J’ai bien failli ne pas le prendre tout de suite à cause de la couv’ [on ne va pas encore revenir là-dessus mais certaines couvertures… brrrr] et franchement ça aurait été dommage.
Comme le dit Magda dans sa critique, ce roman n’est pas la suite du TRES recommandable American Gods mais un complément, un élargissement, une variation sur un thème connu, le mortel ordinaire en butte aux tracasseries d’un univers qui a décidé de se lâcher.
Personnage falot et naïf, terriblement introverti, Gros Charlie est fiancé à une jeune femme charmante [bien que légèrement dominatrice] affublée d’un cauchemar pour mère [l’archétype de la belle-mère acariâtre]. Il exerce un métier obscur, ses collègues l’ignorent et son patron le tyrannise.
Parfois, il aimerait vraiment pouvoir se rendre transparent mais, l’un dans l’autre, il suit son tout petit bonhomme de chemin…
Seulement voilà. Gros Charlie a une famille.
Et quelle famille !
Un beau jour, son papa fait un truc déplaisant qui fait voler en état cette petite existence tranquille.
Et Gros Charlie de découvrir que les choses ne sont pas toujours ce qu’elles paraissent, que la notion même de réalité est toute relative, que le monde est remplit de gens [enfin, de gens...] bizarres qui en ont tous après lui.
Et Gaiman de nous plonger dans un délire so british pas vraiment subtil mais tellement délicieux.
Ce roman est une réussite. Dans son genre, il est très bien écrit et très bien construit même si, en comparaison du précédent, on peut avoir le sentiment que Gaiman ne force pas son talent.
Disons qu’Anansi Boys est un conte, plus léger [trop ?] que ne l’était American Gods.
Les seconds rôles sont savoureux avec une mention spéciale pour le quarteron de vieilles voisines qui ne sont pas sans rappeler une fine équipe de sorcières régulièrement invoquées par un autre auteur anglais à succès.
D’ailleurs, à ce sujet, j’ai parfois eu l’étrange impression de lire du Pratchett, en plus subtil, moins barré, moins coloré…
Gaiman et Pratchett ne seraient–ils qu’une seule et même personne ? A moins que Neil ne soitl le fils caché de Terry ? Et maintenant qu’on en parle, Pratchett ne porte-t-il pas un genre de chapeau bizarre sur certaines photos ?
Et si Gros Charlie c’était Gaiman ? Je veux dire, vraiment Gaiman.
Et si Anansi Boy était un roman à clefs ? Un genre d'autobiographie ?
Cela aurait le mérite de conforter certaines hypothèses quant à la nature réelle de Pratchett…

Alors ? A votre avis ?