Papageno a écrit :Un genre si récent, et déjà les querelles d'experts... J'adore ça ! la vie est belle !
A votre avis, quels seront les textes classiques de bit'lit que l'on lira encore dans, disons, 40 ans?
On doit se planter complètement dans notre compréhension de la bit'lit !
Parce que, si des lecteurs arrivent à lire avec plaisir ,de la bit'lit tel que, nous, on l'imagine, ça laisse pantois, et ça nous ne laisses plus beaucoup de choix
Ou, ces lecteurs, ont une façon de penser aussi éloigner de la notre, que la notre l'est de celle d'une mante religieuse.
Ou bien on se plante complètement!
La deuxième hypothèse étant la plus probable, je la retient... Car, si ce n'était pas le cas, j'aime mieux pas y penser !

Je fais partie des gens qui aiment la bit'lit. J'en ai beaucoup lu, et j'entends bien continuer.
Aussi étrange que ça puisse paraître, c'est une littérature qui emprunte à la SF sa composante de réflexion sociétale, qui traite de façon assez fouillée des rapports de pouvoir, et en particulier des rapports de pouvoir entre les sexes - avec extension naturelle vers la dimension gay, lesbien, trans, etc. C'est une littérature qui parle de la difficulté de l'affirmation de soi dans un monde empli de stéréotypes et de petites cases, une littérature où l'on s'efforce de mettre en scène les étapes sans cesse renouvelées de la construction d'une personnalité - et d'une vision du monde qui va avec (vous avez dit "littérature pour adolescents" ?). C'est de l'affirmative action, et de ce côté-là je trouve qu'il y a une filiation évidente avec le mouvement hippie américain, avec un focus important sur l'idée de transgression vis-à-vis de l'idéologie ambiante. C'est à l'opposé de la littérature nombrilocentrée qu'on nous propose comme moderne en France, en ce moment.
C'est également, pour moi, une littérature de la métamorphose - comme la SF, là aussi - au sens où la difficulté est de vivre dans un monde devenu d'un seul coup beaucoup plus vaste et complexe. À la base de la bit'lit, il y a tout simplement la révélation comme quoi "les vampires/loups garous/feys/sorcier(e)s. existent, on est là, il va falloir faire avec nous". Dans les bouquins, il y a des gens qui prennent les armes, bien sûr, mais il y a surtout des gens qui s'efforcent, plus ou moins maladroitement, de reconstruire un système de pensée (en particulier religieux, car on touche à l'idée même de la mort et de la transfiguration) compatible avec cette nouvelle vision du monde.
De ce côté-là, la série True Blood est quand même archétypale, car elle se passe justement dans un coin des Etats-Unis rempli de "bouseux" (les rednecks, dont on se demande s'ils sont caricaturaux ou simplement décrits avec exactitude), de racistes, de fondamentalistes religieux de toute sorte... Et au milieu de tout ça débarquent des vampires, qui plaisent aux filles (et aux garçons, d'ailleurs) et qui sont chacun, individuellement, des Jésus Christ en puissance, offreurs d'immortalité, offreurs d'un sang qui fait tripper ceux qui le boivent, et destructeurs d'idées reçues.
Ca fait longtemps que je n'ai pas lu une histoire d'extraterrestre qui m'ait fait le même effet.