
Enfin, moi, ce que j'en dis…
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Qui parle de "drame" ?Lem a écrit :Allons… Il ne s'agit que d'apprendre à varier les points de vue pour lire un certain type d'œuvres. Rien de dramatique.MF a écrit :Conduire quelqu'un à se séparer de son référentiel, de ce qui lui donne une identité y compris sociale, impose de lui apporter un référentiel de substitution.
Qui soit aussi, non, plus solide. Qui puisse prendre la place du précédent. En assurant cohérence, continuité : la compatibilité ascendante.
Tu prétends l'éduquerLem a écrit :Je pars de son référentiel – la métaphore – pour lui expliquer qu'il doit s'en séparer...
car tu sous-entends bien "Il ne s'agit que de lui apprendre à varier ses points de vue pour lire un certain type d'œuvres"Lem a écrit :Il ne s'agit que d'apprendre à varier les points de vue pour lire un certain type d'œuvres.
C'est sans doute parce que tu assimiles métaphore et analogie d'un coté (littéraire) et astronomie et cosmologie de l'autre (science).Lem a écrit :Et pour reconnecter avec la discussion sur le statut différentiel de la métaphore dans la littérature et la SF, un critique généraliste saura parfaitement quoi faire, dans un roman, d'une phrase comme "un téléscope est une machine à remonter le temps" ou "la littérature, c'est de la télépathie".
Ta reformulation en terme de "référentiel source d'identité, y compris sociale" semblait suggérer un processus angoissant, presque traumatisant. Peut-être est-ce le cas, en effet ? Après tout, la SF a toujours suscité des réactions violentes. Je voulais juste rappeler de mon côté que le but est joyeux, qu'il s'agit d'élargir ce qu'on appelle ordinairement la littérature. Ce n'est pas facile mais nul ne sera mis en demeure de renoncer à son identité sociale pour y parvenir. Ce dont on parle, somme toute, c'est d'une modulation supplémentaire de la suspension de l'incrédulité.MF a écrit :Qui parle de "drame" ?
Il s'agit bien d'agir sur le prescripteur. Je me heurterai, comme tous ceux qui ont essayé un jour de plaider pour la SF, au principe de réalité. Il faut de la conviction mais elle n'est pas suffisante ; j'y ajoute quelques cartouches historiques, philosophiques, théoriques, poétiques – bref : culturelles – qui n'ont pas été tirées jusqu'ici. On verra bien ce que ça donne. Comme je l'ai dit, sur ce sujet, je suis darwinien. A plusieurs égards, le moment semble assez propice mais je peux me tromper… Encore une fois, on verra.Tu parles d'agir sur le prescripteur littéraire (…) car tu sous-entends bien "Il ne s'agit que de lui apprendre à varier ses points de vue pour lire un certain type d'œuvres"Et c'est là que tu vas commencer à te heurter au principe de réalité. La seule conviction sera-t-elle suffisante ?
Je crois aussi que le moment est propice.Lem a écrit :A plusieurs égards, le moment semble assez propice mais je peux me tromper…
Pas même. En cosmologie, une description objective du téléscope serait : dispositif permettant de récupérer de l'information sur des états anciens de l'espace-temps (car à moins que je ne confonde tout, je crois bien que les deux sont indissociables).MF a écrit :En cosmologie, c'est du sens propre et pas figuré.
Tiens ! Un quasi oxymore.Erion a écrit :"Vision aveugle"
Probablement.Je défie n'importe quel critique mainstream de dépasser les 30 ou 40 premières pages. Et même après, faut accepter de ne pas comprendre pas mal de notions qui passent sous le nez (parce que l'essentiel est ailleurs).
Sauf que c'est un concept médical. Ce n'est pas une métaphore.Lem a écrit :Tiens ! Un quasi oxymore.Erion a écrit :"Vision aveugle"
Sauf que si pour faire ça, faut éliminer du champs des critiques, les meilleures oeuvres de SF, je vois pas ce qu'on y gagne. Et non, ce n'est pas la même chose que Pynchon ou Danielewski. Le mécanisme qui est à l'oeuvre n'a rien à voir. Dans le Watts, ce qu'on ne comprend pas (les termes techniques) n'est tout simplement pas important, mais c'est ce qui crée l'effet de réel, en revanche, ce qu'on doit comprendre est bien développé et bien expliqué.Personne n'espère transformer la population des critiques en spécialistes de la SF de pointe, Le but est d'établir la légitimité culturelle en général, et littéraire en particulier,
Erion, je sais tout ça, je t'assure.Erion a écrit :C'est une chose courante en SF, le lecteur expert sait faire le tri…
Que puis-je dire à part l'insupportable "j'enregistre que tu n'y crois pas, ce n'est pas grave" ?Sauf que si pour faire ça, faut éliminer du champs des critiques, les meilleures oeuvres de SF, je vois pas ce qu'on y gagne.
Je ne fais pas comme si : évidemment qu'il y a là contenu préalable et charge poétique, ainsi qu'évocation de la SF, mais qu'est-ce que ça change ?Lem a écrit :Tu ne peux pas faire comme si "machine à remonter le temps" n'avait pas de contenu préalable ni de charge poétique. Tout le monde sait que cette expression vient de la SF.
Non, même si elle n'est pas définitoire (on ne trouve effectivement pas ce sens dans le dictionnaire, ce qui ne veut pas dire grand chose) elle est parfaitement fonctionnelle, et pas au sens figuré, encore moins au sens métaphorique.Lem a écrit :Même dans le contexte cosmologique, sa fonction est métaphorique.
Pas étonnant vu le niveau moyen de la culture scientifique... Et puis cela prouve bien que ça ne fonctionne même pas comme une métaphore...Lem a écrit :Fais l'expérience de pensée ou pose la question autour de toi : "si je vous dis machine à remonter le temps, ça vous évoque quoi ?" Je pense qu'on te répondra à peu près unanimement "SF", éventuellement "Wells" et très peu "téléscope". Même chez les scientifiques.
Renoncer à vouloir la reconnaissance et la légitimité littéraire. Y'a 10 ans, dans la préface à Escales, tu avais déjà écrit que la reconnaissance et la légitimité étaient acquises et que ce n'était plus un problème. Et ha ben 10 ans plus tard, zou, le problème revient.Lem a écrit : Que puis-je dire à part l'insupportable "j'enregistre que tu n'y crois pas, ce n'est pas grave" ?
Si j'écris "Gilles de Rais était un tueur en série", c'est un fait.Giangi a écrit :évidemment qu'il y a là contenu préalable et charge poétique, ainsi qu'évocation de la SF, mais qu'est-ce que ça change ?