Une interview de China Miéville
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Une interview de China Miéville
Le site Locus a mis des extraits de l'interview de China Miéville sur son site (une interview a retrouver dans ses pages).
Attention, c'est en anglais.
http://www.locusmag.com/2006/Issues/11Mieville.html
Il dit notamment :
“The next book in the Bas Lag series is still a couple of years away. I've also been working on a non-series science fiction novel, though there may well be other things that come out first. Having spent a lot of time reading (and writing) SF when I was younger, and then moving away from it, it's quite nice to try to come back and establish a working relationship with aspects of the field that I haven't indulged for a long time. Trying to stretch yourself as a writer involves doing the same thing as a reader. Any book I write, I try to do some research in the field, because I don't want to reinvent the wheel. I've been reading a lot of science fiction for the first time in ages -- in a lot of cases remembering why I don't really get on with a lot of it, but in some cases saying, 'I see, this is really interesting. I wouldn't have thought to do it that way.' I want to write some horror as well, and I've been reading quite a lot of that recently, after not reading any straight horror for a long time. Much of it is rubbish, and some of it is brilliant.”
Attention, c'est en anglais.
http://www.locusmag.com/2006/Issues/11Mieville.html
Il dit notamment :
“The next book in the Bas Lag series is still a couple of years away. I've also been working on a non-series science fiction novel, though there may well be other things that come out first. Having spent a lot of time reading (and writing) SF when I was younger, and then moving away from it, it's quite nice to try to come back and establish a working relationship with aspects of the field that I haven't indulged for a long time. Trying to stretch yourself as a writer involves doing the same thing as a reader. Any book I write, I try to do some research in the field, because I don't want to reinvent the wheel. I've been reading a lot of science fiction for the first time in ages -- in a lot of cases remembering why I don't really get on with a lot of it, but in some cases saying, 'I see, this is really interesting. I wouldn't have thought to do it that way.' I want to write some horror as well, and I've been reading quite a lot of that recently, after not reading any straight horror for a long time. Much of it is rubbish, and some of it is brilliant.”
Jérôme
'Pour la carotte, le lapin est la parfaite incarnation du Mal.' Robert Sheckley
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En parlant de Miéville, je suis en plein dans Perdido Street Station. Je m'ennuie dur.
Et je me rend compte que j'aurais dû continuer une filière mathématique, parce que là, je sèche:
- Voilà (Uma Balsum lui agitait ses calculs sous le nez). Deux marks, plus cinq pour la connexion, qui font sept. J'y ai passé onze minutes, donc vingt-deux fifrelins. Un sous-total de neuf marks deux fifrelins. Plus un noble pour ma prime de risque pour la Tour Pointue, ce qui nous fait au final...un noble, cinq marks et deux fifrelins.
Euh...
Et je me rend compte que j'aurais dû continuer une filière mathématique, parce que là, je sèche:
- Voilà (Uma Balsum lui agitait ses calculs sous le nez). Deux marks, plus cinq pour la connexion, qui font sept. J'y ai passé onze minutes, donc vingt-deux fifrelins. Un sous-total de neuf marks deux fifrelins. Plus un noble pour ma prime de risque pour la Tour Pointue, ce qui nous fait au final...un noble, cinq marks et deux fifrelins.
Euh...
Listen now. Whoever you are, with these eyes of yours that move themselves along this line of text; whoever, wherever, whenever. If you can read this sentence, this one fragile sentence, it means you're alive. (Jeff Noon - Falling out of cars)
- Fred Combo
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Est-ce que tu peux nous en dire plus ? Parce que pour ma part, j'envisage très sérieusement de l'acheter, mais comme j'ai habituellement un a priori négatif sur les pavés et que je suis TRES influençable, si tu pouvais e convaincre d'économiser mon temps et mon argent...En parlant de Miéville, je suis en plein dans Perdido Street Station. Je m'ennuie dur.

Si tu ne fais pas une histoire de ta vie, un jour tu seras dans l'histoire de quelqu'un d'autre.
Sir Terry Pratchett
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- Eric
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'tain, exactement tout pareil. Sauf que moi je m'éclate. J'ai relu du coup ma chronique des Scarifiés, et je maintiens. Ce mec est un surdoué totalement halluciné (bien que straight comme un mormon pendant le carême).gutboy a écrit :En parlant de Miéville, je suis en plein dans Perdido Street Station....
Bien-sûr, il faut un petit temps pour rentrer dans sa langue assez particulière, qui mélange un langage très prosaïque à des envolées assez raffinées, parfois à la limite de l'ampoulé. Mais quelle densité dans son imaginaire. Sa métropole folle et étouffante on la sent vivre, vibrer. A 10 parsecs des descritptions hâtives et futiles des cités typiques de fantasy, au bout d'une cinquantaine de pages on habite Nouvelle-Crobuzon. On la sent respirer, on entend sa rumeur, on s'y promène avec la même aisance que les personnages. Au bout de 100 pages on a même l'impression d'y croiser de vieilles connaissances. Et si il arrive à nous emmener aussi loin, c'est parce que Miéville a derrière son histoire une partie cachée qu'il ne nous révèlera pas, mais qui donne l'impression qu'il revient tout juste de Bas-Lag et qu'il nous raconte la dernière folle histoire qu'il y a entendu.
C'est d'une flamboyance. Putain, je crois que je pourrais tuer pour écrire comme ce mec. Pas un auteur ne m'avait retourné comme ça depuis Banks. China Miéville va devenir l'un des auteurs majeurs des dix prochaines années. Ma main au feu.
Et puis, si ça passe aussi bien, c'est aussi grâce à l'excellentissime traduction de Nathalie Mege, à qui il faut rendre hommage.
Je ne peux pas vous dire mieux que ça. Achetez ce livre, c'est un putain de chef d'œuvre. Il est IN-DIS-PEN-SABLE.
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.
- Eric
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Oui, il y a ça, c'est vrai. Mais ayant, comme toi, d'abord lu les Scarifiés, je me demandais ce qu'allais donné Perdido, et il y a dedans la même folie créatrice et le même foisonnement. Avec des personnages peut-être un chouïa plus attachants.kibu a écrit :Evidemment, si on n'aime pas flâner, je déconseille.
Si tu as aimé les Scarifiés, tu peux y aller sans problème. Tu vas avoir l'impression de rentrer à la maison.
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.
--->Fred Combo : je ne peux pas te convaincre de quoi que ce soit, comme tu le vois les avis sont partagés. En fait, à la relecture, non, les avis ne sont pas si partagés que ça.
China Miéville a une imagination importante. Mais c'est beaucoup de réchauffé, du pas très nouveau, présenté à sa sauce à lui.
Par exemple:
Tu prends une photo et tu appelle ça un hélio. Tu prends la magie et tu appelle ça la thaumaturgie. Tu prends la chimie et tu appelles ça la chymie. Wouah balèze!
Sur la ville, disons que si tu es totalement dingue de guide touristique, ce sera super. Tu auras droit au tour complet des quartiers de Nouvelle Crob. Mais je ne critique pas cet aspect, les guides touristiques m'ennuient, PSS m'ennuie, c'est plus de 50% du texte. Sur 800 pages, à toi de voir. Moi ça me laisse froid. C'est clairement le véritable objectif du livre: décrire la ville et ses habitants. D'où l'ennui.
Disons qu'il a beaucoup réfléchi. Beaucoup écrit. Pas beaucoup inventé.
(et bien sûr, si tu trouves naturel que lorsque que tu ajoutes un noble à une somme de neuf marks et deux fifrelins, tu obtiens : un noble, cinq marks et deux fifrelins, alors là, tu sera dans ton élément.)
Et c'est lent.
China Miéville a une imagination importante. Mais c'est beaucoup de réchauffé, du pas très nouveau, présenté à sa sauce à lui.
Par exemple:
Tu prends une photo et tu appelle ça un hélio. Tu prends la magie et tu appelle ça la thaumaturgie. Tu prends la chimie et tu appelles ça la chymie. Wouah balèze!
Sur la ville, disons que si tu es totalement dingue de guide touristique, ce sera super. Tu auras droit au tour complet des quartiers de Nouvelle Crob. Mais je ne critique pas cet aspect, les guides touristiques m'ennuient, PSS m'ennuie, c'est plus de 50% du texte. Sur 800 pages, à toi de voir. Moi ça me laisse froid. C'est clairement le véritable objectif du livre: décrire la ville et ses habitants. D'où l'ennui.
Disons qu'il a beaucoup réfléchi. Beaucoup écrit. Pas beaucoup inventé.
(et bien sûr, si tu trouves naturel que lorsque que tu ajoutes un noble à une somme de neuf marks et deux fifrelins, tu obtiens : un noble, cinq marks et deux fifrelins, alors là, tu sera dans ton élément.)
Et c'est lent.
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Comme Fred Combo , je ne l'ai pas encore lu, mais comme je l'ai acheté, forcement, je vais le lire.
Les avis contradictoires d'Eric et de Gutboy rappellent un peu ceux donnés jadis, sur Hyperion, roman considéré par les uns, comme un livre passionnant et bien construit, mais par les autres, comme un livre bâtis sur des idées éculées, remis au goût de jour, a la sauce Dan Simon.
Les avis contradictoires d'Eric et de Gutboy rappellent un peu ceux donnés jadis, sur Hyperion, roman considéré par les uns, comme un livre passionnant et bien construit, mais par les autres, comme un livre bâtis sur des idées éculées, remis au goût de jour, a la sauce Dan Simon.
- Eric
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Mais tout le monde recycle. Maintenant c'est la personnalité et l'imaginaire de l'auteur qui font, ou non, la force d'une œuvre. Et dans le cas de PSS, je trouve ça incroyablement fort.
J'ai parfois entendu dire que l'exercice était un peu vain. Je peux comprendre qu'on ait cette impression. Je trouve moi, qu'il s'est beaucoup amusé avec les modèles sociaux.
J'ai parfois entendu dire que l'exercice était un peu vain. Je peux comprendre qu'on ait cette impression. Je trouve moi, qu'il s'est beaucoup amusé avec les modèles sociaux.
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.
Heu, les Scarifiés, c'est la VF de "The Scar"?Eric a écrit :J'ai relu du coup ma chronique des Scarifiés, et je maintiens. Ce mec est un surdoué totalement halluciné (bien que straight comme un mormon pendant le carême).
Si oui, ben, "The Scar", il était superbement écrit, l'univers très riche, mais alors l'histoire... Il s'y passe autant de choses que dans un film contemplatif slovaque des années 60.
- Eric
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Oui, c'est bien celui-là.
Maintenant, comme le dit l'excellent kibu, il faut aimer flâner avec Miéville, de même que lorsqu'on s'attaque à Egan, il faut s'attendre à aller vers l'abstraction. Mais justement ce qui m'impressionne le plus chez lui, c'est cet incroyable densité de l'univers. C'est sa marque de fabrique.
Maintenant, comme le dit l'excellent kibu, il faut aimer flâner avec Miéville, de même que lorsqu'on s'attaque à Egan, il faut s'attendre à aller vers l'abstraction. Mais justement ce qui m'impressionne le plus chez lui, c'est cet incroyable densité de l'univers. C'est sa marque de fabrique.
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.
A propos du cinéma, Jean Gabin disait: "pour faire un bon film, il faut trois choses: une bonne histoire, une bonne histoire, et une bonne histoire".Eric a écrit :Oui, c'est bien celui-là.
Maintenant, comme le dit l'excellent kibu, il faut aimer flâner avec Miéville, de même que lorsqu'on s'attaque à Egan, il faut s'attendre à aller vers l'abstraction. Mais justement ce qui m'impressionne le plus chez lui, c'est cet incroyable densité de l'univers. C'est sa marque de fabrique.
Je pense que c'est pareil pour les bouquins.

Chacun ses goûts.

PS: j'avais acheté The Scar et PSS en même temps. J'ai lu The Scar en premier. Du coup, PSS prend la poussière sur son étagère...
- Eric
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Citation probablement apocryphe d'ailleurs, mais qu'importe.Davidian a écrit :A propos du cinéma, Jean Gabin disait: "pour faire un bon film, il faut trois choses: une bonne histoire, une bonne histoire, et une bonne histoire".
Pour les Scarifiés, effectivement, on peut trouver l'histoire un peu faible (encore que...). Maintenant, n'oublions pas non plus que ce n'est QUE son troisième roman. Et c'est peut-être ça le plus beau dans l'affaire, c'est que le meilleur est encore à venir.
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.
Oui, mais selon moi la grosse différence entre Miéville et Egan, c'est que l'abstraction chez Egan ce n'est que la forme, pas le fond. Le fond chez Egan, c'est l'homme et son rapport à la réalité. Chez Miéville (enfin dans PSS), j'ai du mal à trouver un fond. Il raconte beaucoup mais il ne dit rien.[b]Eric[/b] a écrit :faut aimer flâner avec Miéville, de même que lorsqu'on s'attaque à Egan, il faut s'attendre à aller vers l'abstraction.
La différence entre savoir raconter et avoir quelque chose à dire, c'est toute la différence entre une histoire de chasse au dragon comme dans Perdido Street Station et et une histoire de chasse à la baleine comme dans Moby dick.
Ou la différence entre un livre et son adaptation ciné, ou en jeu vidéo.
Je suis d'accord avec Jean Gabin pour le cinéma. Mais pas avec Davidian pour les romans. Les livres doivent avoir une autre dimension pour moi.
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