Un article sur Anne Rice

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Un article sur Anne Rice

Message par montag » mar. mars 16, 2010 6:02 pm

ANNE RICE, EXIT LE VAMPIRE

Dans son dernier roman « L’Heure de l’ange », l’auteure d’« Entretien avec un vampire » se laisse guider par sa foi nouvelle. Rencontre avec une star du fantastique sur le chemin de la rédemption.

JULIE MALAURE, ENVOYÉE SPÉCIALE EN CALIFORNIE. PHOTO GREGG SEGAL POUR LE MONDE MAGAZINE

Depuis Paris, il faut douze heures de vol et trois heures de voiture dans le désert pour atteindre Rancho Mirage, Californie. Ren- contrer Anne Rice, l’auteure du
best-seller Entretien avec un vampire, chez elle, ça se mérite. On imagine un palais go- thique perdu au pays des cow-boys ; c’est une résidence de luxe qui nous attend. Dans ce ghetto pour riches à l’américaine, un cerbère à talkie-walkie nous indique la maison de l’écrivaine, là-haut, sur les hauteurs. Sur l’adret d’une crête rocheuse, royaume des cro- tales et des coyotes, se niche sa verte oasis.

Sue, son bras droit depuis toujours, nous ac- cueille. Le bâtiment, d’apparence modeste – un plain-pied définitivement sans gar- gouille ni donjon –, ouvre sur un intérieur im- mense, mélange de luxe et de sobriété. On foule le seuil comme Armstrong la Lune. Un feu de cheminée crépite malgré les 20 °C de janvier, le soleil filtre par une immense baie vitrée et des yeux, une myriade d’yeux de verre nous fixent. Ce sont ceux des dizaines de poupées de la collection d’Anne Rice, ins- tallées au salon, fatras de dentelles d’un autre siècle et de visages de porcelaine aussi pâles que les vampires de ses romans.

RETOUR AU CATHOLICISME
Anne Rice ne tarde pas à faire son entrée, femme fluette tout de noir vêtue. Elle sert le café et deux king’s cakes, équivalent lointain de notre galette des rois. L’un provient de La Nouvelle- Orléans, l’autre de Californie, les deux berceaux de l’auteure. Anne Rice a quitté La Nouvelle- Orléans juste avant le désastre de l’ouragan Katrina en 2005 pour se faire construire cette thébaïde à flanc de roche. Ce retour en Californie, où elle a jadis épousé le poète et peintre Stan Rice, décédé en 2002, la rapproche de son fils unique, Christopher, écrivain à Hollywood, que l’on croise réguliè- rement, comme aujourd’hui, chez sa mère.

Fini La Nouvelle- Orléans, quid des vam-pires ? La romancière aux 100 millions de livres vendus avoue s’y intéresser toujours, mais moins au phénomène Twilight de Ste- phenie Meyer qu’à la série télé « True Blood » sur HBO. En tant que pionnière du genre – Entretien avec un vampire date de 1976 –, elle se régale de « ces vampires qui font leur coming out et réclament des droits civiques ». Elle en rit d’autant mieux qu’elle en a fini avec eux. Ce qui l’a changée en profondeur, c’est sa recon- version au catholicisme, il y a douze ans.

Anne, née Howard Allen O’Brien en 1941, a perdu la foi à l’âge de 18 ans, en découvrant Sartre, Camus et l’existentialisme. Depuis son retour au catholicisme, elle écrit selon ses nouvelles convictions. Deux volets d’une sé- rie sur la vie du Christ sont parus, non en France mais aux Etats-Unis. La gifle est cui- sante pour quelques fans de cette auteure es- tampillée « fantastique ». « Certains lecteurs se sentent trahis. Surtout les jeunes qui refusent d’entendre parler de religion. » Ça ne l’affole pas plus que ça, elle a essuyé les mêmes réactions avec les vampires. Et puis elle rappelle qu’elle est avant tout une conteuse d’histoire et qu’« un livre sur le Christ peut être bon, même si l’on se fiche de la religion ». C’est tout de même un point sur lequel l’Amérique et l’Europe dif- fèrent, explique-t-elle : « Ici, la moindre reprise de la vie de Jésus suscite des réactions violentes. » On ne badine pas avec la foi et c’est bien la preuve que « les Américains ne sont pas pure- ment matérialistes ».

Dans ce material world révisé, surtout depuis la crise, la romancière a choisi le camp de la délectation esthétique. Son goût va aux objets de piété du quoti- dien. Certes, on trouve chez elle une ribambelle de poupées plus fantaisistes les unes que les autres : une innocente abandon- née, comme une sainte Thérèse en extase, aux bras de Lestat – le vampire héros de ses romans ; bien entendu les sorcières May-fair – une autre saga d’Anne Rice ; mais aussi un Pee-Wee sorti du film du même nom de Tim Burton ; et plus loin, des poupées Bru, ci- garette au bec, qu’elle appelle « les Françaises » parce que « les Français fument tout le temps »... Mais à côté s’égrène un véritable panthéon hagiographique : saints de tous poils en bois ou plâtre, vierges constellées, statues rescapées d’églises de la frontière mexicaine. On en trouve d’autres, après les innombrables rayonnages de livres, du côté de son bureau. Sous l’éclairage d’une lampe qui simule la lumière du jour, des figurines de saint Michel et saint Georges, entourées de trois iMac 27 pouces.

DE L’OMBRE À LA LUMIÈRE
Le premier est dédié à l’écriture de son ro- man The Dybbuk, second tome de la série Songs of the Seraphim après Angel Time, qui vient de sortir en France chez Michel Lafon. Dans cette Heure de l’ange, elle narre la vie de Toby, un tueur en série aussi séduisant et bar- bare que Lestat, que son ange gardien Malchiah guide vers la rédemption par une première bonne action : protéger un couple de juifs persécutés dans l’Angleterre du XIIIe siècle. La rédemption en question, c’est aussi celle de l’auteure, passée de l’ombre à la lumière. Ce thème l’obsède depuis Lestat et il ne lui manquait que le décor : elle l’a trouvé dans l’histoire du peuple juif.

Son deuxième ordinateur est dédié à ses recherches, tandis que le troisième, son préféré, fait office de cordon ombilical entre elle et le monde extérieur. Elle nous montre
les 58 000 fans de sa page Face- book et le forum qu’elle anime au quotidien. Elle s’émerveille de ce lien, seul capable de « faire réagir la planète entière en moins de dix minutes ». La dame, recluse, « s’oursifie », comme écrivait Flaubert. Mais libre à chacun de la retrouver dans ses livres ou sur la Toile.

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Message par montag » jeu. mars 25, 2010 6:34 pm


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