Systar a écrit :A propos de l'anthologie sur la schizophrénie:
- mais pourquoi? pourquoi...?
- comment l'idée est-elle apparue? En quoi cette thématique à la fois très vaste et très ciblée correspond-elle à la Volte, à sa ligne éditoriale?
à quoi va ressembler ce "bal des schizos"? Un ensemble de libres variations sur un thème, une réflexion collective? autre chose?
Virprudens a écrit :Systar pose plein de questions au sujet de celle sur la schizophrénie (et mon petit doigt me dit qu'il a déjà les réponses, mais bon, ça mets 2 euros dans le juke-box, c'est fun) et c'est vrai qu'on aimerait en savoir plus. Est-ce qu'on aura des vrais bouts de vraie schizophrénie dedans, ou la version édulcorée hollywoodienne avec dédoublement de perso et vilaine maman ?
A l'origine, il y a l'obsession d'un volté (bibi) pour la schizophrénie, à la fois comme pathologie clinique (telle que décrite par Bleuler, et étudiée par de nombreux psychiatres et psychanalystes) et, disons, comme catégorie esthétique (récits qui ne peuvent donner pour vrais ou faux leurs strates narratives, leurs événements). Et l'envie de réunir certains auteurs – d'illustres voltés et d'illustres inconnus - dont l'oeuvre, dont l'univers, n'étaient pas sans lien avec l'un ou l'autre de ces aspects. L'idée d'une antho est née pendant la gestation de W.O.M.B. (éd. ActuSF) : il me semblait que les deux textes que Sébastien (Wojewodka) et moi y avons réunis, auraient pu faire partie d'un ensemble un peu plus vaste : il y avait de la place, en sus des ratiocinations de mon personnage, et de l'hermétisme des narrateurs de Sébastien, pour une prose plus narrative, classique, bref, tout ce que nous ne savions pas faire.
La Horde et sa narration polyphrénique, Beauverger et ses Noctivores, sans oublier l'univers du Déchronologue construit tout entier autour des obsessions de son personnage Villon, Barbéri et ses plongées baroques en plein délire psychopathologique, ou encore les Journaux ultimes de Philippe Curval, ou les mondes fantasmatiques de Jeff Noon, faisaient bien sûr de la Volte la maison idéale pour un tel projet. Mais la vérité, c'est que l'idée a mûri autour d'hectolitres de bières belges en bonne et voltée compagnie (un tatayet, un flibustier, et même un métaphysicien

). Elle était de rassembler des textes de fiction totalement libres quant à leur forme, sans aucune autre contrainte que le thème initial, l'exigence de qualité de Mathias, et ma franche adhésion. Mon espoir secret était de parvenir à un équilibre cohérent entre textes expérimentaux, complètement barrés, et variations plus poétiques, plus narratives, science-fictives ou pas, de manière à brosser le portrait du schizo en 12 (ou 13, ou 14 ou 15) tableaux.
Ami Virprudens, tu trouveras de vrais morceaux de schizophrénie, oui, de la dissociation en pagaille, et même quelques neuroleptiques. Ceci dit, le thème du double, voire du multiple, n'y sera évidemment pas absent, pas à la manière binaire d'Hollywood, certes, et de son mauvais freudisme, mais bien plutôt à celle, plus complexe, de la tradition fantastique.
L'affaire est en cours, mais ce que je peux vous dire, c'est que certains auteurs sont complètement fous.