Houellebecq et van Vogt

[Lensman]

Je connais bien des gens qui, devant un texte de MH, ressentent la même chose que toi (rien) et qui l''expriment à peu près dans ces termes.
Moi, c'est le contraire, je ressens tout.
J'imagine qu'il y a là une ligne de partage mais je ne sais pas à quoi elle tient.

Moi non plus, il ne me fait ni chaud ni froid. Mais ça, ce sont des choses qui arrivent très souvent en littérature.
D'ailleurs, on n'arrête pas de se demander, ici, pourquoi certains auteurs (notablement moins talentueux que Houellebecq) obtiennent des succès considérables, alors qu'ils nous paraissent indigents (inutile de redonner des noms...). Les gens qui les apprécient ne sont pas complètement débiles, ils y trouvent bien quelque chose qui nous échappe, ils ne les lisent pas avec un couteau sous la gorge, ils sont heureux, et ils les recommandent...
S'il y avait des critères vraiment indiscutables, en matière artistique, ça se saurait depuis un moment.
Oncle Joe

[Lensman]

Je crois qu'il en va de l'œuvre de Houellebecq comme de n'importe quelle œuvre littéraire : si on est touché par elle (ce qui est mon cas ; j'ai lu Les Particules élémentaires en état de choc), on cherche à comprendre les idées qui la sous-tendent et on a tendance à les trouver intéressantes. Si on est rebuté, il n'y a pas de raison particulière d'aller plus loin.
Il y a bien des idées de MH que je ne partage pas, bien des provocations que je trouve infantiles ou gratuites (peut-être intéressées, je ne sais pas) mais j'ai été terriblement ému par Les particules, j'ai beaucoup aimé Plateforme et une partie de La possibilité d'une île. Sur La carte et le territoire, je n'ai pas eu d'émotions très fortes mais le problème de l'art m'intéresse, j'ai lu le livre avec plaisir. D'une manière générale, j'apprécie sa prose et son humour et, sur un plan plus conceptuel, je trouve qu'il appuie (a appuyé) là où il fallait le faire. Dans l'ensemble, cependant, ma relation à son œuvre reste fondée sur l'émotion ; c'est mon point d'entrée pour tout le reste. Et je me fous totalement qu'il soit réac ou quoi que ce soit.

Plus 42, sans problème.
Que ce ne soit pas pas mon cas ne m'empêche en rien, mais en rien, de comprendre que tu puisses en effet en être touché.

Tout pareil ! On se moque assez de moi en voyant ma bibliothèque... Je revendique haut et fort pour chacun de pouvoir éprouver des chocs artistiques devant ce que d'autres considèrent comme des daubes !
Oncle Joe

[MF]

Toutefois ce qui, sincèrement, m'interroge, c'est que je n'ai pas l'impression d'idées "nouvelles" sous-tendant l'œuvre de MH.
Un agencement particulier de ces idées, bien évidement.
Une mise en regard d'une analyse profonde de ses expériences personnelles, sans doute.
Une expression différente des conséquences ultimes, pourquoi pas.

Putain, c'est déjà bien.

Oui, mais c'est pas ma came.
Je cherche l'émerveillement dans la surprise, la nouveauté, dans le décalage à la réalité (enfin, l'idée que je me fais de la réalité).

Je connais bien des gens qui, devant un texte de MH, ressentent la même chose que toi (rien) et qui l''expriment à peu près dans ces termes.
Moi, c'est le contraire, je ressens tout.
J'imagine qu'il y a là une ligne de partage mais je ne sais pas à quoi elle tient.

Peut-être la manière d'aborder l'œuvre, d'accoster le continent.
Une vision globale (que tu aurais) avant un examen fonctionnel (que je ferais).
La manière dont tu le formules "si on est touché par elle (ce qui est mon cas ; j'ai lu Les Particules élémentaires en état de choc), on cherche à comprendre les idées qui la sous-tendent" ainsi que l'usage que j'ai fait de la formule "trop clinique" me porte à croire que la ligne de faille doit se situer dans ces eaux là.

[Lem]

[Je vais revenir un peu à mon obsession du sens des mots. Pourquoi appeler "utopie" un simple choix de vie personnel ? Dans la notion d'utopie, j'ai tout de même l'impression qu'il y a la notion de construction d'une société (qui se voudrait parfaite).

C'est une métaphore de ma part mais pas tant que ça : une utopie classique, après tout, ce sont plusieurs personnes qui font le choix de vivre d'une certaine manière, à l'écart, parfois même cachés. Le héros de La Carte se construit un domaine inexpugnable, loin de tout et ne voit personne pendant x années ; quand il sort enfin de chez lui, le monde a bien changé (schéma familier). Ce n'est pas un éloge de l'invidualisme mais une sortie du monde, littéralement.
Enfin, peu importe.

[Lensman]

[Je vais revenir un peu à mon obsession du sens des mots. Pourquoi appeler "utopie" un simple choix de vie personnel ? Dans la notion d'utopie, j'ai tout de même l'impression qu'il y a la notion de construction d'une société (qui se voudrait parfaite).

C'est une métaphore de ma part mais pas tant que ça : une utopie classique, après tout, ce sont plusieurs personnes qui font le choix de vivre d'une certaine manière, à l'écart, parfois même cachés. Le héros de La Carte se construit un domaine inexpugnable, loin de tout et ne voit personne pendant x années ; quand il sort enfin de chez lui, le monde a bien changé (schéma familier). Ce n'est pas un éloge de l'invidualisme mais une sortie du monde, littéralement.
Enfin, peu importe.

Pour moi, sortir du monde, ça n'a pas de sens. Il est dans le monde comme tout le monde (sic), et son attitude est une attitude dans le monde comme toutes les autres. Juste, ça fait plus classe de se dire "hors du monde" (et ça fait ricaner les gens comme moi). A chacun ses illusions... Mais comme tu dis, peu importe...
Oncle Joe

[Erion]

Il a d'ailleurs la même attitude à propos de la poésie et refuse catégoriquement le "plus de poésie possible après Auschwitz". C'est un classique, quoi. Tu diras réac.

Et, si je me souviens bien, il a écrit que Prévert était un con et un mauvais poète. Ok, tout n'est pas à jeter, mais MH a pas entièrement tort pour le coup.

Et sur le fait que MH n'écrit pas de bonnes poésie, n'oublions pas que Conan Doyle ne pensait pas être célèbre avec Holmes et que Gainsbourg était peintre.

[Erion]

Ah, Michel Houellebecq est reconnu internationalement, il est invité à un festival à Bilbao :

http://fr.news.yahoo.com/78/20100916/tc ... da62d.html

Un festival international de.... l'humour. Houellebecq est donc reconnu comme un écrivain d'humour.

[Lem]

Et, si je me souviens bien, il a écrit que Prévert était un con et un mauvais poète…

Oui. "Jacques Prévent est un con." Texte de 92 assez typique de sa méthode :

Jacques Prévert est quelqu'un dont on apprend des poèmes à l'école. Il en ressort qu'il aimait les fleurs, les oiseaux, les vieux quartiers de Paris, etc. L'amour lui paraissait s'épanouir dans une ambiance de liberté ; plus généralement, il était plutôt pour la liberté. Il portait une casquette et fumait des gauloises ; on le confond parfois avec Jean Gabin. D'ailleurs c'est lui qui a écrit le scénario de Quai des brumes, des Portes de la nuit, etc. Il a aussi écrit le scénario des Enfants du paradis, considéré comme son chef d'œuvre. Tout cela fait beaucoup de bonnes raisons de détester Jacques Prévert ; surtout si on lit les scénarios jamais tournés qu'Antonin Artaud écrivait à la même époque. Il est affligeant de constater que ce répugnant réalisme poétique, dont Prévert est l'artisan principal, continue de faire des ravages, et qu'on pense faire un compliment à Léos Carax en l'y rattachant (de la même manière, Rohmer serait sans doute un nouveau Guitry, etc.) Le cinéma français ne s'est jamais relevé de l'avènement du parlant ; il finira par en crever, et ce n'est pas plus mal. Après guerre, à peu près à la même époque que Jean-Paul Sartre, Jacques Prévert a eu un succès énorme ; on est malgré soi frappé par l'optimisme de cette génération. Aujourd'hui, le penseur le plus influent, ce serait plutôt Cioran. A l'époque, on écoutait Vian, Brassens… Amoureux qui se bécotent sur les bancs publiocs, baby-boom, construction massive de HLM pour loger tout ce monde-là. Beaucoup d'optimisme, de foi en l'avenir, et un peu de connerie. A l'évidence, nous sommes devenus beaucoup plus intelligents.

[fabrice]

C'est un texte authentiquement marrant, celui-là. Mais il a pris - jugement sur Prévert mis à part - un sacré coup de vieux.

[Patrice]

Salut,

Ah la poésie de Houellebecq...

Les taxis, c'est bien des pédés.
Ils s'arrêtent pas, on peut crever.

Tout en charme et délicatesse. Mais ça se tient.

A+

Patrice

[Hoêl]

Heu... on a encore le droit d'aimer Prévert ? et de le trouver pessimiste à l'occasion ? (cf. "La grasse matinée")
Et puis , pareil pour Vian et Brassens ?

[fabrice]

Il y a une force de conviction évidente chez Houellebecq, qui tient d'une part à son style, de l 'autre au fait qu'il semble dire des choses assez nouvelles, et/ou de façon étonnamment directes, j'allais écrire "décomplexées".
Et puis on creuse un peu, et on se rend compte qu'il raconte autant de conneries que n'importe qui.
Cioran penseur influent en 1992 ? Prévert aux oubliettes ? Ça ne veut juste rien dire.

[dracosolis]

pourquoi est-ce que j'ai l'impression qu'il n'y a pas un seul LAGS dans l'œuvre de ce monsieur ? o_o

[rmd]

pourquoi est-ce que j'ai l'impression qu'il n'y a pas un seul LAGS dans l'œuvre de ce monsieur ? o_o

Parce qu'il a une bonne connexion internet.

[dracosolis]

pourquoi est-ce que j'ai l'impression qu'il n'y a pas un seul LAGS dans l'œuvre de ce monsieur ? o_o

Parce qu'il a une bonne connexion internet.

ça c'est clair que sa liaison avec wiki semble impec