Les "adulescents" vus par France 2

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LDavoust
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Message par LDavoust » sam. sept. 11, 2010 10:37 am

Je suis d'accord avec Julien, et j'aimerais ajouter en codicille que le fait que de ne pas avoir d'enfant n'invalide pas automatiquement les opinions sur l'éducation de celui qui les émet, sinon il deviendrait bien compliqué d'avoir des capacités de projection et d'empathie ;)

Je n'ai pas vu le passage cité (et je n'en ai aucune envie), je n'ai en général pas de grande sympathie pour les psychologues-donneurs-de-leçons mais je pense qu'il faut prendre la frustration posée par Julien comme au sens de celle que provoque constamment l'environnement. A la Spinoza, quoi: cher enfant, si tu veux avancer tout droit et qu'il y a une table sur le chemin, tu vas te manger la table. Tu as été frustré dans ton désir, et donc tu vas apprendre la prochaine fois à contourner la table (ou à en faire du petit bois à la hache de guerre).

Il ne s'agit pas de lattes dans la tronche ni même de frustrer volontairement l'enfant par sadisme ou que sais-je encore, mais de lui enseigner que l'univers est un lieu qui ne sera pas toujours d'accord avec lui, et donc qu'il sera frustré dans ses désirs. Qu'il lui faudra apprendre soit à vivre avec, soit à travailler sa volonté afin de l'appliquer à faire plier l'univers.
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Sybille
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Message par Sybille » sam. sept. 11, 2010 10:43 am

LDavoust a écrit :Je suis d'accord avec Julien, et j'aimerais ajouter en codicille que le fait que de ne pas avoir d'enfant n'invalide pas automatiquement les opinions sur l'éducation de celui qui les émet, sinon il deviendrait bien compliqué d'avoir des capacités de projection et d'empathie ;)

Je n'ai pas vu le passage cité (et je n'en ai aucune envie), je n'ai en général pas de grande sympathie pour les psychologues-donneurs-de-leçons mais je pense qu'il faut prendre la frustration posée par Julien comme au sens de celle que provoque constamment l'environnement. A la Spinoza, quoi: cher enfant, si tu veux avancer tout droit et qu'il y a une table sur le chemin, tu vas te manger la table. Tu as été frustré dans ton désir, et donc tu vas apprendre la prochaine fois à contourner la table (ou à en faire du petit bois à la hache de guerre).

Il ne s'agit pas de lattes dans la tronche ni même de frustrer volontairement l'enfant par sadisme ou que sais-je encore, mais de lui enseigner que l'univers est un lieu qui ne sera pas toujours d'accord avec lui, et donc qu'il sera frustré dans ses désirs. Qu'il lui faudra apprendre soit à vivre avec, soit à travailler sa volonté afin de l'appliquer à faire plier l'univers.
J'ai parlé de la frustration telle que proposée par une vieille mégère dans ce reportage. Pas d'autre chose.
Cela dit, si on veut se lancer dans un fil sur l'éducation, OK, pas de souci. Mais reprenons à zéro alors.
Et, dans ce cas, je pose un bémol : on peut parler d'éducation sans avoir d'enfant soi même, normal, mais alors en restant très modeste sur ses prétentions, car j'imagine qu'on sera tous d'accord pour poser le principe qu'il y a toujours une marge entre théoriser un truc et le vivre.
Donc, effectivement, un parent doit donner à son enfant des outils pour bien vivre les barrières sociales, les barrières physiques... Ouah, super le débat quand même, suis passionnée d'avance :-(
(Du coup, ça n'a plus rien à voir avec le droit d'un adulte à lire des BD et acheter des peluches si ça lui fait plaisir...)

arsenie
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Message par arsenie » sam. sept. 11, 2010 10:45 am

:?: le vocabulaire psy spécifique me laissera toujours perplexe :
si je comprends bien, frustration veut dire éducation - acceptation de limites- prise en compte et respect d'autrui (autrement qu'après un pain dans la tronche)-
donc, "l'état naturel" de l'humain est bien "le dominant dictateur"
en commençant par le "tyran en couche-cullotte"
qui nous fait la grâce de son obole merdeuse
et qui doit être "frustré" plutôt "qu'éduqué" à la prise en compte des autres?
oui, je suis de mauvaise foi-
car je pense que les psys sont grandement responsables des carences éducatives
(je ne connais que ceux "de bazar" et hélas, les rejetons de certains, qui ne sont pas une pub pour leurs parents)

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LDavoust
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Message par LDavoust » sam. sept. 11, 2010 10:55 am

Je ne tiens surtout pas à ce qu'on lance un fil sur l'éducation, ni même sur les enfants: si vous le faites, je nierai y être pour quoi que ce soit :P
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Fabien Lyraud
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Message par Fabien Lyraud » sam. sept. 11, 2010 10:59 am

Quand un enfant pleure, les parents le réconforte, on est aux antipodes de la frustration, là.
Frustrer un enfant, ça veut dire que chaque fois qu'un enfant pleure, on lui met des tartes pour lui apprendre qu'il ne faut pas pleurer. La frustration est un mode d'éducation pour former des individus insensibles. Il y a des sociétés où l'éducation est basés là dessus (cf Gregory Bateson et Margaret Mead sur leurs travaux sur l'éducation des enfants à Bali).


Je crois plutôt que ce type de reportage est plutôt une illustration de l'opposition entre créateur et prédateur qu'évoquait Georges ailleurs. Les prédateurs sont considérés comme les modèles de la réussite dans notre société post capitaliste industrielle. Les créateurs sont des has been. Or ces "adulescents" sont soit eux même des créateurs ou des individus qui s'intéressent à la création et la créativité sous toutes leurs formes y compris les plus populaires. On se rend compte que le déni tout français de la société de l'information a transformé la création en valeur marginale. Les journalistes comme ce monsieur ne l'ont toujours pas compris.
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silramil
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Message par silramil » sam. sept. 11, 2010 11:16 am

Sybille a écrit : Et, dans ce cas, je pose un bémol : on peut parler d'éducation sans avoir d'enfant soi même, normal, mais alors en restant très modeste sur ses prétentions, car j'imagine qu'on sera tous d'accord pour poser le principe qu'il y a toujours une marge entre théoriser un truc et le vivre.
Je ne vois pas en quoi vivre quelque chose autorise à tenir des discours sur cette chose, à part pour donner un modeste témoignage. Chaque expérience est individuelle et très, très limitée. Les discours théoriques peuvent en revanche être nourris de très nombreux exemples, qui permettent de faire la part des choses. ce qui n'implique pas que les producteurs de discours théoriques ont une supériorité automatique sur les témoins, ni qu'il soit impossible d'être l'un et l'autre.

Je ne dis pas ça pour lancer un troll sur l'éducation, mais parce que cela a un rapport direct avec ce type de reportage : plutôt que d'organiser un documentaire équilibré, les journalistes choisissent de présenter des bouts de vie (qu'en plus, ici, ils déforment) comme si cela suffisait, par induction, à démontrer quelque chose. Qu'importe la vie que mènent les personnes suivies dans ces conditions ? le fait qu'on puisse trouver quelques no-lifes (et encore, les journalistes présentent comme des no-lifes des gens qui en ont une...) n'a aucune importance si ces témoignages ne sont pas l'illustration d'une véritable tendance, appuyée sur des études sociologiques et psychologiques.

Et les bouts d'interviews sélectionnés pour servir de discours théorique sont à mon avis aussi déformés et manipulés que les images volées aux témoins.

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Mélanie
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Message par Mélanie » sam. sept. 11, 2010 11:49 am

Fabien Lyraud a écrit :Je crois plutôt que ce type de reportage est plutôt une illustration de l'opposition entre créateur et prédateur qu'évoquait Georges ailleurs. Les prédateurs sont considérés comme les modèles de la réussite dans notre société post capitaliste industrielle. Les créateurs sont des has been. Or ces "adulescents" sont soit eux même des créateurs ou des individus qui s'intéressent à la création et la créativité sous toutes leurs formes y compris les plus populaires. On se rend compte que le déni tout français de la société de l'information a transformé la création en valeur marginale. Les journalistes comme ce monsieur ne l'ont toujours pas compris.
Au contraire, j'ai trouvé que le seul moment où on s'éloignait de la caricature grossière, c'était dans le dernier portrait, celui de Castelbajac, où les commentaires semblent plutôt dire que l'aspect créatif du phénomène lui donne un semblant de légitimité. C'est peut-être aussi parce qu'on montre quelqu'un qui gagne du fric avec et que ça rend "socialement respectable", mais j'ai trouvé ça frappant.

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Message par Eons » sam. sept. 11, 2010 1:40 pm

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Message par Florent » sam. sept. 11, 2010 6:32 pm

Et allez, youpie, ça part dans tous les sens, une nouvelle fois merci Sybille ! :D
Donc j'y vais de mon avis, pis on va revenir au sujet, vu que c'est le mien, après tout : je travaille dans une école primaire et oui, l'enfant doit apprendre la frustration, dans le sens où on ne doit surtout pas répondre à toutes ses demandes. L'adulte fixe les limites, et l'enfant attend de lui qu'il lui fixe des limites, c'est pourquoi certains le teste en permanence. Sinon, j'ai vu les résultats, et c'est pas beau à voir.

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Soslan
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Message par Soslan » sam. sept. 11, 2010 6:39 pm

Ce que je retiens, c'est surtout ça :
Sybille a écrit :
(Du coup, ça n'a plus rien à voir avec le droit d'un adulte à lire des BD et acheter des peluches si ça lui fait plaisir...)
Voilà qui devrait clore le débat.
Dans tous les cas l'autre greluche de psy n'a rien à dire sur les "adulescents".
"La Lune commence où avec le citron finit la cerise" (André Breton)

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Et pour ne pas faire que ma propre promo :
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Message par Sybille » sam. sept. 11, 2010 8:43 pm

Soslan a écrit :Ce que je retiens, c'est surtout ça :
Sybille a écrit :
(Du coup, ça n'a plus rien à voir avec le droit d'un adulte à lire des BD et acheter des peluches si ça lui fait plaisir...)
Voilà qui devrait clore le débat.
Dans tous les cas l'autre greluche de psy n'a rien à dire sur les "adulescents".
En même temps, les enfants aussi ont droit aux BD et aux peluches, hein.
(Florent, le rôle des parents et celui des institutions n'est pas le même. Ce qui ne cause pas du rôle de chacun, mais juste pour bien souligner le bouzin.)

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Message par bormandg » sam. sept. 11, 2010 8:51 pm

Fabien Lyraud a écrit :Quand un enfant pleure, les parents le réconforte, on est aux antipodes de la frustration, là.
Frustrer un enfant, ça veut dire que chaque fois qu'un enfant pleure, on lui met des tartes pour lui apprendre qu'il ne faut pas pleurer. La frustration est un mode d'éducation pour former des individus insensibles. Il y a des sociétés où l'éducation est basés là dessus (cf Gregory Bateson et Margaret Mead sur leurs travaux sur l'éducation des enfants à Bali).


Je crois plutôt que ce type de reportage est plutôt une illustration de l'opposition entre créateur et prédateur qu'évoquait Georges ailleurs. Les prédateurs sont considérés comme les modèles de la réussite dans notre société post capitaliste industrielle. Les créateurs sont des has been. Or ces "adulescents" sont soit eux même des créateurs ou des individus qui s'intéressent à la création et la créativité sous toutes leurs formes y compris les plus populaires. On se rend compte que le déni tout français de la société de l'information a transformé la création en valeur marginale. Les journalistes comme ce monsieur ne l'ont toujours pas compris.
D'accord à 99%, je ne crois pas que ce déni soit tout français. Le même déni de la création existe dans les sociétés anglo-saxonnes, ou dans les sociétés islamistes, et certainement dans d'autres types encore. La seule spécificité du déni français est son caractère hypocrite et non avoué, ou plus exactement l'importance quantitative de ce caractère.
"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."

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Message par Hoêl » sam. sept. 11, 2010 9:58 pm

Ma modeste et non-polémique contribution au débat : pendant 25 ans , j'ai été frustré quant à mon désir d'illustrer des bouquins , quand cela s'est enfin réalisé , j'ai éprouvé un bonheur et une fierté qui perdurent . Conclusion personnelle , la frustation , quand elle s'évacue procure une jouissance à nulle autre pareille (et je vous épargne les expériences similaires concernant des sujets autrement plus triviaux...) ; pour paraphraser Socrate à la fin de sa vie : Il n'y a pas de plus grand bonheur que la fin d'une souffrance ."
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Message par Erion » sam. sept. 11, 2010 10:27 pm

Hoêl a écrit : pour paraphraser Socrate à la fin de sa vie : Il n'y a pas de plus grand bonheur que la fin d'une souffrance ."
Il devait connaître l'histoire du fou qui se donne des coups de marteau sur la tête, parce que quand ça s'arrête, qu'est-ce que ça peut faire comme bien...
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Message par bormandg » sam. sept. 11, 2010 10:44 pm

Erion a écrit :
Hoêl a écrit : pour paraphraser Socrate à la fin de sa vie : Il n'y a pas de plus grand bonheur que la fin d'une souffrance ."
Il devait connaître l'histoire du fou qui se donne des coups de marteau sur la tête, parce que quand ça s'arrête, qu'est-ce que ça peut faire comme bien...
Ou celui qui achète des chaussures trop petites de 2 pointures pour avoir le plaisir de les enlever. :wink:
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