, même si rien n'est expliqué, même si aucune rationalisation n'est donnée. La condition, c'est que le texte soit gouverné par les conséquences logiques de la réification : la consistance interne du développement est le critère qui permet de classer le texte en SF.
Je crois qu'une des lignes de faille est précisément là.Je peux sans problème imaginer un roman racontant la saga d'un brave garçon avec épée magique affrontant des dieux monstrueux pour offrir aux hommes l'immortalité – mais si ces dieux se nomment explicitement "Temps", "Vieillesse" et "Entropie", le caractère allégorique repasse devant. On retourne carrément à la mythologie homérique, avec le même cahier des charges.
C'est la même chose avec En remorquant Jehovah. Morrow réifie l'image. Dieu est mort, son cadavre flotte sur l'océan et il faut le remorquer jusqu'à la banquise pour éviter qu'il se décompose. Il y a évidemment une dimension allégorique ici mais tant que l'auteur construit son histoire sur les développements logiques de son image-source, il se tient sur la ligne de crète où l'Effet se produit à l'état pur et conduit au classement SF potentiel du texte.
Paradoxalement, justifier l'image à l'aide de trucs superscientifiques serait une erreur.
Et elle est où la métaphore réifiée dans la Hard-Science ?Lem a écrit : Si la réification est celle que tu décris – le temps est une personne, comme l'entropie –, l'effet n'est pas le même. Un registre explicatif est impliqué d'emblée et déplace l'horizon d'attente du lecteur : au lieu de négliger le caractère implausible de l'image-source pour se concentrer sur ses conséquences logiques, il est confronté à une version de la même image-source dont il ne peut ignorer l'impossibilité. C'est une façon pour l'auteur d'indiquer au lecteur quelle position cognitive il doit adopter : celle qui convient pour apprécier une fable, une allégorie. Et je me demande même si ce n'est pas incompatible avec la fantasy. Je peux sans problème imaginer un roman racontant la saga d'un brave garçon avec épée magique affrontant des dieux monstrueux pour offrir aux hommes l'immortalité – mais si ces dieux se nomment explicitement "Temps", "Vieillesse" et "Entropie", le caractère allégorique repasse devant. On retourne carrément à la mythologie homérique, avec le même cahier des charges.
La même chose que dans Le géant noyé. La même chose que dans Les six doigts du temps, C'est vraiment une bonne vie, Le don, La maison de rendez-vous, La bibliothèque de Babel, Replay, L'autre côté du rêve… Un "truc" difficile à définir qui fait que le texte est classable (de façon non-exclusive) dans la SF bien que la merveille ne soit pas rationalisée. On est à la limite du domaine, je suis d'accord. Mais n'est-ce pas là justement, sur la frontière, que l'effet SF s'observe pour ainsi dire à l'œil nu et qu'il y a le plus à apprendre sur lui ? Si ces textes peuvent être classés SF, c'est qu'ils partagent quelque chose avec ceux qui sont cœur de genre, pleins de techno et de futur. Conclusion logique : ce qu'ils partagent n'est pas la techno et le futur mais autre chose, que j'essaie de définir.Lensman a écrit :C'est un exemple intéressant. Pour ma part, il ne m'est pas venu à l'idée de voir ce texte comme de la SF. Qu'y a-t-il de SF, là dedans?Lem a écrit :En remorquant Jehovah.
Sauf que dans "le géant noyé", il y a précisément une commission scientifique, et une étude rationnelle. On est bel et bien dans les "images de la science", les eikon. Ce texte n'a de sens QUE dans le contexte technoscientifique.Lem a écrit :[Conclusion logique : ce qu'ils partagent n'est pas la techno et le futur mais autre chose, que j'essaie de définir.
Mars la rouge, la verte, la bleue – ça ne paraît pas suffisant comme image ? La hard science, c'est le fait d'en faire une image plausible scientifiquement (compatible avec l'état des connaissances scientifiques actuelles et maniaquement vérifiée dans le détail).Erion a écrit :Et dans la trilogie martienne de Robinson, il est où le jeu sur le langage ?
Mais vu la réponse de Joe, ces textes ne partagent pas avec le corpus SF de Joe.Lem a écrit :La même chose que dans Le géant noyé. La même chose que dans Les six doigts du temps, C'est vraiment une bonne vie, Le don, La maison de rendez-vous, La bibliothèque de Babel, Replay, L'autre côté du rêve… Un "truc" difficile à définir qui fait que le texte est classable (de façon non-exclusive) dans la SF bien que la merveille ne soit pas rationalisée. On est à la limite du domaine, je suis d'accord. Mais n'est-ce pas là justement, sur la frontière, que l'effet SF s'observe pour ainsi dire à l'œil nu et qu'il y a le plus à apprendre sur lui ? Si ces textes peuvent être classés SF, c'est qu'ils partagent quelque chose avec ceux qui sont cœur de genre, pleins de techno et de futur. Conclusion logique : ce qu'ils partagent n'est pas la techno et le futur mais autre chose, que j'essaie de définir.Lensman a écrit :C'est un exemple intéressant. Pour ma part, il ne m'est pas venu à l'idée de voir ce texte comme de la SF. Qu'y a-t-il de SF, là dedans?Lem a écrit :En remorquant Jehovah.
(Relis le texte, franchement.)Erion a écrit :Le géant noyé de J. G. Ballard n'a de sens QUE dans le contexte technoscientifique.
Ouais, "la Terre est bleue comme une orange"Lem a écrit :Mars la rouge, la verte, la bleue – ça ne paraît pas suffisant comme image ? La hard science, c'est le fait d'en faire une image plausible scientifiquement (compatible avec l'état des connaissances scientifiques actuelles et maniaquement vérifiée dans le détail).Erion a écrit :Et dans la trilogie martienne de Robinson, il est où le jeu sur le langage ?
C'est méga-léger, comme argument.Lem a écrit :Mars la rouge, la verte, la bleue – ça ne paraît pas suffisant comme image ?Erion a écrit :Et dans la trilogie martienne de Robinson, il est où le jeu sur le langage ?
Le lecteur ne prend aucune décision. Il n'affecte pas le texte.MF a écrit :
L'incertitude sur le résultat d'une décision n'est pas une caractéristique de l'indécidabilité. Au contraire.
Dans un cas, la magie fait partie du monde, et l'informatique permet de s'en servir. Ou bien, l'informatique permet de capter une certaine forme d'énergie, parfaitement explicable et rationnelle. Lequel des deux? Nous l'ignorons. Le statut exact du monde de la fiction reste indécidable.Dans la Saison de la Sorcière, ce n'est pas (amha) la notion d'informatique qui est importante mais la notion de réseau.
Et pour continuer sur ta lancée, lorsque Bobby (Comte Zéro) rencontre des Loa dans le cyberspace, est-ce que ça fait du cyberspace une simple projection du culte vaudou ?
Comme je l'ai dit bien des fois : aucun problème.MF a écrit :Tu devrais donc obtenir, en sortie, ce qui caractérise TA SF.
C'est le problème. Je pense que tout le monde est d'accord sur le noyau, le cœur de genre.
C'est sur les marches du royaume, sur les bords que les avis et les positions divergent.
Donc, si tu cherches à définir la caractéristique commune des textes situés sur ta frontière, tu auras sans doute ce qui te caractérise en tant que lecteur de SF.