La vache ! On dirait un extrait de compte-rendu de la société psychanalytique de Paris.Lem a écrit :[J'aime assez celui de La carte et le territoire :
— Ce que je préfère maintenant, c'est la fin du mois de décembre : la nuit tombe à quatre heures. Alors, je peux me mettre en pyjama, prendre mes somnifères et aller au lit avec une bouteille de vin et un livre. C'est comme ça que je vis, depuis des années. Le soleil se lève à neuf heures ; bon, le temps de se laver, de prendre des cafés, il est à peu près midi, il me reste quatre heures de jour à tenir, le plus souvent j'y parviens sans trop de dégâts. Mais au printemps, c'est insupportable, les couchers de soleil sont interminables et magnifiques, c'est comme une espèce de putain d'opéra, il y a sans arrêt des nouvelles couleurs, de nouvelles lueurs, j'ai essayé une fois de rester ici tout le printemps et l'été et j'ai cru mourir, chaque soir j'étais au bord du suicide, avec cette nuit qui ne tombait jamais. Depuis, début avril, je vais en Thailande et j'y reste jusqu'à la fin août, début de journée six heures, fin de journée six heures, c'est plus simple, équatorial, administratif, il fait une chaleur à crever mais la climatisation marche bien, c'est la morte-saison touristique, les bordels tournent au ralenti mais ils sont quand même ouverts et ça me va, ça me convient, les prestations restent excellentes ou très bonnes.
— Là, j'ai l'impression que vous jouez un peu votre propre rôle…
— Oui, c'est vrai, convint Houellebecq avec une spontanéité surprenante. Ce sont des choses qui ne m'intéressent plus beaucoup. Je vais arrêter bientôt de toute façon, je vais retourner dans le Loiret ; j'ai vécu mon enfance dans le Loiret, je faisais des cabanes en forêt, je pense que je peux retrouver une activité du même ordre. La chasse aux ragondins ?
Houellebecq et van Vogt
Modérateurs : Estelle Hamelin, Eric, jerome, Jean, Travis, Charlotte, tom, marie.m
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
Son rédacteur ne pourra être tenu pour responsable des effets indésirables de votre lecture.
Son rédacteur ne pourra être tenu pour responsable des effets indésirables de votre lecture.
C'est ça: aucun intérêt, côté Lovecraft. Mais l'amateur de Houellebecq trouve son compte... Il pourrait faire la même chose avec Hergé, Rabelais, Balzac, Simenon, Céline, Marc Lévy (bon, OK, non, pas Marc Lévy...), Jack London,Conrad, etc, suivant une belle tradition de vacuité essayiste française (et pas seulement). Quand je parle de "vacuité", c'est vis à vis du sujet traité, pas de la qualité intrinsèque du texte produit, bien sûr.Nébal a écrit : Ce qui est intéressant, et occupe la majeure partie de l'ouvrage, ce n'est pas la biographie de l'auteur, mais l'analyse de son style. Cette partie-là me semble valable. Le reste n'apprend sans doute pas grand-chose, mais, je plaide coupable, je ne suis pas un exégète confirmé pour pouvoir dire si ça coince vraiment ou pas. Rien ne m'a choqué en tout cas, par rapport à ce que j'ai pu lire par ailleurs.
Oncle Joe
Modifié en dernier par Lensman le mar. sept. 14, 2010 10:31 am, modifié 1 fois.
On va finir par le savoir...Roland C. Wagner a écrit :La lecture d'une seule bio sérieuse suffit.Florent a écrit :Je ne suis pas d'accord. Pour celui qui a lu toutes les biographies de Lovecraft, peut-être.Lensman a écrit :On va clarifier: il n'apprend rien (mais alors, rien...) sur Lovecraft, et sans doute beaucoup sur Houellebecq (si ce dernier est sincère, bien sûr..)Nébal a écrit : Quant à l'essai sur Lovecraft, je l'adore, et le relis au moins une fois pas an. Mais je concède volontiers qu'il en apprend au moins autant sur Houellebecq et son écriture que sur Lovecraft et son écriture.
Oncle Joe
Personnellement, je ne me souviens pas avoir appris quoi que ce soit.Florent a écrit :Mais par exemple, on apprend bcp sur le choc que fut pour lui son séjour de 2 ans à New York, qui est sûrement un événement fondateur de ses grands textes. On en apprend sur le rapport de HL à l'architecture, au vertige, à la xénophobie, qui lui ont permis d'alimenter les dits grands textes. On en apprend sur son style, son rapport aux rêves, etc.
Le Lovecraft de Houellbecq, c'est lui :
Mais Lovecraft, c'est aussi lui :

Hop : Cédric FERRAND, Wastburg
Transhumain a écrit :Mais comment te faire comprendre, ainsi qu'à d'autres, que les romans de Michel Houellebecq ne sont, précisément, PAS des ouvrages de sciences humaines, mais des oeuvres littéraires ? Les livres de Houellebecq ne condamnent personne, ni ne visent à nous convertir à je ne sais quelle doctrine ; ils traduisent seulement, comme tu l'as d'ailleurs écrit, sa vision du monde, et que je sache, on peut ne pas être sur la même longueur d'ondes, et néanmoins trouver de l'intérêt, voire du plaisir, à la partager un moment, cette vision. Détachement, affèterie ? Je ne comprends pas. Ses personnages ne sont pas détachés, ils n'y parviennent pas, ils se prennent la réalité de leur petit monde postmoderne dans la gueule, et ne le supportent pas : leur corps qui décline, leur sexualité minable, les rapports sociaux artificiels, etc. Il faut adhérer à cette vision, pendant la lecture, se mettre dans la peau de ses personnages, voir avec leurs yeux désabusés, sentir avec leur corps décrépi. Je trouve vraiment bizarre cette conception de la littérature comme projet non esthétique, mais idéologique, comme manifeste, comme tract politique. Mais en fait, le fond du problème, c'est pas ces histories bidon de détachement, d'intérieur/extérieur, c'est juste que tu ne peux pas blairer un type qui pour toi est un gros connard réac, hein ?Le_navire a écrit :Comment comprendre que celui qui vous condamne puisse chercher, en soumettant sa condamnation à l'œil public, au jugement public, votre approbation et votre commentaire ? Sinon, finalement, pour espérer vous faire admettre sa vision du monde, une vision que chez Houllebecq, je trouve réactionnaire et à l'opposée de ma sensibilité. Ce n'est plus alors un état d'esprit, c'est un manifeste, sous couvert d'un détachement qui devient afféterie.
Je suis d'accord avec la première partie de ton assertion : je tire probablement mon sentiment sur son œuvre de mon incapacité, liée à son écriture particulière et qui m'est plus que littérairement étrangère, à m'identifier avec ses personnages ou à développer la moindre empathie à leur égard. Et mes conclusions sont peut être en effet dans la logique de ma propre incapacité, mais ça ne change rien à mon ressenti...
C'est la suite que je ne pige pas. Je ne parle pas de manifeste, cela sous-entend que la politique n'est que démonstrative et partisane, ce qui de mon point de vue, est un non-sens. Dire la société, porter sur elle un regard que l'on fait partager, c'est encore une fois mon point de vue, un acte politique et en ce sens, oui, toute littérature est politique. Sauf peut être... non rien, on a dit littérature...^^ (oulah, je suis poilue là...)
Du coup, je t'assure, je n'avais jamais entendu parler du bonhomme quand j'ai lu mon premier Houellebecq, juste de son bouquin, et ça remonte à Gomorrhe, au moins, il n'était pas encore un phénomène de société. Ceci étant, quand je l'ai refermé, j'ai dit : "je ne peux pas blairer ce type qui est un gros connard réac.". La littérature est toujours politique, moi j'dis et redis...
"Ils ne sont grands que parce que vous êtes à genoux"
Hé, bien justement, MB parle de l'humour de Lovecraft, de sa période "sociale" où il vivait en couple et recevait des amis, à NY, il parle de ses textes humoristiques, de ses pastiches, de son enfance heureuse, et c'est en cela qu'il s'éloigne du cliché de HPL le mysantrope. Et d'expliquer en quoi le choc fut si rude pour lui, face à la réalité du monde des adultes.
L'analyse du style de Lovecraft ne présente aucun intérêt ?Lensman a écrit :C'est ça: aucun intérêt, côté Lovecraft. Mais l'amateur de Houellebecq trouve son compte... Il pourrait faire la même chose avec Hergé, Rabelais, Balzac, Simenon, Céline, Marc Lévy (bon, OK, non, pas Marc Lévy...), Jack London,Conrad, etc, suivant une belle tradition de vacuité essayiste française (et pas seulement). Quand je parle de "vacuité", c'est vis à vis du sujet traité, pas de la qualité intrinsèque du texte produit, bien sûr.Nébal a écrit : Ce qui est intéressant, et occupe la majeure partie de l'ouvrage, ce n'est pas la biographie de l'auteur, mais l'analyse de son style. Cette partie-là me semble valable. Le reste n'apprend sans doute pas grand-chose, mais, je plaide coupable, je ne suis pas un exégète confirmé pour pouvoir dire si ça coince vraiment ou pas. Rien ne m'a choqué en tout cas, par rapport à ce que j'ai pu lire par ailleurs.
Oncle Joe
Ah.
Bon.
Hop : Cédric FERRAND, Wastburg
Lensman a écrit :Tu es bien optimiste, aujorud'hui !Nébal a écrit : On va finir par le savoir...
Oncle Joe

Hop : Cédric FERRAND, Wastburg
J'avoue que ça ne me passionne guère, les analyses de style en littérature... Une dizaine de pages sur le sujet, disons, dans une étude, ça me paraît bien suffisant...Nébal a écrit : L'analyse du style de Lovecraft ne présente aucun intérêt ?
Ah.
Bon.
Mais je suppose qu'il y a un public, pour cela...
Oncle Joe
- Transhumain
- Messages : 1246
- Enregistré le : mar. févr. 07, 2006 11:23 am
- Contact :
D'accord avec toi, évidemment. Pour moi, un roman ne peut pas être réactionnaire. Un roman n'a pas d'opinion politique. Un roman est un petit univers, et que je sache, les univers ne font pas de lip dub.Nébal a écrit :Peut-être pas, mais mon Houellebecq sait écrire, et écrit des bouquins intelligents, qu'il ne me viendrait pas à l'esprit un seul instant de qualifier de réactionnaires, bien au contraire. Ca fait déjà pas mal de différences avec le portrait qu'on en brosse ici. Ou là. Ou encore là. Et là-bas aussi. Etc.
Houellebecq, dans une interview récente, rejetait pour lui-même ce qualificatif de "réactionnaire" : il ne regrette aucun âge d'or hypothétique, ne cherche pas à arrêter quoi que ce soit. Simplement, il trouve ce monde assez désagréable. Je me souviens d'une autre interview télévisée, de Lévi-Strauss cette fois, qui, le visage grave, terrible, m'avait terrassé : "Ce n'est pas un monde dans lequel j'ai envie de vivre" (je cite de mémoire). Sûrement un gros réac, lui aussi, hein ?
- Roland C. Wagner
- Messages : 3588
- Enregistré le : jeu. mars 23, 2006 11:47 am
-
- Messages : 2278
- Enregistré le : mer. oct. 24, 2007 10:35 am
- Localisation : St Léonard
- Contact :
Lovecraft pur produit d'une société protestante qui valorise le combat contre soi même.
Houellebecq pur produit d'une société catholique qui valorise la résignation.
Il y a une grosse différence entre les deux. Une différence de posture face à la souffrance qui est un pur reflet de leur société respective.
Houellebecq pur produit d'une société catholique qui valorise la résignation.
Il y a une grosse différence entre les deux. Une différence de posture face à la souffrance qui est un pur reflet de leur société respective.
Bienvenu chez Pulp Factory :
http://pulp-factory.ovh
Le blog impertinent des littératures de l'imaginaire :
http://propos-iconoclastes.blogspot.com
http://pulp-factory.ovh
Le blog impertinent des littératures de l'imaginaire :
http://propos-iconoclastes.blogspot.com
D'ailleurs, il est mort...Transhumain a écrit :. Je me souviens d'une autre interview télévisée, de Lévi-Strauss cette fois, qui, le visage grave, terrible, m'avait terrassé : "Ce n'est pas un monde dans lequel j'ai envie de vivre" (je cite de mémoire).
Toi aussi, tu es en forme, question envolées philosophiques... mais tu es toujours en forme, ça ne vaut pas !
Oncle Joe
Merci, ô Poète, pour cette analyse d'une...Fabien Lyraud a écrit :Lovecraft pur produit d'une société protestante qui valorise le combat contre soi même.
Houellebecq pur produit d'une société catholique qui valorise la résignation.
Il y a une grosse différence entre les deux. Une différence de posture face à la souffrance qui est un pur reflet de leur société respective.
...

EDIT : Je ne te demande pas, ô Poète, ce que tu as lu de Houellebecq, hein ? hein ?
Modifié en dernier par Nébal le mar. sept. 14, 2010 10:45 am, modifié 1 fois.
Hop : Cédric FERRAND, Wastburg