Du sense of wonder à la SF métaphysique

Modérateurs : Eric, jerome, Jean, Travis, Charlotte, tom, marie.m

Gérard Klein
Messages : 1595
Enregistré le : ven. oct. 06, 2006 6:06 pm
Localisation : En face de la Fac Jussieu

Message par Gérard Klein » ven. mars 05, 2010 12:36 am

silramil a écrit :Tu as déjà partiellement répondu à cette objection, mais je trouve important de rappeler que Däniken, le sujet principal de Stoczowsci si j'ai bien compris (et dont il fait la généalogie) a commencé à sévir à la fin des années 60.

Quant au Matin des Magiciens, il me semble qu'on peut l'interpréter comme une tentative d'OPA des hétéroclites sur la SF (en détournant ce pauvre Bergier...). Et vu qu'elle a raté complètement, ça tend à indiquer selon moi que le lien entre SF et soucoupes n'était pas bien fort avant.

Il ne faut pas exagérer l'importance des forces en jeu.
Les promoteurs de la Sf, c'est une quinzaine de personne, avec 10 000 lecteurs en France, bon an mal an, pendant les années 50.
Les fans de soucoupes, c'est une poignée d'illuminés, sans tribune régulière nette avant le Matin des Magiciens. (en toute honnêteté, je dois indiquer qu'on trouve des trucs grâtinés dans le premier Galaxie, sous la plume essentiellement de Jimmy Guieu... mais galaxie, c'est un navire en perdition à ce moment-là).

Et autour de ces agités, des millions de personnes qui n'y connaissent rien, mais se disent que ce n'est pas bien sérieux tout ça.
Sous réserve de ce que je mettrai dans ma conclusion que l'évolution de ce fil retarde et décourage de plus en plus, Jacques Bergier était un adversaire convaincu et forcené des OVNI, et du reste on n'en trouve pas traces dans le Matin et guère dans Planète, mis à part Aimé Michel que j'ai connu et qui était quelqu'un de toute à fait singulier, intéressant et assez allumé. J'ai fréquenté quelques soucoupistes parmi les réputés les plus sérieux et leur rapport à la science-fiction était nul. Laissons de côté Jimmy Giueu dont l'influence était négligeable hors lecteurs du FN. Donc ne voyons pas des causes là ou il n'y en a jamais eu sauf à apporter des preuves solides, ce qui me semble extrêmement difficile, pour avoir été un observateur et un acteur de l'époque. Ou alors on peut aussi prétendre qu'Uri Geller a joué un rôle dans le déni-rejet de la sf. Et pourquoi pas les miracles de Lourdes…

Ce qui est au demeurant intéressant, c'est que les tenants de la parapsychologie et des ovnis dans la presse de caniveau et à la télévision de même niveau ont toujours pris soin de préciser, souvent lourdement, que ce n'était pas de la science-fiction.
Dont acte.
Mon immortalité est provisoire.

Gérard Klein
Messages : 1595
Enregistré le : ven. oct. 06, 2006 6:06 pm
Localisation : En face de la Fac Jussieu

Message par Gérard Klein » ven. mars 05, 2010 12:52 am

Roland C. Wagner a écrit :
Lem a écrit :
Lensman a écrit :Quand j'étais gosse, j'étais très impressionné par la dalle de Palenque, dont Charroux ou Tarade expliquaient qu'elle représentait un cosmonaute dans une fusée stylisée.
Je voudrais bien que l'on m'explique ce qu'il y avait de métaphysique là dedans.
C'est à peu près comme si tu demandais à propos de Notre Dame ou des pyramides : j'ai été très impressionné par toutes ces chambres des morts et ces visages de Saints grimaçants. Mais qu'est-ce qu'il y a de métaphysique ?
Ce qui est, est réel.
Ça, Roland, c'est un point du vue métaphysique.
Mon immortalité est provisoire.

Gérard Klein
Messages : 1595
Enregistré le : ven. oct. 06, 2006 6:06 pm
Localisation : En face de la Fac Jussieu

Message par Gérard Klein » ven. mars 05, 2010 1:10 am

Sand a écrit :
Lensman a écrit :Or, je pense que les gens qui croient à l'existence de Cthulhu sont tout de même très, très peu nombreux…
Oncle Joe
et très, très atteints.

non statistiquement significatifs pour qualifier "les lecteurs", sur quelque critère que l'on se base (le nombre ou la représentativité de l'échantillon)

Il y a une séparation entre essai (ou document) et fiction, et pas que dans l'esprit des lecteurs, sinon tout serait publié en vrac et BHL ne passerait pas en ce moment pour le dernier des crétins.

Ceci dit, je veux bien croire qu'une partie non négligeable des clients du rayon Esotérisme / Religieux confondent allègrement réalité et fiction.

(tiens d'ailleurs, dans une rue proche de mon premier studio parisien, il y avait une librairie "spirituelle" : on y trouve des machins genre "les fleurs de Bach", les ouvrages de gemmologie, les elixirs du suédois et les cristaux à onde positive. Quelqu'un pour m'accompagner regarder s'ils ont de la SF ?)
Cthulhu, moi, j'y crois, et j'ai même tenté de montrer dès 1969 que c'était une réification du Grand Capital Monopolistique.
Mon immortalité est provisoire.

Lem

Message par Lem » ven. mars 05, 2010 1:49 am

Erion a écrit :[Hm, manifestement, tu n'es pas un fan de Star Wars.
Oh, j'aime bien la trilogie originelle, aucun problème. "Fan", non, mais client.
Non pas que tu aies foncièrement tort sur ton interprétation de la Force, mais tu oublies que Lucas a fait exploser tout ça avec sa préquelle.
Tu as raison. En fait, j'oublie toujours la préquelle, cette merde. Pour moi, SW, c'est les épisodes IV, V, VI, point final.
Le fait est, en fait, que la Force n'est pas expliquée, pour la raison assez simple : on s'en fout.
Totalement d'accord. Mais ça vaut pour beaucoup de récits SF. Qui se soucie de savoir "d'où vient Dieu" dans la nouvelle de Chiang maint fois citée ? Le nerf du récit, c'est les conséquences logiques de la réification.
C'est là que les midichlorians interviennent et foutent tout ça en l'air. Non seulement, les micro-organismes dans le corps remettent en cause toute la vision holistique d'origine (comment des petites cellules tiennent l'univers debout, vaste mystère, et comment ça décide du bon ou du mauvais côté, wtf ????), mais en plus, elles répondent à une question que personne ne se posait. Pour à la fin... n'avoir aucun impact sur l'histoire.
C'est peut-être un geste de GL pour Oncle ? "Special decidace to the one guy who really cares about scientific plausibility. And – guess what. He's french !"
quote]

Avatar du membre
silramil
Messages : 1836
Enregistré le : sam. oct. 18, 2008 8:45 am

Message par silramil » ven. mars 05, 2010 2:05 am

Lem a écrit :En fait, j'oublie toujours la préquelle, cette merde. Pour moi, SW, c'est les épisodes IV, V, VI, point final.
Yep.

Lem

Message par Lem » ven. mars 05, 2010 2:27 am

silramil a écrit :[
Le point de départ de l'hypothèse, c'est que la SF s'est présentée elle-même, lors de sa réintroduction en France, comme – basiquement – la littérature de la science et du futur. Avec l'argument de la modernité thématique (et, éventuellement, formelle). Sa réception s'est faite à partir de cette image univoque, qui est toujours en circulation aujourd'hui.
"elle-même" ?
Ceux qui l'ont introduite sur le marché français. Les créateurs du premier discours critique/publicitaire. C'est raccord avec ton ok.
Je passe sur les malentendus et déceptions qui se sont produits par comparaison de la réalité avec cette image : ils sont la sources des dénis connus.
Soit.
L'hypothèse M s'ajoute donc à d'autres, qui mettent en valeur la différence entre réalité et "prévision" SF. (= on nous promet le futur, on nous donne des fantasmes - résumé personnel).
Pas seulement. Et sans lien avec M. Une source de déception a dû être, je crois, la non-concordance du texte SF par rapport à son mythe introductif de "littérature du futur". C'est le bref épisode du Nouveau Roman qui m'inspire ça – et aussi l'expérience de Drode et ses propres critiques sur la pauvreté du texte sf ordinaire, le caractère conventionnel de la narration, souvent, etc. Je crois que pour un critique (un lettré) français de cette époque, l'idée de modernité devait obligatoirement se traduire par un impact sur la forme, une ambition et une conscience spéciale dans le travail du texte. Ceux qui ont lu les livres n'y ont pas trouvé ce qu'ils espéraient. Il y avait quand même de quoi faire mais ils ne l'ont pas vu. Naissance de la réputation "c'est mal écrit". "C'est de la littérature de gare", etc.
L'hypothèse M ajoute une variable cachée aux sources de déni déjà connues, rappelle-toi.
Spécifiquement sur M :
– réception lettrée (construite très peu à partir de la lecture réelle des textes à mon avis, beaucoup plus à partir de l'image générale du genre telle qu'on pouvait la déduire des infos para-éditoriales disponibles) : la SF est un fourre-tout essentiellement axé sur le sensationnel, plutôt naïf et réac dans ses thèmes, voire carrément régressif et ésotérique (les demi-dieux, les batailles cosmiques, les surhommes, l'Atlantide, les pouvoirs psychiques, les soucoupes volantes ???)
cela me paraît excessif, comme je l'ai déjà mentionné, mais il n'est pas question ici de relancer le débat.
Je note donc que l'hypothèse M, en ce qui concerne la réception lettrée, consiste à postuler que la proximité des thèmes avec les hétéroclites a fait pencher négativement la balance pour la SF.
c'est donc parce qu'elle ressemblait aux hétéroclites que la SF a subi un discrédit.
Ton résumé ad post est trop radical mais c'est parce que mon expression n'est pas assez fine. C'est la partie de l'intuition qui est la plus difficile à exprimer – et je sens que ça ne va pas être mieux ce soir.
On parle ici des lettrés qui ne lisent pas, ou ne font au mieux que survoler les livres. Parmi eux, beaucoup sont repoussés par la science, tout simplement. Par la réputation "genre scientifique". J'imagine que ça ne pose pas de problème. Beaucoup le sont aussi sans doute par le caractère tapageur des collections (sauf PdF). Si la réputation "c'est mal écrit" commence à circuler, il est peu probable qu'ils fassent l'effort d'aller plus loin que le survol, sauf livre spécialement signalé comme Les chroniques martiennes. On est face à un jugement en bloc, qui ne trie pas dans les sources de rejet. Mais je pense qu'en dehors de tous ces facteurs, la teneur "étonnamment M" (pour un genre réputé moderne, futuriste et scientifique) devait être perceptible. La vraie question, au fond, est peut-être : "qu'était la modernité littéraire pour un lettré des années 50-60" ? Je ne suis pas sûr de la réponse mais je ne pense pas que les signaux M émis par le genre aient eu place dans cette modernité. C'est donc à la fois plus simple et plus complexe que la simple réaction aux trucs hétéroclites.
Mais j'admets que je n'arrive pas à faire partager, à exprimer correctement cette intuition.
– réception scientifique (peut-être plus encline à lire réellement ?) : beaucoup de science fausse, beaucoup de pseudo-science, beaucoup d'objets métaphysiques et religieux n'ayant strictement rien à voir avec la science. (Mêmes objets).
Puisque l'hypothèse M n'implique pas d'invoquer un processus de comparaison entre réalité et prévision SF, je détecte une contamination de deux aspects ici (science fausse et pseudo-science n'ont rien à voir avec l'hypothèse M).

Ce que je note pour l'hypothèse M, c'est que la réception scientifique aurait été négative en raison de l'identification d'objets métaphysiques et religieux.

Je remarque au passage que la réception lettrée est considérée sous l'angle des représentations mal informées (une mauvaise doxa), tandis que la réception scientifique dispose de bonnes représentations (elle identifie des sujets M dans les textes), mais elle les critique.

Les deux sont donc convergentes : ce que les lettrés croient deviner dans la SF, les scientifiques l'y trouvent.
Oui, on pourrait le dire comme ça. Se souvenir du type de l'unesco dans les années 50 sur la "bonne SF" (scientifiquement sérieuse, voire pédagoqique) et l'autre, plus que douteuse, qui tente de fourguer sous le nom "science" des choses qui n'en sont pas. Les mauvaises réputations s'accumulent. Pas de la littérature (il y a de la science dedans). Mal écrit. Littérature de gare. Réac et "naïvement métaphysique". Pas sérieuse scientifiquement. Ça fait beaucoup.
– réception institutionnelle : ? (En 1950, je ne sais pas ce que c'est.)
l'attribution d'un prix, la mise en marche d'étude universitaires, la promotion médiatique...
Mais bon, c'est vrai que l'hypothèse M n'a pas beaucoup de rapport avec cette réception, qui est de second degré.
On passe alors.
– réception populaire : hormis les lecteurs de SF eux-mêmes (dont j'ignore le nombre et la sociologie dans les années 50), j'imagine que le terme science-fiction est finalement très peu associé à la littérature. J'imagine que beaucoup de gens ne savent même pas que c'est une littérature. Je pense que la plus grande chance statistique d'entendre prononcer le mot est assez vite dans son association avec le thème des soucoupes volantes et par généralisation, dans son usage synonymique de "un truc impossible, vaguement ridicule, qui n'est pas réel et ne peut pas arriver"). Dans cette représentation, il y a certainement un élément de métaphysique populaire qui entre en compte.
Houlà, je tique sur l'emploi de métaphysique populaire.
Je croyais avoir compris que "métaphysique populaire" renvoyait à une certaine forme de métaphysique, et non à "nom que l'on donne à la métaphysique quand c'est le bas peuple qui la pratique".
C'est le cas. Je range sans problème la plupart des hétéroclites dans la "Métaphysique populaire".
Mais revenons à l'hypothèse M
Demain, pour moi.

Mais je réponds quand même à cette question :
Les gens qui ont, eux, apprécié la SF, l'ont-ils fait en dépit de leur répugnance pour des sujets à saveur métaphysique ? en raison de leur goût pour des sujets à saveur métaphysique ?
Mon histoire perso : pour moi, ça a toujours été l'expérience SF la plus intense, l'essence même du sense of wonder. Gosseyn qui similarise à la vingtième décimale. Ben Reich à genoux dans le néant devant L'homme sans visage. L'apothéose finale d'Ubik. Les visions prophétiques dans Dune. La Perte en Ruaba. Je l'ai dit très vite sur le fil : l'hypothèse est aussi née de cet étonnement : pourquoi, alors que je crois être le basique athée-de-gauche-rationaliste, j'aime tellement tous ces trucs-là ? Pourquoi j'adore lire sous forme de fiction ce qui m'arrache les yeux dans les essais barjos ?
J'adore la SF pour ça, essentiellement. Pour cette capacité à mettre en scène, à donner à vivre des situations "ultimes" qui engagent la nature même de la réalité. Et je pense comme toi que c'est le cas de beaucoup de lecteurs.

Mais je crois aussi qu'il y a beaucoup de gens qui ne veulent pas de ce vertige – qui le craignent, en détestent jusqu'à l'idée. Et il y en a aussi beaucoup qui le trouvent ridicule, enfantin. Je n'en aurais pas fait une hypothèse sur le déni mais, en me réintéressant à l'histoire de la philosophie au XXème siècle, je me suis rendu compte que cette émotion était précisément celle de la spéculation métaphysique (et aussi religieuse) et que, jusque très récemment, elle a été jugée à la fois nocive ("les hallucinés de l'arrière-monde", Nietzsche) ou vaguement ridicule ("l'ivresse des gouffres, etc."). Le tilt s'est fait comme ça.

Lem

Message par Lem » ven. mars 05, 2010 2:45 am

Je ne cite que la fin du post de Silmaril répondant désespérément à Oncle sur la force (M ou pas ? Bonne chance, S).
silramil a écrit :dire de la Force qu'elle est un objet métaphysique ne signifie pas qu'elle n'est que métaphysique. Je suis partisan de l'analyse multi-entrée - on essaie un max de clefs et on voit ce qui colle).
On devrait se concentrer sur cet exemple. On devrait vraiment essayer de comprendre. Si on parvenait à décrire correctement ce qui se passe avec la Force, je crois qu'on aurait gagné quelque chose qu'on cherche en vain depuis 620 pages.

Lem

Message par Lem » ven. mars 05, 2010 2:49 am

Lensman a écrit :Moi, je veux bien. Mais dans ce cas, je vois plutôt "Star Wars" comme de la Fantasy.
C'est un monde dans lequel il n'y a aucune espèce d'interrogation sur la Force, personne ne dit: "C'est quoi, ces conneries?", comme on dit dans le monde normal, quand il y a des miracles.
Personne ne le dit parce que dans ce monde-là, ce ne sont pas des conneries. Ce sont des miracles pour nous. Pas pour les personnages qui vivent dans un monde holistique – dans une métaphysique réifiée.
Le monde de "Star Wars" est un monde merveilleux, à ce compte
Disons, merveilleux-scientifique. Disons un monde de science-fiction. (Tu croyais vraiment que tout était scientifique dans la SF ?)

Avatar du membre
Lensman
Messages : 20391
Enregistré le : mer. janv. 24, 2007 10:46 am

Message par Lensman » ven. mars 05, 2010 9:35 am

Lem a écrit :
Lensman a écrit :Moi, je veux bien. Mais dans ce cas, je vois plutôt "Star Wars" comme de la Fantasy.
C'est un monde dans lequel il n'y a aucune espèce d'interrogation sur la Force, personne ne dit: "C'est quoi, ces conneries?", comme on dit dans le monde normal, quand il y a des miracles.
Personne ne le dit parce que dans ce monde-là, ce ne sont pas des conneries. Ce sont des miracles pour nous. Pas pour les personnages qui vivent dans un monde holistique – dans une métaphysique réifiée.

Le monde de "Star Wars" est un monde merveilleux, à ce compte
Disons, merveilleux-scientifique. Disons un monde de science-fiction. (Tu croyais vraiment que tout était scientifique dans la SF ?)
Quand tu mets un trait d'union à "merveilleux-scientifique", je suppose que tu veux distinguer de "merveilleux scientifique". Dans le second cas, cela voudrait dire que la spéculation (scientifique au sens large) provoque l'étonnement, l'admiration, l'interrogation, etc., .
Dans le premier cas, je comprends juxtaposition entre conjecture scientifique (au sens large) et "merveilleux", mais merveilleux au sens "féerie".
Oui, dans un texte de SF, tout ce qui fait que c'est de la SF est scientifique, au sens large, c'est-à-dire qu'il s'agit de spéculations, qui peuvent être tout à fait farfelues, sur les sciences, toutes les sciences.
C'est un peu comme si tu demandais: "tu crois vraiment que tout est historique dans le roman historique", ou "tout est réaliste dans le roman réaliste", etc.
Les prophéties, le messianisme, etc, ça fait partie du monde, c'est sociologique, et cela me paraît un excellent sujet de conjecture.

Pour le cas de 'Star Wars", j'avoue que j'y vois beaucoup de SF, certes, mais plutôt comme composante d'un décors que pour raconter une histoire de SF. C'est évidemment de la SF, mais pas au cœur de ce qui en fait l'intérêt. C'est plutôt une récupération d'une certaine imagerie,de la SF (en fait, de plusieurs imageries de tendances de la SF assez différentes).
Je pense d'ailleurs que si le film a marché, c'est aussi parce que cette imagerie était, depuis que la SF existe de manière visible par le public, intégrée par ce dernier, au moins à un certain niveau. Le film a joué sur des images connues, mais présentées avec un grand sens du spectacle, et avec une histoire simple mais séduisante pour les adolescents.
Malheureusement, ça en fait un film merveilleux avec de la SF, plus qu'un film de SF.

Maintenant, quand tu dis:
"Personne ne le dit parce que dans ce monde-là, ce ne sont pas des conneries. Ce sont des miracles pour nous. Pas pour les personnages qui vivent dans un monde holistique – dans une métaphysique réifiée"
je ne vois pas du tout ce qui distinguerait un monde de fiction avec "métaphore réifiée" d'un monde de Fantasy. Cela pourrait pratiquement être une définition de la Fantasy, de la manière dont tu le présentes. Où serait alors la différence entre SF et Fantasy?

Oncle Joe
Modifié en dernier par Lensman le ven. mars 05, 2010 10:25 am, modifié 6 fois.

Avatar du membre
Erion
Messages : 5025
Enregistré le : sam. oct. 21, 2006 10:46 am

Message par Erion » ven. mars 05, 2010 9:37 am

Star Wars, c'est pas de la SF, c'est de la Sci-Fi.
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
http://melkine.wordpress.com/

Avatar du membre
Lensman
Messages : 20391
Enregistré le : mer. janv. 24, 2007 10:46 am

Message par Lensman » ven. mars 05, 2010 9:50 am

Je reviens aussi sur les questions de légitimation culturelle.
"Star Wars" n'est pas légitimé? Il me semble que, médiatiquement, l'accueil est plutôt large, qu'il y a un beau paquet d'études sur ce cinéma, notamment universitaires… légitimation au second degré? C'est vite dit. Ce serait quoi, au premier degré?
Que veut dire légitimation culturelle, finalement? considère-t-on que le cinéma de SF, à supposer que "Star Wars" en serait un exemple prestigieux, est légitimé?
Oncle Joe
Modifié en dernier par Lensman le ven. mars 05, 2010 10:15 am, modifié 1 fois.

Avatar du membre
Lensman
Messages : 20391
Enregistré le : mer. janv. 24, 2007 10:46 am

Message par Lensman » ven. mars 05, 2010 10:10 am

Lem a écrit :Je ne cite que la fin du post de Silmaril répondant désespérément à Oncle sur la force (M ou pas ? Bonne chance, S).
silramil a écrit :dire de la Force qu'elle est un objet métaphysique ne signifie pas qu'elle n'est que métaphysique. Je suis partisan de l'analyse multi-entrée - on essaie un max de clefs et on voit ce qui colle).
On devrait se concentrer sur cet exemple. On devrait vraiment essayer de comprendre. Si on parvenait à décrire correctement ce qui se passe avec la Force, je crois qu'on aurait gagné quelque chose qu'on cherche en vain depuis 620 pages.
A partir de la notion de Force dans "Star Wars"? Comme représentatif de ce qui se passe dans la science-fiction? On ne pourrait pas plutôt revenir à Jack Kirby, que je préfère?
Oncle Joe

Avatar du membre
silramil
Messages : 1836
Enregistré le : sam. oct. 18, 2008 8:45 am

Message par silramil » ven. mars 05, 2010 10:27 am

Lem : merci pour tes précisions. Je pense que tu as pris la mesure de ce qui nous rapproche et nous sépare - accord, en gros, sur le "vertige métaphysique" de la SF, mais problème quant au diagnostic du déni/rejet.

Pour clarifier ce problème, j'attends encore tes précisions sur métaphysique "savante" et SF, notamment. (parce qu'honnêtement, ce n'est pas clair du tout, le rapport entre les 2 métaphysiques et la SF, sans parler des hétéroclites).

Dans l'ensemble, et pour ce que je perçois des arguments opposés ici et là, l'hypothèse M paraît tour à tour trop insignifiante pour mériter qu'on en fasse une quelconque variable du déni, ou trop radicale pour être acceptable lorsque tout d'un coup elle permet d'expliquer toute la SF. De ton côté, tu cherches tellement à la valoriser que tu as tendance à faire flèche de tout bois. J'espère qu'après 600 pages, on va arriver à rendre toutes ses proportions à la question.

Avatar du membre
Erion
Messages : 5025
Enregistré le : sam. oct. 21, 2006 10:46 am

Message par Erion » ven. mars 05, 2010 10:31 am

Lensman a écrit : Pour le cas de 'Star Wars", j'avoue que j'y vois beaucoup de SF, certes, mais plutôt comme composante d'un décors que pour raconter une histoire de SF. C'est évidemment de la SF, mais pas au cœur de ce qui en fait l'intérêt. C'est plutôt une récupération d'une certaine imagerie,de la SF (en fait, de plusieurs imageries de tendances de la SF assez différentes).
Je pense d'ailleurs que si le film a marché, c'est aussi parce que cette imagerie était, depuis que la SF existe de manière visible par le public, intégrée par ce dernier, au moins à un certain niveau. Le film a joué sur des images connues, mais présentées avec un grand sens du spectacle, et avec une histoire simple mais séduisante pour les adolescents.
Malheureusement, ça en fait un film merveilleux avec de la SF, plus qu'un film de SF.
Star Wars : "empreinte de la SF". On voit les traces, les contours, mais y'a pas la chaussure ?
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
http://melkine.wordpress.com/

Avatar du membre
Lensman
Messages : 20391
Enregistré le : mer. janv. 24, 2007 10:46 am

Message par Lensman » ven. mars 05, 2010 10:37 am

silramil a écrit :Lem : merci pour tes précisions. Je pense que tu as pris la mesure de ce qui nous rapproche et nous sépare - accord, en gros, sur le "vertige métaphysique" de la SF, mais problème quant au diagnostic du déni/rejet.

Pour clarifier ce problème, j'attends encore tes précisions sur métaphysique "savante" et SF, notamment. (parce qu'honnêtement, ce n'est pas clair du tout, le rapport entre les 2 métaphysiques et la SF, sans parler des hétéroclites).
Au risque d'être de plus en plus lourd (après 626 pages), cela revient un peu à poser la question de la définition de la métaphysique… Je continue à ne pas voir l'articulation entre "métaphysique populaire" et "métaphysique savante" (est-ce la même relation qu'entre "vraies sciences" et "fausses sciences"?). On pourrait avoir des exemples?
Je trouve aussi que le sort des religions a été vite torché: dans la "métaphysique populaire", et plus vite que ça!
Ces caractérisations vagues ne me semblent pas servir à grand chose, pour l'instant.
Oncle Joe

Répondre

Retourner vers « Vos dernières lectures »