Tout cela est bel et bon, mais est-ce qu'au moins il signe des circulaires pour le démantèlement des campements sauvages ?Nébal a écrit :Mais si : Le Terrible Houellebecq est réactionnaire, sectaire, misogyne...
Sinon, ça vaut pas...
Modérateurs : Estelle Hamelin, Eric, jerome, Jean, Travis, Charlotte, tom, marie.m
Tout cela est bel et bon, mais est-ce qu'au moins il signe des circulaires pour le démantèlement des campements sauvages ?Nébal a écrit :Mais si : Le Terrible Houellebecq est réactionnaire, sectaire, misogyne...
C'est vrai. Si la lecture ci-dessus est juste, La Carte se déroule dans un monde pré-houellebecquien, un monde qui reste gouverné par le supermarché et la dérision. Il n'y est question nulle part d'une utopie technopoétique. Ce sujet fut celui des Particules, de La possibilité d'une île et de quelques articles ; mais il n'apparaît pas partout chez MH. Dans ce dernier roman, il revient – peut être parce que c'est davantage goncourt-compatible, en effet – à l'un des items classiques de Schopenhaueur, celui de la sortie du monde par l'art. Avec l'amour, c'est la seule possibilité utopique concrète, ici et maintenant. L'amour étant miné par la lutte étendue à tout, l'art (la vie d'artiste) est même à vrai dire la seule utopie vraiment réalisable et durable. MH le dit d'ailleurs, dans la préface à son recueil d'articles :fabrice a écrit :le moins que l'on puisse dire, c'est que l'espoir que tu évoques, ou tout au moins la possibilité de sa réalisation, ne transparaît guère dans les dernières pages de La Carte. Dès lors, à quoi bon ?
La Carte, c'est ni plus ni moins l'histoire d'un type qui accomplit ce programme.ltout devrait pouvoir se transformer en un livre unique que l'on écrirait jusqu'aux approches de la mort ; cela me paraît une manière raisonnable de vivre, heureuse et peut-être même réalisable en pratique.
ce qui revient, peu ou prou, à ce que j'évoquais d'une littérature que je ressens comme psychanalytique. Et qui, partant, ne me touche pas en tant que littérature.Transhumain a écrit :Quant à la sexualité, c'est un élément essentiel dans la vie de la plupart des gens, et Houellebecq est l'un des seuls à l'avoir abordée sous un angle, très contemporain, qui dépasse la psychologie de comptoir, l'érotisme libertin ou le mysticisme béat.
Damned.Nébal a écrit : On pourrait avoir une liste des écrivains autorisés ? Ca irait peut-être plus vite...
Oui, ceux qui me connaissent savent bien que la morale est la grande obsession de ma vie. Je l'écris une dernière fois, au cas où la lumière finirait par surgir : j'ai aimé les premiers livres de Houellebecq ; les derniers me font chier parce que, toujours selon moi, ils ne mènent nulle part et qu'ils ne me nourrissent pas, ou plus.Nébal a écrit : N'empêche, je pensais pas trouver un jour Fabrice Colin dans le rôle du chantre de l'Ordre Moral. Tristesse.[/size]
J'ai hésité à préciser ça, en effet. Tu es sans doute plus optimiste que moi.Lensman a écrit : Je dirais cependant que pour prendre son discours sur la prostitution pour argent content, il faut soi-même en tenir une sacrée couche, de bêtise ou d'irresponsabilité. Sur le Sida, on peut se renseigner en utilisant Wikepedia. Si quelqu'un arrive à lire Houellebecq, il doit aussi arriver à utilser Wikipedia, et à enfiler un préservatif tout seul (ou en se faisant aider, remarque...). La responsabilité de Houellebecq, à ce stade, serait à peu près la même que s'il recommandait aux gens de sauter par la fenêtre du 10e étage, parce que c'est fun.
Oncle Joe
Hum... en effet, il y a des gens qui lisent et qui ne vont pas sur le Net. J'ai parlé un peu vite...fabrice a écrit :J'ai hésité à préciser ça, en effet. Tu es sans doute plus optimiste que moi.Lensman a écrit : Je dirais cependant que pour prendre son discours sur la prostitution pour argent content, il faut soi-même en tenir une sacrée couche, de bêtise ou d'irresponsabilité. Sur le Sida, on peut se renseigner en utilisant Wikepedia. Si quelqu'un arrive à lire Houellebecq, il doit aussi arriver à utilser Wikipedia, et à enfiler un préservatif tout seul (ou en se faisant aider, remarque...). La responsabilité de Houellebecq, à ce stade, serait à peu près la même que s'il recommandait aux gens de sauter par la fenêtre du 10e étage, parce que c'est fun.
Oncle Joe
Je n'avais pas encore osé sortir "pulsion de mort", mais là c'est difficile de passer à coté.Lem a écrit :MH balaie les arguments postmodernes selon lesquels "tout a changé". Selon lui, vraisemblablement, très peu de choses ont changé, éventuellement rien. L'écrivain a toujours vocation à rendre compte de la situation de l'être humain, par des moyens simples et directs – du point de vue littéraire, il est vraisemblablement balzacien. Toutes les nuances, réserves, complications, relativismes esthétiques et moraux sont à ses yeux des excuses et des diversions pour ne pas dire la vérité, excuses et diversions organisées par des intellectuels qui se savent incapables d'accomplir leur tâche par défaut de culture scientifique et/ou manque de courage. La vérité est celle-ci : la vie est mauvaise.
Principe de nirvana ? ça se confirme.Pour l'essentiel, l'art de Houellebecq consiste en ce retour aux fondamentaux dont personne, selon lui, ne veut prendre la pleine mesure.
Confirmation du principe de nirvana... ^^Traverser l'écran de blabla insignifiant dressé un peu partout pour neutraliser la vision terrifiante de l'homme produite par la science, abattre les vaches sacrées de la représentation qui traînent ici et là, essayer d'y voir clair.
Je suis d'accord, et c'est en cela, dans cette impossibilité dichotomique (car, vue de ma fenêtre, fondamentalement inhumaine) Eden/Enfer, que je n'arrive pas à le suivre. cela me semble manquer de nuances.– Conclusion logique : la seule issue est une sortie de la condition humaine par la technique. MH en donne deux versions. L'une, idyllique, à la fin des Particules :
...
L'autre, plus sombre et entachée par l'échec, à la fin de la Possibilité d'une île.
Il serait d'ailleurs bien gentil de laisser la MQ où elle est.Elle a déjà assez de problème comme cela sans que l'on ne la mêle à une approche métaphysique existentielle personnelle.Il y a ici et là des signes (assez nombreux) qui montrent que Houellebecq tâtonne autour d'une interprétation poétique de la mécanique quantique qui pourrait déboucher sur une utopie.
Christique, avais-je écrit ?On résume ? Pour moi, Houellebecq est le contraire d'un nihiliste. Il pense que le salut existe, que le monde peut avoir un sens, que le bonheur est possible, que rien de tout cela ne nous est interdit. Mais pour accomplir cette quête, il importe de commencer par déboulonner la plupart des représentations ambiantes, qui nous en détournent en nous faisant désirer des simulacres publicitaires. Il importe de liquider l'attachement sentimental qui nous relie à ces simulacres pour revenir brutalement aux faits élémentaires – le malheur, la mort inévitable, l'absurdité obscène du moi – et formuler à nouveaux nos buts, en toute connaissance de cause.
10e étage ?Lensman a écrit :La responsabilité de Houellebecq, à ce stade, serait à peu près la même que s'il recommandait aux gens de sauter par la fenêtre du 10e étage, parce que c'est fun.
Là, on a Schopenhauer, c'est pas mal aussi... Ca me parle plus, à la limite.Lensman a écrit : Parti comme c'est, bientôt, on va regretter Nietzsche... et pourtant, on croyait avoir touché le fond...
Avec Houellebecq, il faudrait fréquenter les bordels en Thailande (ou Raël)... avec Nietzsche, il faut apprendre à danser (!) ... bonjour les conseils !Nébal a écrit :Là, on a Schopenhauer, c'est pas mal aussi... Ca me parle plus, à la limite.Lensman a écrit : Parti comme c'est, bientôt, on va regretter Nietzsche... et pourtant, on croyait avoir touché le fond...
Ben non, justement, on ne le quitte pas. Ca en dit plus sur l'homme occidental, sur la sexualité et sur les rapports entre hommes et femmes dans notre société, que sur les bons plans à Pattaya.fabrice a écrit :Quant au discours sur la prostitution en Thaïlande, oui, il me reste vraiment en travers de la gorge, tout simplement parce que des lecteurs peuvent être amenés à le prendre pour argent comptant : les filles sont heureuses, le sida n'existe pas et en plus, c'est pas cher, pourquoi se priver ?
Là, on quitte le domaine de la littérature pour celui de la connerie pure.