Parce que je suis allergique aux blockbusters hollywoodiens; j'ai vraiment l'impression d'avoir perdu une journée entière quand j'en vois un (temps de nettoyage des neurones et de retour au calme inclus).Cachou a écrit :Et pourquoi ça?bormandg a écrit : Un nanar, ça se regarde. Un blockbuster non. En tout cas, pas chez moi.
Inception
Modérateurs : Estelle Hamelin, Eric, jerome, Jean, Travis, Charlotte, tom, marie.m
- bormandg
- Messages : 11906
- Enregistré le : lun. févr. 12, 2007 2:56 pm
- Localisation : Vanves (300 m de Paris)
- Contact :
"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."
Un blockbuster, qu'importe, si c'est un grand film, comme Blade Runner, par exemple? ou Shining?bormandg a écrit :Parce que je suis allergique aux blockbusters hollywoodiens; j'ai vraiment l'impression d'avoir perdu une journée entière quand j'en vois un (temps de nettoyage des neurones et de retour au calme inclus).Cachou a écrit :Et pourquoi ça?bormandg a écrit : Un nanar, ça se regarde. Un blockbuster non. En tout cas, pas chez moi.
Oncle Joe
Je trouve que ça fait du bien de temps en temps. J'ai autant besoin de films décérébrés que de films cérébraux je dois dire, les uns remplissant des besoins différents des autres, mais néanmoins complémentaires.bormandg a écrit :Parce que je suis allergique aux blockbusters hollywoodiens; j'ai vraiment l'impression d'avoir perdu une journée entière quand j'en vois un (temps de nettoyage des neurones et de retour au calme inclus).Cachou a écrit :Et pourquoi ça?bormandg a écrit : Un nanar, ça se regarde. Un blockbuster non. En tout cas, pas chez moi.
En plus...Lensman a écrit :Un blockbuster, qu'importe, si c'est un grand film, comme Blade Runner, par exemple? ou Shining?bormandg a écrit :Parce que je suis allergique aux blockbusters hollywoodiens; j'ai vraiment l'impression d'avoir perdu une journée entière quand j'en vois un (temps de nettoyage des neurones et de retour au calme inclus).Cachou a écrit :Et pourquoi ça?bormandg a écrit : Un nanar, ça se regarde. Un blockbuster non. En tout cas, pas chez moi.
Oncle Joe
- bormandg
- Messages : 11906
- Enregistré le : lun. févr. 12, 2007 2:56 pm
- Localisation : Vanves (300 m de Paris)
- Contact :
Dans Blade Runner, je n'ai pas eu l'impression d'un blockbuster décérébré. Shining, j'ai exécré (mais comme c'est du King, c'était prévisible).Lensman a écrit :Un blockbuster, qu'importe, si c'est un grand film, comme Blade Runner, par exemple? ou Shining?bormandg a écrit :Parce que je suis allergique aux blockbusters hollywoodiens; j'ai vraiment l'impression d'avoir perdu une journée entière quand j'en vois un (temps de nettoyage des neurones et de retour au calme inclus).Cachou a écrit :Et pourquoi ça?bormandg a écrit : Un nanar, ça se regarde. Un blockbuster non. En tout cas, pas chez moi.
Oncle Joe
"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."
Qualifier Inception de "décérébré', je vois mal comment on peut arriver!!!bormandg a écrit :Dans Blade Runner, je n'ai pas eu l'impression d'un blockbuster décérébré. Shining, j'ai exécré (mais comme c'est du King, c'était prévisible).Lensman a écrit :Un blockbuster, qu'importe, si c'est un grand film, comme Blade Runner, par exemple? ou Shining?bormandg a écrit :Parce que je suis allergique aux blockbusters hollywoodiens; j'ai vraiment l'impression d'avoir perdu une journée entière quand j'en vois un (temps de nettoyage des neurones et de retour au calme inclus).Cachou a écrit :Et pourquoi ça?bormandg a écrit : Un nanar, ça se regarde. Un blockbuster non. En tout cas, pas chez moi.
Oncle Joe
Par ailleurs, on peut très bien détester un film qui est remarquable...
Oncle Joe
- jp the z
- Messages : 166
- Enregistré le : mar. oct. 07, 2008 6:16 am
- Localisation : Dans une galaxie pres de chez vous
Je serai assez de l avis de Bormandg. Les poursuites du film ont vraiment l air de figures imposees, pas vraiment justifiees.
La reference avec Aly McBeal , m'a fait penser aussi a un episode de BTVS, ou Buffy, piquee par un demon veneneux (pas un vampire phalloide comme spike) alterne entre deux reves/realites, dont une ou elle est internee comme victime d illusions.
C est un episode tres troublant et qui pour moi reussit 100 fois mieux le coup de "ou est la realite ?" qu Inception.
D'ailleurs Shutter Island qui n est pas plus original sur ce theme qu Inception est quand plus efficace que ce dernier. Ca doit tenir a la facon de raconter l histoire.
Shutter Island est une excellente adaptation du bouquin de Lehane alors que Inception, comme dit Bormandg est avant tout un blockbuster fait pour faire des entrees et pas un film qui fait reflechir.
Et la toupie tourne pas assez longtemps pour se faire une idee, meme si elle vacille quand meme un tout petit peu trop pour etre honnete.
La reference avec Aly McBeal , m'a fait penser aussi a un episode de BTVS, ou Buffy, piquee par un demon veneneux (pas un vampire phalloide comme spike) alterne entre deux reves/realites, dont une ou elle est internee comme victime d illusions.
C est un episode tres troublant et qui pour moi reussit 100 fois mieux le coup de "ou est la realite ?" qu Inception.
D'ailleurs Shutter Island qui n est pas plus original sur ce theme qu Inception est quand plus efficace que ce dernier. Ca doit tenir a la facon de raconter l histoire.
Shutter Island est une excellente adaptation du bouquin de Lehane alors que Inception, comme dit Bormandg est avant tout un blockbuster fait pour faire des entrees et pas un film qui fait reflechir.
Et la toupie tourne pas assez longtemps pour se faire une idee, meme si elle vacille quand meme un tout petit peu trop pour etre honnete.
"On devrait jamais quitter Montauban"
- Eons
- Messages : 6338
- Enregistré le : sam. févr. 17, 2007 6:49 pm
- Localisation : Le cœur de Flandre
- Contact :
C'est surtout parce que tu n'as plus de TV opérationnelle, non ?bormandg a écrit :Parce que je suis allergique aux blockbusters hollywoodiens; j'ai vraiment l'impression d'avoir perdu une journée entière quand j'en vois un (temps de nettoyage des neurones et de retour au calme inclus).Cachou a écrit :Et pourquoi ça?bormandg a écrit : Un nanar, ça se regarde. Un blockbuster non. En tout cas, pas chez moi.

Les beaux livres, c’est aussi par ici : www.eons.fr
Je ne peux pas dire que je sois très fan de ce film, mais il me semble impossible de dire qu'il ne fait pas réfléchir, au bon sens du terme (pas au sens: "qu'est-ce que c'est que cette connerie?", mais au sens: "tiens, c'est subtil! la première impression sur ce que je viens de voir n'est peut-être pas la bonne"). Quant aux poursuites, que, effectivement, l'on aurait pu avantageusement remplacer par autre chose, elles ne sont pas si envahissantes, il ne faut pas exagérer, et d'ailleurs, elles ne sont pas si spectaculaires. Je les trouve d'ailleurs assez banales, comme si le réalisateur n'y accordait pas tellement d'importance, ne cherchait pas à séduire le public par ces cascades.jp the z a écrit :Je serai assez de l avis de Bormandg. Les poursuites du film ont vraiment l air de figures imposees, pas vraiment justifiees.
La reference avec Aly McBeal , m'a fait penser aussi a un episode de BTVS, ou Buffy, piquee par un demon veneneux (pas un vampire phalloide comme spike) alterne entre deux reves/realites, dont une ou elle est internee comme victime d illusions.
C est un episode tres troublant et qui pour moi reussit 100 fois mieux le coup de "ou est la realite ?" qu Inception.
D'ailleurs Shutter Island qui n est pas plus original sur ce theme qu Inception est quand plus efficace que ce dernier. Ca doit tenir a la facon de raconter l histoire.
Shutter Island est une excellente adaptation du bouquin de Lehane alors que Inception, comme dit Bormandg est avant tout un blockbuster fait pour faire des entrees et pas un film qui fait reflechir.
Et la toupie tourne pas assez longtemps pour se faire une idee, meme si elle vacille quand meme un tout petit peu trop pour etre honnete.
Qu'il y ait des éléments "convenus" dans le film, obéissant à certains codes "grossiers", c'est sûr, mais il y en a dans toute l'histoire du cinéma, y compris dans des grands chefs-d'oeuvre (cf. le cinéma d'Hitchcock).
Il y a d'ailleurs quelque chose qui m'intrigue. Je ne suis guère connaisseur de cinéma "sentimental populaire" (à la Titanic, ou je ne sais quoi d'autre), mais je ne trouve pas que, dans ce film, cet aspect soit très présent. Les actrices féminines, d'ailleurs, sont fort peu présentes, et je n'ai même pas souvenir d'une scène de baiser!!! (même s'il y en a forcément, je suppose (!), mais en tout cas, pas du genre de celle où tu regardes ta montre pour savoir combien de temps ça dure). Je n'ai pas du tout l'impression que ce film puisse remplir le rôle d''excitant romantique, ou alors, le monde a bien changé. Même chose pour les poursuites en voitures, d'ailleurs, les amateurs vont être déçus. C'est bizarre, je suis très surpris que ce film plaise au public des films "romatico-blockbuster", enfin, tel que je m'imagine de manière un peu méprisante ce public, autant pour moi...
Mes critiques personnelle viennent d'autres problèmes, dont celui du traitement du monde des rêves adopté par le réalisateur (je suis tout à fait d'accord avec tes remarques, sur ce coup). Et la longueur (preuve que j'ai peu adhéré, puisque, en comparant la durée, je ne trouve pas Andrei Roublev long - 205 minutes en version intégrale, tout de même...).
A part ça, Georges a un a priori qui fait qu'il n'a pas envie de voir le film (moi aussi, j'ai cru en voyant les affiches que c'était une sorte de "super" Matrix, mais ça a assez peu à voir, au fond...), et c'est une chose que je comprends bien: je respecte toujours la mauvaise foi, quant elle est sincère.
Oncle Joe
PS: je vais même faire preuve d'une sorte de sincérité: je suis allé voir le film avec une amie, largement dans le but de me moquer du film dans la traditionnelle discussion qui suit, histoire de faire briller mon séduisant (rires enregistrés) esprit critique caustique. Eh bien, j'étais mal, ce n'était pas facile à moquer, et elle avait mieux appréhendé certains aspects de la logique du film que moi... (moins somnolé, aussi...)
Modifié en dernier par Lensman le dim. août 08, 2010 9:19 am, modifié 1 fois.
Oh, c'est mon épisode préféré de la série, je le trouve incroyablement audacieux, il remet tout en cause je trouve, ce qu'Inception ne fait pas, effectivement.jp the z a écrit : La reference avec Aly McBeal , m'a fait penser aussi a un episode de BTVS, ou Buffy, piquee par un demon veneneux (pas un vampire phalloide comme spike) alterne entre deux reves/realites, dont une ou elle est internee comme victime d illusions.
C est un episode tres troublant et qui pour moi reussit 100 fois mieux le coup de "ou est la realite ?" qu Inception..
Ben là je ne trouve pas, je dois dire que j'ai trouvé ce film aussi bateau qu'Inception, voire même plus parce qu'on devine de quoi il en retourne dès la première séquence (avec le premier faux raccord qui indique les choses). A la limite, je crois que Shutter Island a même été une plus grosse déception pour moi.jp the z a écrit :D'ailleurs Shutter Island qui n est pas plus original sur ce theme qu Inception est quand plus efficace que ce dernier. Ca doit tenir a la facon de raconter l histoire.
Je discutais justement de ce point avant-hier avec quelqu'un d'autre et je vois que je suis vraiment la seule à l'avoir interprété comme ceci:jp the z a écrit :Et la toupie tourne pas assez longtemps pour se faire une idee, meme si elle vacille quand meme un tout petit peu trop pour etre honnete.
Si on la voit vaciller, c'est justement pour montrer qu'elle ne tombe et tombera pas, parce qu'elle vacille PUIS se remet à tourner normalement (impossible pour une toupie normale, nan?).
D'ailleurs, à ce sujet, voici une parodie plutôt amusante de la fin.
EDIT: Oncle Joe: il y a un baiser entre Adriadne et jenesaipluslenomdupersonnage pendant qu'ils attendent.
Modifié en dernier par Cachou le dim. août 08, 2010 9:22 am, modifié 1 fois.
Attention, il y a plein de pseudo-preuves de l'existence de dieu qui fonctionnent sur ton type de raisonnement...Cachou a écrit : Si on la voit vaciller, c'est justement pour montrer qu'elle ne tombe et tombera pas, parce qu'elle vacille PUIS se remet à tourner normalement, donc c'est qu'elle ne tombera pas.
Oncle Joe
J'ai changé la fin entre-temps, par un "une toupie normale ne se redresse pas après avoir vacillé, donc ce n'est pas une toupie normale et elle continuera à tourner". Ça va mieux comme explication?Lensman a écrit :Attention, il y a plein de pseudo-preuves de l'existence de dieu qui fonctionnent sur ton type de raisonnement...Cachou a écrit : Si on la voit vaciller, c'est justement pour montrer qu'elle ne tombe et tombera pas, parce qu'elle vacille PUIS se remet à tourner normalement, donc c'est qu'elle ne tombera pas.
Oncle Joe
- Aurélien Police
- Messages : 61
- Enregistré le : jeu. oct. 22, 2009 3:07 pm
- Contact :
Vu ce matin.
Totalement emballé par ce film.
C'est riche en terme d'émotions et captivant en terme de réflexion.
Comme cela a été dit dans les messages précédant, il s'agit, entre autre, d'une très intéressante réflexion sur une des façons de faire du cinéma et mais aussi de voir des films. Les jeux sur le pacte réalisateur/spectateur sont très stimulants, à mon sens.
Vraiment une très grande réussite selon ma petite personne.
Totalement emballé par ce film.
C'est riche en terme d'émotions et captivant en terme de réflexion.
Comme cela a été dit dans les messages précédant, il s'agit, entre autre, d'une très intéressante réflexion sur une des façons de faire du cinéma et mais aussi de voir des films. Les jeux sur le pacte réalisateur/spectateur sont très stimulants, à mon sens.
Vraiment une très grande réussite selon ma petite personne.
-
- Messages : 1595
- Enregistré le : ven. oct. 06, 2006 6:06 pm
- Localisation : En face de la Fac Jussieu
Inception, le film de Nolan
Vu Inception.
Très bon film, voir excellent, en tout cas remarquable.
Le titre, reprenant un terme assez peu usité en anglais dans une nouvelle acception, est bien choisi puisqu'il s'agit d'INtroduire un conCEPT dans l'inconscient d'un rêveur. Sa reprise dans la version française est naturelle d'autant que le terme est d'origine latine. S'il s'était agi d'extraire un souvenir d'un rêve, ce dont le héros, Cobb, semble un praticien, il aurait dû être EXception.
J'ai trouvé les acteurs tous bien choisis et remarquablement dirigés, y compris Marion Cotillard et Ellen Page. Cotillard est remarquable en femme fatale, aussi redoutable que Médée (voir infra).Et Page est son contraire, figure de vie.
D'abord les sources. La première est la pratique du rêve lucide (à ne pas confondre avec le rêve éveillé qui est une technique psychothérapeutique). L'expérience brève du rêve lucide est assez courante. En revanche le provoquer, le prolonger puis le contrôler nécessite un entraînement qu'il faut, paraît-il, acquérir jeune. À noter que la traduction d'un des ouvrages américains consacré au rêve lucide a été revue par Michel Jeury. Dans l'un de ses livres semi-autobiographiques, Jodorowski s'étend sur ses expériences de rêves lucides. Mais comme souvent avec Alejandro, il est difficile de faire la part du vécu et du … rêve.
La seconde source est sans doute, directement ou indirectement, la méthode préconisée par Hervey de Saint-Denis pour contrôler le contenu de ses rêves: notamment une stimulation externe sur le dormeur viendra modifier le cours de son rêve. On peut supposer que c’est dans le film ce que fait la machine contenue dans une mallette via des électrodes apposées sur le crâne.
C'est bien ce qui se passe dans le film où les événements externes au niveau du rêve immédiat viennent le colorer: ainsi la chute du car entraîne l'apesanteur au niveau inférieur.
On peut donc légitimement penser qu'il s'agit d'un film de science-fiction puisqu'il part de données (plus ou moins) officielles dans la science psychologique.
La teneur et le déroulement des rêves semblent peu psychanalytiques au sens freudien. Mais le point fondamental de l'approche du rêve par Freud est conservé: le rêve est l'expression d'un désir inconscient. La problématique est ici retournée puisqu'il s'agit d'instiller un élément de rêve qui va susciter un désir inconscient.
Assez curieusement, le thème du film, l’exploration et la manipulation des rêves, a été assez peu exploité dans la science-fiction: on en trouvera quelques exemples plutôt indirects dans les Histoires de mirages de la GASF ((re)lire aussi ma préface par exemple sur le site de 42). Le film m'a fait penser au Pays de l'esprit dans La Reine des Anges de Greg Bear. Le cadre général est assez proche du roman de George Panchard, Forteresse, où il est aussi question de luttes entre patrons de multinationales planétaires et d'une subtile agression psychique dans une forteresse réputée inviolable. Mais cela ne suffit pas à donner à croire à une influence. Michel Jeury avait déjà dans Le Temps incertain évoqué de tels conflits entre transnationales.
Attention: ici spoiler
Deux aspects de ces rêves emboîtés (à la façon de récits dans les Mille et une nuits et surtout dans le Manuscrit trouvé à Saragosse) semblent peu freudiens et ont apparemment dérouté certains spectateurs, leur cohérence et leur continuité d'une part, leur extrême violence d'autre part (encore que ce second aspect se rencontre et qu’il ne soit pas d’un très bon pronostic). Au delà des exigences du scénario et de la vraisemblance filmique (un onirisme échevelé aurait rendu le film incompréhensible), la cohérence et la continuité résultent de la rencontre, du conflit et de l'affrontement, à tous les niveaux de rêves, de plusieurs (au moins deux) subjectivités.
Nolan dit ici quelque chose d'intéressant: l'objectivité naît de l'intersubjectivité alors que la pure subjectivité isolée se manifeste arbitrairement au rêveur (au moins apparemment puisque selon la psychanalyse elle est soumise à un déterminisme psychique et selon la neurobiologie à des contiguïtés).
La violence découle, elle, de la rencontre entre des volontés inconscientes opposées. Cobb tente de pénétrer l'inconscient de Fischer mais celui-ci a été entraîné à y résister.
Cohérence et continuité résultent aussi et surtout, conformément au scénario, de l'intervention de l'architecte des rêves qui semble être passée complètement inaperçue de certains spectateurs alors qu'elle est centrale. L'architecte (Page) explore et découvre ici sa propre création et elle est la seule à connaître le point faible de la forteresse qu'elle a elle-même dessinée, qui fait penser aux "backdoors" de certains programmes informatiques ménagés pour permettre à leurs créateurs de s'y infiltrer.
La relation entre Cobb et Mall son épouse "suicidée" (?) est subtile et intéressante parce qu'elle fait plus qu'une allusion au vieux mythe, notamment amoureux, du rêve partagé, de la possibilité et tentation de s'introduire dans le rêve de l'autre, intrusion hésitant entre la fusion et le viol, qui hante plus ou moins la littérature fantastique (à compléter, comme on dit sur Wiki). Mais il y a un autre aspect de ce rêve partagé qui est inquiétant et qui laisse à penser que Mall est une redoutable obsessionnelle: c'est que leur "Paradis" est strictement urbain, écrasant, désert d'humanité, dépourvu de nature (alors que Cobb voit ou rêve ses enfants dans un paysage agreste) et que leur demeure "de rêve" semble glaciale, aux parois de verre à la fois dur et transparent. Rien qui suggère une intimité. On comprend que Mall ne supporte pas la réalité, et son suicide, camouflé sous le désir d'atteindre à la "vraie" réalité, est surdéterminé par sa pathologie. En fait, elle veut mourir et elle essaie d’entraîner Cobb dans sa mort. Pathologie qui a été exaspérée par Cobb qui lui a construit l'univers de ses rêves à elle, d'où la culpabilité de Cobb quand il s'en rend compte, tardivement. Il lui a construit le tombeau qu’elle demandait et elle a fini par le remplir. Au fond, Cobb est entré dans le rêve de l'autre, comme on dit, y a accédé, et, comme toujours en ce cas, il finit par avoir à s'en repentir. Du moins il est assez sain pour lui résister et ne pas la suivre.
Cobb, Orphée à l’envers, est entraîné dans les Enfers par son Eurydice.
Les allusions à des films et citations abondent et je ne les ai sûrement pas toutes repérées. Ainsi le testament dans le coffre du vieux Fischer qui est remplacé par un moulin à vent d'enfant (est-ce là l'inception?) me semble faire écho au Rosebud de Citizen Kane, les poursuites automobiles à Bullit et à d'innombrables films, la traque à skis dans la neige à un James Bond très précis, l'hôtel et ses interminables couloirs au Shining de Kubrick, etc. Un cinéphile plus averti que moi en trouvera certainement des tonnes.
La fin demeure ouverte car l'écran passe au noir alors qu'un craquement de la bande son indique que le toton vacille. Mais le point le plus intéressant qu'aucun spectateur sur ce fil ne semble avoir relevé n'est pas que Cobb ait regagné la réalité ou soit demeuré dans un niveau de rêve: c'est que Cobb se désintéresse totalement de le savoir puisqu'il n'observe pas le toton et se précipite vers ses enfants. Il ne veut même pas le savoir puisque ce qui compte pour lui, c'est de les avoir retrouvés. Nolan transfère le test de Cobb au spectateur: c'est à lui de décider en fonction de ses a priori.
Une troisième hypothèse est du reste envisageable: c'est que Cobb est tombé prisonnier d'un niveau de rêve appartenant à sa femme, Mall, qui est elle-même un personnage de son rêve à lui. Ce qui le suggérerait, c'est que Cobb trouve le toton, qui n'est pas son référent mais celui de Mall, dans le coffre de sa femme. La course du toton ne peut avoir vraiment de sens que pour elle. Toton qu’il laisse derrière lui: il a renoncé à Mall.
On espère en tout cas que, dans la réalité, Cobb refera sa vie avec Page. Il le mérite.
Le point pour moi le plus énigmatique, en tout cas problématique, est la reprise au début, avec conclusion différente, de la scène presque finale avec confrontation avec le japonais très vieilli, qui a donc passé tout une vie dans le temps du rêve. S'agit-il d'un simple flashback dont le cinéma est friand depuis longtemps et qui servirait de prégénérique? Mais il n'y a pas de prégénérique comme on s'y attend et le générique entier est repoussé à la fin.
Pour autant que je me souvienne, Cobb, après une poursuite difficile qui donne à penser qu'il ne contrôle pas ce rêve mais que son inconscient (ou celui d'un autre) a repris le dessus, se réveille dans un fauteuil et c'est à partir de là que l'action démarre vraiment. S'agirait-il alors d'un rêve prémonitoire? Il faudra que je revoie pour m'en faire une idée le film qui me semble du reste construit pour que les restes après le spectacle (comme on dit les restes diurnes d'un rêve) soient incomplets, brouillés et énigmatiques, ce à quoi sert la musique tonitruante qui contribue à saturer la mémoire.
Fin du spoiler
En sortant du cinéma, je me suis dit: voilà un très bon film mais de pure distraction. Il ne me laissera rien. Ce qui est le plus souvent le cas quand je vais au cinéma, Kubrick excepté.
Je me trompais.
Ce Nolan est un rude gaillard. Je vais tâcher de trouver ses autres films. J'ai sans doute vu son Batman, mais à la télévision, en dînant et pas avec assez d'attention. Je vais repérer sur ce fil les opus recommandés.
Vu Inception.
Très bon film, voir excellent, en tout cas remarquable.
Le titre, reprenant un terme assez peu usité en anglais dans une nouvelle acception, est bien choisi puisqu'il s'agit d'INtroduire un conCEPT dans l'inconscient d'un rêveur. Sa reprise dans la version française est naturelle d'autant que le terme est d'origine latine. S'il s'était agi d'extraire un souvenir d'un rêve, ce dont le héros, Cobb, semble un praticien, il aurait dû être EXception.
J'ai trouvé les acteurs tous bien choisis et remarquablement dirigés, y compris Marion Cotillard et Ellen Page. Cotillard est remarquable en femme fatale, aussi redoutable que Médée (voir infra).Et Page est son contraire, figure de vie.
D'abord les sources. La première est la pratique du rêve lucide (à ne pas confondre avec le rêve éveillé qui est une technique psychothérapeutique). L'expérience brève du rêve lucide est assez courante. En revanche le provoquer, le prolonger puis le contrôler nécessite un entraînement qu'il faut, paraît-il, acquérir jeune. À noter que la traduction d'un des ouvrages américains consacré au rêve lucide a été revue par Michel Jeury. Dans l'un de ses livres semi-autobiographiques, Jodorowski s'étend sur ses expériences de rêves lucides. Mais comme souvent avec Alejandro, il est difficile de faire la part du vécu et du … rêve.
La seconde source est sans doute, directement ou indirectement, la méthode préconisée par Hervey de Saint-Denis pour contrôler le contenu de ses rêves: notamment une stimulation externe sur le dormeur viendra modifier le cours de son rêve. On peut supposer que c’est dans le film ce que fait la machine contenue dans une mallette via des électrodes apposées sur le crâne.
C'est bien ce qui se passe dans le film où les événements externes au niveau du rêve immédiat viennent le colorer: ainsi la chute du car entraîne l'apesanteur au niveau inférieur.
On peut donc légitimement penser qu'il s'agit d'un film de science-fiction puisqu'il part de données (plus ou moins) officielles dans la science psychologique.
La teneur et le déroulement des rêves semblent peu psychanalytiques au sens freudien. Mais le point fondamental de l'approche du rêve par Freud est conservé: le rêve est l'expression d'un désir inconscient. La problématique est ici retournée puisqu'il s'agit d'instiller un élément de rêve qui va susciter un désir inconscient.
Assez curieusement, le thème du film, l’exploration et la manipulation des rêves, a été assez peu exploité dans la science-fiction: on en trouvera quelques exemples plutôt indirects dans les Histoires de mirages de la GASF ((re)lire aussi ma préface par exemple sur le site de 42). Le film m'a fait penser au Pays de l'esprit dans La Reine des Anges de Greg Bear. Le cadre général est assez proche du roman de George Panchard, Forteresse, où il est aussi question de luttes entre patrons de multinationales planétaires et d'une subtile agression psychique dans une forteresse réputée inviolable. Mais cela ne suffit pas à donner à croire à une influence. Michel Jeury avait déjà dans Le Temps incertain évoqué de tels conflits entre transnationales.
Attention: ici spoiler
Deux aspects de ces rêves emboîtés (à la façon de récits dans les Mille et une nuits et surtout dans le Manuscrit trouvé à Saragosse) semblent peu freudiens et ont apparemment dérouté certains spectateurs, leur cohérence et leur continuité d'une part, leur extrême violence d'autre part (encore que ce second aspect se rencontre et qu’il ne soit pas d’un très bon pronostic). Au delà des exigences du scénario et de la vraisemblance filmique (un onirisme échevelé aurait rendu le film incompréhensible), la cohérence et la continuité résultent de la rencontre, du conflit et de l'affrontement, à tous les niveaux de rêves, de plusieurs (au moins deux) subjectivités.
Nolan dit ici quelque chose d'intéressant: l'objectivité naît de l'intersubjectivité alors que la pure subjectivité isolée se manifeste arbitrairement au rêveur (au moins apparemment puisque selon la psychanalyse elle est soumise à un déterminisme psychique et selon la neurobiologie à des contiguïtés).
La violence découle, elle, de la rencontre entre des volontés inconscientes opposées. Cobb tente de pénétrer l'inconscient de Fischer mais celui-ci a été entraîné à y résister.
Cohérence et continuité résultent aussi et surtout, conformément au scénario, de l'intervention de l'architecte des rêves qui semble être passée complètement inaperçue de certains spectateurs alors qu'elle est centrale. L'architecte (Page) explore et découvre ici sa propre création et elle est la seule à connaître le point faible de la forteresse qu'elle a elle-même dessinée, qui fait penser aux "backdoors" de certains programmes informatiques ménagés pour permettre à leurs créateurs de s'y infiltrer.
La relation entre Cobb et Mall son épouse "suicidée" (?) est subtile et intéressante parce qu'elle fait plus qu'une allusion au vieux mythe, notamment amoureux, du rêve partagé, de la possibilité et tentation de s'introduire dans le rêve de l'autre, intrusion hésitant entre la fusion et le viol, qui hante plus ou moins la littérature fantastique (à compléter, comme on dit sur Wiki). Mais il y a un autre aspect de ce rêve partagé qui est inquiétant et qui laisse à penser que Mall est une redoutable obsessionnelle: c'est que leur "Paradis" est strictement urbain, écrasant, désert d'humanité, dépourvu de nature (alors que Cobb voit ou rêve ses enfants dans un paysage agreste) et que leur demeure "de rêve" semble glaciale, aux parois de verre à la fois dur et transparent. Rien qui suggère une intimité. On comprend que Mall ne supporte pas la réalité, et son suicide, camouflé sous le désir d'atteindre à la "vraie" réalité, est surdéterminé par sa pathologie. En fait, elle veut mourir et elle essaie d’entraîner Cobb dans sa mort. Pathologie qui a été exaspérée par Cobb qui lui a construit l'univers de ses rêves à elle, d'où la culpabilité de Cobb quand il s'en rend compte, tardivement. Il lui a construit le tombeau qu’elle demandait et elle a fini par le remplir. Au fond, Cobb est entré dans le rêve de l'autre, comme on dit, y a accédé, et, comme toujours en ce cas, il finit par avoir à s'en repentir. Du moins il est assez sain pour lui résister et ne pas la suivre.
Cobb, Orphée à l’envers, est entraîné dans les Enfers par son Eurydice.
Les allusions à des films et citations abondent et je ne les ai sûrement pas toutes repérées. Ainsi le testament dans le coffre du vieux Fischer qui est remplacé par un moulin à vent d'enfant (est-ce là l'inception?) me semble faire écho au Rosebud de Citizen Kane, les poursuites automobiles à Bullit et à d'innombrables films, la traque à skis dans la neige à un James Bond très précis, l'hôtel et ses interminables couloirs au Shining de Kubrick, etc. Un cinéphile plus averti que moi en trouvera certainement des tonnes.
La fin demeure ouverte car l'écran passe au noir alors qu'un craquement de la bande son indique que le toton vacille. Mais le point le plus intéressant qu'aucun spectateur sur ce fil ne semble avoir relevé n'est pas que Cobb ait regagné la réalité ou soit demeuré dans un niveau de rêve: c'est que Cobb se désintéresse totalement de le savoir puisqu'il n'observe pas le toton et se précipite vers ses enfants. Il ne veut même pas le savoir puisque ce qui compte pour lui, c'est de les avoir retrouvés. Nolan transfère le test de Cobb au spectateur: c'est à lui de décider en fonction de ses a priori.
Une troisième hypothèse est du reste envisageable: c'est que Cobb est tombé prisonnier d'un niveau de rêve appartenant à sa femme, Mall, qui est elle-même un personnage de son rêve à lui. Ce qui le suggérerait, c'est que Cobb trouve le toton, qui n'est pas son référent mais celui de Mall, dans le coffre de sa femme. La course du toton ne peut avoir vraiment de sens que pour elle. Toton qu’il laisse derrière lui: il a renoncé à Mall.
On espère en tout cas que, dans la réalité, Cobb refera sa vie avec Page. Il le mérite.
Le point pour moi le plus énigmatique, en tout cas problématique, est la reprise au début, avec conclusion différente, de la scène presque finale avec confrontation avec le japonais très vieilli, qui a donc passé tout une vie dans le temps du rêve. S'agit-il d'un simple flashback dont le cinéma est friand depuis longtemps et qui servirait de prégénérique? Mais il n'y a pas de prégénérique comme on s'y attend et le générique entier est repoussé à la fin.
Pour autant que je me souvienne, Cobb, après une poursuite difficile qui donne à penser qu'il ne contrôle pas ce rêve mais que son inconscient (ou celui d'un autre) a repris le dessus, se réveille dans un fauteuil et c'est à partir de là que l'action démarre vraiment. S'agirait-il alors d'un rêve prémonitoire? Il faudra que je revoie pour m'en faire une idée le film qui me semble du reste construit pour que les restes après le spectacle (comme on dit les restes diurnes d'un rêve) soient incomplets, brouillés et énigmatiques, ce à quoi sert la musique tonitruante qui contribue à saturer la mémoire.
Fin du spoiler
En sortant du cinéma, je me suis dit: voilà un très bon film mais de pure distraction. Il ne me laissera rien. Ce qui est le plus souvent le cas quand je vais au cinéma, Kubrick excepté.
Je me trompais.
Ce Nolan est un rude gaillard. Je vais tâcher de trouver ses autres films. J'ai sans doute vu son Batman, mais à la télévision, en dînant et pas avec assez d'attention. Je vais repérer sur ce fil les opus recommandés.
Mon immortalité est provisoire.