J'ai du mal à taper sur mon clavier avec les pieds...Lem a écrit :Un entretien intéressant avec Michel Cazenave dans la revue Nouvelles Clés à propos du "Cinéma comme lieu philosophique décisif".
On y trouve entre autres la déclaration suivante :
Reprenons Le Cinquième Élément (mais c’est vrai d’une grande part de la science-fiction), les vraies questions philosophiques, métaphysiques, spirituelles, religieuses, c’est là qu’elles sont posées. Vous pouvez ouvrir le dernier prix Goncourt, la métaphysique ne s’y trouve pas ; prenez un roman de science-fiction, elle y est. Prenez un film de Besson, elle s’y trouve ; dans un film de Depléchin, certainement pas.
Pile poil !Et une fois qu’il a traversé ça, Besson peut passer au Cinquième Élément, où l’on retombe, non plus dans la globalité de la mer et du grand féminin, mais où s’introduit le dualisme du bien et du mal. Je ne sais absolument pas si Besson a conscience de ce que j’avance là - il a certainement dû se renseigner, les consonances sont trop troublantes, mais il a pu aussi bien tout réinventer : on a là toute la structure de la grande théologie manichéenne, avec le combat entre les forces du bien et du mal et cette idée des puissances angéliques - précisément le cinquième élément, qui intervient sur les quatre autres (terre, eau, feu et air), élément de nature féminine, éther, appelé “quintessence” par les alchimistes et “vierge de lumière” par les manichéens, élément suprasensible, qui vient du ciel - incarnées chez Besson par une rousse flamboyante qui à la fin, dans le temple égyptien, va brûler et littéralement se sublimer en cinquième élément sauveur en s’enflammant à la lumière qui sort des quatre autres éléments. Ce que je trouve absolument extraordinaire, c’est comment, à travers ce féminin de mort, Besson aboutit finalement au féminin de vie et au féminin spirituel - ce qui correspond à une des théologies les plus anciennes et les plus argumentées.
La confusion science-fiction <-> ésotérisme.
C'est beau comme du Dan Brown...