Le Fleuve des dieux, Ian McDonald
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J'ai craqué au bout de 150 pages (j'ai donné à mon tour le livre, offert par GD, à un ami amateur de SF qui l'a emporté aux îles Kerguelen (ce n'est pas une blague...)), l'aspect opaque l'a emporté.
Hélas, ça ne me surprend pas, j'ai perdu une bonne dose de ma capacité de concentration depuis quelques années.
Ce genre de livre touffu n'est plus fait pour moi, mais enthousiasmera les jeunes lecteurs dotés de davantage de neurones et surtout, d'une meilleure "mémoire de lecture" (i.e. l'art de continuer à savoir qui est qui et qui fait quoi quand il y a beaucoup de personnages).
Oncle Joe
Hélas, ça ne me surprend pas, j'ai perdu une bonne dose de ma capacité de concentration depuis quelques années.
Ce genre de livre touffu n'est plus fait pour moi, mais enthousiasmera les jeunes lecteurs dotés de davantage de neurones et surtout, d'une meilleure "mémoire de lecture" (i.e. l'art de continuer à savoir qui est qui et qui fait quoi quand il y a beaucoup de personnages).
Oncle Joe
Pour ma part , je l'ai terminé la semaine dernière , et j'ai adoré , c'est touffu , comme le dit Tonton ,foisonnant même , avec de multiples pistes et niveaux de lecture et d'une grande richesse , au point que je pense que je le relirai d'ici peu .
Les actions se passent majoritairement dans une Inde future (2047) , où les différents états ont fait sécession et sont plus ou moins antagonistes . A ce sujet , je ne suis pas d'habitude pas friand des cartes qu'on trouve dans le moindre bouquin de Fantasy où on vous détaille des royaumes imaginaire mais ici , j'aurais apprécié une carte politique de la chose parce que me plonger dans des atlas ne m'a que peu permis de me repèrer .
La trame narrative se trouve répartie sur les parcours de plusieurs personnages principaux accompagnés de leurs cohortes de personnages plus ou moins secondaires . On trouve donc :
Un Khan d'origine moghole , musulman , éminence grise de la première ministre d'un des états principaux et qui dissimule de lourds secrets et frustrations .
Un policier "Krishna" mélomane chargé de traquer les I.A. ayant dépassé un certain niveau ou ayant des velléités d'indépendance .
L'épouse de celui-ci , délaissée et complexée par ses origines paysannes .
Un "neutre" (je vous laisse découvrir ce que c'est) en quête d'amour et de reconnaissance .
Une journaliste suédoafghane si ! si !) avide de scoops auprès des I.A. , nouvelles stars des Soaps les plus prisés .
Une créatrice de mondes virtuels missionnée par les services secrets américains pour comprendre l'origine d'un artefact spatial de 7 milliards d'années .
L'ex amant/patron de celle-ci , originaire du Kansas et qui s'est retiré des affaires en Inde ("over the rainbow" ?) , libertaire et chantre de l'indépendance des I.A.
Une petite frappe et son acolyte prêts à tout pour devenir des rajahs .
Un capitaine d'industrie passablement obsédé qui veut devenir humoriste professionnel et qui doit mener son entreprise vers lune découverte fondamentale .
Tous ces personnages , au premier abord disparates , vont se croiser , s'aller ou s'opposer , faisant émerger petit à petit les noeuds de l'intrigue de façon subtile . La force de Mc Donald , c'est de toujours privilégier leur psychologie et leurs évolutions , si bien qu'on aplus l'impression d'avoir affaire à des personnes (souvent très attachantes) plutôt qu'aux personnages trop sommaires dont on nous abreuve si souvent .
L'autre personnage , c'est l'Inde ou plutôt ces Indes si variées , étranges et étrangères ; l'exotisme est permanent et le traducteur , Gilles Goullet , n'a pas dû rigoler tous les jours au vu de la complexité des langages mis en oeuvre !
Et la S.F. dans tout ça ? Le problème , c'est qu'il est difficile de trop en dire sans spoiler , ce que je déteste . Néanmoins , on trouvera pêle-mêle des I.A. et des armes spécifiques chargées de les éliminer , des enfants "brahmanes" génétiquement programmés pour vivre dux fois plus longtemps mais deux fois plus lentement , des mondes virtuels en perpétuelle évolution , des robots de combats américains rachetés par des organisations mafieuses pour leurs opérations de récupération de fonds , et des bouleversements climtiques comme s'il en pleuvait (inner joke) . J'ai lu que , pour certains , il s'agissait d'un bouqin "post cyberpunk" , je ne comprends pas en quoi , au contraire , j'ai retrouvé des thèmes et des façons de les traiter propres à un genre que je suis bien content de retrouver . Par exemple , les I.A. asservies que le policier "Krishna" utilise pour traquer celles qui veulent s'émanciper adoptent les aspects et les attributs des membres du panthéon hindou , ce qui m'a fait furieusement penser aux "logbas" qui chevauchent les hackers de Comte Zéro de William Gibson .
Tout cela est servi par la plume incisive de Mc Donald qui passe du tragique au comique , de l'action la plus débridée à des plages contemplatives autour d'une tasse de Chaï . Il se permet même un clin d'oeil à Desperate Housewives (à moins que ce ne soit L'amant de Lady Chatterley) mêlé à des réminiscences cinématographiques comme la fin de L'impasse de De Palma .
Un roman foisonnant donc , à recommander à tous ceux qui pensent que la S.F. n'a plus rien à dire... et , a fortiori ,à tous ceux qui pensent l'inverse ! En espérant que le succès éditorial qu'appelle Gilles Dumay , auquel je me joins ici , permettra la publication du recueil de nouvelles se déroulant dans le même univers .
Les actions se passent majoritairement dans une Inde future (2047) , où les différents états ont fait sécession et sont plus ou moins antagonistes . A ce sujet , je ne suis pas d'habitude pas friand des cartes qu'on trouve dans le moindre bouquin de Fantasy où on vous détaille des royaumes imaginaire mais ici , j'aurais apprécié une carte politique de la chose parce que me plonger dans des atlas ne m'a que peu permis de me repèrer .
La trame narrative se trouve répartie sur les parcours de plusieurs personnages principaux accompagnés de leurs cohortes de personnages plus ou moins secondaires . On trouve donc :
Un Khan d'origine moghole , musulman , éminence grise de la première ministre d'un des états principaux et qui dissimule de lourds secrets et frustrations .
Un policier "Krishna" mélomane chargé de traquer les I.A. ayant dépassé un certain niveau ou ayant des velléités d'indépendance .
L'épouse de celui-ci , délaissée et complexée par ses origines paysannes .
Un "neutre" (je vous laisse découvrir ce que c'est) en quête d'amour et de reconnaissance .
Une journaliste suédoafghane si ! si !) avide de scoops auprès des I.A. , nouvelles stars des Soaps les plus prisés .
Une créatrice de mondes virtuels missionnée par les services secrets américains pour comprendre l'origine d'un artefact spatial de 7 milliards d'années .
L'ex amant/patron de celle-ci , originaire du Kansas et qui s'est retiré des affaires en Inde ("over the rainbow" ?) , libertaire et chantre de l'indépendance des I.A.
Une petite frappe et son acolyte prêts à tout pour devenir des rajahs .
Un capitaine d'industrie passablement obsédé qui veut devenir humoriste professionnel et qui doit mener son entreprise vers lune découverte fondamentale .
Tous ces personnages , au premier abord disparates , vont se croiser , s'aller ou s'opposer , faisant émerger petit à petit les noeuds de l'intrigue de façon subtile . La force de Mc Donald , c'est de toujours privilégier leur psychologie et leurs évolutions , si bien qu'on aplus l'impression d'avoir affaire à des personnes (souvent très attachantes) plutôt qu'aux personnages trop sommaires dont on nous abreuve si souvent .
L'autre personnage , c'est l'Inde ou plutôt ces Indes si variées , étranges et étrangères ; l'exotisme est permanent et le traducteur , Gilles Goullet , n'a pas dû rigoler tous les jours au vu de la complexité des langages mis en oeuvre !
Et la S.F. dans tout ça ? Le problème , c'est qu'il est difficile de trop en dire sans spoiler , ce que je déteste . Néanmoins , on trouvera pêle-mêle des I.A. et des armes spécifiques chargées de les éliminer , des enfants "brahmanes" génétiquement programmés pour vivre dux fois plus longtemps mais deux fois plus lentement , des mondes virtuels en perpétuelle évolution , des robots de combats américains rachetés par des organisations mafieuses pour leurs opérations de récupération de fonds , et des bouleversements climtiques comme s'il en pleuvait (inner joke) . J'ai lu que , pour certains , il s'agissait d'un bouqin "post cyberpunk" , je ne comprends pas en quoi , au contraire , j'ai retrouvé des thèmes et des façons de les traiter propres à un genre que je suis bien content de retrouver . Par exemple , les I.A. asservies que le policier "Krishna" utilise pour traquer celles qui veulent s'émanciper adoptent les aspects et les attributs des membres du panthéon hindou , ce qui m'a fait furieusement penser aux "logbas" qui chevauchent les hackers de Comte Zéro de William Gibson .
Tout cela est servi par la plume incisive de Mc Donald qui passe du tragique au comique , de l'action la plus débridée à des plages contemplatives autour d'une tasse de Chaï . Il se permet même un clin d'oeil à Desperate Housewives (à moins que ce ne soit L'amant de Lady Chatterley) mêlé à des réminiscences cinématographiques comme la fin de L'impasse de De Palma .
Un roman foisonnant donc , à recommander à tous ceux qui pensent que la S.F. n'a plus rien à dire... et , a fortiori ,à tous ceux qui pensent l'inverse ! En espérant que le succès éditorial qu'appelle Gilles Dumay , auquel je me joins ici , permettra la publication du recueil de nouvelles se déroulant dans le même univers .
"Tout est relatif donc rien n'est relatif !"
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En fait, c'est plus simple que ça, la parution de ce livre (au prix où il coûte, n'y revenons pas) devrait donner une bonne idée de l'importance du lectorat intéressé/motivé par la SF qui parle des enjeux de demain. On croisera avec les chiffres de Starfish, publié par mon amie Bénédicte Lombardo, ce sera encore plus criant.Hoêl a écrit : En espérant que le succès éditorial qu'appelle Gilles Dumay , auquel je me joins ici , permettra la publication du recueil de nouvelles se déroulant dans le même univers .
Si j'en vends moins de 3000 en GdF et si Folio fait moins de 6000 en poche (on parle donc de 4 ans d'exploitation) ; il n'y a plus de marché, et donc plus de traduction possible de livres de ce genre (je parle ici dans le cadre de Lunes d'encre).
Si je ne peux plus financer/acheter/publier Le Fleuve des dieux, il y a aucune raison que je continue (et ce n'est pas une menace, ou une prise d'otage, ou quoi que ce soit du même genre, juste un constat).
Lunes d'encre fêtera ses onze ans le mois prochain avec Cleer de L.L Kloetzer, autre titre qui me tient particulièrement à cœur...
GD
Je suis en train de lire Cleer. Je ne pense pas que la vie commerciale de ce livre nous apprenne quelque chose sur l'étendue du lectorat SF que tu (Gilles) penses mesurer avec le McDonald ; mais peut-être ai-je mal compris ton propos. Pour ce que j'en vois à ce stade, Cleer aurait pu être publié dans la collection blanche de Gallimard ce qui n'est pas le cas du Fleuve des dieux. Son pitch et son design éditorial sont pointus mais généralistes, ce qui n'est pas non plus le cas du Fleuve. Il intéresse potentiellement un demi-million de cadres corporate en proie au stress et à la quête de sens et les lecteurs de science-fiction ; le McDonald ne peut, me semble-t-il, intéresser que ces derniers.
J'y reviendrai quand j'aurai fini Cleer et j'en profiterai peut-être pour dire un mot des problèmes que pose le McDonald (selon moi).
J'y reviendrai quand j'aurai fini Cleer et j'en profiterai peut-être pour dire un mot des problèmes que pose le McDonald (selon moi).
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@ Lem
La phrase concernant Cleer ne concernait que Cleer et les onze ans de la collection. C'est malheureux à dire, mais Cleer n'est pas un enjeu, du moins sur le plan économique, son poids mort est relativement bas malgré la fabrication daylonesque (très petit à-valoir, pas de traduction).
Sinon, Cleer a été proposé (non pas par l'auteur, mais par moi) en littérature générale chez Denoël et jugé dans la foulée trop SF, donc renvoyé dans les filets de Lunes d'encre. A bien y réfléchir, pour moi le plus important c'est que le livre existe. Je suis ravi que L.L Kloetzer et Daylon aient au final le livre-objet tel qu'ils le souhaitaient.
Quant aux défauts du Fleuve des dieux, oui, ce n'est pas un roman parfait (il n'en existe pas), mais... waouh.
GD
La phrase concernant Cleer ne concernait que Cleer et les onze ans de la collection. C'est malheureux à dire, mais Cleer n'est pas un enjeu, du moins sur le plan économique, son poids mort est relativement bas malgré la fabrication daylonesque (très petit à-valoir, pas de traduction).
Sinon, Cleer a été proposé (non pas par l'auteur, mais par moi) en littérature générale chez Denoël et jugé dans la foulée trop SF, donc renvoyé dans les filets de Lunes d'encre. A bien y réfléchir, pour moi le plus important c'est que le livre existe. Je suis ravi que L.L Kloetzer et Daylon aient au final le livre-objet tel qu'ils le souhaitaient.
Quant aux défauts du Fleuve des dieux, oui, ce n'est pas un roman parfait (il n'en existe pas), mais... waouh.
GD
Très content pour Kloetzer aussi, mais ta phrase me laisse songeur.GillesDumay a écrit : Sinon, Cleer a été proposé (non pas par l'auteur, mais par moi) en littérature générale chez Denoël et jugé dans la foulée trop SF, donc renvoyé dans les filets de Lunes d'encre.
On entend ici et là (enfin plus ici que là) que les auteurs de littgen empruntent à l'imaginaire et que les frontières deviennent floues.
N'empêche qu'éditorialement parlant, les étiquettes, c'est plutôt marqué au fer rouge qu'écrit sur un post-it. Je veux dire que si Cleer avait eu une chance d'être publié en blanche, il ne fallait surtout pas passer par toi.
Parce que, tel que tu l'écris, j'ai plutôt l'impression que la réflexion de Denoël a été "boarf, il essaie de nous fourguer un auteur de SF pour la littérature sérieuse, mais nous, on nous la refait pas, hors de question de laisser pousser la chienlit".
Du coup, si on veut être publié dans la blanche, faut couper tous les ponts avec son ancienne identité, et faire comme si on avait pas de passé ? (mais non j'ai pas parlé de Volodine...)
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
http://melkine.wordpress.com/
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En fait, personne ne m'empêche chez Denoël de publier de la littgèn, mais ça doit plaire ou à Olivier Rubinstein ou à Philippe Garnier, plus vraisemblablement aux deux... Philippe a lu Cleer et m'a dit que pour lui c'était du pur Lunes d'encre.
Olivier Rubinstein a beaucoup hésité sur le premier roman d'AK que je lui avais passé avec un très bon rapport de lecture, Philippe Garnier a lu le début et m'a dit "non c'est pas pour moi, je suis trop vieux pour ce livre-là"... ça se passe comme ça. Faut pas chercher des "lois".
GD
Olivier Rubinstein a beaucoup hésité sur le premier roman d'AK que je lui avais passé avec un très bon rapport de lecture, Philippe Garnier a lu le début et m'a dit "non c'est pas pour moi, je suis trop vieux pour ce livre-là"... ça se passe comme ça. Faut pas chercher des "lois".
GD
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Une anecdote : Philippe Garnier a publié Le Dernier Monde de Céline Minard et considère toujours que ce livre n'est pas de la science-fiction (ah ah ah). J'ai trouvé ce très gros roman post-apo totalement horripilant ; par contre, j'ai beaucoup aimé Bastard Battle, refusé par Olivier Rubinstein (qui ne doit pas être très porté sur les mangas et les films de sabre chinois).
GD
GD