Je confirme, même si j'aurais tendance à penser que ça ne marche plus.Sand a écrit :expérience : tenter d'avoir une bourse d'écrivain en précisant explicitement que c'est pour écrire un livre de SF ou de fantasy.
(ça marche pas)
Du sense of wonder à la SF métaphysique
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- Roland C. Wagner
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« Regarde vers Lorient / Là tu trouveras la sagesse. » (Les Cravates à Pois)
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Eh bien, mon également cher, je crois que je vais te demander de prouver ça, pour une fois.Erion a écrit :Ce que je voulais te suggérer, mon cher, c'est, encore une fois, que tu présentes le terme "la France rationaliste" comme un truc évident, et qui s'opposerait à toute manifestation religieuse ou mystique.
Sauf que c'est faux. Ca n'a JAMAIS été vrai. C'est autrement plus complexe, et la religion positiviste en est un exemple. Mais le culte de l'Etre suprême en était un aussi, et la franc-maçonnerie itou.
Au XIXème, cette pensée mêlée était encore certainement acceptable. Il suffit de lire Balzac ou Hugo. Elle a reculé sous l'effet du positivisme pur (non-religieux) et c'est en réaction à ce recul que s'est noué le travail de Bergson et l'adoration que lui ont vouée un certain nombre d'écrivains (dont Maurras, justement). Mais la première guerre mondiale a à peu près éteint cet élan. Et ne parlons pas de ce qui se passe à partir de 1950, qui est notre sujet. Le monde intellectuel dominé par Sartre ! Je suis sûr que tu vas y trouver une floraison de cultes rendus à l'Etre Scientifique Suprême et de visions eschatologiques.
J'attends ton cours (comme celui de George sur tous ces classiques du mainstream français sur les surhommes et la fin des temps).
En rien. Tout le monde s'en fout. Pour les gens, c'est juste de la science "compliquée", à laquelle ils ne comprennent rien, et dont ils ne veulent pas savoir grand chose non plus, sauf que l'univers est décidément bien mystérieux! Une émission de télé de temps à autre, avec un astrophysicien souriant à la chevelure en bataille, maniant des grandes formules incompréhensibles et se lançant dans quelques métaphores cocasses comparant l'univers à un cake plein de raisins secs, et tout le monde s'esbaudit, pour vite oublier tout cela après. En prime, une petite réflexion d'une autorité religieuse qui vient expliquer que non seulement le bozon n'est pas en contradiction avec les Saintes Ecritures, mais qu'encore aussi bien, Saint Jean y fait allusion dans son Apocalypse.Lem a écrit :
Manifestement, ce type fait partie de ceux que le vocabulaire et les concepts de la science spéculative font disjoncter. Ça lui plaît, il aime ce qu'il ressent, il s'enthousiasme, il décolle…
Maintenant, demande-toi ce que la même perception ("waw, le Big Bang, la matière noire, la mécanique quantique, la géométrie de l'univers, l'ordre caché, c'est de la religion tout ça !"), oui, demande-toi comment un tel percept a pu affecter la réception de la SF ici, dans la bonne vieille France rationaliste ?
Zéro impact sur rien du tout.
Je me demande s'il t'arrive de temps à autre de discuter avec les gens des "grandes questions scientifiques"?
Oncle Joe
- bormandg
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La fin des temps, vu que le thème est automatiquement classé SF même si joué par un anti-SF, pas possible.Lem a écrit : J'attends ton cours (comme celui de George sur tous ces classiques du mainstream français sur les surhommes et la fin des temps).
Le surhomme, tu prends n'importe quel roman sur la 2° guerre mondiale et ceux qui se croyaient des Surhommes (et le reste du monde des sous-hommes). Bon, sans en avoir lu des masses, je suis certain que le côté métaphysique est souvent rappelé dans la plupart. Faudra que je relise Vercors et Merle, déjà.
"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."
On se demande bien pourquoi: il y en avait, pourtant, des occasions de faire tourner les guéridons, pour renouer avec les morts de la Grande Guerre…Lem a écrit :Eh bien, mon également cher, je crois que je vais te demander de prouver ça, pour une fois.Erion a écrit :Ce que je voulais te suggérer, mon cher, c'est, encore une fois, que tu présentes le terme "la France rationaliste" comme un truc évident, et qui s'opposerait à toute manifestation religieuse ou mystique.
Sauf que c'est faux. Ca n'a JAMAIS été vrai. C'est autrement plus complexe, et la religion positiviste en est un exemple. Mais le culte de l'Etre suprême en était un aussi, et la franc-maçonnerie itou.
Au XIXème, cette pensée mêlée était encore certainement acceptable. Il suffit de lire Balzac ou Hugo. Elle a reculé sous l'effet du positivisme pur (non-religieux) et c'est en réaction à ce recul que s'est noué le travail de Bergson et l'adoration que lui ont vouée un certain nombre d'écrivains (dont Maurras, justement). Mais la première guerre mondiale a à peu près éteint cet élan..
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Et je suis certain que les décharges comportent un nombre non négligeable de romans oubliés sur ce thème. Mais de là à aller les exhumer à tittre de démonstration. On m'en a certainement proposé plus d'un, dont j'ai oublié à la seconde le nom de l'auteur et le titre.Lensman a écrit :On se demande bien pourquoi: il y en avait, pourtant, des occasions de faire tourner les guéridons, pour renouer avec les morts de la Grande Guerre…Lem a écrit : Au XIXème, cette pensée mêlée était encore certainement acceptable. Il suffit de lire Balzac ou Hugo. Elle a reculé sous l'effet du positivisme pur (non-religieux) et c'est en réaction à ce recul que s'est noué le travail de Bergson et l'adoration que lui ont vouée un certain nombre d'écrivains (dont Maurras, justement). Mais la première guerre mondiale a à peu près éteint cet élan..
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"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."
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Les deux derniers dossiers CNL pour lesquels j'ai fait une "lettre d'éditeur", sont tous les deux passés.Roland C. Wagner a écrit :Je confirme, même si j'aurais tendance à penser que ça ne marche plus.Sand a écrit :expérience : tenter d'avoir une bourse d'écrivain en précisant explicitement que c'est pour écrire un livre de SF ou de fantasy.
(ça marche pas)
Les projets d'écriture étaient SF et présentés en tant que tel.
GD
Aucun amalgame. Je pointe une incohérence dans la façon dont tu attaques l'hypothèse.Tu lui réserves un traitement systématiquement différentiel, comme quand tu t'en prends à mon usage de "cartésien", qui n'est que celui du dictionnaire.bormandg a écrit :[Ce n'est pas parce que tu pratiques et répètes l'amalgame
Quelle est cette deuxième phrase ?et omets à dessein ma deuxième phrase que ton post acquiert la moindre validité.
"Le déni, c'est de reprocher à la SF d'introduire la science en littérature où, selon M. Rinaldi, elle n'aurait rien à faire. C'est autre chose qu'un rejet de la science et, accessoirement, de son appendice SF.[/quote]
Très bien.
Maintenant, voici le passage en question. Juste en-dessous, je t'en fais une lecture bormangienne :
Voici donc ce que tu dois écrire si tu es consistant avec tes propres positions :On a cent mille fois remarqué que le hasard sert souvent un journaliste. En la circonstance, s'il lui réserve une exclusivité, il n'a pas assuré son bonheur car la lecture confirme le jugement de l'inconnu qui s'est hâté de replacer sa trouvaille dans le circuit, et à Dieu vat... Il n'y a rien qui soit plus aride, plus pauvret et plus obscur en même temps. Un échantillon, quand on pourrait en fournir des dizaines? A propos de la «mise à mort de la morale» (p. 52): «Si la fluidification des comportements requise par une économie développée était incompatible avec un catalogue normatif de conduites restreintes, elle s'accommodait par contre parfaitement d'une exaltation permanente de la volonté et du moi.»
L'ensemble où se mêlent en apparence pour nous bluffer informatique, génétique, clonage, collagène, ADN, «radicaux libres», qui ne sont pas un nouveau parti politique, s'ajoutant aux «protéines et phospholipides complexes impliqués dans le fonctionnement cellulaire», relève, pour l'essentiel, de la science-fiction aux mains d'un chimiste en goguette. Or, le recours à la science-fiction, c'est déjà un signe de faillite chez un romancier. Pas du tout l'accès à une liberté d'imagination plus grande, que l'on suppose puisqu'il est plus facile d'imposer l'arbitraire que d'obtenir du fantastique à partir de l'observation de la psychologie humaine. Laquelle est pourtant inépuisable.
Ce «récit de vie» destiné à nous projeter dans les siècles futurs où règne la «Sœur suprême» par ordinateurs interposés, commence cependant, aujourd'hui, à travers un narrateur, Daniel, numéro 1, car ils se succéderont à l'infini, les Daniel. Grâce à l'ADN «répliquée», mise à l'abri dans un congélateur – quelle erreur ce serait, choisir le bac à légumes – chacun aura la possibilité de ressusciter. A sa vingt-cinquième récidive, Daniel erre sur une planète à l'aspect désolé dont on a «modifié l'axe de rotation». Elle est peuplée de «néo-humains», les individus de l'ancien modèle, qui ont échappé aux expériences en laboratoire, n'étant plus que des gnomes aux borborygmes du Neandertal. On tire sur eux pour s'amuser. N'est-ce pas Cocteau qui a parlé de l'«ennui mortel de l'immortalité»? Au début, Daniel est un comique de cabaret, qui obtient le succès et l'Olympia pour un spectacle intitulé Les Echangistes de l'autoroute. Sa maîtresse, Marie, directrice du magazine Lolita, «où débarquent chaque mois des pétasses toujours plus jeunes et plus arrogantes». Par peur de vieillir, elle se suicide. Esther la remplace. La sexualité, assez souvent réduite aux services de bouche qui semblent obséder l'auteur, est décrite dans un argot de potache, donnant l'occasion de vérifier à nouveau, que l'on n'est pas cru en raison du vocabulaire que l'on utilise, mais de l'art que l'on déploie. Ici, il est inexistant.
"Il n'y a nulle part dans ce texte de phrase hostile à la science ! Il est hostile à la science-fiction, mais ça n'est PAS à cause de la science ! Ce serait même plutôt le contraire. Ce que reproche Rinaldi à Houellebecq, c'est "sa sécheresse, son obscurité, son bluff". C'est écrit "comme un chimiste en goguette" mais on ne peut rien en déduire de ce que Rinaldi pense de la chimie, de la même manière que quand on trouve un texte sur la métaphysique-de-bazar, on ne peut rien en déduire sur la relation à la métaphysique. Si ça se trouve, Rinaldi aime bien la bonne chimie. Et au final, le reproche fait au texte est très clair : il manque d'art ! Ce n'est donc PAS la science que Rinaldi déteste dans la SF, c'est sa pauvreté artistique que le pseudo-vocabulaire scientifique essaie de masquer comme dans un coup de bluff."
… Mais quelque chose me dit que tu ne pousseras pas la cohérence à ce point.
- bormandg
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Merci de cette excellente nouvelle. Il y a peut-être une part de vrai dans l'affirmation lehmanienne de la possible "fin du déni".GillesDumay a écrit :Les deux derniers dossiers CNL pour lesquels j'ai fait une "lettre d'éditeur", sont tous les deux passés.Roland C. Wagner a écrit :Je confirme, même si j'aurais tendance à penser que ça ne marche plus.Sand a écrit :expérience : tenter d'avoir une bourse d'écrivain en précisant explicitement que c'est pour écrire un livre de SF ou de fantasy.
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GD

"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."
- bormandg
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Je te laisse toute la responsabilité de ta vision de ce que je devrais penser si j'étais un de tes personnages. Tu interprètes Rinaldi avec un tel talent...Lem a écrit : Voici donc ce que tu dois écrire si tu es consistant avec tes propres positions :
"Il n'y a nulle part dans ce texte de phrase hostile à la science ! Il est hostile à la science-fiction, mais ça n'est PAS à cause de la science ! Ce serait même plutôt le contraire. Ce que reproche Rinaldi à Houellebecq, c'est "sa sécheresse, son obscurité, son bluff". C'est écrit "comme un chimiste en goguette" mais on ne peut rien en déduire de ce que Rinaldi pense de la chimie, de la même manière que quand on trouve un texte sur la métaphysique-de-bazar, on ne peut rien en déduire sur la relation à la métaphysique. Si ça se trouve, Rinaldi aime bien la bonne chimie. Et au final, le reproche fait au texte est très clair : il manque d'art ! Ce n'est donc PAS la science que Rinaldi déteste dans la SF, c'est sa pauvreté artistique que le pseudo-vocabulaire scientifique essaie de masquer comme dans un coup de bluff."
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"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."
Là, je dois dire que si le terme "science-fiction" peut aider à faire passer un dossier (personne n'est obligé de l'employer, si on a un doute sur les réactions…), on ne peut que sabler le champagne!!!bormandg a écrit :Merci de cette excellente nouvelle. Il y a peut-être une part de vrai dans l'affirmation lehmanienne de la possible "fin du déni".GillesDumay a écrit :Les deux derniers dossiers CNL pour lesquels j'ai fait une "lettre d'éditeur", sont tous les deux passés.Roland C. Wagner a écrit :Je confirme, même si j'aurais tendance à penser que ça ne marche plus.Sand a écrit :expérience : tenter d'avoir une bourse d'écrivain en précisant explicitement que c'est pour écrire un livre de SF ou de fantasy.
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Les projets d'écriture étaient SF et présentés en tant que tel.
GD
Qui a dit que la SF ne se vendait plus???
Oncle Joe
Ce qui est surtout flagrant, dans le texte (stupide) de Rinaldi, c'est qu'il considère que le vocabulaire scientifiquo-technologique (en tout cas, ce qu'il perçoit comme tel) n'a rien à faire dans la littérature. La simple présence de mots techniques ou scientifiques semble être pour lui une marque de laideur. Evidemment, il va avoir du mal avec la SF, et pas seulement avec Houellebecq…Lem a écrit :J'aime assez "Si ça se trouve, Rinaldi aime bien la bonne chimie."bormandg a écrit :Tu interprètes Rinaldi avec un tel talent...
On n'aura pas tout perdu.
Ce qu'il pense de la science (s'il en pense quelque chose…), c'est plus difficile à dire. Ce qui semble sûr, c'est que pour lui, il y a la science d'un côté, et l'art (littérature, ici) de l'autre.
Pour moi, ça, c'est une vraie césure culturelle, une puissante ligne de partage qui ne nourrit pas nécessairement de liens avec les positions philosophiques de celui qui la respecte (s'il en a…).
Oncle Joe
Je n'ai pas saisi le débat, là.Lem a écrit :J'aime assez "Si ça se trouve, Rinaldi aime bien la bonne chimie."bormandg a écrit :Tu interprètes Rinaldi avec un tel talent...
On n'aura pas tout perdu.
L'interprétation de bormandg personnage de lem me paraît tout à fait judicieuse.
Autant le Rinaldi a l'air de détester la SF en général, autant il me paraît délicat de lui attribuer une détestation de la science en elle-même. C'est plutôt le discours technique de la science qui le perturbe, parce qu'il s'agit d'introduire des discours parasites là où, selon sa conception, il ne faudrait que de la peinture psychologique.
Si ça se trouve, il a beaucoup d'amis savants, qui n'aiment pas plus que lui le métissage de la science et de la fiction.
Si tu enlèves "de la Raison" (majuscule comprise) derrière religion, il me semble que tu commets un énorme contre-sens.Lem a écrit :Maintenant, demande-toi ce que la même perception ("waw, le Big Bang, la matière noire, la mécanique quantique, la géométrie de l'univers, l'ordre caché, c'est de la religion tout ça !"), oui, demande-toi comment un tel percept a pu affecter la réception de la SF ici, dans la bonne vieille France rationaliste ?...
La Science est la religion de la Raison.
...
Elles pourraient.Sauf à la fin, les phrases repostées plus haut concernent la science – mais elles pourraient tout aussi bien concerner n'importe quel roman de SF cosmologique. Le truc sur Theillard pourrait être une remarque inspirée par Hyperion. Le truc sur la religion de la science concerner A l'aube des ténèbres.
Pour toi, qui a lu ces livres, qui est capable de les mettre en relation avec des thématiques scientifiques, elles pourraient.
Mais c'est dans ton œil ; pas dans le texte.
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
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