Conf. Imaginales "Déclin de la sf, essor de la fantasy

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Sybille
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Message par Sybille » dim. juin 06, 2010 10:21 am

bormandg a écrit :Il y a une différence profonde: dans les années 30, on disait aux créateurs qu'ils n'y arriveraient pas, mais qu'ils avaient raison d'essayer; aujourd'hui, on les traite de losers qui ne savent pas se comporter en pillards, comme tous ceux qui réussissent, de bouffons sous-humains. :twisted:
Autant je plussoie Herbefol (le futur arrive trop vite pour faire rêver), autant que je ne partage pas du tout ta vision qui me semble tout droit sortir d'un chapeau à théories fumeuses.

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bormandg
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Message par bormandg » dim. juin 06, 2010 10:25 am

Sybille a écrit :
bormandg a écrit :Il y a une différence profonde: dans les années 30, on disait aux créateurs qu'ils n'y arriveraient pas, mais qu'ils avaient raison d'essayer; aujourd'hui, on les traite de losers qui ne savent pas se comporter en pillards, comme tous ceux qui réussissent, de bouffons sous-humains. :twisted:
Autant je plussoie Herbefol (le futur arrive trop vite pour faire rêver), autant que je ne partage pas du tout ta vision qui me semble tout droit sortir d'un chapeau à théories fumeuses.
Je voudrais m'en convaincre, sincèrement.... Parce que cette vision, qui résume de manière (trop?) simple tout ce que j'observe, me dérange profondément. Mais est-ce si facile de la classer?
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Hoêl
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Message par Hoêl » dim. juin 06, 2010 11:01 am

bergamote a écrit :J'ai écouté l'enregistrement avant hier et ce qui m'a fait tiquer, c'est le speech comme quoi il s'écrivait et il se lisait moins de SF qu'avant parce qu'aujourd'hui le futur ne s'annonce pas top, que les gens sont pessimistes et qu'on ne peut pas inventer pire que ce qu'on a aux infos tous les soirs... (je raccourcis et j'exagère un peu, mais en gros c'était ca (je crois))

Je n'ai pas une connaissance encyclopédique de l'histoire du XXeme siècle, mais il me semble que les bouquins écrits dans les années 50-60 en pleine guerre froide n'avaient pas un contexte plus joyeux que celui que l'on connait aujourd'hui...
Pourtant, il me semble que pas mal des meilleurs bouquins de SF ont été écris à cette époque là. Des auteurs comme Simak, Tevis, Miller ou même Dick me donnent l'impression d'avoir écrit avec l'angoisse d'une guerre nucléaire potentiellement très proche.

Finalement, j'aurais plutôt dit l'inverse, que l'on n'est peut être plus suffisamment pessimiste pour écrire ce genre de SF... (faudrait certainement mettre plein de guillemets dans cette phrase !)

Bon, je suis peut être passée à côté de ce qui s'est dit dans la table ronde. J'avoue ne pas avoir tout écouter d'une oreille hyper attentive.
Mais globalement j'ai trouvé ce qui s'y est dit assez intéressant.
Je crois que ce n'est pas seulement l'aspect de l'accélération scientifique ou la morosité ambiante qui sont en cause , les fameuses "gaps" de l'évolution sociétale sont , de mon point-de-vue , tout autant en cause : il est de plus en plus difficile d'imaginer une société future tant les générations aujourd'hui en vie semblent déjà de plus en plus étrangères les unes aux autres , et il est inutile de me sauter à la gorge sous prétexte que les uns ou les autres ont une expérience différente , c'est un constat personnel qui n'a rien de scientifique , juste une idée que je cultive depuis un certain temps .
Une autre intuition au sujet de la S.F. , tiens , j'ai l'impression que le concept de "singularité" a mis en suspens l'esprit de spéculation de notre genre , comme dans l'attente dudit événement pour repartir .
Bon , là , j'attends que les raisonneurs me pourfendent...
"Tout est relatif donc rien n'est relatif !"

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MF
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Message par MF » dim. juin 06, 2010 5:01 pm

Herbefol a écrit :Quelque part je suis un peu partisan de la théorie du "avant on croyait dans l'avenir".
Tu donnes, peu ou prou, dans le même argument qu'avance Lem dans le débat : la singularité vingienne (je crois que c'est Lem ; si je me trompe, mes plus plates excuses).
L'impossibilité pour un auteur de SF d'ignorer la théorie de Vinge, ce qui lui boucherait l'avenir.
Personnellement, je crois qu'il y a là méprise.
Si l'auteur de SF est bien celui qui commence son travail créateur par "Et si...", il crée, lui même, sa propre singularité, particulière au récit qu'il livrera au lecteur.
Egan ou Wilson, par exemple, se contrefichent de la singularité de Vinge.
Sans doute parce que ce n'est qu'une théorie parmi une multitude.
Un exemple assez typique me semble Spin : lorsque la barrière se met en place, la théorie de Vinge disparait...
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
Son rédacteur ne pourra être tenu pour responsable des effets indésirables de votre lecture.

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Lensman
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Message par Lensman » dim. juin 06, 2010 5:18 pm

MF a écrit :
Herbefol a écrit :Quelque part je suis un peu partisan de la théorie du "avant on croyait dans l'avenir".
Tu donnes, peu ou prou, dans le même argument qu'avance Lem dans le débat : la singularité vingienne (je crois que c'est Lem ; si je me trompe, mes plus plates excuses).
L'impossibilité pour un auteur de SF d'ignorer la théorie de Vinge, ce qui lui boucherait l'avenir.
Personnellement, je crois qu'il y a là méprise.
Si l'auteur de SF est bien celui qui commence son travail créateur par "Et si...", il crée, lui même, sa propre singularité, particulière au récit qu'il livrera au lecteur.
Egan ou Wilson, par exemple, se contrefichent de la singularité de Vinge.
Sans doute parce que ce n'est qu'une théorie parmi une multitude.
Un exemple assez typique me semble Spin : lorsque la barrière se met en place, la théorie de Vinge disparait...
Je suis tout à fait d'accord avec toi. Cette histoire de singularité est une excuse facile pour des auteurs qui ne parviennent pas à analyser correctement leur problème avec le genre (je ne dis pas que l'analyse est facile, je dis que la singularité à bon dos).
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Fabien Lyraud
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Message par Fabien Lyraud » dim. juin 06, 2010 5:31 pm

Ca me rappelle l'interview de Paolo Bacigalupi expliquant que s'il n'écrit pas de SF optimiste c'est parce que cela demande beaucoup plus de recherche et de travail que d'écrire une Sf pessimiste.
A partir du moment où l'anthropologie pointe le bout de son nez, il faut plus de documentation et de recherche cela me paraît tomber sous le sens. Et ecrire un texte optimiste notamment se déroulant dans un futur proche nécessite une approche anthropologique. On ne peut pas s'arrèter à une simple translation du réel mais il faut faire oeuvre de création à partir d'un existant ethnologique et anthropologique voire écologique.
Ce genre de reconstruction n'arrête pas les auteurs de fantasy et je ne vois pas pourquoi ça arrêterait les auteurs de SF.
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Eric
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Message par Eric » dim. juin 06, 2010 5:54 pm

Je ne vois pas en quoi une SF optimiste demande plus de travail (à part que le bonheur étant anti dramatique, il faut cravacher pour retenir ton lecteur)

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Jean-Claude Dunyach
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Message par Jean-Claude Dunyach » dim. juin 06, 2010 6:22 pm

Eric a écrit :Je ne vois pas en quoi une SF optimiste demande plus de travail (à part que le bonheur étant anti dramatique, il faut cravacher pour retenir ton lecteur)
Parce que c'est beaucoup plus difficile à croire.
La suspension d'incrédulité, face à la simple possibilité du bonheur, c'est devenu très difficile. Alors que le malheur et le pessimisme sont définitivement intégrés dans la psyché du XXIième siècle, comme l'option par défaut.
Fais le test : si quelqu'un te dit "J'ai une nouvelle à t'annoncer", quel est ton premier réflexe ? Te réjouir ou te dire "merde, ça va être quoi, encore" ?

Ecrire une SF optimiste ne demande pas seulement une croyance en une possibilité de futur meilleur. Elle exige un vrai travail de désamorçage de tout ce qui pourrait merder. Et ça, c'est à la fois long et chiant, narrativement parlant. À moins d'être vraiment très doué.

L'antho de Jetse de Vries est passionnante dans cette optique, d'ailleurs. Moi aussi, j'espère qu'elle sera traduite.
Je compte pour 1. Comme chacun de vous...
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Roland C. Wagner
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Message par Roland C. Wagner » dim. juin 06, 2010 6:45 pm

MF a écrit :L'impossibilité pour un auteur de SF d'ignorer la théorie de Vinge, ce qui lui boucherait l'avenir.
Bullshit.

Comme tu le fais d'ailleurs remarquer.
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Roland C. Wagner
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Message par Roland C. Wagner » dim. juin 06, 2010 6:48 pm

Jean-Claude Dunyach a écrit :
Eric a écrit :Je ne vois pas en quoi une SF optimiste demande plus de travail (à part que le bonheur étant anti dramatique, il faut cravacher pour retenir ton lecteur)
Parce que c'est beaucoup plus difficile à croire.
Monsieur est un connaisseur.

Jean-Claude Dunyach a écrit :Ecrire une SF optimiste ne demande pas seulement une croyance en une possibilité de futur meilleur. Elle exige un vrai travail de désamorçage de tout ce qui pourrait merder.
M'en parle pas.
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Message par Fabien Lyraud » dim. juin 06, 2010 7:00 pm

Eric a écrit :Je ne vois pas en quoi une SF optimiste demande plus de travail (à part que le bonheur étant anti dramatique, il faut cravacher pour retenir ton lecteur)
Parce qu'un futur pessimiste tu peux te contenter de prendre l'actualité comme base et extrapoler à partir par un glissement et grossir les éléments que veux dénoncer.
Dans un futur optimiste on peut pas se baser sur l'actualité. Ca oblige à avoir une sérieuse documentation en sciences humaines pour être plausible.
Bienvenu chez Pulp Factory :
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Papageno
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Message par Papageno » dim. juin 06, 2010 7:11 pm

C'est sur que le bonheur, c'est pas réaliste !
Si dans un roman on me dit que demain, on travaillera beaucoup moins pour gagner beaucoup plus !
Il faudra que l'écrivain soit un surdoué pour qu'on ne rigole pas ;-)

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Patrice
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Message par Patrice » dim. juin 06, 2010 7:17 pm

Salut,

Tu as ça dans une bonne partie des romans de SF soviétique des années 50-60. Même dans les meilleurs. Et ça ne prête pas à sourire.
C'est irréalisable, et pourtant ça se lit quand même.
Je pense bien sûr aux Strougatski et leur univers du Midi, dans lequel les gens ne travaillent plus que pour leur développement personnel. A Efremov aussi.

Pensez aussi à Star Trek.

A+

Patrice

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Lensman
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Message par Lensman » dim. juin 06, 2010 7:38 pm

Fabien Lyraud a écrit :Ca me rappelle l'interview de Paolo Bacigalupi expliquant que s'il n'écrit pas de SF optimiste c'est parce que cela demande beaucoup plus de recherche et de travail que d'écrire une Sf pessimiste.
A partir du moment où l'anthropologie pointe le bout de son nez, il faut plus de documentation et de recherche cela me paraît tomber sous le sens. Et ecrire un texte optimiste notamment se déroulant dans un futur proche nécessite une approche anthropologique. On ne peut pas s'arrèter à une simple translation du réel mais il faut faire oeuvre de création à partir d'un existant ethnologique et anthropologique voire écologique.
Ce genre de reconstruction n'arrête pas les auteurs de fantasy et je ne vois pas pourquoi ça arrêterait les auteurs de SF.
Je lis très peu de Fantasy, mais les 4e de couverture que je lis me font souvent dresser mes derniers cheveux sur mon crâne ridé: je n'y vois rien d'optimiste!!!
C'est quoi , de la Fantasy optimiste, grands dieux???
Oncle Joe

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Sybille
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Message par Sybille » dim. juin 06, 2010 7:40 pm

Lensman a écrit :
Fabien Lyraud a écrit :Ca me rappelle l'interview de Paolo Bacigalupi expliquant que s'il n'écrit pas de SF optimiste c'est parce que cela demande beaucoup plus de recherche et de travail que d'écrire une Sf pessimiste.
A partir du moment où l'anthropologie pointe le bout de son nez, il faut plus de documentation et de recherche cela me paraît tomber sous le sens. Et ecrire un texte optimiste notamment se déroulant dans un futur proche nécessite une approche anthropologique. On ne peut pas s'arrèter à une simple translation du réel mais il faut faire oeuvre de création à partir d'un existant ethnologique et anthropologique voire écologique.
Ce genre de reconstruction n'arrête pas les auteurs de fantasy et je ne vois pas pourquoi ça arrêterait les auteurs de SF.
Je lis très peu de Fantasy, mais les 4e de couverture que je lis me font souvent dresser mes derniers cheveux sur mon crâne ridé: je n'y vois rien d'optimiste!!!
C'est quoi , de la Fantasy optimiste, grands dieux???
Aucune idée...
L'optimisme est difficile, dramatiquement parlant, c'est assez rare en littérature.

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