Lem a écrit :Et la qualification M de l'ovni n'est pas sortie de nulle part.

(Oui, je sais, j'ai l'esprit mal tourné.)
Modérateurs : Eric, jerome, Jean, Travis, Charlotte, tom, marie.m
La "métaphysique" non plus. Quand j'entends parler des Ummites, pas la peine d'avoir un diplôme en métaphysique pour trouver que le gars est cinglé.Lem a écrit :Oncle, "métaphysique" n'est pas synonyme de "cinglé".
Et la qualification M de l'ovni n'est pas sortie de nulle part.
Tu ne peux pas éliminer le problème en disant, "oh, tu sais… les gens perçoivent les soucoupistes comme des fous, d'où l'apparition du mot en M". Ça n'explique rien.
Heu… je voulais juste faire remarquer que les histoires de soucoupes volantes étaient perçues comme des histoires de cinglés par le public… je ne crois pas que l'idée d'un quelconque rapport avec la "métaphysique" vienne à l'esprit du public, à propose des soucoupes volantes…Lem a écrit :Oncle, "métaphysique" n'est pas synonyme de "cinglé".
Et la qualification M de l'ovni n'est pas sortie de nulle part.
Tu ne peux pas éliminer le problème en disant, "oh, tu sais… les gens perçoivent les soucoupistes comme des fous, d'où l'apparition du mot en M". Ça n'explique rien.
Désolé, mais le déni a aussi (et presque automatiquement plus encore) porté suir toutes les petites collections: Daniber Science anticipation, Métal, Ditis....Lem a écrit : Le déni a donc porté sur l'image du genre telle que perçue à travers trois collections principales : le Rayon Fantastique, Présence du Futur et Anticipation. C'est d'ailleurs amusant de noter à quel point chacune de ces collections porte un nom mal adapté à sa ligne éditoriale. Le Rayon est "Fantastique" alors qu'il est le plus SF des trois. Présence est "du Futur" alors que c'est là qu'il y a le plus de fantastique. Et "Anticipation", dans ses premières années, transpose pour l'essentiel les schémas du vieux roman scientifique d'avant-guerre avec une prédilection pour les trucs hétéroclites, sans ambition prospective.
No comment.Lem a écrit :Le noyau dur du déni est bien connu et je ne vois aucune raison de le remettre en cause. Je ne le fais pas dans la préface, je ne l'ai pas fait ici, je ne le fais toujours pas. Une littérature intégrant la science était inadmissible pour la critique mainstream. Elle aurait pu susciter l'intérêt des curieux, voire de l'avant-garde (c'est d'ailleurs le sens de l'investissement de Queneau, Le Lionnais et Vian, ainsi que de l'affaire du Nouveau Roman) mais hormis quelques auteurs, Drode en particulier, la SF ne travaillait pas consciemment sur sa propre esthétique à l'époque ; elle se contentait de la produire. Beaucoup de textes (français et traductions) ont été jugés approximatifs : mauvaise réputation littéraire. Les lieux communs sur le système de valeurs impliqué (goût du futur, de la science et de la technique, optimisme et esprit pionnier "typiquement américains") ont également joué.
Tous ces facteurs de déni sont la source des clichés habituels : la SF, ce n'est pas de la littérature. La SF, c'est mal écrit. La SF, c'est les Américains.
En fait, tu mélanges tout simplement la notion de métaphysique et l'attitude antimétaphysique de certains penseurs (pas ceux qui fourniront le gros des dénieurs de la SF, d'ailleurs) avec l'attribut manque de sérieux appliqué à une métaphysique "de-métaifiée", c.a.d. privée de la distanciation que l'attribut philosophique lui aurait donné. Ce qu'on reproche à l'apparition en science-fiction de thèmes connus en métaphysiques, parfois abandonnés par icelle du fait de leur reformulation pratique (immortalité physique, résurrection, fin du monde, par exemple), c'est déjà inclus dans les trois dénis que tu reconnais. Et ta thèse n'ajoute abslment pas une variable nouvelle au problème.Lem a écrit :Le parfum MR émis par le genre tel qu'il était représenté alors continue de me sembler un facteur de déni non encore repéré avant ce fil. Il heurtait de plein fouet le rationalisme et l'esprit anti-métaphysique de l'époque. Je pense qu'il est la source du cliché déniant "SF = un truc impossible, qui ne peut pas arriver = fumeux = n'importe quoi (au point que le sigle a finalement été utilisé comme un synonyme de cette acception). Là où mon analyse s'est enrichie grâce au fil, c'est dans la possibilité de mettre cette perception en parallèle avec "la SF n'est pas sérieuse sur le plan scientifique". Source vraisemblable : les textes réifiant effectivement des images MR, les textes à base de "super-science", les textes hétéroclites, les textes non-strictement-SF (fantasy au sens large et fantastiques) pourtant publiés sous le label donc brouillant sa perception.
L'Affaire Planète, qui commence au début des années 60, a sans doute contribué à renforcer une partie de cette perception biaisée.
Assez intéressant, et d'une certaine façon la reconnaissance de l'aspect métaphysique de toute littérature, non? Sauf peut-être de la SF puisque l'auteur ne la cite jamais.Lem a écrit :Houla. Intéressant !
Voilà ce que c'est que de lire trop vite. C'est comme pour ta liste que j'attends toujours.bormandg a écrit :Assez intéressant, et d'une certaine façon la reconnaissance de l'aspect métaphysique de toute littérature, non? Sauf peut-être de la SF puisque l'auteur ne la cite jamais.Lem a écrit :Houla. Intéressant !
On trouve, à titre d’exemple, l’expression de ce fantasme d’une métaphore idéale, sous une forme pure, naïve et sans retenue, dans un roman de science-fiction de Fabrice Colin [9] :
« Tout est jeu. [...] C’est la mécanique du monde. Métaphore idéale, le jeu d’échecs, revu et corrigé par l’auteur, conçoit l’univers comme une grille quadrillée, un champ de bataille éternel [10]. »
L’idée de trouver une métaphore unique susceptible d’évoquer l’univers entier est associée à une volonté de maîtrise.
(…)
Le préjugé laplacien implique la mise en scène vertigineuse et apaisante d’un héros surhumain, d’une intelligence supérieure, incarnation d’un fantasme irrépressible de maîtrise. Il n’est pas choquant de trouver dans la science-fiction des mises en scène conformes à ce préjugé, étant donné que ce genre correspond plutôt à un imaginaire des mondes impossibles qu’à un univers d’anticipation, nuance que Jacques Goimard souligne souvent dans ses définitions du genre. La comparaison du monde avec l’horloge, le jeu d’échecs, le théâtre semble pertinente mais que se passe-t-il lorsqu’elle déborde le cadre de la science-fiction ? N’y a-t-il pas impropriété ?
Juste un détail que je n'ai pas encore vu citer sur Queneau: il a traduit, en 1947, un roman de Sinclair Lewis, Impossible ici, proche du Talon de fer de London: une anticipation qui (écrite en 1937), montre une Amérique nationaliste, quasi-nazie. Breg, une oeuvre de science-fiction hors étiquette incontestable. Il serait intéressant de retrouver des commentaires qu'il aurait pu écrire sur ce livre, ou sur les rapports du dit livre avec la SF.silramil a écrit :C'est marrant, la liste des titres signalés par Queneau est exactement celle qui est attribuée à Pilotin. Ils se connaissaient, donc ça n'a rien d'étonnant. (merci pour la référence!)
cela dit, l'intérêt de Queneau pour la SF est indéniable, et je en conteste pas sa compétence... mais ses objectifs : il s'y intéresse mais ne cherche pas à la promouvoir après son lancement initial.
Au temps pour moi pour la 2° partie de ma remarque, je maintiens la première..Lem a écrit :Voilà ce que c'est que de lire trop vite. C'est comme pour ta liste que j'attends toujours.bormandg a écrit :Assez intéressant, et d'une certaine façon la reconnaissance de l'aspect métaphysique de toute littérature, non? Sauf peut-être de la SF puisque l'auteur ne la cite jamais.Lem a écrit :Houla. Intéressant !
On trouve, à titre d’exemple, l’expression de ce fantasme d’une métaphore idéale, sous une forme pure, naïve et sans retenue, dans un roman de science-fiction de Fabrice Colin [9] :
« Tout est jeu. [...] C’est la mécanique du monde. Métaphore idéale, le jeu d’échecs, revu et corrigé par l’auteur, conçoit l’univers comme une grille quadrillée, un champ de bataille éternel [10]. »
L’idée de trouver une métaphore unique susceptible d’évoquer l’univers entier est associée à une volonté de maîtrise.
(…)
Le préjugé laplacien implique la mise en scène vertigineuse et apaisante d’un héros surhumain, d’une intelligence supérieure, incarnation d’un fantasme irrépressible de maîtrise. Il n’est pas choquant de trouver dans la science-fiction des mises en scène conformes à ce préjugé, étant donné que ce genre correspond plutôt à un imaginaire des mondes impossibles qu’à un univers d’anticipation, nuance que Jacques Goimard souligne souvent dans ses définitions du genre. La comparaison du monde avec l’horloge, le jeu d’échecs, le théâtre semble pertinente mais que se passe-t-il lorsqu’elle déborde le cadre de la science-fiction ? N’y a-t-il pas impropriété ?
Je parlais seulement de la perception des histoires des soucoupes volantes, par le grand public, de la manière dont c'est présenté dans les médias (dont sont traités les "témoignages", par exemple), et reçu dans le public, pas d'autre chose. Il est aussi intéressant d'assister à quelques réunions d'"amateurs" de soucoupes, cela permet de mieux voir l'état des lieux, pour ce qui est du monde des "croyants" en ce "phénomène".Lem a écrit :Le phénomène est donc perçu comme folie "pure" et l'objet qui la suscite n'a aucune importance ?
Son association systématique avec d'autres sujets barjos n'est pas perçue non plus ?
Il n'y a eu aucun texte présentant les anciens astronautes comme des dieux ?
Nul n'a jamais prétendu non plus qu'elles venaient de l'Atlantide ?
Elles ne sont jamais associées à des expériences mystérieuses sur les pouvoirs psychiques ? A des cercles d'initiés, etc ?
Les textes de SF hétéroclites ne font jamais cette association ?
Le matin des magiciens n'a eu aucun écho ?
L'union rationaliste n'a pas jugé bon de lui répondre en précisant "C'est à ce système de pensée (magique) qu'appartiennent tous les ritualismes, la magie, l'astrologie et toutes sortes d'autres croyances ou pratiques dont le nom comporte souvent préfixes para- et méta-"
La revue planète n'a pas allègrement tout mélangé à la recherche d'une "réalité supérieure" ?
Des sectes exploitant ouvertement l'aspect R du phénomène n'ont pas existé ?
Jung n'a jamais écrit Un mythe moderne en 1958 ?
En somme, tout ce qu'on devrait pouvoir trouver, ce sont des textes psychiâtriques examinant cliniquement cette folie et il n'y a rien, vraiment rien, qui ait pu contribuer au classement des ovnis dans la métaphysique populaire à côté des autres thèmes MR ?
J'ai dû me tromper de monde…
Je dirais plutôt une politique-fiction: c'est de l'anticipation à très court terme, en rapport direct avec la situation politique du temps.bormandg a écrit :Juste un détail que je n'ai pas encore vu citer sur Queneau: il a traduit, en 1947, un roman de Sinclair Lewis, Impossible ici, proche du Talon de fer de London: une anticipation qui (écrite en 1937), montre une Amérique nationaliste, quasi-nazie. Breg, une oeuvre de science-fiction hors étiquette incontestable. Il serait intéressant de retrouver des commentaires qu'il aurait pu écrire sur ce livre, ou sur les rapports du dit livre avec la SF.silramil a écrit :C'est marrant, la liste des titres signalés par Queneau est exactement celle qui est attribuée à Pilotin. Ils se connaissaient, donc ça n'a rien d'étonnant. (merci pour la référence!)
cela dit, l'intérêt de Queneau pour la SF est indéniable, et je en conteste pas sa compétence... mais ses objectifs : il s'y intéresse mais ne cherche pas à la promouvoir après son lancement initial.
Parce qu'ils ne sont pas l'objet du même déni, évidemment. Cervantès est mort.Aldaran a écrit : Mais pourquoi les romans historiques ne sont-ils pas catalogués comme conneries au même titre que la SF, alors ?
Toutafé, comme Valai!... que je citais une autre fois. Mais techniquement et fondamentalement c'est de la SF hors étiquette.Lensman a écrit :Je dirais plutôt une politique-fiction: c'est de l'anticipation à très court terme, en rapport direct avec la situation politique du temps.bormandg a écrit :Juste un détail que je n'ai pas encore vu citer sur Queneau: il a traduit, en 1947, un roman de Sinclair Lewis, Impossible ici, proche du Talon de fer de London: une anticipation qui (écrite en 1937), montre une Amérique nationaliste, quasi-nazie. Breg, une oeuvre de science-fiction hors étiquette incontestable. Il serait intéressant de retrouver des commentaires qu'il aurait pu écrire sur ce livre, ou sur les rapports du dit livre avec la SF.silramil a écrit :C'est marrant, la liste des titres signalés par Queneau est exactement celle qui est attribuée à Pilotin. Ils se connaissaient, donc ça n'a rien d'étonnant. (merci pour la référence!)
cela dit, l'intérêt de Queneau pour la SF est indéniable, et je en conteste pas sa compétence... mais ses objectifs : il s'y intéresse mais ne cherche pas à la promouvoir après son lancement initial.
Oncle Joe
C'est vrai, Fontenelle est un auteur récent. Et ses Entretiens sur la pluralité des mondes n'ont jamais été jugé scientifiquement intéressantsLem a écrit :Ça ne fait pas longtemps que les ET sont perçus (pas "sont" ; "sont perçus") comme une question scientifique valide.silramil a écrit :ce serait la présence d'extraterrestres dans la perception de la SF, mêlée à celle des OVNI, qui serait responsable, parce que les ET sont associés à la métaphysique, du déni de la SF?
Réfléchir à ce que pourraient être des extraterrestres, c'est une chose. Penser qu'ils nous rendent visite en soucoupes volantes, c'est est une autre, extrêmement différente.bormandg a écrit :C'est vrai, Fontenelle est un auteur récent. Et ses Entretiens sur la pluralité des mondes n'ont jamais été jugé scientifiquement intéressantsLem a écrit :Ça ne fait pas longtemps que les ET sont perçus (pas "sont" ; "sont perçus") comme une question scientifique valide.silramil a écrit :ce serait la présence d'extraterrestres dans la perception de la SF, mêlée à celle des OVNI, qui serait responsable, parce que les ET sont associés à la métaphysique, du déni de la SF?