Outrage et rébellion.- Catherine Dufour
Modérateurs : Eric, jerome, Jean, Travis, Charlotte, tom, marie.m
- McCorjeag
- Messages : 173
- Enregistré le : ven. juin 15, 2007 4:49 pm
- Localisation : Sur ma chaise en Haute-Savoie
Outrage et rébellion.- Catherine Dufour
Nonobstant toute velléité littéraire de ma part et loin de vouloir faire une hypotypose gauche, je résumerai ma lecture ainsi :
« Prends ça dans ta gueule ! Espèce de bâtard suceur d'extas de 13 piges»
Voilà. Ca a le mérite d'être clair. Sur ce, maître Capello se retire dans sa loge et vous souhaite la bonne soirée. Ah ! si, encore une chose, ça se passe en 2325 et je suis toute décoiffée d'avoir lu ça.
« Prends ça dans ta gueule ! Espèce de bâtard suceur d'extas de 13 piges»
Voilà. Ca a le mérite d'être clair. Sur ce, maître Capello se retire dans sa loge et vous souhaite la bonne soirée. Ah ! si, encore une chose, ça se passe en 2325 et je suis toute décoiffée d'avoir lu ça.
Fantôme : Signe extérieur évident d'une frayeur interne.
Ambrose Bierce
Ambrose Bierce
Si on a l'esprit un poil rock n'roll, voire carrément punk, ça troue sa mémé et ça fait dégueuler les holothuries. Même.Eric a écrit :Fais le passer direct en haut de la pile. Ça paye sa chatte, ça claque sa mère, ça ventouse le dindon !
Outrage et rébellion, c'est bon. Mangez-en !
"Ils ne sont grands que parce que vous êtes à genoux"
-
- Messages : 438
- Enregistré le : jeu. oct. 23, 2008 3:46 pm
- Localisation : Dans le TGV Paris-Lyon (ou Lyon-Paris, ça dépend des jours.)
Oué, enfin si tu me l'avais vendu comme ça, ce bouquin, je l'aurais pas lu.Le_navire a écrit :Si on a l'esprit un poil rock n'roll, voire carrément punk
C'est un grand bouquin qui prend aux tripes, qui accroche (et à l'occasion, décroche) le cœur et fout la nausée, mais on rit autant qu'on vomit et à la fin, c'est comme au sortir d'un grand huit, on est un peu sonné mais fichtrement content d'être passé par là.
Il n'y a pas besoin d'y connaître quoi que ce soit à la musique qui fait du bruit pour apprécier. Même si je suis sûr que ceux de ses lecteurs qui y connaissent quoi que soit à la musique qui fait du bruit accoureront pour me contredire, tant pis pour eux, parce que même pour moi qui n'écoute quasi rien (ni classique ni moderne ni postmoderne ni punk ni métal ni bois ni baroque) ce livre a été l'un des plus gros chocs (positifs) des quelques dernières années.
- marc
- Messages : 2396
- Enregistré le : dim. mars 12, 2006 8:59 am
- Localisation : Bruxelles (Belgique)
- Contact :
+1Cachou a écrit :Bon, d'accord, on a compris que ça remuait. Mais pourquoi? Ca raconte quoi au départ? Et pourquoi ça décoiffe?
Je me pose la même question. Car avec un titre pareil je me demande si c'est du Jane Austen ou si on est dans l'affriolant

Marc Le Blog science-fiction de Marc et Phenix Mag
Auteurs préférés : Banks, Hamilton, Simmons, Heinlein, Reynolds, Vance, Weber, Bordage, P. Anderson, Eddings
Auteurs préférés : Banks, Hamilton, Simmons, Heinlein, Reynolds, Vance, Weber, Bordage, P. Anderson, Eddings
-
- Messages : 438
- Enregistré le : jeu. oct. 23, 2008 3:46 pm
- Localisation : Dans le TGV Paris-Lyon (ou Lyon-Paris, ça dépend des jours.)
Ça raconte quoi : heeuuuuuuuu… à la base c'est des jeunes laissés plus ou moins à eux-mêmes, qui se révoltent comme ils le peuvent en réinventant le punk (culture transgressive très vaguement cristallisée sur de la musique, d'ailleurs l'un des personnages dit bien que le but était de choquer, de faire un max de bruit, et surtout pas quelque chose d'agréable à écouter).
Ensuite Marquis, le meneur du, mmm, « mouvement » en question se retrouve dans les bidonvilles souterrains sous Shanghaï, dirigés par une sorte de dictature de la pire espèce, où vivent tous ceux qui n'ont pas les moyens d'habiter les tours. La surface est inhabitable (trop polluée, toxique), l'angoisse de la survie est présente quotidiennement, le « style » de Marquis attire tout de suite à lui la frange la plus désespérée de cette population à la marge.
Voilà pour l'intrigue, ça se passe en Chine au, je sais pas, 23ème siècle ? Chine qui est donc la puissance économique (si tant est qu'il reste une économie) et surtout culturelle dominante dans un monde dévasté par les excès des générations passées (plus d'ozone, plus de végétation ou de faune naturelle, les humains survivent tant bien que mal dans des tours pour les riches, des grottes pour les pauvres, bouffent des barres de calories artificielles, tout ça.) En fait, la lecture de « Le goût de l'immortalité » est conseillée pour comprendre le background, mais je ne pense pas que ce soit indispensable.
Parce qu'au fond, l'intrigue et le background, on s'en branle. (Désolé Catherine si tu lis ça.)
Les personnages, eux, ils s'en contrefoutent de l'écologie, de la domination culturelle chinoise, tout ça. Ils vivent au présent, dans des conditions affreuses et anxiogènes, et ils découvrent quelqu'un qui leur dit, avec toute la puissance et la connerie de la jeunesse, « On s'en branle ! » Et qui joint le geste à la parole (littéralement, il se branle pendant les concerts. Quand je dis qu'il y a des fluides corporels qui giclent…)
Ce qui fait la force du bouquin, ce sont ses personnages, et son écriture. Il n'y a pas de narration, juste une accumulation de courts extraits d'interviews réalisés a posteriori, pour la plupart, des acteurs de ce phénomène. Enfin, ceux qui ont survécu. Ils parlent avec leurs mots, leur vocabulaire (passablement attaqué par l'alcool, les drogues et la connerie, en général), leur syntaxe. On est directement plongé dans leur existence, leurs pensées, leur altérité. Parce que bon, ce sont des gens aussi différents de nous qu'on peut l'imaginer… déjà parce que bon, on est tous des gentils petits-bourgeois bien-pensants, hein ? Ensuite parce que leur situation est radicalement différente, la vie humaine n'est pas quelque chose de très important là-bas (des humains, y'en a partout), ils font des remarques qui nous paraissent d'une incroyable cruauté… et puis il y a le fait que la chirurgie transformative a pas mal avancé, au point que tout le monde se greffe un peu ce qu'il veut, au point que, par exemple, la notion de sexe (l'appartenance à un sexe, pas l'activité, qui reste très prisée) est assez floue. Ben oui, quand tout le monde se balade avec trois bites et cinq clitos, dont un sur le front, se dire mâle ou femelle est un peu obsolète.
Bref.
Ça gicle, ça fait mal, c'est affreusement drôle. Faut pas avoir peur du grand-guignol, aimer l'absurde. Tiens, cette réplique me fait mourir de rire :
Le tout est évidemment servi par la plume alerte de Catherine Dufour, qui doit avoir le meilleur sens de la formule de tous les auteurs français actuels. Pratiquement à chaque page on trouve une ou plusieurs pépites, qu'on a envie de noter pour le citer dans la conversation, sauf qu'on finirait par réciter tout le bouquin.
Je garantis pas que ça plaise à tout le monde (en fait ça m'étonnerait) et je ne le recommanderais pas à ma belle-mère (ni à ma mère, d'ailleurs), mais pour quiconque n'a pas froid aux yeux, ne pas essayer serait courir le risque de passer à côté de quelque chose de très impressionnant.
Ensuite Marquis, le meneur du, mmm, « mouvement » en question se retrouve dans les bidonvilles souterrains sous Shanghaï, dirigés par une sorte de dictature de la pire espèce, où vivent tous ceux qui n'ont pas les moyens d'habiter les tours. La surface est inhabitable (trop polluée, toxique), l'angoisse de la survie est présente quotidiennement, le « style » de Marquis attire tout de suite à lui la frange la plus désespérée de cette population à la marge.
Voilà pour l'intrigue, ça se passe en Chine au, je sais pas, 23ème siècle ? Chine qui est donc la puissance économique (si tant est qu'il reste une économie) et surtout culturelle dominante dans un monde dévasté par les excès des générations passées (plus d'ozone, plus de végétation ou de faune naturelle, les humains survivent tant bien que mal dans des tours pour les riches, des grottes pour les pauvres, bouffent des barres de calories artificielles, tout ça.) En fait, la lecture de « Le goût de l'immortalité » est conseillée pour comprendre le background, mais je ne pense pas que ce soit indispensable.
Parce qu'au fond, l'intrigue et le background, on s'en branle. (Désolé Catherine si tu lis ça.)
Les personnages, eux, ils s'en contrefoutent de l'écologie, de la domination culturelle chinoise, tout ça. Ils vivent au présent, dans des conditions affreuses et anxiogènes, et ils découvrent quelqu'un qui leur dit, avec toute la puissance et la connerie de la jeunesse, « On s'en branle ! » Et qui joint le geste à la parole (littéralement, il se branle pendant les concerts. Quand je dis qu'il y a des fluides corporels qui giclent…)
Ce qui fait la force du bouquin, ce sont ses personnages, et son écriture. Il n'y a pas de narration, juste une accumulation de courts extraits d'interviews réalisés a posteriori, pour la plupart, des acteurs de ce phénomène. Enfin, ceux qui ont survécu. Ils parlent avec leurs mots, leur vocabulaire (passablement attaqué par l'alcool, les drogues et la connerie, en général), leur syntaxe. On est directement plongé dans leur existence, leurs pensées, leur altérité. Parce que bon, ce sont des gens aussi différents de nous qu'on peut l'imaginer… déjà parce que bon, on est tous des gentils petits-bourgeois bien-pensants, hein ? Ensuite parce que leur situation est radicalement différente, la vie humaine n'est pas quelque chose de très important là-bas (des humains, y'en a partout), ils font des remarques qui nous paraissent d'une incroyable cruauté… et puis il y a le fait que la chirurgie transformative a pas mal avancé, au point que tout le monde se greffe un peu ce qu'il veut, au point que, par exemple, la notion de sexe (l'appartenance à un sexe, pas l'activité, qui reste très prisée) est assez floue. Ben oui, quand tout le monde se balade avec trois bites et cinq clitos, dont un sur le front, se dire mâle ou femelle est un peu obsolète.
Bref.
Ça gicle, ça fait mal, c'est affreusement drôle. Faut pas avoir peur du grand-guignol, aimer l'absurde. Tiens, cette réplique me fait mourir de rire :
C'est exactement ça, la classe ? Ce mec serait incapable de reconnaître un truc élégant ou classieux s'il le percutait entre les yeux, mais il se pique de définir, avec exactitude, ce qu'est la classe. C'est pour ça que c'est drôle : en général, les persos sont des abrutis immatures et acculturés (pas tous, hein, mais dans la deuxième partie, c'est la majorité), auxquels on (et le journaliste invisible qui les interroge) ne s'intéresse que parce qu'ils ont participé, sans trop s'en rendre compte, à un phénomène culturel majeur. Le décalage est énorme.Linerion a écrit :Les autres er ramollissaient leurs briques de calories avec de la pisse ou du sperme. Marquis, c'était avec son sang, oué ! C'est exactement ça, la classe.
Le tout est évidemment servi par la plume alerte de Catherine Dufour, qui doit avoir le meilleur sens de la formule de tous les auteurs français actuels. Pratiquement à chaque page on trouve une ou plusieurs pépites, qu'on a envie de noter pour le citer dans la conversation, sauf qu'on finirait par réciter tout le bouquin.
Je garantis pas que ça plaise à tout le monde (en fait ça m'étonnerait) et je ne le recommanderais pas à ma belle-mère (ni à ma mère, d'ailleurs), mais pour quiconque n'a pas froid aux yeux, ne pas essayer serait courir le risque de passer à côté de quelque chose de très impressionnant.
- Eric
- Administrateur - Site Admin
- Messages : 5185
- Enregistré le : ven. déc. 16, 2005 1:03 pm
- Localisation : Paris
Et par un coup de bol insensé, il se trouve qu'ActuSF est aussi un site de chroniques.Cachou a écrit :Bon, d'accord, on a compris que ça remuait. Mais pourquoi? Ca raconte quoi au départ? Et pourquoi ça décoiffe?
La vie est bien faite, des fois.
Des fois, seulement.
Mais là, ouais...
Ouh, purée, tu l'as aimé celui-là. Et heureusement, parce que tu n'y vas pas de main morte hein ^_^Eric a écrit :Et par un coup de bol insensé, il se trouve qu'ActuSF est aussi un site de chroniques.Cachou a écrit :Bon, d'accord, on a compris que ça remuait. Mais pourquoi? Ca raconte quoi au départ? Et pourquoi ça décoiffe?
La vie est bien faite, des fois.
Des fois, seulement.
Mais là, ouais...
(au fait, il faut le savoir, je suis une paresseuse patentée, victime d'un surcroît de flemmardise aigüe dû à la chaleur. Du coup, je suppose que, inconsciemment, j'attendais que quelqu'un me poste un lien. Merci d'avoir exaucé mes vœux! La vie est en effet bien faite des fois)(et merci à Fifokaswiti!!!!)
C'est pas une question de musique, Fifo chou. Mais d'état d'esprit, de révolte sans idéaux, de vivre jeune mourir vite, de bazarder une vieille société pourrie en lui chiant juste à la gueule sans savoir quoi mettre d'autre à la place, juste parce qu'on sait au moins une chose ça peut pas continuer comme ça, ou alors autant crever sur place, debout, en hurlant et en vomissant ses tripes.Fifokaswiti a écrit :Oué, enfin si tu me l'avais vendu comme ça, ce bouquin, je l'aurais pas lu.Le_navire a écrit :Si on a l'esprit un poil rock n'roll, voire carrément punk
C'est un grand bouquin qui prend aux tripes, qui accroche (et à l'occasion, décroche) le cœur et fout la nausée, mais on rit autant qu'on vomit et à la fin, c'est comme au sortir d'un grand huit, on est un peu sonné mais fichtrement content d'être passé par là.
Il n'y a pas besoin d'y connaître quoi que ce soit à la musique qui fait du bruit pour apprécier. Même si je suis sûr que ceux de ses lecteurs qui y connaissent quoi que soit à la musique qui fait du bruit accoureront pour me contredire, tant pis pour eux, parce que même pour moi qui n'écoute quasi rien (ni classique ni moderne ni postmoderne ni punk ni métal ni bois ni baroque) ce livre a été l'un des plus gros chocs (positifs) des quelques dernières années.
Punk, quoi.
"Ils ne sont grands que parce que vous êtes à genoux"
Salut,
A+
Patrice
Ah, ces jeunes... tous déjà vieux.Le_navire a écrit : C'est pas une question de musique, Fifo chou. Mais d'état d'esprit, de révolte sans idéaux, de vivre jeune mourir vite, de bazarder une vieille société pourrie en lui chiant juste à la gueule sans savoir quoi mettre d'autre à la place, juste parce qu'on sait au moins une chose ça peut pas continuer comme ça, ou alors autant crever sur place, debout, en hurlant et en vomissant ses tripes.
Punk, quoi.
Achille, proto-punk.Si je reste et si je combats autour de la ville des Troiens, je ne retournerai jamais dans mes demeures, mais ma gloire sera immortelle. Si je retourne vers ma demeure, dans la terre bien-aimée de ma patrie, je perdrai toute gloire, mais je vivrai très-vieux, et la mort ne me saisira qu’après de très-longues années.
A+
Patrice
Enfin, c'est vite dit... chez les punks, la très, très grande majorité reste vivant, heurereusement...Le_navire a écrit : C'est pas une question de musique, Fifo chou. Mais d'état d'esprit, de révolte sans idéaux, de vivre jeune mourir vite, de bazarder une vieille société pourrie en lui chiant juste à la gueule sans savoir quoi mettre d'autre à la place, juste parce qu'on sait au moins une chose ça peut pas continuer comme ça, ou alors autant crever sur place, debout, en hurlant et en vomissant ses tripes.
Punk, quoi.
Il y a des endroits dans le monde où les jeunes gens se font réellement exploser les tripes (avec celles des passants autour), ce n'est pas tout à fait pareil...
Histoire de relativiser un brin le mal de vivre sur la planète..
Oncle Joe