Imaginales 2010 : Conf. "Écrire pour le grand public...

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Lucie
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Message par Lucie » jeu. juin 10, 2010 9:22 am

rmd a écrit :
Lucie a écrit :
Nébal a écrit :
Lucie a écrit :Mais par moments, vous semblez oublier cette notion essentielle : les gens lisent des romans pour le plaisir. Et un roman flippant n'est pas plaisant à moins de jouer un rôle de catharsis.
Pardonne-moi Lucie, mais là tu viens de faire exploser le bullshitomètre. Trouvé-je.
comme je ne sais pas ce que tu entends par "bullshitomètre", ton commentaire me passe au-dessus de la tête...
Je ne vois absolument pas en quoi un roman flippant ne peut pas etre plaisant, au contraire (et je soupconne nebal de penser la meme chose).
Je crois que j'ai répondu dans ma réponse à nebal, mais au cas où : je parlais de "la majorité des gens".

Ceci dit, c'est un avis. Mon avis à cent balles sur la fameuse désaffection de la SF devant les autres branches de l'Imaginaire. Vous n'êtes pas obligés de le partager (mais je sais que beaucoup d'autres personnes le partagent, et en particulier, beaucoup de "lecteurs lambda")

Par définition, la majorité des intervenants de ce forum a un ressenti différent, sinon, ils ne serait pas "science-fictionneux" (La Palisse)

Lucie
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Message par Lucie » jeu. juin 10, 2010 9:28 am

Don Lorenjy a écrit :
Argemmios a écrit :Peut-être que "flippant" n'était pas le terme approprié, sinon les thrillers ne se vendraient pas si bien.
.
Je crois que si, puisque Lucie y ajoute la catharsis, qui rend le flip utile (ou au moins supportable) mais aussi addictif.

Edit : bon, ça m'apprendra à vouloir expliquer Lucie dans le texte alors qu'elle le fait très bien toute seule.
:lol: Merci Lo !

Mais je crois qu'Argemmios a raison, et que dans mon "flippant", j'entendais surtout "déprimant".

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Sybille
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Message par Sybille » jeu. juin 10, 2010 9:30 am

Lensman a écrit :
Sybille a écrit : Je parlais de textes "édités".
Et les gens lisent, si, mais ceux qui chroniquent et relaient l'info ne le font pas.
C'est un constat, après des années.
J'insiste: "ceux qui chroniquent", ça peut être n'importe qui, qui envoie sa critique au rédacteur en chef du site, lequel publiera ou non la critique. Je dis une bêtise?
Comme je l'ai écrit, je constate, je n'explique pas.
J'ai fait des anthos-papier, elles ont été chroniquées. Ce que je publie en ligne, personne n'en parle. Pourtant, j'y travaille de la même façon, avec les mêmes équipes, dans les mêmes conditions.
Paradoxalement, même en tenant compte du facteur "un lecteur qui achète est plus un lecteur que celui qui visite le site", l'audience web est largement plus gratifiante. Mais, comme personne n'en parle, les auteurs sont frileux pour envoyer des textes et il est plus dur d'alimenter le bouzin.
Là, on va à nouveau publier une nouvelle sur les Vagabonds du Rêve, après des mois sans rien.
Pour Sur la route, annoncée au format papier, j'ai reçu bien plus de soumissions.
Les gens s'accrochent au papier, je trouve ça affreusement ringard, mais je ne peux pas y faire grand'chose.

Lucie
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Message par Lucie » jeu. juin 10, 2010 9:30 am

Lensman a écrit :Bon, il fallait parler de SF... mais je ne vois pas pourquoi on aurait envie de lire des livres flippants dans tous les domaines pratiquement (y compris des romans "historiques" traitant de périodes genre WWII avec des camps d'extermination et toutes ces joyeusetés, ou Grande Peste, ou guerre de religions, etc), mais PAS en SF...

Oncle Joe
Possible que pour beaucoup, lire sur quelque chose de passé est à la fois cathartique, instructif, et pas réellement déprimant parce que "c'est derrière nous et pas devant" (ce que j'aurais tendance à ne pas croire, pour ma part, mais je ne développe pas, sinon, les modos vont me gicler pour hors-sujet politique :roll: )

Argemmios

Message par Argemmios » jeu. juin 10, 2010 9:31 am

Lensman a écrit :Bon, il fallait parler de SF... mais je ne vois pas pourquoi on aurait envie de lire des livres flippants dans tous les domaines pratiquement (y compris des romans "historiques" traitant de périodes genre WWII avec des camps d'extermination et toutes ces joyeusetés, ou Grande Peste, ou guerre de religions, etc), mais PAS en SF...

Oncle Joe
Les exemples que tu donnes appartiennent au passé. C'est réconfortant (même si c'est naïf) de se dire : "il y a eu des horreurs mais heureusement, maintenant, cela ne se produit plus".

Quand un roman de SF t'annonce que l'avenir sur Terre sera pire que ces horreurs du passé, ben franchement, ça peut ne pas faire envie, hein ;)

Alors est-ce que cela relève de la politique de l'autruche, ou d'un hédonisme dénué de masochisme, ou d'autre chose... je me garderai bien d'en juger ! Je ne peux que constater que ces sensibilités-là existent, et ne sont pas si anecdotiques que ça.

Et puis il y a le ressenti de chacun, j'insiste. Par exemple, je vais lire avec plaisir du cyberpunk, des immersions dans la matrice, ou des textes dans lesquels la génétique fait mumuse avec le réel, quitte à nous pondre des cauchemars ambulants... mais un huis clos dans un vaisseau perdu dans l'espace et menacé par la panne d'oxygène, ça c'est un thème qui m'angoisse terriblement depuis l'enfance, et que je vais donc fuir dans mes lectures SF. Idem pour tout ce qui est "l'humanité n'existe plus, elle a été entièrement éradiquée par elle-même/des robots/des singes mutants etc."

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Lensman
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Message par Lensman » jeu. juin 10, 2010 9:41 am

Peut-être qu'il suffirait de mettre un avertissement au début de chaque bouquin de SF:

"Le futur qui vous est décrit est purement imaginaire ou, au pire, se situe dans un univers parallèle qui n'est pas le nôtre".

Oncle Joe

Lucie
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Message par Lucie » jeu. juin 10, 2010 9:42 am

Oups ! Je reviens là-dessus :
Don Lorenjy a écrit :
Argemmios a écrit :Peut-être que "flippant" n'était pas le terme approprié, sinon les thrillers ne se vendraient pas si bien.
.
Je crois que si, puisque Lucie y ajoute la catharsis, qui rend le flip utile (ou au moins supportable) mais aussi addictif.
Tu crois que c'est la catharsis qui rend le flip (au sens non pas de déprimant, mais de terrifiant) addictif ?

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Don Lorenjy
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Message par Don Lorenjy » jeu. juin 10, 2010 9:44 am

Lucie a écrit :Oups ! Je reviens là-dessus :
Don Lorenjy a écrit :
Argemmios a écrit :Peut-être que "flippant" n'était pas le terme approprié, sinon les thrillers ne se vendraient pas si bien.
.
Je crois que si, puisque Lucie y ajoute la catharsis, qui rend le flip utile (ou au moins supportable) mais aussi addictif.
Tu crois que c'est la catharsis qui rend le flip (au sens non pas de déprimant, mais de terrifiant) addictif ?
Je crois, oui : on cherche le frisson au cinéma, en livre ou en jeu vidéo, parce que ce frisson perd sa morbidité dans le défoulement sans danger immédiat de pulsions. C'est la même chose avec le surfer : chaque vague réussie envoie une telle dose de peur/soulagement qu'il en faut tout de suite une autre.
Les marques Don Lorenjy et Don Lo sont retirées des rayons

Argemmios

Message par Argemmios » jeu. juin 10, 2010 10:00 am

Lensman a écrit :Peut-être qu'il suffirait de mettre un avertissement au début de chaque bouquin de SF:

"Le futur qui vous est décrit est purement imaginaire ou, au pire, se situe dans un univers parallèle qui n'est pas le nôtre".

Oncle Joe
Peut-être.

Je me souviens de cette vieille dame qui croyait que Patrick Duffy était un véritable homme-poisson parce qu'elle l'avait vu à la télé dans "l'homme qui venait de l'Atlantide". Et elle soutenait mordicus que quand il jouait Bobby dans Dallas, entre deux scènes il devait se reposer dans un aquarium géant.

Ok, ce mini-reportage date de la fin des années 70 ou du début des années 80 (me souviens plus, j'étais jeune) mais quand même.

Le nombre de gens qui gobent tout ce qu'ils voient à la télé, ou tout ce qu'ils lisent dans les journaux, voire tout ce qu'ils lisent dans les livres... est assez effarant.

Faudrait presque consacrer un article à chaque ouvrage de fiction sur ce bon vieux hoaxbuster.

Me souviens aussi d'enquêtes au micro faites dans la rue, à la même époque de mon adolescence. Après les termes venus de l'anglais, qui donnaient des choses rigolotes comme :
"bonjour madame, est-ce que vous savez ce que signifie sponsoriser ?
- heu... nettoyer avec une éponge ?"
il y avait eu le thème de la SF, justement. Et ça donnait des choses comme :

"Bonjour monsieur, savez-vous ce qu'est un mutant ?
- oui, c'est un gars qui bossait à un endroit et qui s'est fait muter dans une autre ville."

ou encore :

"Bonjour madame, que pensez-vous de la Rencontre du Troisième Type ?
- Ben on rencontre un premier type, si ça ne marche pas on en rencontre un second. mais un troisième, quand même, ça fait beaucoup !"

Bon, ça c'était pour la vieille génération. Maintenant, je regarde les jeunes, en primaire ou au collège... alors eux, ils connaissent les mutants, les super-héros, les vampires, les dragons, les fées... mais quand tu viens les rencontrer dans les écoles, et qu'ils savent que tu écris dans ces domaines-là, ce qui les intéresse le plus, c'est :

- est-ce que tu as déjà rencontré une fée ?
- est-ce que les vampires, ça existe vraiment ?
- est-ce que tu peux me raconter ton livre ? J'ai la flemme de le lire mais je veux connaître l'histoire. Ou la variante : est-ce qu'on va en faire un film ?
- est-ce que t'es célèbre ? est-ce que tu es passée à la télé ?
- est-ce que tu gagnes beaucoup d'argent ?

La réflexion que j'ai le plus adorée, même si elle m'a fait grincer des dents, ça a été :

"Hey m'dame ! A quoi ça sert d'écrire si ça te rapporte pas de thunes ?"

Ok, ok, c'était en grande banlieue, école de cité HLM, quartier bien défavorisé, classe de CM2. Cette année, je suis allée dans un collège de Haute-Normandie, et les questions étaient beaucoup plus techniques : la chaîne du livre, mes méthodes de travail, la recherche d'idées, s'il existait ou pas des études pour devenir écrivain...

Oups, je crois que je dévie un peu, là.

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Roland C. Wagner
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Message par Roland C. Wagner » jeu. juin 10, 2010 10:48 am

Je crois qu'il y a un gros gloubiboulga sur les fonctions possibles de la science-fiction.

On peut alerter et distraire, décrire un monde flippant et des personnages attachants (1), faire avoir des sueurs froides au lecteur et lui procurer du plaisir, réfléchir sur l'avenir et s'en servir pour raconter une histoire, etc.

Un exemple qui me vient à l'esprit est Le Frère des dragons, de Charles Sheffield. Il y a dedans tout ce que j'ai listé plus haut, et bien plus encore.

Est-il utile de rappeler qu'un roman de science-fiction qui s'intéresse au futur (tout le monde aura noté que je restreins volontairement le champ à une partie de la SF, mais il me semble que c'est d'elle qu'on parle) met en scène un certain nombre d'extrapolations ? Si le roman est une philosophie mise en images, ce type de roman de science-fiction est peut-être également une vision de l'avenir mise en récit. Ce n'est pas un livre qui dit « attention, voilà ce qui risque d'arriver si… » mais « c'est arrivé, voilà le résultat ».

L'avenir décrit par Sheffield pouvait-il sembler possible à l'époque de sa parution ?

D'après mes souvenirs, oui.

Cet avenir peut-il sembler possible aujourd'hui ?

J'aurais tendance à penser que oui, à quelques détails près peut-être.

Si cet avenir ne semblait plus possible, cela altèrerait-il la qualité du roman ?

Non, sans hésiter. Nous vivons au milieu d'un nombre incroyable d'univers alternatifs de fiction, et bon nombre sont tout simplement impossibles dès le départ — la SF traitée par-dessus la jambe, l'essentiel de la fantasy, etc.

Cela dit, le roman n'est pas plus noir qu'un David Goodis, par exemple.

En fait, je suis tenté de dire que c'est un très bon, voire grand roman noir autant qu'un excellent roman de SF à court terme. Il faudrait que je le relise, mais il me semble aussi que destin individuel et destin collectif jouent un rôle à peu près équivalent en importance dans l'intrigue.

Accessoirement :

C'est un livre qui a près de vingt ans. Depuis, il y a eu le net et le réchauffement climatique. Ou, plus exactement, le net s'est largement répandu (ce qui semblait sa vocation dès le départ) et le réchauffement est entré dans le domaine public, si j'ose dire. Et tous deux sont en quelque sorte devenus des « passages obligés » pour les futurs proches — je veux dire que, dans un cas comme dans l'autre, on est obligé de justifier de leur absence, non de leur présence.

Or ce sont deux phénomènes dont le rythme est très, très différent.

Le net évolue très vite. Qui peut dire à quoi il ressemblera en 2050 ?

Le changement climatique évolue très lentement à l'échelle humaine. On peut penser avoir une idée assez précise de ce que ça donnera en 2050.

On peut sans doute trouver d'autres contraintes, mais ces deux-là sont à mon sens emblématiques car elles représentent deux « murs de l'avenir » opposés : d'une part une évolution ultra-rapide qui peut rendre n'importe quelle extrapolation caduque du jour au lendemain ou peu s'en faut ; d'autre part un phénomène de fond lent mais incontournable qui fige en quelque sorte les visions plausibles de l'avenir.

Le net rend délicat d'écrire de la science-fiction à court et moyen terme, le réchauffement oriente celle-ci vers un faisceau de possibilités restreint. Écrire ce type de SF de nos jours réclame plus que jamais de s'écarter des schémas de pensée préfabriqués qu'on nous sert dans les médias, et il est clair que ce n'est pas ce que réclame le gros du public de l'imaginaire (oui, je l'ai dit, mais uniquement pour désigner le segment commercial en question).


(1) J'emploie ce terme dans un sens très, très large.
« Regarde vers Lorient / Là tu trouveras la sagesse. » (Les Cravates à Pois)

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Le_navire
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Message par Le_navire » jeu. juin 10, 2010 10:58 am

Je crois que je suis assez d'accord avec Lucie.

Dans le Thriller, comme dans la lecture de faits divers, on joue sur le frisson de ce qui pourrait bien arriver, mais dont on sait intimement qu'il y a toutes les chances statistiques pour que ça tombe chez le voisin (suffit d'entendre les témoignages de ceux qui y sont confrontés directement et qui avoue sans fard qu'ils "n'aurait jamais cru que ça pourrait leur arriver à eux")

Dans la SF, c'est l'avenir d'une humanité qu'on explore : ça pourrait bien arriver, et là, pas d'échappatoire, c'est à tous que ça arrive. Tant que la SF faisait mumuse avec les petits hommes verts, on avait encore un coin dans la tête qui disait que non, c'était juste pas possible, les martiens n'existent pas en vrai. Alors oui, il y a eu la vague de panique post galéjade Orsonwellsinenne, mais je doute que les gens qui ont paniqué à ce moment là aient été des lecteurs de SF (en dehors d'une poignée de dérangés de la cafetière).

Aujourd'hui que la SF explore souvent des avenirs conceptuellement proches et réalistes, loin des lézards à gros nichons, elle génère une angoisse qui rejoint la désaffection du politique : si on ne peut rien y faire, on s'en détourne en profitant du moment présent. Pas de mémoire (pour ne pas comprendre l'inéluctabilité de certains mécanismes), pas d'anticipation. Vivons heureux, vivons cachés. Et même s'il existe d'autres civilisations ailleurs, les chances qu'on croise des copains dans l'espace sont moins fortes que celles de voir l'espèce s'éteindre à vitesse grand V. Et si on flippe trop, on se tourne vers la religion, qui promet qu'au moins en mourant de ces terribles morts qu'on nous promet, en achevant ces vies malheureuses qui se dessinent, on aura une autre chance de paradis...

Mais je doute que la SF optimiste à laquelle aspire Don Lo fonctionne mieux. Tu vas me détester, chou, mais je pense qu'à l'inverse, les gens savent, comme ils savaient avant que les martiens n'existaient pas, que le monde ne va pas bien et qu'il n'y a guère de signes qu'on puisse espérer voir les choses aller dans le bon sens à l'échelle d'une vie humaine. Et que leur présenter un avenir optimiste risque de les laisser aussi froids que le dépressif qu'on tente de guérir à coup de "bouge-toi, tu verras, ça ira mieux".

On m'objectera que la guerre froide était une période foisonnante pour la SF : c'est oublier un peu vite, me semble-t-il, que la guerre froide était aussi, pour les occidentaux, une période de croissance économique accompagnée d'un fonctionnement plutôt correct de l'ascenseur social. Il y avait une menace qui planait, certes, mais elle était diffuse et d'autant plus lointaine qu'on leur cachait le pire. Pour les lecteurs des années 50/70, même quand leur vie était difficile, il leur était loisible de croire que celle de leurs enfants serait meilleure.

Pour ceux d'aujourd'hui, c'est la conviction que la vie de leurs enfants risque fort d'être plus dure que la leur qui les accompagne.

Et c'est à mon avis toute la différence.

D'où peut être aussi le succès de la Fantasy, univers refuge où le retour au passé moyenâgeux s'accompagne d'épopées et de faits héroïques, et où les héros sont des gens simples qui se révèlent être capables de soulever le monde et de le transformer pour lui offrir un meilleur avenir (l'analogie ne vous frappe-t-elle pas ? Alors qu'on entend, si l'on tend bien l'oreille et jusque sur les ondes de la très sage France Culture, des appels du pied - qui moi me terrorisent - au retour sur le devant de la scène des "hommes providentiels").

D'où peut être aussi, le retour en force des Comics, sur le même thème ?

D'où peut être aussi, dans le fantastique, le succès de la figure vampiresque, qui représente une race nouvelle, puissante et vue désormais de manière étrangement positive, non plus pour faire peur, mais pour séduire, à laquelle on peut accéder même lorsqu'on est simple mortel ?

Je ne sais pas ce que vous en penserez, mais j'y vois, personnellement, ce que d'aucuns qualifieraient de faisceau de présomptions.

Et ça ne me fait pas rire.
"Ils ne sont grands que parce que vous êtes à genoux"

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Message par marypop » jeu. juin 10, 2010 11:00 am

Sybille a écrit :
Erion a écrit :Après, on peut s'interroger sur ce qui s'est passé chez les grands lecteurs, pourquoi leur nombre s'est effondré ? Mais c'est un peu facile d'accuser les best-seller.
On a simplement accès à plus de loisirs.
Avant, on lisait car on n'avait rien de mieux à faire. Quand j'étais enfant, il n'y avait que quelques chaines de télé, le magnétoscope venait juste de sortir, y'avait pas de jeux vidéo...
HAHAHA !

Puis-je me gausser ? En toute amitié bien sur mais bon ...

les jeux vidéos sont répandus depuis bien avant le magnétoscope.

Je dis ça, et j'ai eu chez mes parents un magnétoscope très tôt ...

De plus je ne suis pas d'accord avec ton interprétation sur le "plus de loisirs". Je dirais plutôt que les gens ont davantage tendance à fractionner leurs activités, et à être plus speed.
Les lecteurs tranquilles du WE sous la couette il n'y en a plus beaucoup.
Les lecteurs par tranche de 10 minutes dans le métro avec l'odeur des aisselles du voisin, si.

Dans ces conditions, certains sont capables de lire Egan, mais ils sont rares. Alors que beaucoup sont capables de lire Meyer.
Il faut de la volonté, des capacités de concentration (et surtout d'abstraction de l'environnement) plus fortes pour lire dans le monde actuel.

Maintenant, vous même ici, sur ce forum, posez-vous la question honnêtement, lisez-vous plus ou moins en volume qu'il y a 10 ans ?
si on commence à mélanger sf archaïque et proto-sf, personne ne s'y retrouvera plus.
Dieu.

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Message par dracosolis » jeu. juin 10, 2010 11:03 am

bon c'est clair, je lis beaucoup moins
je relis beaucoup en fait ces dernières années et je dois aborder à peine une dizaine de romans nouveaux par an (et je les choisis avec grand soin)
mais c'est parce que l'écriture/ correction me met dans une dynamique différente

Le Frère des dragons, de Charles Sheffield
une merveille :)
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Roland C. Wagner
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Message par Roland C. Wagner » jeu. juin 10, 2010 11:06 am

Le_navire a écrit :Pour les lecteurs des années 50/70, même quand leur vie était difficile, il leur était loisible de croire que celle de leurs enfants serait meilleure.

Pour ceux d'aujourd'hui, c'est la conviction que la vie de leurs enfants risque fort d'être plus dure que la leur qui les accompagne.
On dit merci à l'évolution économique des dernières décennies qui nous a mis dans cette merde et continue à nous y enfoncer pendant que les ploutocrates restent au sec, assis sur des montagnes de cadavres.

Et je ne plaisante pas.
« Regarde vers Lorient / Là tu trouveras la sagesse. » (Les Cravates à Pois)

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Message par Roland C. Wagner » jeu. juin 10, 2010 11:08 am

marypop a écrit :lisez-vous plus ou moins en volume qu'il y a 10 ans ?
À peine.

Par contre, je lis beaucoup moins de romans, et s'il n'y avait pas le prix JV, j'en lirais encore moins.
« Regarde vers Lorient / Là tu trouveras la sagesse. » (Les Cravates à Pois)

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