S. Lehman & G. Dumay sur France Inter

[Lensman]

le reste vaguement de la SF, mais pas de la vraie, pas de celle qui "affronte le futur".

GD

On dit parfois que c'est parce que c'est un genre très exigeant, difficile à écrire, facile à rater, où on est vite à côté de la plaque. Il faudrait un savoir faire très particulier, dur à acquérir.
Les Anglo-Saxons seraient d'une certaine manière parvenus à former une sorte de "cheptel" d'auteurs qui arrivent à fournir dans ce genre exigeant.
Il y a de bons auteurs Français, évidemment, mais ils ne seraient pas assez nombreux, pas assez productifs et présents pour "occuper" le terrain.
Pas assez présents, ils ne sont pas assez demandés, les éditeurs ne leur commandent guère de livres, le cheptel augmente peu, etc. C'est une sorte de spirale infernale, qu'il semble toujours très difficile de redresser.

Oncle Joe

[Papageno]

Et ils finissent par partir vers d'autres horizons, fautes de revenus suffisants. (les auteurs français)

[Fabien Lyraud]

Les Anglo-Saxons seraient d'une certaine manière parvenus à former une sorte de "cheptel" d'auteurs qui arrivent à fournir dans ce genre exigeant.

Chez eux il y a toujours eu des passerelles entre SF populaire et sf exigeante. Ne pas oubliez que la Sf est né dans les pulp magazines. Chez nous ces passerelles ont existé jusqu'au milieu des années 90 et la disparition de Fleuve Noir Anticipation. Aux US et en Grande Bretagne ils existent encore un peu, bien affaibli certes et dénaturés également. Comme je l'ai dis précédemment la Sf d'évasion ce sont des licences commerciales et non plus des oeuvres originales, mais certains éditeurs résistent.
En fantasy les passerelles entre la fantasy populaires et la fantasy ambitieuses existent. Donc la fantasy est une littérature qui fonctionne.
Pour que la SF ambitieuse fonctionne il faut une SF populaire et surtout que la SF ambitieuse publiée chez nous corresponde à la mentalité du public français et pas seulement du noyau dur du fandom. Quand on sait qu'un auteur majeur comme Eric Brown n'est toujours pas traduit chez nous.....

[Roland C. Wagner]

Bien aimé cette émission.
Elle avait un petit goût de Salle 101.

Un goût de merde, alors ?

Non, pas de photo, les modérateurs ne supportent pas la vision de la réalité.

[Roland C. Wagner]

de mon point de vue l'imaginaire francophone ne s'est jamais aussi bien porté.

L'imaginaire, en s'en branle, toto.

[Roland C. Wagner]

le reste vaguement de la SF, mais pas de la vraie, pas de celle qui "affronte le futur".

Alors ça, tu vois, c'est le résultat de 20 années à bourrer le crâne des gens avec des conneries du genre qu'il faut faire de la littérature et surtout pas parler du futur.

Je devrais m'en foutre, parce que je ne suis vraiment pas concerné, mais ça m'afflige de voir que les écrivains ont de moins en moins de couilles et cèdent de plus en plus à la facilité.

Cela dit, vu le niveau des « critiques » actuelles dont la conscience politique est au niveau de mes chaussettes sales, ça peut se comprendre que les auteurs n'osent pas.

[Roland C. Wagner]

Et ils finissent par partir vers d'autres horizons, fautes de revenus suffisants. (les auteurs français)

Pas pour l'instant.

On en reparle dans un an.

[Roland C. Wagner]

J'ajouterai que lorsqu'on publie des débilités de barjot prétendant que le nombre de futurs possibles se réduit, que lorsqu'on travaille avec des réactionnaires patentés pour qui le mot « futur » est un gros mot, que lorsqu'on joue à fond la carte « la SF est morte, vive les transfictions », on ne vient pas se plaindre qu'on ne reçoit pas de manuscrits s'intéressant au futur.

Je me suis laissé dire que chez l'Atalante, c'était différent, et que le futur demeurait non seulement d'actualité, mais qu'il reprenait du poil de la bête.

Foin des modes, foin des snobismes, foin des imbéciles qui surfent par intérêt ou par niaiserie sur n'importe quelle mode idiote, foin des crétins décervelés qui n'ont que la littérature à la bouche… le futur n'est peut-être plus ce qu'il était, mais il n'appartient qu'à nous de changer ça.

Seulement, ce n'est pas en se lamentant sur un passé mythifié qu'on le fera, c'est en pensant l'avenir, c'est en réfléchissant aux potentialités chaque jour plus nombreuses qui s'offrent à nous, auteurs de science-fiction, c'est en utilisant notre cerveau — un organe bien qui me semble bien négligé de nos jours — et non en se branlant frénétiquement comme des adolescents tout juste pubères devant les pages dessous féminins du catalogue de la Redoute en se répétant « c'était mieux avant, rhâââ lovely » ou « ça aurait ou être mieux si ça ne s'était pas passé comme ça ».

Et moi, j'attends toujours que ce monde se décide à entrer dans le XXIe siècle.

Merde.


(Et ceux qui ne sont pas d'accord peuvent aller se faire enculer.)

[Eons]

vu le niveau des « critiques » actuelles dont la conscience politique est au niveau de mes chaussettes sales

Aussi raide que ça ?

[Virprudens]

le reste vaguement de la SF, mais pas de la vraie, pas de celle qui "affronte le futur".

C'est pas pour en remettre un coup, mais, sérieusement, Gilles, je ne vois pas de quoi tu te plains : ces textes ne sont pas en plein dans ta cible ?

[Virprudens]

Bien aimé cette émission.
Elle avait un petit goût de Salle 101.

Un goût de merde, alors ?

Roland, je ne me permettrais pas.
Le vrai goût de merde, il viendrait plutôt d'ailleurs, de nos ...hum ... élus, par exemple.

Quant à la salle 101, disons que la SF ne tient plus que dans le titre, sinon c'est réalisme magique d'il y a 60 ans, au moins, et polars pourris, parait-il subversifs.

[Roland C. Wagner]

Bien aimé cette émission.
Elle avait un petit goût de Salle 101.

Un goût de merde, alors ?

Roland, je ne me permettrais pas.
Le vrai goût de merde, il viendrait plutôt d'ailleurs, de nos ...hum ... élus, par exemple.

Ouaip, t'as raison.

[Lensman]

J'ajouterai que lorsqu'on publie des débilités de barjot prétendant que le nombre de futurs possibles se réduit,

Cette idée peut faire une idée de science-fiction amusante (le seul domaine où ça puisse s'appliquer, d'ailleurs...) mais à part ça, j'avoue être stupéfait de voir que des gens réussissent à prendre ça au sérieux sans le fameux grain de sel qui fait déborder le vase... non, qui enraye le mécanisme de la machine... non, je m'embrouille...
Et pourtant, on voit des références partout... ça doit être une hypothèse en rapport avec Paris Hilton ou Lady Gaga, il faut que je réfléchisse (si c'est bien le terme...).

Oncle Joe

[Fabien Lyraud]

L'autre jour je suis passé sur le site de Bifrost. je voulais juste savoir s'il avait publié certains auteurs qui m'intéressaient. Des auteurs de la nouvelle génération anglo saxonne comme Jay Lake ou Elizabeth Bear, qui sont des nouvellistes extrêmement prolifiques. Et le résultat est non. Il est vrai que Bifrost est une revue qui a un angle particulier plus culturel que lié à l'actualité du genre. Mais le fait est que les auteurs de la génération actuelle n'y sont pas publié. Par contre ils continuent à faire l'effort sur les auteurs français et ça c'est bien.

Tout ça pour dire qu'il y a une génération de nouvellistes assez géniaux en Sf actuellement. Des gens comme Jason Sanford, sa nouvelle "Sublimation angels" traite du même sujet que "Océanique" de Greg Egan mais en prenant le contre pied ce qui fait qu'elle est beaucoup plus brillante que le texte de l'Australien. Il y a aussi des auteurs comme Tobias Buckell, Yoon Ha Lee, Jeremiah Tolbert et plein d'autres.... Le peu que j'ai lu en ligne de ces auteurs m'a convaincu qu'il y avait un vrai renouveau.

[Le_navire]

Erion : mais je ne demande que ça, moi, de la SF de détente ET politique.

A part Roland, qui sait encore en écrire aujourd'hui ? Tu me dis, hein ? Je prends. N'hésitez pas à m'envoyer vos manuscrits.


(Ceci est une réponse un tantinet acidulée, comme d'hab.)