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par gonzo » dim. nov. 12, 2006 1:27 am
En tant que lecteur assidu du cycle d'Honor Harrington, je me permets de rejoindre cet intéressant débat et j'espère apporter quelques éclaircissements.
J'avoue qu'au début de la série, certains passages m'ont légérement hérissé... je ne parle pas d'un patriotisme mal placé vis-à-vis de Havre, mais plutôt de l'idéal militaire dépeint par Weber et sa mise en avant du modèle libéral comme unique voie de succès dans le futur. Aujourd'hui (après avoir lu l'intégralité de la série, y compris les volumes en anglais et les romans/nouvelles annexes), je peux dire que j'ai grossiérement sous-estimé cet auteur et je m'explique.
David Weber est un militaire américain (dans la Navy, je crois -mais je vérifierai ce dernier point) de carrière et il se qualifie dans ses blogs/interviews de "centriste". En fait, il se veut avant tout réaliste en matière politique, à savoir qu'il pense qu'un gouvernement doit faire ce qu'il doit faire quand il doit le faire, que cela soit à l'encontre de ses idéaux politiques ou pas. Y compris la guerre.
Par ailleurs, il est plutôt progressiste et tolérant, voire "libéral" (à l'américaine, encore) en matière de moeurs/de société, tout en étant chrétien (si vous le placez à côté de Bayrou dans le paysage politique français, vous tomberez pas trop loin - à ceci près qu'ils ne seraient pas vraiment d'accord sur le % du budget à accorder à la Défense !).
Mais revenons aux romans. Au début de la saga, Honor méprise la politique et surtout les politiciens. Elle refuse de s'y intéresser, jusqu'à ce que les circonstances l'y forcent. Et là, surprise, l'univers de Weber se révéle tout autant détaillé sur le plan politique et social qu'en matière "scientifique" et militaire.
Vous verrez dans les volumes suivants (bien supérieurs ou deux trois premiers, je précise) que sa description de la vie politique, tant chez Havre que sur Manticore n'est absolument pas manichéenne. Et elle prend une place de plus en plus importante.
Les volumes qui suivent (en français chez l'Atalante, donc), ainsi que ceux qui sont encore en anglais (X, XI, XII je crois, y compris At All Costs, le dernier) demontrent les faits suivants :
1- Weber certes écrit une série "SF-militaire", mais il consacre rarement plus de 50% de chaque roman à des opérations militaires. Certains ont sont presque intégralement dépourvus. De fait, c'est même frustrant...
2- Ses structures politiques sont évolutives, parfois avec un réalisme assez impressionnant ... et surprenant.
3- Il co-écrit des nouvelles et des romans avec d'autres auteurs de chez Tor, et particulièrement l'un d'entre eux, considéré comme un gauchiste (à l'américaine, hein, pas bien rouge quand même ^^), et il a inclus bon nombre de ces éléments paralléles dans sa saga principale (particulièrement dans les deux derniers sortis en anglais). Cette évolution récente bouleverse encore plus l'univers Harringtonien et démontre l'adaptabilité étonnante de Weber. Le changement avec les premiers volumes de la série est saisissant (voir Houseman dans Pour l'honneur de la reine, le tome 2)
Pour finir quand même sur une critique, le personnage de Honor est un petit peu trop parfait (pour info : c'est un génie (son QI dépasse les 160), elle est super-forte, ceinture noire multi-dan en arts martiaux, c'est une stratége hors-pair, une meneuse d'hommes, ses parents sont aussi des génies... ça énerve, à force. Ah, et c'est une bombe, évidemment...) et son chat est pire. Mais bon, je ne peux que vous conseiller de lire cette série, qui va en s'améliorant (surtout à partir des tomes 5 et 6) à mesure que l'auteur mûrit.