A leurs Claviers : HAPPINESS IN SLAVERY ...

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Eric
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Message par Eric » jeu. nov. 02, 2006 6:12 pm

OK, j'ai mal formulé ma pensée.

Ce que je voulais dire, c'est que dès l'instant que tu proposes ton manuscrit à un éditeur, c'est que tu penses que ce que tu écris peut intéresser quelqu'un d'autre. Et ça, que tu l'aies écrit pour te faire plaisir ou pour ne pas devenir fou.

C'est, soit dit un passant, un geste qui est, ou bien incroyablement déséspéré, ou incroyablement vaniteux. C'est d'ailleurs justement ça qui le rend si intéressant. (au moins dans ses résultantes, et dans le meilleur des cas).
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.

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Anne
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Message par Anne » jeu. nov. 02, 2006 6:54 pm

gutboy a écrit :Intéressant le lien Natacha, merci.

J'aime bien le franglais, c'est assez amusant.

Mais le fond est ailleurs, on comprend bien mieux ce qui se passe, en fait.

Ce qui est frappant, c'est que quels que soient les arguments qu'elle met en avant, il faut toujours qu'elle les présente de manière insultante. Etonnant.

"Et quand j'écris, j'écris comme je parle. Comme dans la vie, tu vois ? Parce que l'écriture ne se doit pas, à moins de se vouloir une pute mercenaire, être inféodée à des règles de registre de langage, ou d'adéquation à ce que veut le lecteur."
Pour dire: "le travail de l'écrivain est d'explorer de nouvelles voies, et permettre au lecteur aussi d'évoluer dans ses choix et ses goûts", elle crache sur tout le monde avec une amertume rare.
C'est un exemple parfait de l'inadéquation entre l'intention et la méthode.
Extraordinaire, mais on comprend mieux la fin d'Oxymore.

Pour éduquer, il y a deux méthodes:
- t'es vraiment trop con, ce que tu fais est nul, laisse moi faire.
- c'est pas mal, mais tu peux aussi essayer comme ça, qu'en penses-tu?

Elle a choisi la première...
Hormis la vanne sur la fin de l'Oxymore, je suis d'accord.
N'est pas pédagogue qui veut, cela dit.
Après, tout est une question de réel but! :)

Epistolier
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Message par Epistolier » jeu. nov. 02, 2006 8:24 pm

(Mais vous en avez des idées vous à faire des sujets si long, en plus au fur et à mesure que je lisais, des pages se rajoutaient ! Enfin, passons...)

Ce que je trouve intéressant, c'est qu'on se rabat presque vers un débat autour de la culture et du loisirs. On a évoqué l'opéra, qui survis depuis des dizaines d'années. Pour le cinéma, il existe de 'cinéma d'auteur' et du 'blockbuster', les deux existent, mais on ne dit pas qu'il ne faut pas faire un film sous prétexte qu'il ne se regardera pas. Les réalisateurs qui font un film dont il est sûr qu'il passera dans moins d'une cinquantaine de salles en France, il ne le fait pas pour le public, il fait AMA d'abord pour lui.

Les peintres, certains peignent une toile, et si elle ne se vend pas, si elle est totalement à contre courant, dit-on qu'il doit changer de style ? Il ne me semble pas. D'autres font des illustrations par exemple, des commandes, mais même là, c'est la vision de l'artiste qui prévaut.

Je ne sais pas pour vous, mais j'ai l'impression qu'on évoque la littérature comme de la culture, que ce soit à la FNAC, ou au ministère des finances, la notion de loisirs vient après lorsqu'on parle de lecture. La TVA pour le livre, elle est à 5,5 %, ce n'est pas pour rien à la base ! Attention, je n'oppose pas culture et loisirs, on peut se cultiver de façon ludique, mais je pense que l'image de lecture est d'abord celle de la culture.

J'ai vu plusieurs lecteurs s'insurger parce qu'il ne faisaient pas partie des lecteurs de l'Oxymore, et donc qu'ils se trouvaient dans l'autre catégorie montrée du doigt par Léa Silhol. Je n'ai pas du tout compris ces réactions. Ce n'est pas parce que vous étiez montré du doigt que Léa vous demandait de passer dans l'autre camp. En tout cas, je ne l'ai pas du tout compris comme ça. Il y a des gens qui achetais des livres à l'Oxymore, d'autres non. C'est parce que vous étiez trop nombreux par rapport à ces merveilleux acheteurs que la boite à couler. C'est normal. Est-ce qu'on vous demandait d'être les mécènes d'Oxy ? Je ne l'ai pas vu écrit.

Cet article, Léa le disait assez bien en préambule, elle le fait à la demande de tous ceux qui réclamait son retour. Ce n'est pas un coup de gueule auprès des lecteurs qui n'ont pas acheté les livres qui venait de la boite où elle travaillait, et qui aurait dû. Ou alors, je n'ai pas lu le même texte.

J'avais lu il y a quelques temps qu'aux US, il y avait les très grosses maisons d'éditions, où il y avait quelques bons auteurs de SF, mais pas trop, et les micro-éditions, avec des tirages très limités, mais des objets-livres vraiment travaillés. Public très restreint, en plus pénalisé avec des prix exorbitants, mais nécessaires pour assurer la survie de ceux qui veulent publier de la littérature comme ils aiment, et pas comme les lecteurs veulent. Va-t-on aussi vers cette voie ?

Ça me rappelle quelques discussions avec des auteurs : Les lecteurs veulent de l'originalité, un livre qui soit vraiment de la SF, mais lorsque l'auteur fait du différent, il n'y a plus personne, il faut rester dans les canons du genre. Le paradoxe du lecteur... Il faut savoir ce qu'on lit, une oeuvre artistique, l'expression d'un auteur, ou bien un produit, la chose que vend une société commerciale ?

Si c'est un produit de consommation courante qu'on recherche, on assume, on avale les Werber et Dan Brown sans morfler, c'est ce que vous voulez, c'est ce qui se lit et se vend le plus facilement. N'allez pas pleurer. Si vous voulez qu'un auteur vous fasse vraiment découvrir son talent, que cela soit son oeuvre et pas le résultat d'une étude de marché, il faut aller le chercher. Pourquoi voulez-vous la disparition (ou au moins le moindre succès) de produits et en même temps l'apparition de chefs-d'oeuvre unique dans toutes les librairies, en tête de gondole ? Soyez conscient de ce que vous demander !

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sandrine.f
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Message par sandrine.f » ven. nov. 03, 2006 7:54 am

J'avais lu il y a quelques temps qu'aux US, il y avait les très grosses maisons d'éditions, où il y avait quelques bons auteurs de SF, mais pas trop, et les micro-éditions, avec des tirages très limités, mais des objets-livres vraiment travaillés. Public très restreint, en plus pénalisé avec des prix exorbitants, mais nécessaires pour assurer la survie de ceux qui veulent publier de la littérature comme ils aiment, et pas comme les lecteurs veulent. Va-t-on aussi vers cette voie ?
je ne partage pas cette analyse sur le marché US.

Les bons auteurs de SF (pour autant qu'il soit possible de trouver une liste de noms commune) se trouvent autant en grosse maison d'édition qu'en petite.

La différence se fait surtout sur le type de produit, à savoir que les small press se sont emparées de deux créneaux laissés vacants (pour cause de rentabilité insuffisante) : celui du receuil de nouvelles pour des auteurs à notoriété faible ou moyenne (E. Brown, A. Roberts, L. Williams etc...) et celui des intégrales (Farmer, Oliver, Sturgeon...), le seul intervenant de taille sur ce produit étant Baen.

En ce qui concerne les prix exorbitants (reliure cuir, 50 exemplaires, signés, illustés à 200 $), c'est une infime partie de l'activité de la micro-édition et qui me semble (peut-être à tort) être en perte de vitesse. La seule habitude étant de proposer une version une peu plus chère et limitée des livres standards (dans les 40/50 $).

Pour les produits standards (receuil relié -hardcover-, sous jaquette) de la micro-édition, les tarif sont très proches de ceux des gros. Le recueil de Wolfe (chez un gros éditeur, Tor) coute 26 $ pour 352 pages, le recueil de Reed (chez un petit, Golden Gryphon) coute 25 $ pour 315 pages (malgré un tirage limité à 2000 exemplaires mais une taille un peu inférieure).

Ombrelune
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Message par Ombrelune » ven. nov. 03, 2006 4:07 pm

Heu... tout d’abord bonjour.

Bon, j’arrive très en retard désolé, mais j’arrive tout juste en faite... et en parcourant ce forum, j’ai été interpellé tout au long du fil de ce sujet.

Je vais me permettre de donner l’avis d’un simple lecteur, n’étant en aucune façon impliqué dans le milieu de l’édition de la SF.

Je ne viens pas particulièrement d’un milieu intellectuel (je ne le suis pas non plus d’ailleurs), j’ai eu un peux de mal a lire entièrement le texte de Léa Silhol. Non pas qu’elle soit brouillonne ou autre mais tout simplement parce qu’elle a visiblement un style d’écriture très particulier auquel il faut s’habituer...

Tellement particulier que quelque fois on se demande si c’est du lard ou du cochon :
(et le lecteur — et bien souvent le ‘pas lecteur’ de parler, de gloser, et de se vautrer — le lecteur doit parler, c’est son mode d’existence, même et surtout pour conneriser — il ferait mieux de lire, on s’en porterait pas plus mal)
Personnellement là moi je me demande si je viens d’être mortellement insulté ou si j’ai raté un bon mot ou une tournure de phrase qui rattrape le tout en en faisant une blague ou un clin d’œil.

Enfin pour revenir a ce qui devient au fil de cette discutions le véritable sujet : assistons nous au début de la fin des petit éditeurs et les lecteurs y ont-ils une part de responsabilité (tout du moins c’est ce que j’ai compris) :

Il faut comprendre ce qu’est la vie du "simple" lecteur de SF/Fantaisie/Fantastique de nos jours.

Personnellement j’ai commencé à lire ces types de livres (tout d’abord SF, puis SF/Fantastique, puis aujourd’hui SF/Fantastique/Fantaisie) vers l’age de 12ans (je m’apprête a enjamber le mur des 40)

Lorsque l’on arrive dans le rayon "SF" (rayon tellement méprisé –lorsqu’il existait- il y a 25 ans) on est submergé par le nombre de livres, collés les uns à coté des autres, sans réel tentative de les classer par genre... Des grandes éditions aux poches, des couvertures dites "classique" (au énième dragon) aux plus étranges, il y en a de toutes les tailles, de touts les formats, de touts les genres... et de touts les prix !

Bon personnellement ça fait assez longtemps que je suis plongé là-dedans pour m’y retrouver (et encore quelques fois...) mais j’imagine pour quelqu’un qui commence, ou qui n’en lis qu’épisodiquement. C’est à un tel point qu’aujourd’hui il commence à y avoir chez certains libraires un rayon de "top vente SF" pour... on dira... guider les clients...

Enfin tout ça pour dire que le portefeuille n’est pas extensible à l’infini, même en essayant de se limiter au format poche (sauf exception), que le faire un bon choix devient de plus en plus ardu et qu’il me parait compréhensible à la fin que certains se rabatte sur des "valeurs sures".


Tien au fait il devait pas sortir le mois dernier le dernier Honor Harrington ?

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gutboy
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Message par gutboy » ven. nov. 03, 2006 4:41 pm

Anne a écrit :Hormis la vanne sur la fin de l'Oxymore, je suis d'accord.
Argh. Mes plus plates excuses. Il n'y avait aucune intention de mauvais jeu de mot de ma part. J'ai même mis du temps à comprendre ce que tu voulais dire, Anne. J'en suis rouge de honte, pardon pardon. Merci de lire dans mon texte "Extraordinaire, mais on comprend mieux la faillite d'Oxymore"
Pour le reste, j'assume.
Listen now. Whoever you are, with these eyes of yours that move themselves along this line of text; whoever, wherever, whenever. If you can read this sentence, this one fragile sentence, it means you're alive. (Jeff Noon - Falling out of cars)

Herbefol
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Message par Herbefol » ven. nov. 03, 2006 10:14 pm

sandrine.f a écrit :désolée d'être terre à terre, mais, au vu des comptes de l'Oxymore, avec un résultat d'exploitation qui diminue continument jusqu'à devenir négatif alors que le CA augemente et des créances clients à hauteur de presque 5 mois de CA sur le dernier exercice connu, la cause est entendue sans qu'il ne s'y mêle des considérations artistiques.
Tiens, dit comme ça ça devient tout de suite plus clair (enfin pour moi). :)

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Message par Herbefol » ven. nov. 03, 2006 10:21 pm

Natacha a écrit :Que tu achètes les livres que tu aimes chez l'éditeur qui publie aussi de la merde, c'est une chose. Mais pourquoi dire qu'on choisi cet éditeur plutôt que celui qui ne fait pas de concession ?

Dans mon cas c'est très simple : je n'achète pas le produit d'un éditeur mais un livre. Et si le livre que je veux est édité par un éditeur qui édite aussi de la "merde" (et là je m'autorise des guillements) et bien soit, ce sera un livre édité par cet éditeur là et puis c'est tout.

Quand aux resserrements de budget livre ben le résultat est simple : je me concentre sur les ouvrages qui me plaisent ou qui m'inspirent confiance.

J'ai trop détesté être forcé de lire des trucs à l'école pour acheter... euh non lire (ben oui, moi mes livres je les lis en plus de les acheter, c'est curieux ?) des ouvrages qui ne m'emballent pas, quand bien même ce serait des livres publiés par des gens qui osent, etc.
Quand j'ai envie de lire du gros thriller qui tache, je m'achète du gros thriller qui tache et puis c'est tout.

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Qui?
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Message par Qui? » sam. nov. 04, 2006 9:42 am

je suis a 100% d'accord avec Herbi.

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Natacha
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Message par Natacha » sam. nov. 04, 2006 11:45 am

Herbefol a écrit :
sandrine.f a écrit :désolée d'être terre à terre, mais, au vu des comptes de l'Oxymore, avec un résultat d'exploitation qui diminue continument jusqu'à devenir négatif alors que le CA augemente et des créances clients à hauteur de presque 5 mois de CA sur le dernier exercice connu, la cause est entendue sans qu'il ne s'y mêle des considérations artistiques.
Tiens, dit comme ça ça devient tout de suite plus clair (enfin pour moi). :)
Ah vraiment ? Comme c'est intéressant...

Allons jusque au bout du truc alors. Comme je n'ai pas grand-chose à ajouter au débat (qui est déjà en train de s'enrouler sur lui-même), je suis *très* curieuse de lire la finesse de vos analyses, à Sandrine et à toi, sur ces données et ce que vous en concluez.

Donc, plutôt que de livrer trois informations comptables qui sont sans doute parfaitement inintelligibles à ceux d'ici qui ne maîtrisent pas ces arcanes-là, faites-nous part de vos lumières.
Qu'est-ce qui suffit dans ces chiffres à justifier la faillite de l'Oxymore *sans qu'aucune considération artistique* n'entre en ligne de compte ?

Et quel est selon vous l'intérêt de considérer cette situation comptable dans l'ensemble de la discussion en cours sur les problèmes de l'édition ?
En quoi est-ce que ces comptes valident, ou invalident, le discours sur la valeur d'une démarche éditoriale ou artistique sans concession ?

Dans quel sens exactement apportent-ils une information complémentaire pertinente sur les difficultés des éditeurs indépendants (parce que c'est de ça dont on parle à la base) et l'alerte de la tribune : "Soutenez l'édition indépendante et bougez-vous en tant que lecteurs si vous souhaitez avoir encore le choix de la qualité demain." ?

J'ai hâte de vous lire, ça va être passionnant.

Natacha

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Message par Qui? » sam. nov. 04, 2006 1:24 pm

je suis pas comptable mais même pour moi ça parait claire l'oxymore était une entreprise donc comme toute entreprise elle doit au moins essayer d'atteindre l'équilibre. Or si j'ai bien compris les créances represente l'équivalent de 5 mois de chiffre d'affaire c'est un bilan négatif qui entraine la faillite.
Peut importe l'entreprise c'est un constat d'echec pour la politique commercial (dans le cas d'une maison d'édition c'est soit un probléme de distribution soit un probléme de ligne editorial qui n'est pas en adequation avec le marché).
Maintenant tu peux toujours avancé le fait que la littérature est de l'art donc n'a pas a se soucié des probléme de marché mais dans ce cas il ne faut pas faire du bisness mais du mécéna.

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Anne
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Message par Anne » sam. nov. 04, 2006 2:29 pm

Natacha a écrit :
Herbefol a écrit :
sandrine.f a écrit :désolée d'être terre à terre, mais, au vu des comptes de l'Oxymore, avec un résultat d'exploitation qui diminue continument jusqu'à devenir négatif alors que le CA augemente et des créances clients à hauteur de presque 5 mois de CA sur le dernier exercice connu, la cause est entendue sans qu'il ne s'y mêle des considérations artistiques.
Tiens, dit comme ça ça devient tout de suite plus clair (enfin pour moi). :)
Ah vraiment ? Comme c'est intéressant...

Allons jusque au bout du truc alors. Comme je n'ai pas grand-chose à ajouter au débat (qui est déjà en train de s'enrouler sur lui-même), je suis *très* curieuse de lire la finesse de vos analyses, à Sandrine et à toi, sur ces données et ce que vous en concluez.

Donc, plutôt que de livrer trois informations comptables qui sont sans doute parfaitement inintelligibles à ceux d'ici qui ne maîtrisent pas ces arcanes-là, faites-nous part de vos lumières.
Qu'est-ce qui suffit dans ces chiffres à justifier la faillite de l'Oxymore *sans qu'aucune considération artistique* n'entre en ligne de compte ?

Et quel est selon vous l'intérêt de considérer cette situation comptable dans l'ensemble de la discussion en cours sur les problèmes de l'édition ?
En quoi est-ce que ces comptes valident, ou invalident, le discours sur la valeur d'une démarche éditoriale ou artistique sans concession ?

Dans quel sens exactement apportent-ils une information complémentaire pertinente sur les difficultés des éditeurs indépendants (parce que c'est de ça dont on parle à la base) et l'alerte de la tribune : "Soutenez l'édition indépendante et bougez-vous en tant que lecteurs si vous souhaitez avoir encore le choix de la qualité demain." ?

J'ai hâte de vous lire, ça va être passionnant.

Natacha


On ne va pas faire une explication de texte sur la tribune en question, tout a été dit (et pas contre-argumenté, d'ailleurs).
La discussion a dévié sur l'édition en général (avec angle commercial également) puis sur l'Oxymore.
Je ne vois rien dans ces interventions qui méritent d'avoir le poil hérissé. Sandrine et Herbefol me semblent discuter posément d'un sujet public.

Tu peux peut-être les inviter à te répondre sans être méprisante, du haut de tout ton savoir sur l'Oxymore.

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sandrine.f
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Message par sandrine.f » sam. nov. 04, 2006 2:44 pm

chère Natacha,

Chacun son travail.

Je ne travaille pas dans l'édition comme toi, mais dans la finance. Je peux même ajouter que l'on me paye (relativement bien ;-)) pour, en partie, effectuer ce genre d'analyse sur des entreprises, quelle que soit leur taille ou leur secteur d'actvité et que ma parole est suffisante pour engager mon entreprise sur des sommes allant jusqu'à quelques millions d'Euros annuels.

Si tu veux une analyse complète des comptes de l'Oxymore, un cabinet d'audit te fera cela très bien.

Je rejoins Qui? :D en disant simplement qu'une entreprise dont le CA augemente à l'inverse de la rentabilité indique que le cout marginal (le cout pour fabriquer et vendre une unité -ici un livre- de plus) dépasse le cout moyen. Plus on vend, plus on perd de l'argent.

C'est généralement synonyme d'une expansion mal maitrisée, d'un outil de production inadéquat ou d'une démarche marketing erronée.

En tout cas, l'entreprise n'est plus viable dans les conditions initiales.

Après on peut toujours partir dans l'affectif et l'artistique avec des effets oratoires du style :
Soutenez l'édition indépendante et bougez-vous en tant que lecteurs si vous souhaitez avoir encore le choix de la qualité demain.
qui sont à la limite du prétentieux (en quoi et au nom de qui l'Oxymore est-elle auto-proclamée représentative de la qualité ?).

En règle générale, justement, le produit de qualité se vend et se vend plutôt bien. Peut-être est-ce qu'à force de prendre les clients potentiels (les lecteurs) pour des cons (cf les propos de LS), cela finit par se voir et les connes n'aiment pas que l'on leur rappelle leur triste état (je suis doublement dans le lot puisque je n'ai jamais acheté de livre de l'Oxymore et jamais envisagé de le faire et que je me répands sur des forums).
Modifié en dernier par sandrine.f le dim. nov. 05, 2006 11:24 am, modifié 1 fois.

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Qui?
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Message par Qui? » sam. nov. 04, 2006 5:23 pm

tu rejoins qui ?

Sneed
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Message par Sneed » lun. nov. 06, 2006 12:58 pm

Hello

De retour de long week-end, je n'ai pas pu répondre plus tôt.
Je viens de parcourir les discussions, et j'en retiens essentiellement ceci :
il est dommage que là où l'Oxymore et ses représentants privilégient l'artistique, le ressenti, l'émotion, la sincérité et les trippes, on réponde cahier des charges, bilan, rentabilité ...
Symptomatique du monde actuel, malheureusement. Je me demande si actuellement un Joyce ou un Shakespeare pourrait être publié : pas assez rentable, donc je ne vois guère que des petits éditeurs comme l'Oxy pour cela. Mais comme, par la loi du marché, on laisse partir ces éditeurs ...
marc a écrit :
Sneed a écrit :Voilà, c'est tout à fait typique de ce que Léa explique dans sa tribune :
tu es un lecteur "basique" classique (sans offense : si je m'en tiens à la signature, tu aimes la SF assez classique), et tu n'as pas envie d'aller découvrir des noms que tu ne connais pas (pourtant, dans les Emblèmes, il y a eu de très bon textes de SF), et en plus, ça sort des codes graphiques auxquels tu es habitué pour la SF et la fantasy.
Là je te corrige tout de suite car tu ne peux pas savoir ce que je lis ou pas simplement sur ma signature. Je pourrais facilement ajouter Zelazny, Eddings, Ursula K. E.E.doc Smith, Edmond Hamilton, Peter F. Hamilton, Howard Philip Lovecraft, Edgar Rice burroughs, Walter Jon Williams, Simon R. Green, Larry Niven, Jack Williamson, Le Guin, Jean Ray, Tanith Lee, Robert Silverberg ou Cordwainer Smith, pour n'en citer que quelques uns. Ma signature n'est que la partie visible de l'iceberg. D'abord ça fait plusieurs décennies que je lis de la SF, de la fantasy et du fantastique. Donc, depuis le temps je ne me contente pas de ce que je connais. J'essaie aussi des nouveautés. Et pour m'aider, rien de mieux qu'un ami de longue date qui tient la librairie Malpertuis à Bruxelles (spécialisé justement dans les genres qui nous intéresse) et qui est le premier à me conseiller, bien avant que je ne fasse moi-même un choix. Au passage, il m'arrive de discuter avec des des auteurs qui sont parfois plus proches de ce que Oxymore faisait. Donc, si on arrive à me convaincre, je suis partant... Je ne me considère donc pas comme un lecteur "basique" ni frileux. :!:
Euh, je ne voudrais pas vexer, et je lis les auteurs que tu cites aussi (au passage, l'Oxymore a largement publié Tanith Lee, avec un recueil, un Emblèmes hs, 3 romans et plusieurs nouvelles), mais tout cela est tout de même très classique et ne sort pas vraiment des sentiers battus, non ? Ce que tu cites n'est pas franchement novateur, à mon opinion en tout cas. Et quid des auteurs francophones ?
marc a écrit :
Sneed a écrit :Tu ne veux pas faire l'effort de découvrir quelque chose de différent. Donc tu t'en tiens aux éditeurs installés : le ronron d'un énième Honor Harrington par exemple. (et je m'astiens de commentaire pour la dernière phrase, dont le sens me laisse intérogatif !)
Si je l'ai fait. Mais quand ça ne me plait pas, je n'insiste pas, et je passe à autre chose. Il y a tellement à lire que je ne vais pas me focaliser sur un éditeur ou sur un seul auteur (même dans les auteurs qui se trouvent dans ma signature, il y a des livres que je n'aime pas). Concernant Oxymore, je l'ai dit plus haut, cet éditeur n'est jamais arrivé à Bruxelles. A qui la faute? A l'éditeur évidemment ! Le lecteur n'y est pour rien si les livres ne se trouvent pas sur les tables ou les présentoirs des libraires. Par contre l'absence de petits éditeurs ne m'empêche pas d'acheter leurs livres. C'est le cas pour le Bélial, Au diable Vauvert ou Rivière Blanche (Philippe Ward a corrigé le tir en étant vendu chez Malpertuis). Je surveille aussi ce que Alire propose au Canada. Là aussi il s'agit de petits éditeurs, mais leur productions correspondent plus à mes attentes.
Le diffuseur de l'Oxymore était le même que celui du Bélial ou des Moutons électriques, je crois.
Au passage : si tu n'as pas lu d'Oxymore (puyisque tu n'en as jamais trouvé un), comment peux-tu affirmer que les ouvrages ne correspondent pas à tes attentes ?
marc a écrit :
Sneed a écrit :le ronron d'un énième Honor Harrington
Imagine que tous les jours tu vas au resto et que tu n'as pas de limite de budget. Au fil du temps, tu essaie toute la carte des plats et des grands vins. Tu passe d'un grand resto à un autre et tu recommence. Tu ne crois pas que de temps en temps tu aurais envie de manger un truc plus simple, comme un hamburger ou une pizza, juste pour changer? Et bien Harrington, c'est exactement mon hamburger en SF, et j'aime bien le cycle pour ne pas le cacher. Donc je ronronne avec Harrington ! (en plus ça rhime) :)
Le problème, c'est que le hamburger est le fast-food deviennent pregressivement la norme de l'alimentation, et qu'on en trouve beaucoup plus facilement que les bons petits plats. J'ai du mal à supporter ces trucs trops lourds, je préfère les bons petits plats, avec des mélanges de saveurs, des épices : du goût et de la ubtilité quoi, pas la cuisine de cantine :-)
marc a écrit :
Sneed a écrit :Je possède quasiment tous les titres de l'Oxymore, et j'en suis très content : ce sont de très beaux objets et ils sont en bonne place dans ma bbliothèque. J'aime ce qui raccroche, ce qui sort des sentiers battus, je déteste relire cent fois la même histoire. Avec l'Oxy, je trouvais presque toujours mon bonheur !
Là, je me pose des questions à ton sujet, car acheter tous les livres d'un même éditeur ne me parait pas très sain. Aucun éditeur n'a une collection qu'on aime entièrement. Même des collections comme le CLA, Ailleurs et Demain ou Lune d'encre, qui sont pourtant excellentes, n'ont pas que des chef d'oeuvres au catalogue. Ce ne serait pas toi qui te limiterais à un éditeur :?:
Ce n'est pas sain d'aimer un éditeur et d'avoir la même sensibilité qu'eux, de marcher à l'affectif ?
Je te rassure, j'ai aussi l'intégrale des Moiutons électriques, une bonne partie des Lunes d'Encre et du Bélial, l'intégrale de Galaxies, Bifrost, Faeries, Ténèbres, beaucoup de Mnémos, de Folio-SF, de PDF, J'ai lu et autres, une bonne partie d'Imagine, de Milénaires, pas mal d'Atalante. Ben non, je ne suis pas monomaniaque, plutôt polymaniaque compulsif :-)
Et je t'épargne les romans, revues, anthologies,recueils, prozines en vo !
marc a écrit :Une des raisons pour lesquelles nous sommes aussi sur un forum comme ActuSF, c'est justement de ne pas se limiter à ce que nous connaissons, et aussi de découvrir d'autres genres, d'autres auteurs en partageant son avis avec les autres membres. Et parfois de se laisser convaincre qu'on a peut-être raté quelque chose d'intéressant. Il reste alors à combler cette lacune. :idea:
Là, je suis d'accord. Malheureusement, en parcourant les forums, je m'apperçois que les lecteurs sont bien plus souvent fermés à la nouveauté qu'ouverts.

Pour finir, je ne peux qu'abonder et soutenir Natacha quand elle dit
Natacha a écrit :Comme presque tout le monde depuis quelques années, j'ai considérablement diminué mon budget d'achat en livres. D'autant plus que je m'intéresse à des domaines comme la poésie, la psycho, la philo etc. où la norme est de sortir un minimum de 20 à 25 euros pour des bouquins de 200 pages. Mon choix depuis la restriction budgétaire est clairement de soutenir l'édition indépendante. Les éditeurs sécuritaires s'en sortiront très bien sans moi. J'achète les livres des Moutons électriques, par exemple, parce que j'admire la politique éditoriale d'André-François Ruaud. Je trouve sa politique graphique audacieuse, ses choix littéraires intéressants, Fiction est une revue superbe à tous les égards. Devant les linéaires de livres, je choisis sciemment de ne pas acheter les poches de Stephen King que je pourrais trouver d'occas à Gibert dans cinq ans encore, et d'acheter les livres des éditeurs à risque. Parce qu'à ce stade chaque décision d'achat individuelle fait pencher la balance d'un côté ou de l'autre.

Chacun est évidemment libre de faire ainsi ou non, de se sentir concerné ou non par les problèmes de l'édition. Mais il y a ce constat : ça va mal. Et, issu de ce simple constat, l'alerte : si vous aimez ce qui est différent, et la possibilité d'avoir encore demain le choix d'acheter du Bélial, du Nesti, des Moutons, etc., ne vous endormez pas sur l'impression qu'ils seront toujours le paysage dans un an, trois ans, cinq ans. Faites du lobbying, que ce soit en argent ou en temps.
C'est maintenant qu'il faut soutenir les preneurs de risque, pas quand il sera trop tard. Sauf que pour certains, il est déjà trop tard. Et que c'est cet éditeur là qui a permis à Mélanie Fazi d'avoir Un GPI pour le recueil Serpentine !

Sneed

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