Lensman a écrit :Je t'accorde que pour nous, c'est indépendant. Nous avons l'habitude, et ils nous est facile de distinguer, il n'y a pas besoin de NOUS convaincre. Mais je parle du regard extérieur, si on part de l'idée que ce monde extérieur trouve l'hétéroclitisme ridicule ou nuisible.
Je crois qu'il y a une distinction à faire – aujourd'hui, en 2010 – entre :
– perception globale de la SF comme (entre autres) littérature barjo
et
– perception locale d'
une œuvre SF.
Dans le second cas, la question de l'hétéroclitisme disparaît dès que l'œuvre est de qualité (l'appréciation est évidemment subjective mais bon). Personne ne se lève pendant la projection de
2001 en hurlant : "c'est un scandale ! Le mythe des anciens astronautes ! Remboursez !" Je pense même que les gens qui lèvent les yeux au ciel après avoir essayé (en vain) de lire Dick ou Van Vogt (ou Dantec, aujourd'hui, pourquoi pas ?) en disant "mais c'est quoi, ce truc ? C'est n'importe quoi." n'identifient pas forcément la dimension barjo de l'œuvre ; ils n'entrent pas dans le trip que l'auteur propose, c'est tout. Ils n'aiment pas ça – et c'est bien leur droit. A l'inverse, je suis certain que dans les millions de lecteurs de Dick et Van Vogt sur la planète, il y en a un paquet qui ricanent devant les essais barjos. Mais la même dimension dans un roman ne les soucie pas : "c'est le projet de l'auteur, voyons voir si je marche…" Somme toute, c'est l'attitude normale devant
un roman.
Dans le premier cas, c'est évidemment différent. La perception globale du genre comme proche des trucs hétéroclites est dommageable (et peut affecter, voire interdire l'accès aux œuvres en les frappant par avance de discrédit).
Il me semble qu'un discours critique nuancé est à trouver :
1) admettre la présence de ces trucs dans la SF et éventuellement expliquer pourquoi c'est comme ça (si on l'a compris nous-mêmes)
2) rappeler la distinction élémentaire entre fiction et essai (liberté totale d'un côté ; rigeur exigée de l'autre)
3) et quand on se penche sur les œuvres une par une, se concentrer sur leur qualité ou leur importance sans se soucier des trucs barjo qui s'y trouvent.
Je ne suis pas sûr de ma formulation mais il me semble que ça va par là.