Impressionnant.Lem a écrit :La SF en interne, j'en ai fait le tour.
Tu es décidément un être d'exception.
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En français, mais pas en anglais, où c'est selon les cas "core" pour un câble, "bore", voire "heart".Erion a écrit :Dans la série, le langage, les concepts, et ceux qui les montent...
Suite à un problème d'antenne, j'ai dû dénuder un câble coaxial (oui, j'ai une vie passionnante). Le câble a une gaine blindée, un revêtement plastique et un fil de cuivre.
Et vous savez comment est appelé le fil de cuivre dans le câble tv ?
L'âme.
C'est vrai que la TV, c'est de la métaphysique réifiée. La contemplation du Néant, de l'infini.
tss tss Rô, et tes classiques ?Roland C. Wagner a écrit :Impressionnant.Lem a écrit :La SF en interne, j'en ai fait le tour.
Tu es décidément un être d'exception.
Anglo-saxons vs continentaux ; héritage médiéval ; métaphysique et pensée spéculative ; préjugé d'obscurité… Ce petit texte pourrait être transposé pratiquement tel quel à la SF.Une des caractéristiques de la philosophie de Peirce est l'importance qu'il accorde à la perspective historique. Il est particulièrement judicieux d'avoir retenu pour ce volume le compte-rendu de L'Œuvre de Berkeley, publié en 1871. N'importe qui écrivant des recensions aimerait être aussi capable que Peirce, à l'occasion d'un simple compterendu, de répondre de façon aussi complète à la question « Qu'est-ce que la métaphysique ?» - car Peirce dans ce texte ne fait rien de moins.
Quand, au sujet de Berkeley, il remarque (p. 135) combien la continuité entre la pensée médiévale et la pensée moderne est plus forte dans les îles britanniques qu'en France et, plus encore, qu'en Allemagne, et finalement combien la pensée britannique, plus qu'aucune autre, a su cultiver la métaphysique, il faut vraisemblablement étendre cette thèse à la philosophie qui s'est développée aux Etats-Unis, chez Peirce bien entendu, mais aussi après lui, chez les réalistes américains, et chez des philosophes comme CI. Lewis, Goodman, Quine, Putnam, jusqu'à certains philosophes australiens d'aujourd'hui et au regretté David Lewis.
Considéré ainsi, il est même surprenant de voir combien, surtout comparée à l'empirisme du Cercle de Vienne autrichien ou aux différentes formes qu'ont pu prendre, sur le continent, le dégoût de la métaphysique, la pensée philosophique de langue anglaise a été et reste spéculative - ce qui, manifestement, ne veut pas dire obscure, tout au contraire.
Le texte complet est à lire ici.Les grands problèmes de la mort et de la survie étaient autrefois l’affaire des philosophes et des théologiens. Mais ni les uns ni les autres n’ont été épargnés par la diffusion du scepticisme, et tous deux se sont repliés sur des problèmes plus étroits. La philosophie académique a largement abandonné la métaphysique, en faveur d’une obscure analyse du langage, et l’église a tourné son attention vers des questions plus banales, sociales, et œcuméniques. La mort à présent semble quelque chose à ignorer, ou à accepter comme la grande donnée. La philosophie, selon Montaigne, consiste à apprendre à mourir. D’après Alan Harrington, c’est précisément parce qu’elle enseigne l’acceptation de la mort, que son utilité a atteint ton terme : « La philosophie qui accepte la mort doit elle-même être considérée comme morte. »
Seuls les existentialistes sont parvenus au plus près d’une compréhension fondamentale de la mort et de sa signification. Ceux qui s’expriment en tant qu’athées et sont habituellement et à juste titre considérés comme les plus purs représentants de l’école reconnaissent le paradoxe central : que la nécessaire liberté impliquée par l’absence de dieu est niée par la dissolution de la vie dans le néant. Ainsi Heidegger défend que pour vivre de façon authentique nous devons regarder bien en face et constamment la limite fixée par la mort, et accepter l’anxiété que cela apporte. La doctrine de la « mauvaise foi » de Sartre joue un rôle similaire, démasquant nos stratégies d’illusion et nos tentatives d’éviter une réaction personnelle à la mort. Par exemple, en nous trouvant à nous-mêmes un sens en tant que partie de quelque abstraction déifiée comme « l’Humanité », ou « la Nature », plutôt que d’accepter que nous devons seuls décider le sens de notre vie et de notre mort. Camus proteste contre « l’inachèvement de la vie humaine, exprimée par la mort », rejette le désespoir et lance un appel à la rébellion contre les conséquences implicites de la disparition : « Si rien ne dure alors rien n’est justifié. »
Bien que les existentialistes aient offert une analyse particulièrement lucide, ils ne pouvaient en fin de compte défendre qu’une forme d’acceptation stoïque de notre condition ; sans éluder l’anxiété qu’elle implique, mais apparemment sans posséder le moyen de la défier. Même l’appel à la rébellion de Camus, bien qu’admirable, reste impuissant. Peut-être les existentialistes étaient-ils piégés dans une phase de transition, où la science avait miné la vision du monde religieuse, mais pas encore commencé à offrir ses propres solutions.
Dans les limites de la spéculation pratique
Si Camus a raison et que la mort est le vrai ennemi, alors ça n’est pas la vie après la mort que nous voulons, mais la fin de la mort elle-même, au moins comme conséquence inévitable d’être né. Qui relèvera alors le défi, contre le sens commun ? La plupart des penseurs « sérieux », bien qu’agités par les mêmes impératifs émotionnels que n’importe qui, évitent toute discussion publique de ce sujet, si ce n’est sur un ton moqueur. On voit ainsi, par exemple, des couvertures médiatiques occasionnelles des mouvements de cryonie ou d’extension de la vie, qui présentent ces mouvements sans entrer un seul instant en matière. Un chercheur mainstream qui s’aventure dans cette zone est rapidement marginalisé comme excentrique, et ridiculisé par ses collègues. Comme Thomas Kuhn l’a montré, la science est loin d’être le processus purement rationnel et systématique qu’elle prétend être.
Heureusement, un petit (mais grandissant) groupe de chercheurs hérétiques et d’auteurs spéculatifs défient les paradigmes actuels, et fournissent une plate-forme pour une discussion légitime de ce domaine. Ils défendent, avec une confiance croissante, que la science et la technologie peuvent fournir ce que la religion promettait autrefois ; le rêve immémorial d’immortalité peut ne pas avoir été infondé, mais seulement avoir dépendu davantage de la foi que des faits. Le progrès scientifique a maintenant commencé à permettre que l’immortalité personnelle soit, au moins, ramenée dans les limites de la spéculation pratique.
La fiction scientifique (« science-fiction » ou SF), fidèle à sa fonction révolutionnaire de remise en cause des paradigmes, a longtemps fourni un espace où explorer des réponses scientifiques au problème de la mort. L’immortalité et la longévité extrême sont des motifs récurrents dans la SF, qui a exploré tant les aspects mécaniques que les implications sociales et psychologiques. L’éditeur et critique de SF Peter Nicholls, étudiant ce domaine, a fait la remarque que « dans certaines histoires l’immortalité est le début de possibilités sans limite, dans d’autres elle représente la stagnation ultime et la fin de l’innovation et du changement ». Mais il y a de façon générale une reconnaissance que de tels thèmes exercent un pouvoir constant, étant typiques de l’esprit prométhéen propre au genre. Bien que parfois critiquée comme « évasion », il se pourrait que la SF aide en réalité à préparer le terrain pour une évasion littérale de la mort.
Rappelons que l'auteur est astrophysicien, professeur honoraire au Collège de France (Chaire d'Astrophysique théorique), et membre de l’académie des sciences ; qu'il a appartenu au cercle zéthétique (sceptique) et, apparemment, développé des contre-propositions hostiles au Big Bang.Entre la Science et le public, il se crée des intermédiaires nouveaux. Ils sont légion. Et si des journalistes scientifiques de qualité appartiennent à ce milieu de médiateurs du savoir en cherchant à faire comprendre au public la réalité de la science, ils n'y sont pas les seuls. C'est là que se développent les mythes de toutes sortes - et qu'ils se vendent !
On pourrait bien sûr se livrer à une analyse de ces mythes, à quelque taxonomie raisonnable des attitudes... Cependant, je me bornerai à en énumérer quelques-unes qui constituent pour l'homme - ou pour l'humanité - des dangers plus ou moins graves et qui interpellent sans aucun doute le sens que nous avons de nos responsabilités.
Je mentionnerai d'abord la science-fiction.
La science-fiction a des aspects multiples et l'on range sous ce même vocable bien des choses diffé rentes. Il y a d'abord le conte philosophique - les Voyages dans, les Etats de la Lune et du Soleil, de Cyrano de Bergerac, ou le Micromégas de Voltaire - oeuvres dont le propos est la parodie et où la science n'est que l'occasion amusante, improbable, reconnue comme telle, de la satire sociale, très terrestre. Il y a aussi le travail d'anticipation, sérieux, fondé sur la science contemporaine, et qui se borne à l'extrapoler en nous en offrant des développements vraisemblables: je pense à certaines oeuvres de Jules Verne bien sûr, De la Terre à la Lune par exemple.
Parmi les auteurs contemporains, ces deux courants subsistent: un Arthur Clarke relève de la postérité vernienne alors qu'un Ray Bradbury m'apparaît plutôt, dans ses Chroniques martiennes, comme le Wells de La GUERRE DES mondes, dans une lumière de critique sociale ou de réflexion philosophique.
Et puis il y a une autre sorte de science-fiction qui se développe beaucoup aujourd'hui: celle qui considère que l'extrapolation de la science est, nécessairement, irrationnelle; celle qui fait appel à des lois de physique inconnues, en contredisant les lois connues et qui, loin d'y trouver matière à réflexion, ne s'en sert que comme argument pour faire admettre l'idée d'une vérité irrationnelle, d'une faillite de la science non seulement dans ses conséquences connues mais également dans ses limitations en tant que moyen d'accès à la connaissance de la vérité.
Tant que cette science-fiction affiche son nom, soit ! Sinon, comment le lecteur fera-t-il la distinction ? D'autant plus que la télévision ou le cinéma, grâce aux trucages, permettent de donner une certaine plausibilité à ces extrapolations impossibles. Les films de Stanley Kubrick, par exemple, accréditent certaines visions que l'on peut parfois interpréter comme des apologues mais qui, trop souvent, sont exploitées contre la science par ce que l'on pourrait appeler "l'antiscience", d'un terme qui séduit quelques penseurs contemporains, comme Feyerabend ou Edgar Morin.
De cette déviation, j'ai peur ! Je ne pense pas que l'on puisse ainsi établir de symétrie ni entre l'avéré et le conjectural ni surtout entre la démarche scientifique et sa négation. De l'appréhension à la confusion: en passant par le mythe Le mot de Science, cependant, avec son mystère, conserve son pouvoir. Démêlant mal la différence entre la science qui se fait et celle dont on lui montre qu'elle pourrait bien se faire - à mi-chemin entre la magie et la prestidigitation - le public reste confiant dans le mot; en conséquence, il n'aura que trop tendance à croire ce qu'on lui dira sous couleur de vocabulaire scientifique ou en se réclamant de la science.
Le fameux ricanement avunculaire…Lensman a écrit :Si je comprends bien, le problème de la mort a travaillé un peu tout le monde?
Comme je n'appartiens pas à ce Club, je ne m'en mêlerai pas…Lem a écrit :Le fameux ricanement avunculaire…Lensman a écrit :Si je comprends bien, le problème de la mort a travaillé un peu tout le monde?
C'était pour répondre à la remarque de George qui affirme qu' "immortalité métaphysique et quête de l'immortalité scientifique n'ont rien à voir" – et à toi qui refuses "de faire une description comme cela, en continu".
Notre Club fait souvent cette description, apparemment.
Sur le fil concernant les playlist, j'ai mis en lien le clip imaginé par l'artiste contemporain Takashi Murakami qui met en scène l'actrice Kirsten Dunst, déguisée en cosplay de Sailor Moon et chantant un tube des années 80, le tout en plein milieu du quartier central de la pop culture japonaise, Akihabara.Lensman a écrit : Si tu veux faire une grand bêtiser de ce que les uns et les autres racontent sur la SF, ça ne va pas être difficile, et ça va être vite un peu écœurant. Cela va plutôt mettre en avant mon hypothèse: culture de seconde zone, populaire et commerciale.
Oncle Joe
Que veux-tu que j'en dise ?tu n'as guère réagi au bel exemple (tout récent) de l'article sur "Metropolis", où le restaurateur du film (un type qui doit avoir une assez bonne notion de ce qu'est la culture) et l'auteur de l'article se réjouissaient de débarrasser ce chef-d'oeuvre de l'étiquette SF…
Spéculer sur le mode de propulsion de quelque chose dont aucune preuve ne soutient l'existence est totalement pseudo-scientifique. Cela équivaut à écrire des articles sur la biologie du monstre du Loch Ness, l'écologie des fées ou encore l'énergie des fantômes... A ce niveau là de spéculation, nous sommes presque plus dans une sorte de métaphysique bizarre que dans de la véritable science.